Editorial de M. Jean-Marc Ayrault, Premier ministre, sur la nouvelle feuille de route interministérielle des droits des femmes en 2014, dans une brochure intitulée "45 mesures qui changent la donne", janvier 2014.

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Circonstance : Document édité par le ministère des droits des femmes, détaillant l'ensemble des mesures prises depuis le comité interministériel des droits des femmes du 12 novembre 2012

Texte intégral

La politique des droits des femmes que je conduis repose sur la conviction que le progrès économique et le progrès social doivent cheminer de pair. C'est le sens du programme d'actions que le gouvernement a adopté il y a un peu plus d'un an.
Ce programme pluriannuel a pour ambition d'engager notre pays dans une troisième génération de droits des femmes. Après avoir supprimé de nos textes les discriminations légales à l'égard des femmes (droits politiques et économiques), puis créé des droits spécifiques liés à leur condition de femmes (libre disposition du corps), l'enjeu est désormais de rendre effective cette égalité de droit en créant partout les mécanismes qui la permettent. Il s'agit aussi de faire évoluer les représentations collectives qui continuent à conforter et légitimer les inégalités. Effectivité des droits et transmission systématique d'une culture de l'égalité : tels sont les objectifs du projet gouvernemental pour l'égalité entre les sexes.
Les femmes sont payées un quart de moins que les hommes. Elles représentent les quatre cinquième des travailleurs à temps partiel, le plus souvent dans des emplois précaires. Leurs carrières se heurtent sans cesse à des plafonds de verre. Plusieurs centaines de milliers de femmes subissent des violences chaque année, le plus souvent de la part de leur compagnon, dans des circonstances qui fragilisent durablement leur vie et celles de leurs enfants. Nous ne devons oublier aucun domaine de l'action publique. Tous les ministres se sont ainsi impliqués personnellement dans la rédaction d'une feuille de route pour l'égalité femmes – hommes dans leur champ de compétences. Le suivi de ces feuilles de route a été confié à un réseau de hauts fonctionnaires référents au sein des administrations centrales, dans un dialogue permanent avec le ministère des Droits des femmes.
Le gouvernement rend compte aujourd'hui, en toute transparence, du bilan de cette première année d'action : sur les 45 mesures qui ont été prises lors du comité interministériel des droits des femmes de novembre 2012, 42 ont déjà été appliquées. L'égalité entre les femmes et les hommes est devenue un véritable automatisme au sein de l'État. Pour chaque projet de loi ou de décret, j'ai demandé aux ministres de réaliser une étude d'impact « égalité », ce qui nous a conduits à placer l'objectif d'égalité au coeur de la réforme des retraites, de la refondation de l'école ou encore de la réforme de la politique familiale. De même, la loi pour l'enseignement supérieur et la recherche a prévu la parité dans les instances de gouvernance des établissements d'enseignement supérieur. Nous serons le premier pays de l'OCDE à mettre ainsi l'égalité au coeur de nos universités.
Nous devons bien entendu poursuivre nos efforts. Le projet de loi pour l'égalité femmes -hommes, actuellement en débat au Parlement, sera un catalyseur efficace pour accélérer le rythme du changement. Toute entière tournée vers l'effectivité des droits, cette loi est la première à aborder l'égalité dans toutes ses dimensions.
A l'occasion de l'anniversaire du Comité interministériel des droits des femmes, j'ai adopté une nouvelle feuille de route interministérielle, articulée autour de trois nouvelles priorités :
1. Annuler l'écart de taux d'emploi entre les femmes et les hommes d'ici 2025. L'OCDE, le FMI et la Commission européenne ont souligné l'importance qu'ils accordent à des réformes structurelles pour l'emploi des femmes. En France, où l'écart de taux d'emploi par sexe reste élevé (9 points), atteindre un objectif d'égalité s'accompagnerait d'une hausse potentielle de notre croissance économique de 0,5 points par an. C'est une dimension clé de notre compétitivité, un objectif que nous devons avoir en permanence à l'esprit, pour qu'il soit un élément structurant de notre programme national de réforme en 2014.
2. Faire de l'année 2014 l'année de la mixité des métiers. Moins d'un dixième des métiers sont réellement mixtes aujourd'hui. Certaines professions sont particulièrement marquées par une désaffection des hommes. D'autres ne laissent quasiment aucune place aux femmes. Un ensemble d'actions va être engagé pour faire en sorte que d'ici 2025 un tiers des métiers deviennent mixtes, en mobilisant tous les acteurs concernés (éducation, orientation, branches professionnelles, administrations…), autour d'objectifs précis et contractualisés.
3. Assurer une parité effective dans la sphère publique. Nous célébrerons l'année prochaine les 70 ans de la décision du comité français de libération nationale reconnaissant le droit de vote des femmes. Il s'agit d'un rendez-vous important, tout autant pour honorer la mémoire des combats féministes dans notre pays que pour se projeter vers l'avenir, vers les dernières marches à franchir pour faire de la parité et de l'égalité des droits une évidence.
Pour cette deuxième étape, le gouvernement s'engage résolument dans une logique de résultat. Le tableau de bord interministériel de l'égalité femmes-hommes nous permet de suivre régulièrement l'évolution des objectifs chiffrés que nous nous sommes fixés dans les principaux domaines d'intervention du gouvernement : emploi et égalité professionnelle, lutte contre la précarité et contre les violences faites aux femmes, parité dans les sphères politique, économique et sociale…
Notre travail porte ses fruits, nous allons le poursuivre. Nous avons fait de la parité une obligation. Nous ferons de l'égalité une priorité de l'action de l'État comme du fonctionnement de la société.
Source http://femmes.gouv.fr, le 7 janvier 2014