Déclaration de M. Philippe Martin, ministre de l'écologie, du développement durable et de l'énergie, sur le développement de l'innovation environnementale et de l'économie circulaire, à Villepinte le 3 décembre 2013.

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Circonstance : Salon Pollutec Horizone 2013 au Parc des expositions de Paris-Nord Villepinte (Seine-Saint-Denis), du 3 au 6 décembre 2013

Texte intégral

Madame la Commissaire Général,
Mesdames, Messieurs
C'est un grand plaisir pour moi d'être ici, au salon Pollutec Horizons 2013, et de pouvoir saluer les 17 entreprises lauréates du prix « Entreprise et environnement » 2013.
La transition écologique ça n'est pas seulement un objectif indispensable et qui en raison de cela viendrait naturellement. La transition écologique ce sont des femmes et des hommes qui la mettent déjà en oeuvre, ce sont des dirigeants d'entreprises et des salariés -ingénieurs, techniciens, chercheurs ou ouvriers- qui proposent des solutions nouvelles pour notre pays afin de limiter son empreinte écologique, de diminuer ses pollutions et de réduire ses déchets. En parcourant les allées de ce salon et au-delà des 17 lauréats de cette année, j'ai pu mesurer le dynamisme des 12 000 éco-entreprises qui agissent dans cette direction que ce soit, dans le domaine de la gestion de l'eau, ou des déchets, du génie écologique, des énergies renouvelables ou encore de la dépollution.
La transition écologique ne prendra la mesure des défis auxquels notre économie doit faire face qu'en mobilisant les énergies de nos entreprises et de nos territoires. Cette conviction, ici, n'est pas nouvelle, puisque ce prix a été créé par le ministère chargé de l'écologie et l'Agence de l'Environnement et de la Maîtrise de l'Energie (ADEME) il y a un peu plus d'un quart de siècle.
C'est l'urgence à mettre en oeuvre cette conviction qui change aujourd'hui la donne.
Il est désormais crucial de valoriser les entreprises qui s'impliquent dans la préservation de l'environnement et de faire connaitre leurs réalisations les plus remarquables. Cela est vrai pour les entreprises du secteur des éco-industries dont les produits et services visent directement cet objectif, cela est aussi vrai des entreprises qui s'investissent dans d'autres voies tout en cherchant elles aussi à réduire leur empreinte écologique par des innovations de tous ordres. Ce prix s'inscrit donc pleinement dans la valorisation de l'innovation et de la créativité et les 17 entreprises récompensées aujourd'hui font vivre, chacune à leur façon, cet esprit innovant et créatif. Je ne peux les citer toutes, mais je tiens à toutes les féliciter et à leur dire qu'elles rejoignent une liste de 150 entreprises lauréates d'un concours qui a rassemblé plus de 2500 entreprises depuis sa création. (Malongo/voie du Budget)
Au regard de ce dynamisme, la transition écologique et énergétique apparaît pour ce qu'elle est : une stratégie de compétitivité et d'innovation pour la France.
La compétitivité de l'économie française c'est aussi la capacité de nos entreprises, grands groupes comme TPE et PME, à s'inscrire dans le développement des nouvelles filières qui vont conforter une croissance que nous voulons durable et créatrice d'emploi. Songeons que la balance commerciale des éco-industries de l'eau, des déchets, de l'efficacité énergétique et des énergies renouvelables a été excédentaire de 3 Milliards d'euros en 2012 et qu'elle est en croissance depuis 10 ans.
L'innovation est également un des moteurs de la transition écologique, avec les programmes d'investissements d'avenir qui font une large place aux projets relevant de ce domaine.
Je rappelle que le Premier ministre s'est engagé à ce que la majorité des 12 milliards d'euros de la seconde génération de ces programmes d'investissements d'avenir soit directement ou indirectement consacrée à la transition écologique et énergétique.
Il est essentiel d'encourager notre appareil productif à s'engager plus avant dans la voie de la recherche et développement sur ces sujets qui sont au coeur des mutations économiques et permettront à la France de répondre aux enjeux environnementaux qu'elle s'est fixée. C'est ainsi que 16 des 34 plans industriels lancés le 12 septembre dernier par le président de la République et le Ministre du redressement productif, s'inscrivent dans cette perspective.
A plus longue échéance, le Gouvernement s'engage aussi à soutenir ce que l'on appelle les innovations de rupture. Un programme spécifique aux innovations qui pourraient dessiner les technologies de 2030 a été rendu public hier, dans la suite des travaux conduits par la commission que préside Anne LAUVERGEON. Je note que parmi les 7 priorités retenues, 4 au moins s'inscrivent dans la transition écologique (stockage de l'énergie, recyclage des matières premières, dessalement de l'eau de mer, chimie du végétal).
Mais la transition écologique et énergétique, ce n'est pas seulement une orientation pour développer les filières d'avenir, c'est aussi une perspective transversale pour contribuer au redressement de notre économie en rendant nos entreprises plus compétitives.
Cette compétitivité « écologique » dépendra de leur capacité à économiser les matières premières et les ressources, qui se raréfient et dont le coût explose.
Le défi de l'économie circulaire est bien de pouvoir construire un nouveau modèle économique, dans les territoires, alliant compétitivité des entreprises et préservation de l'environnement. C'est pourquoi, le prix Entreprise et environnement s'est enrichi cette année d'une cinquième catégorie dédiée précisément à l'économie circulaire.
Je veux insister ici sur le chantier de l'efficacité énergétique, car l'énergie la moins chère est comme chacun sait, celle que l'on ne consomme pas. Investir sur de nouveaux procédés industriels capables d'engager les entreprises sur la voie de la sobriété, reste le défi majeur pour leur compétitivité future. L'enjeu est aussi d'améliorer le fonctionnement de notre système énergétique pour lui permettre d'optimiser les réponses aux besoins des entreprises mais aussi des ménages.
Pour relever ces deux défis, la transition écologique doit susciter des innovations de toutes natures et dans tous les domaines. Il s'agit de produire différemment, plus sobrement, en polluant moins, en améliorant nos technologies actuelles et en concevant de nouvelles. Au-delà, il faudra des innovations dans les procédés et l'éco-conception devra être promue autant que possible, et au même titre que l'économie circulaire, afin de rompre avec le modèle linéaire actuel qui consiste à produire, consommer et jeter.
La transition écologique passe également par de nouveaux produits, plus durables, plus sains et recyclables. Il faudra aussi inventer de nouvelles manières de vendre, de distribuer et de manager les entreprises, autant de changements pour lesquels la transition écologique sera une source d'enrichissement de notre modèle économique et social, avec davantage de sens, et de relations humaines.
Au-delà du prix entreprise et environnement, trois autres secteurs, portant sur des enjeux spécifiques, sont à l'honneur lors de ce salon.
Tout d'abord l'industrie. Même si de nombreux progrès ont été accomplis, l'industrie reste encore un champ de pollutions, de consommation d'énergie et d'émissions de gaz à effet de serre. Pour conserver, et même consolider la présence industrielle sur notre sol, tout en faisant de notre pays celui de l'excellence environnementale, il y a là un défi qui n'est pas simple. Parvenir à le relever constituera un levier de développement, et de compétitivité très profond et je salue les initiatives qui visent à mettre la transition écologique au coeur de l'usine du futur.
Ensuite, la ville durable. La majorité de l'humanité vit désormais en ville et cette évolution ne va pas s'interrompre. L'artificialisation des terres est source de risques pour la biodiversité, pour la nourriture humaine et animale, et pour l'équilibre écologique. Il est donc indispensable de bâtir une nouvelle vision de la ville, qui parvienne à contenir l'étalement urbain, à réduire nos émissions de CO2 et à mettre en place des écosystèmes plus efficients en termes de flux d'énergies, de matières, d'eau et de déchets.
Nos entreprises de services sont souvent bien placées dans ces domaines, mais il faut mobiliser plus fortement encore les technologies de l'information pour mettre en synergie toutes les solutions et adapter les infrastructures en fonction de cet objectif.
Nous devons maintenant concevoir des démonstrateurs de ville durable, sur notre sol mais aussi à l'étranger. Un projet prend forme en ce sens dans la province du Wuhan en Chine, grâce à l'investissement de Martine Aubry dans ce pays.
Enfin, ce salon met aussi en avant les actions en faveur du développement durable à l'hôpital. Dans un contexte de vieillissement de la population, les 3500 hôpitaux, cliniques et autres établissements de santé vont continuer de se développer. Il convient, là aussi, de réduire notre empreinte écologique [470 litres d'eau par lit et par jour, 11 % de la consommation énergétique totale du secteur tertiaire, et 700 000 tonnes de déchets]. Dans de nombreuses villes, l'hôpital est souvent le premier employeur du territoire. Il est important, comme c'est l'occasion pendant ce salon, de valoriser les initiatives dans un secteur qui confirme le caractère profondément humain et social du développement durable.
C'est donc d'une mobilisation de toutes les intelligences dont nous avons besoin. C'était l'enjeu de la table-ronde « Emploi, formation et transition écologique » de la conférence environnementale.
Nous travaillons en étroite collaboration avec le ministère du travail, les ministères de l'éducation et de l'enseignement supérieur, les organisations professionnelles, les partenaires sociaux, les régions pour que les compétences nécessaires à ces défis soient bien disponibles et adaptées en France et pour que cette perspective soit également profitable à la jeunesse de notre pays.
Vous le savez, les perspectives de long terme du réchauffement climatique et la pression sur les ressources de notre planète, constituent une contrainte exogène qui pèsera de plus en plus fortement sur nos sociétés humaines. Plus nous retardons les décisions et la réorientation de notre modèle économique, plus difficile sera la transition.
Le rôle du Gouvernement, mon rôle en tant que Ministre, est de faire intégrer cet horizon de long terme et cet impératif dans l'agenda quotidien des acteurs économiques et des citoyens.
Mais cette tâche, je ne peux la réussir qu'avec vous. La mise en mouvement de l'ensemble de la société et des acteurs économiques, au service de la transition écologique, dépendra aussi de votre implication, de votre mobilisation, de votre créativité, de l'innovation des entreprises et des éco-industries.
Car l'intérêt environnemental des produits et services que vous défendez, en favorisant la préservation, la gestion voire l'amélioration de nos ressources naturelles, ne fait pas de doute. En augmentant le contenu de notre économie en emplois industriels non délocalisables, en stimulant les interactions entre Recherche et développement, nous pouvons bâtir les fondements d'une économie plus durable et plus redistributive.
Je souhaite une longue vie au prix Environnement et entreprise, car en matière d'innovation environnementale, il ne s'agit pas de s'arrêter en chemin mais d'amplifier encore nos efforts.
Mesdames, messieurs, continuez à imaginer, à innover, à développer, et vous pourrez compter sur moi et sur le Gouvernement pour vous soutenir en toutes circonstances.
Merci à vous.
Source http://www.developpement-durable.gouv.fr, le 6 décembre 2013