Déclaration de M. Pascal Canfin, ministre du développement, sur le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, à Washington le 2 décembre 2013.

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Circonstance : Réunion de reconstitution du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, Washington (Etats-Unis) le 2 décembre 203

Texte intégral

Mesdames et Messieurs les Ministres,
Madame la Présidente du Conseil d'administration du Fonds mondial, Chère Nafsiah Mboi,
Monsieur le Directeur général du Fonds mondial, Cher Marc Dybul,
Mesdames, Messieurs, Chers Amis,
Je voudrais d'abord, au nom de la France, exprimer à nouveau toute notre émotion et notre solidarité après le tragique accident de train de New York, qui a coûté la vie à quatre personnes et causé de nombreux blessés.
En sortant tout à l'heure de la Maison Blanche, je pensais au chemin parcouru, dans la lutte contre les pandémies depuis 15 ans.
Il y a 15 ans, s'agissant du sida, les traitements existaient déjà. Mais le Sud n'y avait pas accès et la pandémie prospérait. Mon pays était alors précurseur pour demander l'accès aux traitements des malades, au sud comme au nord. D'autres pays nous ont rejoint, et non des moindres. Et ce combat majeur pour les droits humains a été remporté. Le Fonds mondial a véritablement permis un changement d'échelle dans la prévention des pandémies et l'accès aux traitements.
Ce combat a été mené par des hommes et des femmes qui méritent aujourd'hui d'être salués. Je pense notamment aux militants de la société civile, au Nord et au Sud, qui ont alerté et n'ont pas attendu les gouvernements pour commencer à agir. Je pense aussi aux personnels soignants, dont je constate, à l'occasion de mes déplacements sur le terrain, l'engagement total, souvent dans des conditions qui demeurent difficiles. Grâce à eux, l'impensable est devenu possible. Je veux ici les remercier pour leur mobilisation et leur persévérance.
Mesdames, Messieurs,
La France a été, très tôt, un des pays les plus engagés dans le Fonds mondial et souhaite le rester. Le président de la République, François Hollande, a annoncé en juillet dernier que la France maintiendra, à son plus haut niveau, sa contribution annuelle au Fonds mondial. Cela représentera 1,08 milliard d'euros, soit près de 1,5 milliards de dollars, pour les trois prochaines années.
La France a consacré, depuis 2002, plus de 4 milliards de dollars à la lutte contre les grandes pandémies à travers le Fonds mondial, UNITAID ou ses programmes bilatéraux. Nous sommes, depuis sa création, le second contributeur au Fonds mondial, le premier contributeur européen.
Mesdames, Messieurs,
Nous abordons maintenant une nouvelle phase de la lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme : celle consistant à infléchir durablement et à vaincre, enfin, ces trois pandémies. Les progrès scientifiques permettent d'accéder à des molécules et à des méthodes de diagnostic de plus en plus efficaces. La perspective d'une «génération sans sida» devient possible. Le paludisme est en net recul. La lutte contre la tuberculose nécessite des efforts renouvelés pour contrer les résistances qui apparaissent.
Pour cette période qui s'ouvre, je voudrais souligner deux défis : les discriminations et la performance des systèmes de santé.
Même si des progrès considérables ont, là encore, été accomplis, la lutte contre les discriminations doit être un combat prioritaire. Discrimination des personnes vivant avec le VIH, discrimination des populations vulnérables et des minorités sexuelles pour l'accès au traitement. C'est souvent chez les plus vulnérables que le risque d'exposition aux pandémies est le plus fort. La France est donc particulièrement vigilante et exigeante à cet égard.
Par ailleurs, les impacts du Fonds mondial sont d'autant plus importants que les systèmes de santé des pays bénéficiaires sont forts. Un effort accru d'investissement des pays récipiendaires dans la santé est essentiel pour avancer. En retour, la responsabilité des bailleurs internationaux est de compléter l'action du Fonds mondial et d'aider les pays récipiendaires dans la conception et la mise en oeuvre des programmes financés par le Fonds mondial.
Mesdames, Messieurs,
Je suis né en 1974 et je suis trop jeune pour me souvenir de ce qu'était le monde sans le sida. Les progrès que nous avons faits depuis 10 ans nous permettent d'espérer contrôler les pandémies et, demain, les vaincre.
J'étais en fin de semaine dernière au Bénin, où j'ai eu la chance de visiter un centre de prise en charge des mères porteuses du VIH. Par son travail formidable, l'équipe de ce centre a permis à 200 enfants de naître de mères séropositives sans être eux-mêmes porteurs du virus, et de pouvoir, ainsi, vivre une vie normale avec leur maman.
Cette rupture de la transmission, voilà qui est un des plus beaux symboles de l'extraordinaire défi qui est maintenant devant nous : l'espoir de voir, un jour, une génération libérées du sida.
Voilà un peu plus d'un demi-siècle, le président Kennedy définissait une grande ambition, celle de la présence de l'Homme sur la lune. Ce rêve est devenu, dans l'intervalle, réalité. Faisons aujourd'hui le rêve d'un monde dans sida, sans tuberculose et sans paludisme et donnons-nous les moyens de le réaliser. Nous aurons ainsi effectué un autre grand pas pour l'humanité.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 9 décembre 2013