Déclaration de M. Jean-Marc Ayrault, Premier ministre, sur les relations économiques entre la France et la Chine, à Pékin le 5 décembre 2013.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Circonstance : Voyage officiel en République populaire de Chine du 5 au 8 décembre 2013 - Clôture du colloque annuel du Comité France - Chine sur l'innovation, à Pékin le 5

Texte intégral

Mesdames et Messieurs les ministres,
Mesdames et Messieurs les parlementaires,
Madame l'ambassadeur,
Messieurs les présidents,
Mesdames et Messieurs,
Je souhaite tout d'abord remercier Jean-Louis Chaussade, WAN Jifei et LI Wei de leur invitation à venir m'exprimer devant vous et à participer à ce déjeuner de clôture de votre colloque annuel.
J'en profite pour saluer l'action du Comité France-Chine, qui fait tant depuis sa création pour faciliter, susciter et accompagner le développement de nos relations d'affaires, qui sont porteuses pour nos deux pays de bénéfices mutuels.
Arrivé à Pékin depuis à peine une heure, je souhaite vous dire dans quel état d'esprit j'aborde les 5 jours que je m'apprête à passer en Chine.
La Chine est tout d'abord pour la France un partenaire majeur, notamment dans le domaine économique.
Nos relations politiques sont anciennes et trouvent leur singularité dans la décision visionnaire du Général de Gaulle d'établir des relations diplomatiques avec la Chine dès 1964. Nous en célèbrerons l'année prochaine le 50ème anniversaire.
Ce geste est à l'origine des liens indéfectibles d'amitié qui unissent nos deux pays. Dès lors que la Chine faisait le pari de l'ouverture au monde pour assurer sa prospérité future, nous sommes devenus non seulement amis, mais aussi partenaires.
Aujourd'hui, le volume annuel de nos échanges dépasse 50 milliards d'euros. La France est le deuxième fournisseur européen de la Chine. 1500 entreprises françaises y sont présentes et y emploient plus de 500.000 personnes.
Dans le même temps, les entreprises chinoises commencent à s'implanter en France. Elles sont 200 à avoir ouvert des filiales, qui emploient 9.000 salariés. Les investissements chinois en France ont été multipliés par 7 en 7 ans. C'est une excellente dynamique qui ne demande qu'à s'intensifier.
Des partenariats particulièrement forts existent entre nos entreprises, notamment dans les secteurs structurants que sont le nucléaire civil, l'aéronautique ou l'automobile.
Ils sont un atout pour la France et pour la Chine, dont les économies sont étroitement liées.
La France est au cœur de l'Union européenne, première puissance économique mondiale. La Chine, dont le développement exceptionnel est un motif de légitime fierté, est parvenue en quelques années à la deuxième place. Notre communauté de destin ne fait aucun doute. La coopération mutuellement bénéfique est donc notre choix.
La Chine n'est pas indifférente à la situation de la zone euro et elle l'a montré. Au cours de mon voyage, je rappellerai la détermination avec laquelle la France et l'Allemagne ont notamment permis la stabilisation de notre monnaie commune. J'expliquerai aussi toutes les mesures prises en faveur du retour de la croissance et de la réduction du chômage en Europe.
De même, l'Union européenne est attentive à l'évolution de la situation économique de la Chine. Son dynamisme est un élément clé de la prospérité du monde. La Chine recherche les moyens d'assurer la soutenabilité à long terme de son modèle de développement. C'est l'objectif des décisions annoncées à l'issue du 3ème Plénum.
L'interdépendance exige un surcroît de coordination internationale. Elle doit s'accroître entre la Chine et l'Europe, entre la Chine et la France. La visite de Pierre Moscovici, la semaine dernière, a été l'occasion de tenir la première session du dialogue économique et financier de haut niveau, mis en place lors de la visite du Président de la République en avril dernier. Un programme de travail pour le développement d'un grand marché off-shore du renminbi sur la place financière de Paris a été arrêté. C'est un bon présage pour le développement de nos investissements croisés.
Mesdames et Messieurs,
Les succès passés méritent d'être salués. Mais, il nous faut surtout travailler aux réussites de demain.
Vous êtes un public convaincu, puisque c'est la raison d'être du colloque annuel de votre comité que d'ouvrir de nouvelles pistes et d'enclencher de nouveaux projets.
Face à une relation économique forte, mais déséquilibrée, l'ambition est claire. C'est celle d'un rééquilibrage par le haut.
Dans cette perspective, il faut d'abord, élargir notre partenariat à de nouveaux domaines, tels que la ville durable, l'agroalimentaire, la santé ou le numérique. Les besoins de la Chine sont considérables, les compétences et savoir-faire français mondialement connus et la capacité de nos entreprises à s'engager dans la durée avérée.
Une volonté partagée de travailler ensemble existe, comme en matière de ville durable, à Wuhan, Shenyang ou Chengdu. Ces projets ne demandent qu'à s'épanouir, sous réserve que nous sachions nous mobiliser. Je salue la présence à mes côtés de Martine Aubry qui a mis toute son énergie au service du projet de ville durable à Wuhan.
Ces nouveaux partenariats ont besoin des grandes entreprises de renommée mondiale. Mais, ils doivent aussi s'appuyer sur la capacité à innover et sur le savoir-faire de nos petites et moyennes entreprises.
Ces nouveaux partenariats prospéreront, si nous travaillons sans relâche à lever les obstacles qui peuvent entraver les coopérations entre nos entreprises. La négociation d'un accord sur les investissements annoncée à l'occasion du récent sommet entre l'Union européenne et la Chine offre une perspective très intéressante pour les entreprises. Sans attendre, il convient d'avancer sur la protection de la propriété intellectuelle, l'accès aux marchés publics ou la stabilité et la prévisibilité du cadre réglementaire.
Les entreprises chinoises doivent aussi être convaincues de l'opportunité que représente pour elles le fait d'investir en France, au cœur de l'Union européenne et de la zone euro, en tirant ainsi parti de ses infrastructures, de l'excellence de sa recherche et du haut niveau de formation et de productivité globale de ses salariés.
Ces atouts, nous savons que nous devons les cultiver. Nous sommes lucides sur ce qu'impose la compétition économique internationale. Nous mesurons parfaitement en quoi nous devons adapter notre modèle économique et social.
C'est mon objectif et le cap guidant l'action de mon Gouvernement.
Il y a plus d'un an, le Pacte national pour la croissance, la compétitivité et l'emploi, était adopté, assorti de 35 mesures, dont un allègement du coût du travail de 6%. Le soutien aux exportions a été renforcé, grâce à de nouvelles possibilités en matière de financement et d'accompagnement. Leur mise en œuvre est engagée.
C'est le sens également des autres réformes que nous conduisons, dans le domaine de l'enseignement supérieur et de la recherche, en matière d'innovation ou de renforcement de notre attractivité. Le vaste chantier de remise à plat de notre système fiscal, qui doit être plus lisible et plus efficace, sera une pierre supplémentaire.
Mesdames et Messieurs,
Les perspectives qui s'offrent à nos deux pays, ainsi qu'aux entreprises que vous représentez, justifient pleinement notre mobilisation collective. C'est avec ambition et enthousiasme que j'aborde mon séjour en Chine. Je sais que chacun d'entre vous partage cet enthousiasme.
Je forme le vœu que votre engagement soit aussi productif que possible, au service de la relation bilatérale et de l'amitié franco-chinoises.
Je vous remercie.
Source http://www.ambafrance-cn.org, le 9 décembre 2013