Texte intégral
Monsieur le Président, Mesdames, Messieurs,
Je vous remercie de m'avoir invité pour votre assemblée générale placée sous le thème de l'innovation. Je crois qu'en effet, tout particulièrement en cette période, il est important que les pouvoirs publics et les entreprises du secteur de la route et de la rue, loin de se laisser aller, relèvent le défi de trouver ensemble les solutions qui nous permettront, demain, d'apporter les bonnes réponses à nos concitoyens et de maintenir la place de la France dans le secteur de la conception et de la construction routière au plan mondial.
J'y vois tout l'intérêt d'un Etat stratège, de collectivités stratèges et d'entreprises forces de proposition.
En effet, l'innovation est indispensable pour conforter la place de la France au premier rang de la compétition mondiale comme le rappelait le Président de la République le 12 septembre dernier, en présentant la « nouvelle France industrielle » et les 34 priorités stratégiques du pays qui vont mobiliser les investissements d'avenir.
Le thème des infrastructures de transport et de la mobilité qui fédère l'action de l'IDRRIM occupe toute sa place dans ces priorités stratégiques.
Il s'agira notamment de revisiter les techniques de dimensionnement et de construction des infrastructures terrestres, pour optimiser l'emploi de matériaux verts et recyclés.
Il s'agira de revoir nos concepts classiques d'exploitation des infrastructures routières pour mettre à profit les véhicules à pilotage automatique, les logiciels et systèmes embarqués. Nous vivons un moment charnière de notre histoire routière avec les premiers prototypes de voitures auto pilotées et c'est donc maintenant qu'il nous faut anticiper les évolutions du secteur.
Quels regards pouvons-nous poser aujourd'hui sur l'innovation dans les infrastructures routières, les routes et les rues, pour les territoires et pour les villes ? :
1) L'innovation est le relais indispensable de la recherche appliquée :
L'innovation vient en effet en aval d'une recherche appliquée.
Dans le champ des infrastructures routières, cette recherche est souvent illustrée par le concept de route de 5ème génération qui est développé par l'IFSTTAR.
La route de 5ème génération fera rouler des véhicules propres et intelligents sur une infrastructure communicante, qui devra être construite avec des matériaux et des processus industriels répondant à des exigences écologiques et énergétiques.
Aujourd'hui, les briques de la route de 5ème génération se mettent en place ; l'innovation doit permettre de favoriser les projets de démonstration puis le pré-développement industriel.
2) La création de richesses potentielles n'existe que si les besoins d'innovation portés par les maîtres d'ouvrage sont en phase avec la stratégie d'innovation des industriels :
C'est toute la démonstration qui en est faite depuis sa création par le comité d'innovation des routes et des rues (CIRR) conduit par l'Etat.
C'est donc bien à partir de ce dispositif existant qu'il faut donner de nouvelles impulsions et c'est pourquoi j'ai demandé au DGITM de mener en concertation avec les maîtres d'ouvrage et les industriels une réflexion sur ce dispositif.
L'IDRRIM offre de manière plus élargie que le CIRR un cadre de rencontres et de mises en cohérence des stratégies d'innovation des différents acteurs ; je conçois le CIRR comme pouvant être ensuite le vecteur opérationnel.
3) L'innovation routière est un vecteur de compétitivité économique:
L'innovation routière n'est pas uniquement tournée sur les routes intelligentes de demain, elle l'est pour l'entretien et la préservation d'un patrimoine actuel et présent dont la valeur (250 milliards d'euros pour le seul réseau routier national) nous en rappelle tout l'enjeu.
En contribuant à offrir aux gestionnaires des solutions économiques qui répondent aux exigences de la transition écologique et énergétique, l'innovation routière répond à un triple objectif :
- l'efficacité budgétaire des gestionnaires ;
- la compétitivité des territoires car la qualité des infrastructures routière reste toujours l'image et le critère de marque d'un territoire ;
- la compétitivité de nos entreprises aux plans national et international.
Une fois posé, ce regard sur l'innovation renvoie aussi sur les freins que nous devons essayer de lever.
Le premier d'entre eux - et le rapport de l'IDRRIM le montre bien - est celui de la couverture du risque. Je suis favorable à une exploration des diverses solutions possibles pour constituer un tel dispositif et à la recherche du bon équilibre entre le service public et le secteur privé.
Le second frein est le « temps long » qui existe entre le choix qui est fait d'un dispositif innovant, sélectionné par le comité d'experts, et le moment où l'entreprise peut être titulaire d'un certificat qui lui permet de valoriser son innovation après probation sur le terrain.
Il y a sans doute une graduation nouvelle à établir, qui tiendrait compte à la fois de la nature de l'innovation et de la maturité de l'innovation au départ.
Le troisième frein est le risque d'une certaine dispersion : d'un côté les techniques routières englobent des champs nouveaux comme celui des transports intelligents et de l'autre la raréfaction des moyens impose d'être très sélectif sur les champs à explorer.
L'IDRRIM me semble être le meilleur lieu pour être force de propositions, au sein d'ailleurs d'un de ses comités qui s'intéresse autant à l'innovation qu'à la gestion des compétences.
Au sein du ministère, je voudrais rappeler tout le rôle qu'est appelé à jouer le CEREMA, comme producteur d'innovation et comme soutien aux acteurs de l'innovation.
J'ai également demandé à la DGITM de procéder à une évaluation du dispositif actuel du CIRR, afin de donner des impulsions nouvelles et de voir de quelle manière une « culture de l'innovation » doit être mieux accompagnée dans les services, chez les maîtres d'ouvrage comme chez les concepteurs et les exploitants.
Au terme de ces quelques mots, permettez moi donc de souligner encore une fois, Monsieur le Président, toute la pertinence que je trouve à placer l'assemblée générale de l'IDRRIM sous le sceau de l'innovation.
La route, ses maîtres d'ouvrages publics, ses entreprises, ont de grands enjeux face à eux et l'innovation doit être un axe conducteur pour surmonter les difficultés que nous connaissons. Vous le savez, le Gouvernement et le Président de la République ont placé ces éléments au coeur de leur stratégie.
Je suis convaincu que l'IDRRIM, lieu de réunion des professionnels de la route est le lieu idéal d'échanges et de proposition pour répondre aux attentes des françaises et des français qui empruntent quotidiennement la route et pour maintenir le leadership mondial de l'industrie routière française.
Je vous remercie.
Source http://www.idrrim.com, le 14 novembre 2013