Texte intégral
Ladies and Gentlemen,
I am happy that the hospitality of Ambassador ROHATYN, whose expertise on the facts and figures of the French and American economies is widely acknowledged, has given me this opportunity to meet the American and French business leaders who founded the French-American Business Council.
President CLINTON and I were present at your first meeting in Washington, a year ago. I am delighted to see you have gained in number, as well as in diversity. You are thus more representative of the resources of our countries' respective economies.
What were the main developments in the past year ? Si vous le voulez bien, Mesdames et Messieurs, je les rappellerai maintenant en français. L'euro est né, les technologies nouvelles s'affirment encore davantage dans nos modèles de développement, les relations transatlantiques s'approfondissent. Je souhaite revenir sur ces différents points.
L'année 1999 est celle de l'euro. La nouvelle monnaie dont s'est dotée l'Europe le 1er janvier lui confère une responsabilité particulière sur la scène mondiale. Au cours de ses premiers mois d'existence, elle a représenté 45 % des émissions obligataires internationales -beaucoup plus que les monnaies qui la constituent. Elle est désormais la deuxième monnaie au monde. Elle a vocation à constituer à la fois un instrument d'échanges et une monnaie de référence.
Certains commentateurs voient dans la baisse du cours de l'euro face au dollar, depuis sa création, l'indice d'une faiblesse intrinsèque. Il n'en est rien. Celle-ci reste limitée au regard des fluctuations qui affectaient auparavant les relations entre les principales devises européennes et le dollar. Elle traduit plus la force du dollar, soutenue par une croissance très vigoureuse, que la faiblesse de l'euro. Nous n'avons pas d'inquiétude sur les évolutions à venir de la monnaie européenne qui sera soutenue par l'accélération de la croissance dans la zone euro. Je note d'ailleurs que l'euro s'est apprécié ces derniers jours, dès qu'ont été connus de meilleurs indicateurs économiques. La France, pour sa part, n'adoptera en aucun cas une attitude de " benign neglect " quant à la valeur de l'euro. Je veux le redire ici clairement : notre monnaie commune fut créée pour être une monnaie solide et une monnaie stable. Elle ne doit être ni surévaluée, ni sous-évaluée. C'est l'un des objectifs de la coordination des politiques économiques menée avec nos partenaires européens.
Dans ce contexte, la France a en tout cas traversé la crise économique et financière mondiale avec de meilleures performances que la plupart des pays industrialisés, à l'exception des Etats-Unis, il est vrai. En 1998, la croissance s'est élevée à 3,2 % , ce qui constitue la meilleure performance de la décennie. Elle sera comprise entre 2,2 et 2,5 % cette année grâce à une demande intérieure vigoureuse. Dans le même temps, nous avons assaini nos finances publiques en réduisant le déficit budgétaire, qui était de 5,7 % du PIB en 1993 à 2,9 % en 1998. Nous poursuivons cet effort en 1999, en le ramenant à 2,3% du PIB pour réduire la dette publique, tout en soutenant la croissance.
La politique que nous conduisons permet d'enrichir le contenu de cette croissance en emploi. Le seuil de croissance à partir duquel notre économie crée des emplois est aujourd'hui de l'ordre de 1,5 % contre 2,5 % environ il y a dix ans. En 1998, en un an, 400 000 emplois ont été créés, dont les trois quarts dans le secteur marchand. C'est le meilleur résultat depuis 1969. Notre marché du travail répond désormais avec beaucoup plus de vivacité et d'efficacité aux fluctuations de l'activité.
Nous sommes pleinement engagés dans le développement des nouvelles technologies. Ma visite à Washington, et notamment mes discussions avec Alan GREENSPAN, ont renforcé encore ma conviction sur le rôle essentiel que jouent les nouvelles technologies, au premier rang desquelles les technologies de l'information, dans les performances exceptionnelles et durables de l'économie américaine.
Dans la déclaration commune sur la société de l'information que nous avons adoptée avec le vice-Président Al GORE, nous avons identifié les nombreux points qui nous réunissent en ce domaine.
Mon gouvernement, et tout particulièrement le ministre de l'Education et de la Recherche, Claude ALLEGRE, et le ministre de l'Economie, des finances et de l'industrie, Dominique STRAUSS-KAHN, ont fait une priorité du développement de ces technologies et de leurs utilisations en France.
Les résultats sont là : le nombre d'"internautes" à doublé en douze mois pour dépasser 4 millions d'utilisateurs. Les ventes de micro-ordinateurs ont progressé de plus de 20 %. Notre pays rattrape rapidement son retard dans l'essor de l'internet.
Les créations d'entreprises dans les secteurs liés aux technologies de l'information, je pense aux secteurs informatique, des télécommunications, de l'audiovisuel et du multimédia, ont connu une progression de 9 % en 1998, en forte accélération par rapport aux 3 % de 1997. Elles contribuent fortement à la croissance et à l'emploi. Le volume de capital-risque investi dans notre pays, après avoir longtemps stagné, a été multiplié par quatre en un an.
C'est cette France dynamique, moderne et pleinement intégrée dans les échanges mondiaux, dont je souhaite que vous gardiez et transmettiez l'image, vous, chefs d'entreprises américains qui avez souvent choisi d'y investir, et qui la connaissez bien.
L'investissement est le signe le plus tangible de l'approfondissement des relations entre nos économies. On oublie trop souvent que les Etats-Unis sont le premier pays d'accueil des investissements français à l'étranger, et que les entreprises américaines restent, en volume global d'investissement réalisé, les premiers investisseurs étrangers en France. Soyez assurés que nous sommes très attachés à affermir cette tendance, y compris dans les domaines, comme la santé ou les sciences de la vie, où vous sentez parfois le poids de l'intervention publique ou de nos traditions.
Les relations entre l'Union européenne et les Etats-Unis sont cependant marquées par un nombre croissant de contentieux commerciaux. Cette situation n'est pas anormale, s'agissant des échanges entre les deux plus grandes puissances commerciales mondiales et qui représentent ensemble 60 % du commerce mondial. Elle est néanmoins préoccupante, parce qu'elle masque ce qui est en réalité une large convergence dans de nombreux domaines.
Ces contentieux sont d'autant plus difficiles à résoudre qu'ils ne relèvent pas du protectionnisme "traditionnel", qui n'est plus d'actualité dans des économies ouvertes. Ils relèvent en réalité de préoccupations croissantes et parfois divergentes dans les exigences légitimes exprimées par nos opinions publiques. Les réactions des citoyens se fondent, dans nos pays, sur l'exigence de critères stricts, notamment quant à l'analyse scientifique des risques sanitaires. Je pense aux réactions que suscitent dans l'opinion européenne la viande aux hormones, les organismes génétiquement modifiés ou à celles que provoquent les problèmes environnementaux liés aux réacteurs d'avions. Cette rigueur, nous nous l'appliquons à nous-mêmes : la récente alerte sanitaire en Belgique a appelé des mesures d'urgence douloureuses. Elles étaient nécessaires et ont été rapidement mises en oeuvre.
Pour régler ces différends, il faut se garder de passer en force, et de la tentation de l'unilatéralisme brutal, dommageable à court comme à long terme. Il nous appartient, Etats et entreprises, d'engager un dialogue avec le public, pour forger un consensus qui prenne en compte les intérêts des entreprises, mais aussi les exigences des consommateurs, des citoyens.
Nos deux pays partagent la conviction que le nouveau cycle de négociations multilatérales sur le commerce qui s'ouvrira à Seattle à la fin de l'année, doit être global, équilibré dans ses résultats, et transparent. La transparence implique de prendre en compte très en amont les avis et orientations de la société civile, des organisations non gouvernementales, des syndicats et des entreprises. Elle doit nous conduire à intégrer pleinement dans la négociation toutes les conséquences de la mondialisation, notamment sociales et environnementales. C'est un défi pour les Etats, c'est un défi pour les entreprises.
Ladies and gentlemen,
I would like to end by wishing you every success in your discussions tomorrow. I assure you that I will study your recommendations very attentively.
(Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le15 juin 1999)
I am happy that the hospitality of Ambassador ROHATYN, whose expertise on the facts and figures of the French and American economies is widely acknowledged, has given me this opportunity to meet the American and French business leaders who founded the French-American Business Council.
President CLINTON and I were present at your first meeting in Washington, a year ago. I am delighted to see you have gained in number, as well as in diversity. You are thus more representative of the resources of our countries' respective economies.
What were the main developments in the past year ? Si vous le voulez bien, Mesdames et Messieurs, je les rappellerai maintenant en français. L'euro est né, les technologies nouvelles s'affirment encore davantage dans nos modèles de développement, les relations transatlantiques s'approfondissent. Je souhaite revenir sur ces différents points.
L'année 1999 est celle de l'euro. La nouvelle monnaie dont s'est dotée l'Europe le 1er janvier lui confère une responsabilité particulière sur la scène mondiale. Au cours de ses premiers mois d'existence, elle a représenté 45 % des émissions obligataires internationales -beaucoup plus que les monnaies qui la constituent. Elle est désormais la deuxième monnaie au monde. Elle a vocation à constituer à la fois un instrument d'échanges et une monnaie de référence.
Certains commentateurs voient dans la baisse du cours de l'euro face au dollar, depuis sa création, l'indice d'une faiblesse intrinsèque. Il n'en est rien. Celle-ci reste limitée au regard des fluctuations qui affectaient auparavant les relations entre les principales devises européennes et le dollar. Elle traduit plus la force du dollar, soutenue par une croissance très vigoureuse, que la faiblesse de l'euro. Nous n'avons pas d'inquiétude sur les évolutions à venir de la monnaie européenne qui sera soutenue par l'accélération de la croissance dans la zone euro. Je note d'ailleurs que l'euro s'est apprécié ces derniers jours, dès qu'ont été connus de meilleurs indicateurs économiques. La France, pour sa part, n'adoptera en aucun cas une attitude de " benign neglect " quant à la valeur de l'euro. Je veux le redire ici clairement : notre monnaie commune fut créée pour être une monnaie solide et une monnaie stable. Elle ne doit être ni surévaluée, ni sous-évaluée. C'est l'un des objectifs de la coordination des politiques économiques menée avec nos partenaires européens.
Dans ce contexte, la France a en tout cas traversé la crise économique et financière mondiale avec de meilleures performances que la plupart des pays industrialisés, à l'exception des Etats-Unis, il est vrai. En 1998, la croissance s'est élevée à 3,2 % , ce qui constitue la meilleure performance de la décennie. Elle sera comprise entre 2,2 et 2,5 % cette année grâce à une demande intérieure vigoureuse. Dans le même temps, nous avons assaini nos finances publiques en réduisant le déficit budgétaire, qui était de 5,7 % du PIB en 1993 à 2,9 % en 1998. Nous poursuivons cet effort en 1999, en le ramenant à 2,3% du PIB pour réduire la dette publique, tout en soutenant la croissance.
La politique que nous conduisons permet d'enrichir le contenu de cette croissance en emploi. Le seuil de croissance à partir duquel notre économie crée des emplois est aujourd'hui de l'ordre de 1,5 % contre 2,5 % environ il y a dix ans. En 1998, en un an, 400 000 emplois ont été créés, dont les trois quarts dans le secteur marchand. C'est le meilleur résultat depuis 1969. Notre marché du travail répond désormais avec beaucoup plus de vivacité et d'efficacité aux fluctuations de l'activité.
Nous sommes pleinement engagés dans le développement des nouvelles technologies. Ma visite à Washington, et notamment mes discussions avec Alan GREENSPAN, ont renforcé encore ma conviction sur le rôle essentiel que jouent les nouvelles technologies, au premier rang desquelles les technologies de l'information, dans les performances exceptionnelles et durables de l'économie américaine.
Dans la déclaration commune sur la société de l'information que nous avons adoptée avec le vice-Président Al GORE, nous avons identifié les nombreux points qui nous réunissent en ce domaine.
Mon gouvernement, et tout particulièrement le ministre de l'Education et de la Recherche, Claude ALLEGRE, et le ministre de l'Economie, des finances et de l'industrie, Dominique STRAUSS-KAHN, ont fait une priorité du développement de ces technologies et de leurs utilisations en France.
Les résultats sont là : le nombre d'"internautes" à doublé en douze mois pour dépasser 4 millions d'utilisateurs. Les ventes de micro-ordinateurs ont progressé de plus de 20 %. Notre pays rattrape rapidement son retard dans l'essor de l'internet.
Les créations d'entreprises dans les secteurs liés aux technologies de l'information, je pense aux secteurs informatique, des télécommunications, de l'audiovisuel et du multimédia, ont connu une progression de 9 % en 1998, en forte accélération par rapport aux 3 % de 1997. Elles contribuent fortement à la croissance et à l'emploi. Le volume de capital-risque investi dans notre pays, après avoir longtemps stagné, a été multiplié par quatre en un an.
C'est cette France dynamique, moderne et pleinement intégrée dans les échanges mondiaux, dont je souhaite que vous gardiez et transmettiez l'image, vous, chefs d'entreprises américains qui avez souvent choisi d'y investir, et qui la connaissez bien.
L'investissement est le signe le plus tangible de l'approfondissement des relations entre nos économies. On oublie trop souvent que les Etats-Unis sont le premier pays d'accueil des investissements français à l'étranger, et que les entreprises américaines restent, en volume global d'investissement réalisé, les premiers investisseurs étrangers en France. Soyez assurés que nous sommes très attachés à affermir cette tendance, y compris dans les domaines, comme la santé ou les sciences de la vie, où vous sentez parfois le poids de l'intervention publique ou de nos traditions.
Les relations entre l'Union européenne et les Etats-Unis sont cependant marquées par un nombre croissant de contentieux commerciaux. Cette situation n'est pas anormale, s'agissant des échanges entre les deux plus grandes puissances commerciales mondiales et qui représentent ensemble 60 % du commerce mondial. Elle est néanmoins préoccupante, parce qu'elle masque ce qui est en réalité une large convergence dans de nombreux domaines.
Ces contentieux sont d'autant plus difficiles à résoudre qu'ils ne relèvent pas du protectionnisme "traditionnel", qui n'est plus d'actualité dans des économies ouvertes. Ils relèvent en réalité de préoccupations croissantes et parfois divergentes dans les exigences légitimes exprimées par nos opinions publiques. Les réactions des citoyens se fondent, dans nos pays, sur l'exigence de critères stricts, notamment quant à l'analyse scientifique des risques sanitaires. Je pense aux réactions que suscitent dans l'opinion européenne la viande aux hormones, les organismes génétiquement modifiés ou à celles que provoquent les problèmes environnementaux liés aux réacteurs d'avions. Cette rigueur, nous nous l'appliquons à nous-mêmes : la récente alerte sanitaire en Belgique a appelé des mesures d'urgence douloureuses. Elles étaient nécessaires et ont été rapidement mises en oeuvre.
Pour régler ces différends, il faut se garder de passer en force, et de la tentation de l'unilatéralisme brutal, dommageable à court comme à long terme. Il nous appartient, Etats et entreprises, d'engager un dialogue avec le public, pour forger un consensus qui prenne en compte les intérêts des entreprises, mais aussi les exigences des consommateurs, des citoyens.
Nos deux pays partagent la conviction que le nouveau cycle de négociations multilatérales sur le commerce qui s'ouvrira à Seattle à la fin de l'année, doit être global, équilibré dans ses résultats, et transparent. La transparence implique de prendre en compte très en amont les avis et orientations de la société civile, des organisations non gouvernementales, des syndicats et des entreprises. Elle doit nous conduire à intégrer pleinement dans la négociation toutes les conséquences de la mondialisation, notamment sociales et environnementales. C'est un défi pour les Etats, c'est un défi pour les entreprises.
Ladies and gentlemen,
I would like to end by wishing you every success in your discussions tomorrow. I assure you that I will study your recommendations very attentively.
(Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le15 juin 1999)