Déclaration de Mme Yamina Benguigui, ministre de la francophonie, en hommage à l'engagement de Danielle Mitterrand en faveur des droits de l'homme, à Paris le 22 novembre 2013.

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Circonstance : Remise du premier prix Danielle Mitterrand, à Paris le 22 novembre 2013

Texte intégral

Madame la Première Dame,
Chère Valérie,
Madame la Ministre,
Chère Christiane,
Mesdames et Messieurs les Élus,
Monsieur le Député Marcovitch,
Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs,
Cher Gilbert,
Monsieur le Directeur de la Fondation France Libertés,
Mesdames et Messieurs, distingués invités,
Nous sommes ici réunis pour la remise du premier Prix Danielle Mitterrand.
Danielle,
C'est ma rencontre avec l'engagement.
Un engagement fondé sur l'absolue croyance que l'être humain est condamné à être libre !
Les peuples autochtones et les Indiens du Chiapas s'en souviennent ;
Les Peuls, les Touaregs, les Karens, les Kurdes, les Tunisiens s'en souviennent ;
Ceux qui étaient à l'Église St Bernard s'en souviennent ;
Je m'en souviens.
Danielle était une authentique militante de la liberté, c'était un témoin de son temps, avec constamment un temps d'avance, une pensée d'avance, une action d'avance.
Danielle, c'était le mouvement en continu.
Elle se battait contre le temps car elle avait conscience que le temps jouait contre les libertés.
Elle se battait contre ce temps qui n'était pas équitable.
Elle avait la réflexion et l'action nécessaires dans un même temps.
Elle était la météorite qui nous amenait dans son sillage pour défendre les droits humains.
Son engagement, c'était la nécessité de faire triompher des valeurs qui lui étaient viscéralement chevillées au corps et au coeur.
Celle d'aller et venir librement, de circuler librement dans l'espace commun qui est le nôtre : la terre.
Ton combat, Danielle, c'était de faire triompher cette liberté, ces valeurs qui font la France des lumières.
Elle parlait aux jeunes que nous étions alors de convictions. Avec toujours des mots forts, des mots justes, des mots qu'elle détournait, des mots qui devenaient les «munitions du pistolet chargé» de Sartre.
Elle arraisonnait les grandes puissances avec le navire France Liberté dans lequel nous avions embarqué.
Elle a incarné l'engagement.
Danielle était une femme en colère.
Je me souviens qu'un jour, ma mère qui l'avait rencontré plusieurs fois, m'a dit : «c'est une femme réveillée, comme moi !».
La jeune cinéaste que j'étais a, avec Danielle, découvert le pouvoir extraordinaire de l'image, cet outil incontournable pour éveiller les consciences.
Je réalisais que le film pouvait être une arme contre les intolérances, les exclusions, le racisme, et les préjugés, qui avancent masqués, dans une société où nous étions des Français invisibles.
Je suis devenue une cinéaste engagée.
Danielle était notre modèle ;
Elle était mon modèle.
Ton dernier combat Danielle, c'était de permettre l'accès à l'eau pour tous.
Sache que nous sommes tes sentinelles vigilantes, du respect des valeurs qui étaient les tiennes, et pour lesquelles tu avais fait de ta vie un combat.
Aujourd'hui Danielle, tu n'aimerais pas voir ce racisme qui s'affiche fièrement, qui s'avance inlassablement.
Tu nous dirais : «les filles, au taquet ! »
Danielle, tu aurais été le premier «cri» contre ceux qui ont lynché verbalement Christiane Taubira, notre ministre, notre «Orphée».
Ma chère Danielle, tu sais à quel point je suis heureuse d'être ici pour ce 1er prix Danielle Mitterrand.
Ton combat continue.
Tu as planté la graine.
Tu nous as donné des ferments.
Aujourd'hui, aux côtés d'Emmanuel Poilane, Valérie Trierweiler poursuit avec fougue, avec conviction, ton combat, en l'élargissant à la souffrance des femmes et des enfants du monde.
Danielle,
Au nom de toutes tes filles,
Tu nous manques.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 26 novembre 2013