Texte intégral
Madame le Maire,
Monsieur le Président du Conseil Régional,
Monsieur le Président du Conseil Général,
Mesdames et Messieurs les élus, et responsables français et allemands,
Mesdames et Messieurs,
C’est avec un grand plaisir que j’ai répondu à l’invitation de participer à la mise en service du nouveau bac de Rhinau.
Je sais qu’il ne s’agit pas à proprement parler d’une liaison nouvelle et que ce bac de Rhinau, d’après ce que j’ai lu, on en retrouve la trace dès 1494. Cela fait donc cinq siècles que cette liaison transportalière existe et survit malgré les guerres, qui sont les désastres des hommes, malgré les inondations qui sont les désastres de la nature. Vous me permettrez de formuler le souhait qu’un jour prochain on ne se soucie plus que de maîtriser les soubresauts de la nature, ce qui est loin d’être fait plutôt que de s’épuiser, à soigner, générations après générations, les plaies de la guerre que vous connaissez si bien dans cette ville qui fut sinistrée à 75 % lors des bombardements de décembre 1944.
Je suis heureux de revenir sur le Rhin et de souligner son rôle majeur comme infrastructure de transport. J’avais eu l’occasion en juillet dernier, lors d’un déplacement en Alsace et d’un passage trop rapide au port de Strasbourg, de constater tout le dynamisme de la navigation rhénane et le développement du transport de conteneurs sur le Rhin Supérieur. Ces trafics, même sils représentent encore une part limitée des trafics de la voie d’eau, sont en progression rapide. Je sais que les ports alsaciens, soutenus par l’Etat et les collectivités, ont entrepris de développer leur présence dans ce domaine et je suis persuadé que cette évolution favorable se poursuivra. Elle correspond tout à fait à l’orientation que met en oeuvre notre gouvernement : nous voulons renforcer le recours au transport combiné de marchandises ; selon les axes déchange, le ferroviaire ou le fluvial ont une place privilégiée à tenir.
Plus globalement, il est réjouissant de constater que 1998 a été une année favorable pour le niveau du trafic de fret sur le Rhin franco-allemand : 23,6 millions de tonnes ont été comptabilisés au point de comptage de Gambsheim, ce qui constitue le meilleur résultat des années 1990. C’est donc un trafic très intense qui s’effectue sans surcharger les autres modes, en particulier le transport routier saturé, dans le sillon rhénan.
La gestion du fleuve est aussi l’occasion d’une étroite coopération entre administrations et gestionnaires des deux rives. Cette coopération est une tradition de longue date notamment avec la Commission Centrale pour la Navigation du Rhin, qui regroupe les états riverains et édicte la réglementation pour la navigation, dont la création remonte au début du 19ème siècle.
Au fil du temps, plusieurs phases d’aménagement se sont succédées depuis la « correction » des eaux du fleuve menée également au 19ème siècle. Dans le secteur du Rhinau, l’aménagement est intervenu au cours des années 1960. Depuis, dans le cadre d’une réflexion d’ensemble à laquelle les mouvements associatifs ont largement participé, les services de l’Etat et collectivités se sont engagés dans une politique globale de renaturation des espaces rhénans, articulée souvent autour de la remise en eau d’anciens bras du Rhin.
A Rhinau, une action de restauration, conduite par la commune est en cours, dans une coopération avec l’Etat, le Département, l’agence de l’eau avec l’appui technique des services de la navigation. De telles démarches me semblent très prometteuses. Nous savons bien qu’un fleuve comme le Rhin se caractérise par la multiplicité de ses fonctions : il est à la fois infrastructure de transport, source d’énergie, milieu naturel en étroite relation avec sa plaine alluviale et cadre de vie... il faut raisonner en terme d’équilibre entre ces différentes fonctions, de cohérence globale et non en terme de « conflit d’usage ».
Je veux saluer les efforts déployés en ce sens, sur une commune qui a outre la particularité et la fierté de posséder deux réserves naturelles, lune en rive gauche sur l’île de Rhinau et l’autre en rive droite, où votre ban communal, Madame le Maire, s’étend sur près de 1000 hectares.
Je voudrais m’écarter du Rhin un instant, de quelques kilomètres seulement, pour évoquer le Canal à petit gabarit du Rhône au Rhin, qui rejoint le Rhin à 3 km d’ici, et à travers lui, la question de l’avenir du réseau à petit gabarit en Alsace : je sais que des études et réflexions sont en cours à ce sujet, en premier lieu en liaison avec le Conseil Régional. Je voudrais simplement rappeler que je me suis fixé avec le gouvernement, comme objectif de parvenir, au niveau national, à la restauration du réseau des voies navigables, dans le cadre d’un partenariat avec les collectivités locales.
Le réseau alsacien, en cohérence avec la Lorraine pour la partie Nord-Ouest et la Franche-Comté pour le Sud, représente un potentiel touristique très intéressant : il est illustré par le niveau de fréquentation très élevé à la traversée des Vosges, et la plaine d’Alsace ne manque pas d’attraits pour prolonger ce développement. Je souhaite donc qu’à l’occasion de la préparation du prochain contrat de plan soit examinée la situation des différents canaux en Alsace pour leur intérêt en matière de transport, de tourisme et d’environnement, de manière à arrêter en partenariat des objectifs de développement et les moyens adaptés.
Mais bien sûr, je souhaiterais revenir au bac de Rhinau/Kappel pour saluer à travers cette nouvelle réalisation :
Ce nouveau bac est la preuve de l’attachement général à renforcer les moyens de franchissement du fleuve, sources de rapprochement entre les deux rives : ici, le fleuve n’est plus, et depuis longtemps, une frontière et il faut donc pouvoir le franchir, soit par des ponts fixes, soit par des bacs. Ce moyen traditionnel garde toute sa pertinence et tout son charme dans le cas de Rhinau, d’autant qu’il s’agit maintenant d’un outil moderne et de grande capacité, mis au service des riverains, des frontaliers, des nombreux touristes et des agriculteurs rhinois dont une partie des exploitations se trouve sur la rive droite.
Ce nouveau bac est aussi l’aboutissement de discussions entre l’Etat, la Région et le Conseil Général, et les efforts déployés par tous les partenaires pour parvenir à un accord quelles qu’aient été les difficultés de la négociation : l’Etat ne pouvait poursuivre la gestion directe des deux bacs de Rhinau/Kappel et Seltz/Plittersdorf, au débouché de voies départementales. Je voudrais donc remercier le Conseil Général du Bas-Rhin d’avoir accepté d’assurer la maîtrise du bac de Seltz/Plittersdorf, et le Conseil régional d’avoir contribué à la solution finale par sa participation financière.
L’Etat a apporté 50 % du financement du nouveau bac ; il assure également la mise à disposition du personnel du Service de la Navigation pour la Navigation pour le fonctionnement des deux bacs de Rhinau et Seltz.
Avec le bac de Drusenheim/Greffern, déjà géré pour le compte du Département à frais communs avec le Land, ceci représente pour le Service de la Navigation une équipe de 24 personnes affectées directement à la gestion des bacs, sans compter les effectifs en support (parcs et ateliers et encadrement de la subdivision de Gambsheim).
Le Service de la Navigation, malgré la difficulté de la tâche, s’est constamment efforcé ces dernières années, d’améliorer le service rendu aux passagers, dans la tradition du service public, au sein du Ministère de l’Equipement.
Ce nouveau bac, c’est donc un trait d’union entre les deux rives, entre deux régions et deux pays. Permettez-moi de saluer à mon tour la présence de nos amis allemands à notre manifestation de ce soir.
A tous ceux qui ont contribué à la réalisation de cette liaison, j’adresse mes félicitations et mes remerciements et je souhaite plein succès et longue vie au nouveau bac de Rhinau.