Texte intégral
Mon général,
Officiers, sous-officiers, soldats de l'opération SANGARIS,
Je suis heureux et fier d'être à vos côtés. Depuis dix-huit mois, à chaque fois que je me rends sur les théâtres d'opérations, je suis saisi par l'énergie, le courage et la détermination qui vous animent alors que vous faites face à des situations difficiles et parfois complexes. Aujourd'hui à Bangui, j'en ai pris particulièrement la mesure.
Je suis venu pour vous voir et pour vous apporter tout le soutien de la Nation, qui est fière de ses soldats, déployés ici en RCA, comme elle l'est pour ceux déployés au Mali et sur les autres théâtres.
Votre mission est essentielle. Elle est difficile, et je veux vous dire combien le Président de la République, lorsqu'il a pris la décision d'intervenir, en a pesé la gravité. Le sacrifice de vos frères d'armes, les parachutistes de 1ère classe Nicolas VOKAER et Antoine LE QUINIO, rappellent à la Nation que votre engagement ici est total. En cet instant solennel, où nous pensons avec émotion à vos camarades morts pour la France, je veux saluer leur courage, votre courage. Il porte, dans ces heures décisives pour la République centrafricaine, la meilleure image de la France.
Dans quelques jours, je serai présent aux côtés de leurs familles, leurs amis, leurs proches, leurs camarades de régiment, pour leur rendre l'hommage de la Nation avec le Président de la République.
Ces événements dramatiques ne font que confirmer la tension qui règne ici, l'instabilité de la situation, et donc la nécessité de notre action. Vous l'avez constaté vous-même, après plusieurs mois de heurts, la spirale des affrontements s'est brutalement aggravée, ajoutant à la crise sécuritaire les prémices d'une tragédie humanitaire. Aujourd'hui, 10% des Centrafricains ont quitté leur foyer, et une majorité de la population se trouve en situation d'insécurité alimentaire. Mais l'évolution de ce pays à la dérive recouvre un autre péril majeur, celui de l'anarchie qui risque, au-delà même des frontières centrafricaines, de déstabiliser toute la région, en attirant ici notamment toutes sortes de groupes criminels et terroristes.
Devant cette situation d'une grande gravité, votre mission est claire : contribuer au rétablissement de la sécurité en Centrafrique ; enrayer la spirale d'exactions et la dérive confessionnelle qui est à l'uvre ; permettre le retour des organisations humanitaires, ainsi que le déploiement des structures étatiques de base ; mais elle est aussi de favoriser une montée en puissance rapide de la MISCA, dans la perspective de son plein déploiement opérationnel, pour assurer le contrôle de la situation sécuritaire et faciliter la transition politique.
Une de vos premières tâches est de désarmer les milices, tout en veillant à éviter que les populations civiles, musulmanes comme chrétiennes, ne soient les cibles de représailles aveugles. Cette mission est cruciale. Elle requiert du sang-froid et une intelligence de situation, car, vous le savez, des tensions avec la population civile peuvent rapidement survenir. Pour relever ce défi de la plus haute importance, j'ai toute confiance en vous, car je connais votre professionnalisme, et l'expérience tirée des nombreux théâtres d'opérations sur lesquels vous avez déjà servi.
Je sais aussi que vous pourrez compter sur des alliés et sur les forces africaines de la MISCA. En travaillant avec elles, vous parviendrez à enrayer la violence qui est encore bien présente ; vous réussirez à neutraliser les forces de déstabilisation ; vous prouverez votre crédibilité auprès d'une population centrafricaine qui cherche des repères. Votre action, je le précise, ne se limitera pas à Bangui, car l'enjeu c'est bien de rétablir la stabilité de l'ensemble du pays.
Dans cette mission difficile et décisive, nous ne sommes pas seuls.
D'abord, parce que cette mission aune triple légitimité, celle de l'ONU, celle de l'Union africaine, celle des autorités locales qui ont demandé à la France d'intervenir.
L'opération SANGARIS, représente un formidable espoir pour ce pays meurtri : espoir de pouvoir enfin rompre avec une spirale de violence qui le gangrène depuis trop d'années ; espoir aussi de retrouver le chemin d'une réconciliation nationale, permettant aux communautés religieuses en particulier de trouver les conditions d'un nouveau vivre ensemble. Le peuple centrafricain ne doit pas tomber dans l'abîme d'un pays sans avenir. Aujourd'hui, parce que les Nations Unies nous en ont donné le mandat, notre responsabilité est grande pour rétablir cet espoir.
Au-delà de cette communauté de vues sur les raisons de notre intervention, qui est fondamentale, une mobilisation internationale concrète s'organise. Depuis une quinzaine de jours, je m'entretiens quotidiennement avec mes homologues européens, et je puis vous dire qu'ils ne négligent aucun effort pour venir appuyer notre action, d'une façon ou d'une autre, et cela va se voir. Leur soutien permettra à de nombreux contributeurs africains de se déployer dans de meilleures conditions. Cela a déjà commencé avec les soldats du Burundi. A terme, ils financeront la formation et l'équipement de ces partenaires africains. L'ensemble de ces actions nous permettra d'être plus efficaces de manière collective.
Enfin, la communauté internationale, au travers des Nations Unies, de l'Union européenne et de l'ensemble des pays africains, a décidé d'épauler le processus de réconciliation et de résolution politique de la crise. Les partis centrafricains ont ainsi quelques mois pour mettre en uvre une feuille de route qui est ambitieuse, mais qui est la seule porte de sortie crédible à la situation que nous connaissons aujourd'hui. Quelques mois, c'est-à-dire dès 2014.
Vous le savez, votre mission ici est cruciale. Soyez certains du besoin de paix que réclame le peuple centrafricain, comme de la reconnaissance que de nombreux pays portent déjà à votre action. Aujourd'hui en Centrafrique, vous portez haut les couleurs de notre pays, vous faites honneur à nos armées.
Vive la République ! Vive la France !
Source http://www.defense.gouv.fr, le 16 décembre 2013
Officiers, sous-officiers, soldats de l'opération SANGARIS,
Je suis heureux et fier d'être à vos côtés. Depuis dix-huit mois, à chaque fois que je me rends sur les théâtres d'opérations, je suis saisi par l'énergie, le courage et la détermination qui vous animent alors que vous faites face à des situations difficiles et parfois complexes. Aujourd'hui à Bangui, j'en ai pris particulièrement la mesure.
Je suis venu pour vous voir et pour vous apporter tout le soutien de la Nation, qui est fière de ses soldats, déployés ici en RCA, comme elle l'est pour ceux déployés au Mali et sur les autres théâtres.
Votre mission est essentielle. Elle est difficile, et je veux vous dire combien le Président de la République, lorsqu'il a pris la décision d'intervenir, en a pesé la gravité. Le sacrifice de vos frères d'armes, les parachutistes de 1ère classe Nicolas VOKAER et Antoine LE QUINIO, rappellent à la Nation que votre engagement ici est total. En cet instant solennel, où nous pensons avec émotion à vos camarades morts pour la France, je veux saluer leur courage, votre courage. Il porte, dans ces heures décisives pour la République centrafricaine, la meilleure image de la France.
Dans quelques jours, je serai présent aux côtés de leurs familles, leurs amis, leurs proches, leurs camarades de régiment, pour leur rendre l'hommage de la Nation avec le Président de la République.
Ces événements dramatiques ne font que confirmer la tension qui règne ici, l'instabilité de la situation, et donc la nécessité de notre action. Vous l'avez constaté vous-même, après plusieurs mois de heurts, la spirale des affrontements s'est brutalement aggravée, ajoutant à la crise sécuritaire les prémices d'une tragédie humanitaire. Aujourd'hui, 10% des Centrafricains ont quitté leur foyer, et une majorité de la population se trouve en situation d'insécurité alimentaire. Mais l'évolution de ce pays à la dérive recouvre un autre péril majeur, celui de l'anarchie qui risque, au-delà même des frontières centrafricaines, de déstabiliser toute la région, en attirant ici notamment toutes sortes de groupes criminels et terroristes.
Devant cette situation d'une grande gravité, votre mission est claire : contribuer au rétablissement de la sécurité en Centrafrique ; enrayer la spirale d'exactions et la dérive confessionnelle qui est à l'uvre ; permettre le retour des organisations humanitaires, ainsi que le déploiement des structures étatiques de base ; mais elle est aussi de favoriser une montée en puissance rapide de la MISCA, dans la perspective de son plein déploiement opérationnel, pour assurer le contrôle de la situation sécuritaire et faciliter la transition politique.
Une de vos premières tâches est de désarmer les milices, tout en veillant à éviter que les populations civiles, musulmanes comme chrétiennes, ne soient les cibles de représailles aveugles. Cette mission est cruciale. Elle requiert du sang-froid et une intelligence de situation, car, vous le savez, des tensions avec la population civile peuvent rapidement survenir. Pour relever ce défi de la plus haute importance, j'ai toute confiance en vous, car je connais votre professionnalisme, et l'expérience tirée des nombreux théâtres d'opérations sur lesquels vous avez déjà servi.
Je sais aussi que vous pourrez compter sur des alliés et sur les forces africaines de la MISCA. En travaillant avec elles, vous parviendrez à enrayer la violence qui est encore bien présente ; vous réussirez à neutraliser les forces de déstabilisation ; vous prouverez votre crédibilité auprès d'une population centrafricaine qui cherche des repères. Votre action, je le précise, ne se limitera pas à Bangui, car l'enjeu c'est bien de rétablir la stabilité de l'ensemble du pays.
Dans cette mission difficile et décisive, nous ne sommes pas seuls.
D'abord, parce que cette mission aune triple légitimité, celle de l'ONU, celle de l'Union africaine, celle des autorités locales qui ont demandé à la France d'intervenir.
L'opération SANGARIS, représente un formidable espoir pour ce pays meurtri : espoir de pouvoir enfin rompre avec une spirale de violence qui le gangrène depuis trop d'années ; espoir aussi de retrouver le chemin d'une réconciliation nationale, permettant aux communautés religieuses en particulier de trouver les conditions d'un nouveau vivre ensemble. Le peuple centrafricain ne doit pas tomber dans l'abîme d'un pays sans avenir. Aujourd'hui, parce que les Nations Unies nous en ont donné le mandat, notre responsabilité est grande pour rétablir cet espoir.
Au-delà de cette communauté de vues sur les raisons de notre intervention, qui est fondamentale, une mobilisation internationale concrète s'organise. Depuis une quinzaine de jours, je m'entretiens quotidiennement avec mes homologues européens, et je puis vous dire qu'ils ne négligent aucun effort pour venir appuyer notre action, d'une façon ou d'une autre, et cela va se voir. Leur soutien permettra à de nombreux contributeurs africains de se déployer dans de meilleures conditions. Cela a déjà commencé avec les soldats du Burundi. A terme, ils financeront la formation et l'équipement de ces partenaires africains. L'ensemble de ces actions nous permettra d'être plus efficaces de manière collective.
Enfin, la communauté internationale, au travers des Nations Unies, de l'Union européenne et de l'ensemble des pays africains, a décidé d'épauler le processus de réconciliation et de résolution politique de la crise. Les partis centrafricains ont ainsi quelques mois pour mettre en uvre une feuille de route qui est ambitieuse, mais qui est la seule porte de sortie crédible à la situation que nous connaissons aujourd'hui. Quelques mois, c'est-à-dire dès 2014.
Vous le savez, votre mission ici est cruciale. Soyez certains du besoin de paix que réclame le peuple centrafricain, comme de la reconnaissance que de nombreux pays portent déjà à votre action. Aujourd'hui en Centrafrique, vous portez haut les couleurs de notre pays, vous faites honneur à nos armées.
Vive la République ! Vive la France !
Source http://www.defense.gouv.fr, le 16 décembre 2013