Texte intégral
ROLAND SICARD
Ce week-end sera marqué par la Journée mondiale de lutte contre le Sida. Est-ce que la recherche continue de progresser dans ce domaine ?
GENEVIEVE FIORASO
Bien sûr, la recherche continue, elle garde tous ses moyens, puisque depuis la création, en 1988, de l'ANRS, l'Agence national de recherche contre le Sida, le budget a été constant, a été sans cesse, amélioré.
ROLAND SICARD
Il n'y a pas de coupes budgétaires, dans ce budget-là.
GENEVIEVE FIORASO
Il n'y a eu aucune coupe budgétaire. Ce qu'il compte dans ces maladies, tout de même au long cours, ce sont... c'est la constance, c'est le fait que l'on investisse régulièrement, que les équipes de recherche soient assurées d'un financement pérenne, qu'elles puissent travailler en France, au meilleur niveau. Nous sommes au deuxième rang mondial, juste derrière les Etats-Unis, alors que nous y consacrons moins d'argent, compte tenu de notre taille. Nous sommes dans le top 10 des meilleures publications, donc nous sommes au meilleur rang d'excellence, à la fois national et aussi au niveau européen, nous sommes leader européen.
ROLAND SICARD
Mais pour les malades, est-ce que ça progresse vraiment ?
GENEVIEVE FIORASO
Pour les malades, oui, ça a progressé beaucoup, et on peut même parler, il y a un objectif d'éradication de la maladie. Pour autant, il ne faut pas baisser la garde, et le Sida tue encore.
ROLAND SICARD
Eradication de la maladie, ça veut dire vaccin.
GENEVIEVE FIORASO
Ça veut dire plusieurs pistes, ça veut dire vaccin préventif, pour les malades qui sont considérés comme population à risques, mais qui ne sont pas infectés. Il y a...
ROLAND SICARD
On en est où, là ?
GENEVIEVE FIORASO
Eh bien il y a SANOFI qui a fait un essai en Thaïlande...
ROLAND SICARD
Un des laboratoires français.
GENEVIEVE FIORASO
Un laboratoire français, donc, qui a fait un essai. Il y a 31 % de couverture, donc ça n'est pas 100 %. Donc, nous avançons, il y a le vaccin thérapeutique, qui accompagne, qui...
ROLAND SICARD
Il y a un vaccin, vraiment, réel, efficace ?
GENEVIEVE FIORASO
Oui, mais vous savez, la recherche, elle procède par progression. Il est très rare, ce n'est pas « Eurêka ! », c'est assez rare que ce soit Eurêka dans la salle de bain, donc en réalité, la recherche, elle procède par étapes. Déjà, en 30 ans, depuis la découverte du virus par Françoise BARRE-SINOUSSI et Luc MONTAGNIER, en 1983, on a fait des progrès fantastiques. C'était une maladie inconnue, on ne connaissait pas les symptômes, on n'en connaissait pas l'origine, et on arrive, tout de même maintenant, à faire vivre presque normalement des malades infectés par le Sida, lorsqu'ils sont bien traités et lorsqu'ils savent qu'ils ont infectés, ce qui n'est pas toujours le cas. Donc il ne faut pas baisser la garde, la recherche progresse vite, les vaccins thérapeutiques permettent d'amplifier les effets de la trithérapie, mais pour autant, il faut dire aux jeunes...
ROLAND SICARD
Vaccin préventif, vaccin thérapeutique, la différence, c'est quoi ?
GENEVIEVE FIORASO
Eh bien, le vaccin préventif, c'est quand vous n'êtes pas infecté, mais que vous êtes considéré comme une population à risques. Le vaccin thérapeutique, ça accompagne le traitement, de trithérapie, qui, entre parenthèses, s'est beaucoup amélioré, vous vous souvenez, au départ, il y avait une trentaine de comprimés à prendre par jour, c'était quand même assez rédhibitoire, en particulier pour les jeunes. Maintenant on a des traitements qui se sont beaucoup simplifiés, qui ont amélioré le confort du patient. Et le vaccin thérapeutique amplifie les défenses immunitaires, lorsqu'on prend de la trithérapie, donc ça amplifie les effets de la trithérapie, ça permet d'endormir le virus plus longtemps.
ROLAND SICARD
Est-ce que le risque de ces progrès, c'est pas que les gens baissent la garde ?
GENEVIEVE FIORASO
Mais c'est pour ça qu'il faut dire que le Sida tue encore, entre 6 000 et 8 000 personnes en France, chaque année, sont nouvellement affectées par ce virus, et 12 % des 18/25 ans parmi eux, donc il faut faire sans relâche de l'information, de la prévention. Nous faisons aussi de l'action dans les collèges, dans les lycées.
ROLAND SICARD
On a l'impression, justement, qu'il y a moins de campagnes de publicité contre le Sida.
GENEVIEVE FIORASO
Non, mais actuellement, on a lancé l'autre jour, avec Pierre BERGE, Line RENAUD, et puis toute l'équipe de Sidaction, on a lancé justement une campagne où on rend les jeunes et les étudiants, en particulier, actifs. On leur demande de tourner des films avec leur mobile, avec leur téléphone portable, pour sensibiliser justement leur classe d'âge, parce que rien n'est plus efficace qu'un jeune parlant à un jeune et sensibiliser leur classe d'âge aux méfaits du Sida, et justement rappeler le principe de prévention.
ROLAND SICARD
Dans quelle catégorie de population, justement, est-ce que la prise en compte du risque de la maladie est en baisse ?
GENEVIEVE FIORASO
Les jeunes. Les jeunes, parce que la génération Sida c'est plutôt, pardonnez-moi, notre génération, et celle juste après, mais les jeunes aujourd'hui, les jeunes ados, on l'impression que le Sida, parce qu'on en parle un peu moins, effectivement, parce que la thérapie a fait des progrès, parce que les perspectives sont quand même optimistes, eh bien les jeunes ont l'impression que le Sida ça ne les concerne plus, parfois, or ce n'est pas vrai, et en particulier dans les secteurs ruraux.
ROLAND SICARD
Ils ne se protègent plus.
GENEVIEVE FIORASO
Ils se protègent moins et ils sont moins sensibilités, et c'est vrai, en particulier dans les secteurs ruraux, là où par exemple, quand on est homosexuel, c'est plus difficile de le dire qu'ailleurs, lorsqu'on a des pratiques sexuelles qui sont moins bien acceptées. Donc, il est important, dans l'ensemble des lycées, et je travaille avec Stéphane LE FOLL, qui est impliqué dans cette campagne de prévention, pour que, y compris dans les secteurs ruraux, chacun soit bien informé.
ROLAND SICARD
L'actualité de la semaine, c'est aussi la réforme fiscale.
GENEVIEVE FIORASO
Oui.
ROLAND SICARD
Est-ce que, comme les autres ministres, vous avez été complètement court-circuitée, vous ne saviez rien ?
GENEVIEVE FIORASO
On n'a pas été court-circuité, puisque c'était dans le programme du président HOLLANDE. Nous le connaissons tous par coeur, mais nous savons qu'il y a le quinquennat...
ROLAND SICARD
Mais sur la date, personne ne le savait.
GENEVIEVE FIORASO
Eh bien écoutez, quand on veut qu'une information ne fuite pas, le meilleur moyen c'est de faire l'annonce soi-même. Je pense que c'était la volonté, c'était aussi un moment où beaucoup avait été dit sur les taxes ou les impôts qui s'accumulaient, ceux qui avaient été proposés, qui finalement n'étaient plus proposés, bref, il y avait un peu de confusion, et il fallait donc une parole claire et nette. Maintenant, le débat s'ouvre, ça va être un débat de moyen terme, je crois que ce qui est important, c'est que les Français sachent à quoi sert leur impôt, qu'ils aient le sentiment que l'impôt est juste, qu'il n'y ait pas des gens, des catégories de personnes, du côté de la rente, qui échappent à l'impôt, parce qu'ils ont les moyens de faire de l'optimisation fiscale, et que finalement l'impôt redevienne un impôt citoyen.
ROLAND SICARD
Mais, est-ce que la réforme des impôts que les Français attendent, ce n'est pas la baisse des impôts, tout simplement ?
GENEVIEVE FIORASO
Oui, mais... la baisse des impôts, mais en même temps, les mêmes soins à l'hôpital, la même qualité de protection lorsque vous êtes demandeur d'emploi, la même couverture lorsque vous êtes retraité et que vous n'avez pas eu une carrière linéaire, donc voilà, il faut trouver le bon équilibre entre notre système social, qui est un atout, hein, pour notre pays, envié par bien d'autres pays, et puis les équilibres budgétaires.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 26 novembre 2013