Interview de M. Jean-Marc Ayrault, Premier ministre, à Europe 1 le 13 février 2014, sur la concurrence entre les taxis et les voitures de tourisme avec chauffeur (VTC), l'ouverture le dimanche des magasins de bricolage, la mise en oeuvre du pacte de responsabilité et la réduction des dépenses publiques.

Prononcé le

Média : Europe 1

Texte intégral

JEAN-PIERRE ELKABBACH
Je le reçois avec plaisir, soyez le bienvenu Monsieur le Premier ministre.
JEAN-MARC AYRAULT
Merci.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Jean-Marc AYRAULT, bonjour.
JEAN-MARC AYRAULT
Bonjour.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Ce matin, pour lever leur grève, les syndicats de taxis attendent que vous décidiez le gel ou l'arrêt des immatriculations de voitures avec chauffeur, quelle est votre décision ?
JEAN-MARC AYRAULT
Ma décision c'est, avec le ministre de l'Intérieur, Manuel VALLS, et la ministre du Commerce et de l'Artisanat Sylvia PINEL, d'avoir désigné Thomas THEVENOUD, qui est un jeune député socialiste, très compétent, comme médiateur. Il a commencé hier, dès hier, dès la signature de la mission, et a rencontré les taxis, et puis ce matin à 9H00 nouvelle réunion, nouvelle rencontre, et après une décision sera prise. Quel est l'objectif ? L'objectif c'est…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Non, mais quelle est votre décision ?
JEAN-MARC AYRAULT
Ma décision sera prise après, lorsqu'il aura rencontré les organisations syndicales de taxis, et ensuite je déciderai. Quel est l'objectif ? L'objectif c'est de trouver une solution, parce que ça fait partie de tous ces dossiers dont a hérité mon gouvernement, c'est comme les auto entrepreneurs et les artisans, l'ancien gouvernement avait mis en place un nouveau statut, les auto entrepreneurs, ça pose un problème, eh bien aujourd'hui il y a une loi, avec Sylvia PINEL, à l'Assemblée nationale, qui est examinée, et qui va régler le problème. Là il s'agit de taxis, artisans, professionnels, qui pour avoir une licence payent 200 à 230 000 euros par an, et puis à côté Nicolas SARKOZY avait mis en place une autre catégorie, qu'on appelle les véhicules de tourisme avec chauffeur, et là on paye une licence de 120 euros, alors évidemment il y a distorsion de concurrence. Donc il faut rapprocher deux systèmes, et je comprends…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Donc vous cherchez une solution équilibrée.
JEAN-MARC AYRAULT
Absolument, pas seulement équilibrée…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et qui ne durera pas…
JEAN-MARC AYRAULT
Mais, Jean-Pierre ELKABBACH, pas…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Est-ce qu'il faut penser qu'il y aura un moratoire de 2 mois ?
JEAN-MARC AYRAULT
J'attends les préconisations du médiateur.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais vous avez une idée quand même ?
JEAN-MARC AYRAULT
Ça ne durera pas longtemps, vous aurez votre réponse dans quelques heures. Simplement, l'objectif c'est d'une part de régler ça, distorsion de concurrence, mais c'est aussi d'améliorer le service aux usagers, parce qu'on sait bien qu'il y a des problèmes pour avoir un taxi aujourd'hui à Paris.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Très bien, mais pour tous les politiques, Monsieur le Premier ministre, la manière de répondre à la colère des taxis est un test. Votre gouvernement, comme d'autres avant lui, va-t-il céder ?
JEAN-MARC AYRAULT
Attendez…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Va-t-il céder aux surenchères, au chantage ?
JEAN-MARC AYRAULT
Mais ce n'est même pas la peine de me poser cette question, parce que je connaissais déjà la question à l'avance, c'est ce que vous voulez faire croire, vous voulez faire croire que c'est un gouvernement qui cède, mais il ne cède pas, parce que moi je ne cède pas aux violences, je ne cède pas à la rue, simplement il y a un problème, qu'on m'a légué, excusez-moi, j'en ai plein comme ça, que le précédent gouvernement n'avait pas voulu régler, et c'est avec ça que je travaille. Et en même temps, j'ai une ambition, c'est de réussir le Pacte de responsabilité que le président a proposé aux Français.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
On y arrive, mais d'ici là la décision sur les taxis, est-ce que vous interdisez, vous demandez qu'il n'y ait pas de blocages en ville…
JEAN-MARC AYRAULT
Non, il ne faut pas qu'il y ait de blocages.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et que la loi soit respectée ?
JEAN-MARC AYRAULT
Absolument, c'est d'ailleurs pourquoi la police nationale a fait son travail. On ne va pas bloquer la vie de tous les parisiens alors que le gouvernement est en train d'avancer pour une solution négociée.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Donc ce matin vous nous dites qu'un gouvernement de gauche ne peut pas accepter des rentes de situation, pas plus les taxis que d'autres, qui ont été dénoncés par la commission ATTALI, par la Cour des comptes. Est-ce que vous allez réformer, puisque vous êtes lancé…
JEAN-MARC AYRAULT
Est-ce que je vais réformer ?
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Oui…
JEAN-MARC AYRAULT
Mais je ne fais que ça Monsieur ELKABBACH.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Non non, les professions réglementées, les huissiers, les greffiers, les juges, de tribunaux de commerce, etc., etc. ?
JEAN-MARC AYRAULT
Ecoutez, j'écoute EUROPE 1 et d'autres radios tous les matins, et nous dit ce qu'il faut faire.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Vous avez raison.
JEAN-MARC AYRAULT
Mais quand j'écoute EUROPE 1, on me dit des choses totalement contradictoires, « il y a trop de ceci, il y a trop de cela », et puis quand on touche, « ah oui, mais pourquoi le gouvernement a changé ça ? » Donc, mon travail est difficile, moi je veux faire avancer la France, je veux réformer le pays, et ça ne se fait pas par des oukases, excusez-moi, ça ne se fait pas par des dictats et par des coups de menton. Ça se fait…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais qui les donne ?
JEAN-MARC AYRAULT
Avec détermination, à régler les problèmes…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Qui les donne ?
JEAN-MARC AYRAULT
C'est le gouvernement qui y travaille, j'ai cité le cas des artisans et des autoentrepreneurs, c'est mon gouvernement qui est en train de régler ces problèmes. Et nous les réglerons pour le reste.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Est-ce que vous confirmez, Monsieur le Premier ministre, que votre gouvernement prépare un nouveau décret pour autoriser l'ouverture le dimanche des magasins de bricolage ?
JEAN-MARC AYRAULT
Bien sûr, bien sûr, ça, il y a eu une annulation pour des raisons uniquement de forme, Michel SAPIN, le ministre du Travail, a aussitôt fait un communiqué, nous avons parlé ensemble, dans quelques jours le problème sera à nouveau réglé.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Quelle sera l'originalité du nouveau et quand il s'appliquera ?
JEAN-MARC AYRAULT
Mais ça sera la même chose, simplement il y avait un délai, qui avait été fixé, de durée de ce décret, et c'est ça qu'il faut changer, et donc il n'y aura plus de délai et l'affaire sera réglée. Je rappelle que par ailleurs nous avions confié une mission à l'ancien patron de la POSTE…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Monsieur BAILLY.
JEAN-MARC AYRAULT
Monsieur BAILLY, pour travailler sur une nouvelle proposition de loi qui respecte à la fois le repos dominical, mais qui tienne compte aussi des nouveaux modes de vie. Ça c'est en cours…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Donc vous reconnaissez que le public en a besoin et que…
JEAN-MARC AYRAULT
Oui, absolument.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Vous répondrez par un décret.
JEAN-MARC AYRAULT
Mais en même temps il faut respecter les droits des salariés.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Le président de la République vous a chargé de mettre en oeuvre la grande innovation sociale-démocrate de 2014, le Pacte de responsabilité. Après des débuts prometteurs, il traîne ce Pacte, il s'essouffle, il a du plomb dans l'aile. Quand verra-t-il le jour ?
JEAN-MARC AYRAULT
Vous êtes extraordinaire, Jean-Pierre ELKABBACH, il a été annoncé quand ce Pacte, vous vous en souvenez ? 14 janvier.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
14 janvier, oui.
JEAN-MARC AYRAULT
Nous sommes le quand là ? Un mois après, c'est lancé ? Moi je considère au contraire que ce Pacte est bien parti. Alors, pour qu'il soit bien parti et qu'il réussisse, parce que de quoi s'agit-il ? Il s'agit aussi de faire en sorte, parce que c'est un choc de mobilisation qu'a voulu provoquer le président de la République, c'est qu'au moment où la croissance repart en Europe, et en France, les perspectives sont meilleures pour 2014 qu'elles ne l'étaient pour 2013…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Pour tous les Européens…
JEAN-MARC AYRAULT
Je vous rappelle que pendant 5 ans, du gouvernement précédent, la moyenne de la croissance en France a été de 0. Nous vivons la plus grande crise depuis les années 30, il faut remonter la pente. C'est au moment où les choses vont mieux, on avait d'ailleurs des bonnes nouvelles ce matin chez TOYOTA, il ne faut pas rater la montée dans le train, donc il faut mettre le turbo, c'est le sens du Pacte.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais à qui vous le dites il faut mettre le turbo, quelles sont les étapes prochaines ?
JEAN-MARC AYRAULT
Je le dis à la fois aux patrons, mais je le dis aussi aux représentants des salariés, il faut là trouver le bon équilibre, le bon compromis, c'est pour ça qu'il faut du dialogue.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais qui crée les emplois, qui crée d'abord les emplois ?
JEAN-MARC AYRAULT
C'est les entreprises, mais les entreprises c'est à la fois des chefs d'entreprise et c'est des salariés, donc il faut travailler ensemble.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Prochaine étape ?
JEAN-MARC AYRAULT
Le 27 janvier j'ai reçu les partenaires sociaux, j'ai demandé que dans un délai d'1 mois ils se mettent d'accord…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Ça fait 15 jours de perdus encore.
JEAN-MARC AYRAULT
Le 28 février ils se rencontrent, patronat et syndicats…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
15 jours perdus.
JEAN-MARC AYRAULT
Pour voir de quelle façon on peut avancer, de façon équilibrée, sur les contreparties, parce que la Nation va consentir des efforts pour améliorer encore les marges des entreprises pour qu'elles investissent, mais il faut aussi qu'il y ait des perspectives d'emplois, des perspectives de formations, des perspectives de carrières, et donc ils vont enfin en discuter le 28. Moi je vais vous dire le calendrier, c'est simple, moi mon calendrier c'est à la fois mettre au point les mesures pour alléger les charges qui pèsent sur le travail, donc c'est 10 milliards de plus par rapport aux 20 milliards du crédit d'impôt que les entreprises vont recevoir en mai, ce n'est pas rien, 4% de moins, de coût du travail…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais est-ce que vous pourriez aller au-delà de ces 10 milliards… ?
JEAN-MARC AYRAULT
Deuxièmement, le chantier de la remise à plat de la fiscalité des entreprises, pour que la fiscalité des entreprises pèse moins sur la production et davantage sur les résultats, et qu'elle s'harmonise avec les Européens, et puis les contreparties dont je viens de parler. Le délai c'est fin mars, fin mars, et en avril le Parlement sera saisi d'un projet, le Pacte, mais aussi il sera saisi des trajectoires financières, puisque vous savez qu'on financera tout ça par des économies, 50 milliards…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Avec l'engagement de votre responsabilité ?
JEAN-MARC AYRAULT
Le président de la République a dit que c'est le Parlement qui se prononcerait, parce qu'il faut que l'ensemble de nos responsables politiques, président, Premier ministre, gouvernement, majorité parlementaire…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
C'est vous-même, c'est l'engagement de la responsabilité du Premier ministre Jean-Marc AYRAULT.
JEAN-MARC AYRAULT
Prennent leurs responsabilités.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Jean-Marc AYRAULT, est-ce que le président de la République vous a appelé pour commenter l'accueil de Barack OBAMA et des Etats-Unis ?
JEAN-MARC AYRAULT
J'ai eu le président de la République tous les jours depuis son séjour aux Etats-Unis.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Est-ce qu'il est content, est-ce qu'il va ramener des innovateurs, des investisseurs, de la confiance sur l'état de la France ?
JEAN-MARC AYRAULT
C'est un voyage extrêmement réussi, je crois, pour les relations franco-américaines, et puis il a parlé aux entreprises, dans la Silicon Valley, et ça c'est très positif. Et puis, dès la semaine prochaine, nous allons réunir ce qu'on appelle le Conseil stratégique de l'attractivité, qui est présidé par le président de la République, dès dimanche soir moi je recevrai à dîner des chefs d'entreprises du monde entier, pour leur parler de la marque France, pour leur parler de l'attractivité de la France, et j'animerai également, toute une partie de la journée de lundi, un séminaire avec ces représentants des entreprises du monde qui veulent venir investir en France. Moi j'ai envie qu'on soit patriote Monsieur ELKABBACH, j'aimerais qu'on soit fier de la France.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Nous aussi.
JEAN-MARC AYRAULT
Mais oui, mais de temps en temps c'est bien de dire qu'il y a des choses qui marchent en France.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Bien sûr, il y a les banques qui ont de très bons résultats, il y a des entreprises, et on parlera tout à l'heure…
JEAN-MARC AYRAULT
Voilà, c'est bien quand vous le dites.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais pourquoi vous êtes sur les nerfs là ?
JEAN-MARC AYRAULT
Je ne suis pas sur les nerfs, c'est vous qui….
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Depuis tout à l'heure…
JEAN-MARC AYRAULT
C'est vous qui venez de rentrer, après quelques jours d'absence, et voilà, vous êtes en pleine forme, et donc je vous réponds.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Merci de reconnaître. Pierre GATTAZ a gâché la fête…
JEAN-MARC AYRAULT
Mais non.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Cette nuit encore, le président de la République à San Francisco a ironisé sur son volteface.
JEAN-MARC AYRAULT
Un petit peu, moi aussi je l'avais fait.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Oui, « quand on fait des déclarations mal comprises », s'est moqué François HOLLANDE, « ça conduit toujours à des clarifications. »
JEAN-MARC AYRAULT
Ecoutez, qu'est-ce qui est important…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Oui, vous allez effacer, parce que lundi il y a eu une déclaration et mardi il y en a une autre, laquelle vous croyez ?
JEAN-MARC AYRAULT
Jean-Pierre ELKABBACH, qu'est-ce qui est important ? C'est que monsieur GATTAZ, qui a un badge là, avec « 1 million d'emplois », à la boutonnière…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Il tienne ses promesses.
JEAN-MARC AYRAULT
Il avait du mal à trouver la date avec les syndicats pour se réunir, eh bien il a fixé la date avec les syndicats, c'est le 28 février, voilà une bonne nouvelle, voyez, les choses avancent, il faut un peu de patience parfois, mais il faut beaucoup de détermination.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et quand il dit les voyages… mais est-ce que vous avez pris ce qu'il a dit, la première déclaration, comme un manque d'élégance, de l'inexpérience ou un coup porté à votre politique ?
JEAN-MARC AYRAULT
Je tourne la page de ça, maintenant ce qui l'intéresse c'est la réussite du Pacte de responsabilité, responsabilité ça veut dire une ambition collective, ce n'est pas une ambition individuelle.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Très bien. Il dit qu'il ne veut toujours pas de contreparties, mais il n'exclut plus, il l'a dit cette nuit…
JEAN-MARC AYRAULT
Voilà, voyez les choses avancent.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Des engagements chiffrés sur des objectifs – c'était bien de l'avoir engueulé – est-ce que ça vous convient ça ?
JEAN-MARC AYRAULT
Ça va dans la bonne direction. C'est le succès moi que je veux. Je vous l'ai dit tout à l'heure, il y a un rendez-vous, 2014, quand on parlera de 2014 il faudra qu'on se souvienne que la France a pris le chemin de la croissance et elle a mobilisé les forces vives du pays. C'est pour ça que je vais vous dire aussi quelque chose Jean-Pierre ELKABBACH, je trouve l'attitude de l'opposition, notamment du chef de l'UMP, monsieur COPE, totalement indécente. On voit bien qu'il n'a rien à dire, qu'il ne sait pas comment s'en sortir par rapport à cette proposition de Pacte, alors il essaie de détourner le débat sur des questions secondaires, en inventant des fantasmes, pour faire se développer les peurs. Je trouve ça totalement irresponsable par rapport à l'attente des Français.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Très bien. Jean-Marc AYRAULT, est-ce que vous avez invité Pierre GATTAZ, à son retour des Etats-Unis, à venir vous voir avant le 28 pour en discuter avec lui ?
JEAN-MARC AYRAULT
On est en contact permanent avec les représentants du patronat. Je rappelle que le patronat c'est à la fois le MEDEF, mais c'est aussi la CGPME, c'est aussi les artisans, je rencontre tous les dirigeants syndicaux...
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Il n'y a pas que lui.
JEAN-MARC AYRAULT
Parfois officiellement, parfois officieusement, parce qu'on travaille ensemble.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Quand il vous dit « il faut arrêter de gérer par la contrainte, ce Pacte ne doit pas devenir un Pacte de contraintes », est-ce qu'il a raison ?
JEAN-MARC AYRAULT
Ecoutez, une entreprise ce n'est pas une administration, ce n'est pas des ordres qui tombent et puis après il suffit de faire, c'est un écosystème, mais un écosystème c'est à la fois les chefs d'entreprise, c'est les salariés, c'est les ingénieurs, c'est des cadres, c'est les ouvriers, c'est des techniciens, enfin c'est une communauté, et donc les choses… plus les carnets de commandes s'amélioreront, donc d'où l'importance de ne pas rater le rendez-vous de la croissance, plus les perspectives s'amélioreront et notamment en termes d'embauches, et de qualité du travail, et de formation professionnelle.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Vous demandez au MEDEF de ne pas être responsable de l'échec du Pacte ?
JEAN-MARC AYRAULT
Oui, je demande à tous de prendre leurs responsabilités pour que ça marche, ça c'est qu'attendent les Français. Les Français ont eu une bonne perception de l'annonce du président de la République à l'occasion de ses voeux, et aussi le 14 janvier, à la conférence de presse, ils veulent que ça réussisse, donc ils ne pardonneront pas ceux qui jouent perso ou qui jouent leurs petites affaires et leurs petits intérêts…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Est-ce que vous le dites à la gauche du PS et à la gauche de la gauche ?
JEAN-MARC AYRAULT
J'étais au séminaire du Parti socialiste lundi, j'ai dépensé beaucoup d'énergie pour convaincre. Il y a des questions, c'est normal, mais je ne vois pas comment on pourrait se mettre en dehors de cette perspective de réussite collective, c'est-à-dire la réussite de la France. C'est là-dessus qu'on sera jugé, on sera jugé sur les perspectives d'amélioration de l'emploi, il faut faire reculer durablement le chômage dans notre pays.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Le président de la République et vous-même annoncez un effort sans précédent d'économie de 50 milliards d'ici à 2017, en 3 ans. La Cour des comptes prévoit que c'est possible, même si les 50 milliards sont insuffisants. Où est-ce que vous allez trouver les 17 milliards par an ?
JEAN-MARC AYRAULT
On travaille à ça, et je vous ai donné le calendrier, en avril…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Non, les pistes.
JEAN-MARC AYRAULT
En avril. Il y a trois parties dans la dépense publique, il y a l'Etat, les ministères, donc la discussion a déjà commencé ministère par ministère avec Bernard CAZENEUVE, le ministre du Budget, il y a la Sécurité Sociale et puis il y a les collectivités locales, donc chacun participera, contribuera, mais pas en coupant brutalement, en engageant des réformes de structure. Je pense par exemple au parcours de soins, le développement de la politique du médicament, la politique de l'ambulatoire…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Donc il y a des économies à faire en matière de dépenses sociales.
JEAN-MARC AYRAULT
Il y a des économies à faire partout, mais sans détruire notre modèle social, Monsieur ELKABBACH, parce que certains voudraient qu'on le détruise, qu'on fasse comme les Britanniques par exemple, où la pauvreté explose, ce n'est pas le modèle français.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Après Vincent PEILLON, Bruno Le ROUX a affirmé que le gel des primes et des avancements des fonctionnaires est bien sur votre table – vous savez bien que j'allais vous poser la question – puis, s'est corrigé, rétracté, pourquoi ne pas le reconnaître si c'est vrai ?
JEAN-MARC AYRAULT
Mais non, ce n'est pas vrai ! Pourquoi annoncer des fausses nouvelles ?
Pourquoi se laisser aller ?
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Demandez-lui. Donc c'est faux ?
JEAN-MARC AYRAULT
On n'est pas dans le concours Lépine !
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Donc ce matin, vous dites : c'est faux ?
JEAN-MARC AYRAULT
Des économies, ceci, cela, tous les matins, on en sort une nouvelle ! Laissez le gouvernement travailler ! Il travaille ! S'agissant des fonctionnaires, il y a quinze jours, j'étais à Metz, j'ai présenté mes voeux à la Fonction, aux Fonctions publiques, Etat, collectivités locales, hôpital, et j'ai adressé un message de soutien et de confiance aux fonctionnaires, je voyais le titre d'un journal ce matin qui montrait, qui parlait des fonctionnaires, de leurs métiers, des services publics, même sur EUROPE 1, on en a parlé, on a valorisé le travail de contrôle de la qualité alimentaire par exemple, eh bien, ça, ce sont des fonctionnaires qui le font, donc rendons hommage à la Fonction publique, aux services publics. Et donc moi, je suis le Premier ministre…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Donc vous dites à Bruno Le ROUX et à Vincent PEILLON qu'ils ont mal compris ?
JEAN-MARC AYRAULT
Je suis le Premier ministre qui, avec Marylise LEBRANCHU, la ministre de la Fonction publique, engage des discussions avec les fonctionnaires pour voir comment on peut améliorer leurs perspectives de carrière…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Comment ?
JEAN-MARC AYRAULT
Et donc je ne suis pas favorable à la baisse du pouvoir d'achat des fonctionnaires, la question, elle est très claire. Par contre, ce que je vous demande de regarder, c'est ce que nous avons fait au 1er février sur les feuilles de paie…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
D'accord, d'accord, d'accord…
JEAN-MARC AYRAULT
Les catégories C, c'est-à-dire les moins payés, où on voit leur situation s'améliorer, voilà la politique du gouvernement…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Est-ce que vous envisagez de désindexer les prestations sociales de l'inflation, au moins pour une durée provisoire ?
JEAN-MARC AYRAULT
Mais je ne vous répondrai pas à chaque fois, j'ai déjà dit qu'il n'y a pas de concours Lépine. Le gouvernement travaille, il s'est donné un calendrier, et le Parlement sera saisi des propositions au mois d'avril, donc ça, c'est clair…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Ce matin…
JEAN-MARC AYRAULT
Ça ne va pas durer très longtemps…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
On cherche les économies. Ce matin, EDF vient d'annoncer des performances solides dans un environnement difficile, plus 7,4% de résultat net. L'Etat est à 85% dans EDF, est-ce que l'Etat ne pourrait pas alléger, donc vendre des participations, AIR FRANCE, AREVA, ORANGE…
JEAN-MARC AYRAULT
Pour quoi faire Monsieur ? Pour quoi faire ?
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Parce que 15% d'EDF…
JEAN-MARC AYRAULT
Non, mais il n'y a pas de dogme…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
… Au moins huit milliards…
JEAN-MARC AYRAULT
Il n'y a pas de dogme en la matière, Monsieur ELKABBACH, mais qu'est-ce qu'on fait avec… quand on vend des actifs ? Qu'est-ce qu'on en fait ? On ne peut pas en faire n'importe quoi, ce n'est pas pour boucher les trous du budget de l'Etat, ce n'est pas pour réduire les déficits, ça, ce n'est pas possible pour des règles comptables, on ne peut que si on vend des actifs, et on en a vendu quelques-uns, dans le cadre de la loi, les utiliser pour réinvestir dans le capital d'une entreprise…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Vous pourriez ?
JEAN-MARC AYRAULT
Donc on peut le faire…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Il n'y a pas de dogme…
JEAN-MARC AYRAULT
Mais ce n'est pas ça qui permettra de réduire les déficits…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
D'accord, mais vous l'avez dit : il n'y a pas de dogme…
JEAN-MARC AYRAULT
Il n'y a pas d'illusions. Et quant à EDF, le gouvernement n'envisage pas la vente des actions d'EDF.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais vous confirmez que vous réduirez les dépenses publiques et vous n'augmenterez pas les impôts ?
JEAN-MARC AYRAULT
Il faut réduire les dépenses publiques, qui ont augmenté de 4% de la richesse nationale sous le gouvernement SAKORZY, et ça a amélioré quoi pour la France ? Ça a dégradé la situation de la France…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Jean-Marc AYRAULT, aujourd'hui…
JEAN-MARC AYRAULT
Donc c'est une obligation de le faire, mais pas n'importe comment…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Aujourd'hui, troisième séance de négociations sur la réforme de l'assurance-chômage. Le MEDEF – encore lui – tape dur et avance deux propositions, ouais, je sais…
JEAN-MARC AYRAULT
J'ai vu, j'ai vu…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
1°) : varier le montant et la durée des indemnités de chômeurs en fonction de la situation, et pour les inciter à trouver plus vite un travail, vous dites oui, non, à ça ?
JEAN-MARC AYRAULT
Le président de la République a été précis dans sa conférence de presse, il a dit que ce n'est pas en période de chômage qu'on va dégrader les indemnités chômage. Et quant aux intermittents du spectacle, je déconseille le MEDEF de persévérer dans cette erreur, et parce que…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Donc pas d'alignement sur le régime général…
JEAN-MARC AYRAULT
Non, mais écoutez, franchement…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Statut-quo !
JEAN-MARC AYRAULT
Laissons aussi les partenaires sociaux négocier, puisque c'est leur entière responsabilité, mais pas de casse-cou, comme certains le proposent.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Dans moins de deux mois, les municipales, les électeurs vont juger votre gouvernance et votre politique…
JEAN-MARC AYRAULT
Ben non, ils vont décider de désigner des maires…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Qu'est-ce que vous ferez si… oui, oui, en plus…
JEAN-MARC AYRAULT
Ah oui…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais il y a un écho national…
JEAN-MARC AYRAULT
En plus, non, d'abord !
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Oui, d'accord…
JEAN-MARC AYRAULT
Quand même !
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais que ferez-vous si les résultats sont mauvais pour eux, et donc pour vous, est-ce que ça sera un désaveu ?
JEAN-MARC AYRAULT
Non, ça ne sera pas un désaveu, c'est un choix de politique municipale, et c'est vrai que la gauche est majoritaire, pour la première fois de son histoire, dans toutes les communes de plus de 9.000 habitants en France, ça ne s'est jamais vu dans l'histoire. Donc sans doute qu'il y aura des pertes, mais il y aura aussi beaucoup de succès, il y aura même des conquêtes, j'en suis convaincu, parce que, au plan local, on n'a pas envie de confier les responsabilités à n'importe qui, à une droite qui ne sait plus où elle habite, qui court derrière le Front national, pour quelle politique ? Une politique de retour en arrière ? Quand on est à Strasbourg, à Nantes, à Rennes ou à Angers, on connaît la politique, on connaît ce que la gauche a apporté comme gestion, comme qualité de vie, comme solidarité, et donc au moment du vote, les électeurs se poseront quand même la question : est-ce que d'abord, je vote pour lancer un message au gouvernement ou est-ce que je vote pour être sûr que pendant six ans, j'aurai un bon maire et une bonne politique municipale ?
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Très bien, donc ce n'est pas la cata…
JEAN-MARC AYRAULT
Non, non…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Ce n'est pas la cata ?
JEAN-MARC AYRAULT
Non, non, arrêtons de toujours être là, à… un jour, tout va bien, et un jour, tout va mal. Non ! Un peu de sang-froid !
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais – pardon – mais avec vous, et surtout venant des attaques de vos amis, ce n'est pas un jour, ça va bien, un jour, ça va mal, c'est : un jour, ça va mal, le lendemain, ça va encore plus mal.
JEAN-MARC AYRAULT
Non, ce n'est pas vrai, ça…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Pardon. Mais les attaques…
JEAN-MARC AYRAULT
Ce n'est pas vrai, vous n'êtes pas Nicolas CANTELOUP, vous n'êtes pas obligé de faire de l'humour…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Non, c'est vrai. Et pourquoi ? Il faut être…
JEAN-MARC AYRAULT
Parce que, il y a Nicolas CANTELOUP et il y a Jean-Pierre ELKABBACH, chacun son travail…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais oui, mais il est capable de faire de l'humour. Les attaques qui viennent des vôtres, Monsieur AYRAULT…
JEAN-MARC AYRAULT
Ça arrive…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Ministres et élus qui multiplient les confidences, vous avez vu LE POINT, le remaniement…
JEAN-MARC AYRAULT
Oh, ben, vous vivez de ça, hein !
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Non, pas du tout, moi, je m'en fous de ça, mais c'est vous qui êtes…
JEAN-MARC AYRAULT
Ça vous amuse tellement…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
C'est vous qui êtes… pas du tout, moi…
JEAN-MARC AYRAULT
Non, je parle des médias…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Je pense à la France et à l'intérêt général. Mais par exemple…
JEAN-MARC AYRAULT
Eh bien ça, ça me rassure…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Eh bien, vous devriez le savoir depuis longtemps. Le remaniement encore, ça recommence, ça recommence, mais quand ils disent remaniement, ce n'est pas pour eux, même les élus, mais pour vous. Dans de telles conditions, est-ce que vous pouvez gouverner ?
JEAN-MARC AYRAULT
Monsieur ELKABBACH, nous sommes – je l'ai dit tout à l'heure – dans une période de reconquête pour la France, et ça demande, quand on gouverne, beaucoup de sang-froid, ça demande du courage, et ça demande du désintéressement, et tout ça, je l'ai. Et ça demande du caractère, et je l'ai aussi, n'en déplaise d'ailleurs à Nicolas CANTELOUP, ça m'amuse de vous dire ça. Mais vous savez…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
C'est bien d'écouter EUROPE…
JEAN-MARC AYRAULT
Les Français n'aiment pas les jeux personnels, n'aiment pas… vous savez, j'ai beaucoup d'expérience, comme vous, vous, dans le journalisme, moi, dans la politique, j'étais maire trente-cinq ans, député vingt-six ans, j'ai vu deux catégories d'hommes et de femmes politiques. Il y a ceux qui, d'abord, se consacrent à leur mission, et c'est là-dessus qu'ils créent la confiance dans la durée, et moi, je suis fier d'avoir été élu longtemps et d'avoir eu la confiance longtemps de mes électeurs, et en particulier à Nantes et en Loire-Atlantique, mais aussi la confiance des députés socialistes pendant quinze ans à l'Assemblée nationale…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais dites-le à vos amis !
JEAN-MARC AYRAULT
Et donc ceux qui ont une autre conception…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Dites-le à vos amis !
JEAN-MARC AYRAULT
C'est qu'ils pensent d'abord à eux…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais c'est vrai aussi que…
JEAN-MARC AYRAULT
Moi, je pense au pays, je pense à la France, le reste…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Presque tous vos prédécesseurs à Matignon sont passés par-là…
JEAN-MARC AYRAULT
Oui, c'est vrai, c'est pour ça que j'ai suffisamment de distance par rapport à tout ça…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Quand LE POINT d'aujourd'hui dit : les sous-doués au pouvoir, est-ce que vous pouvez rester insensible ou est-ce que vous vous dites : qui est visé par les sous-doués, mes élus, mes députés, mon gouvernement, moi-même ?
JEAN-MARC AYRAULT
Oui, mais, pff, je ne vais quand même pas commenter tous les titres du POINT, l'autre jour, c'était les caves se rebiffent, donc vous voyez, ils sont à la recherche de scoops, d'images, moi, je fais du travail sérieux, parce que ce que j'ai à faire est sérieux, et les Français nous jugent sur le sérieux. Je n'ai pas essayé de me changer mon image, et ma ligne de conduite, ma ligne de conduite, elle sera toujours sobre, sérieuse, dévouée, désintéressée…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et avec François HOLLANDE, ça ne s'est pas refroidi…
THOMAS SOTTO
Merci…
JEAN-MARC AYRAULT
Mais ça se passe très bien…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Ça ne s'est pas refroidi ?
JEAN-MARC AYRAULT
Mais comment voulez-vous que ça marche autrement ? C'est comme ça, le reste, je laisse ça aux commentateurs, c'est l'écume des choses et des jours.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Merci d'être venu…
THOMAS SOTTO
Encore une petite question, Jean-Marc AYRAULT, le Conseil d'Etat va se prononcer sans doute dans la journée sur le cas de Vincent LAMBERT, quel est votre avis, vous, sur ce cas et sur ce qu'il faut faire sur l'euthanasie ?
JEAN-MARC AYRAULT
Eh bien, le cas Vincent LAMBERT, j'ai écouté le médecin de Vincent LAMBERT sur votre antenne ce matin, qui a demandé que le Conseil d'Etat se prononce sur ce cas-là, et pas en général, et c'est pour le Conseil d'Etat une lourde responsabilité. Et je crois que pour cette personne, et sa famille, c'est un drame, et je pense que d'autres personnes vivent en France des drames de cette nature.
THOMAS SOTTO
Et alors ?
JEAN-MARC AYRAULT
Alors pour faire évoluer les choses, parce qu'il faudra les faire évoluer peu à peu, ça demandera beaucoup de réflexions et de rigueur, et c'est pourquoi le président de la République a saisi le comité national d'éthique, qui doit prononcer son avis à la fin du mois de février. Et si on doit légiférer, pour améliorer ce qui existe déjà dans la législation, je pense à la loi LEONETTI, il faudra le faire avec la recherche du consensus le plus poussé, parce que ce sont des questions si sensibles, qui touchent, je dirais, à l'âme humaine et à la responsabilité la plus profonde, il faut faire comme ça, et quand on a fait comme ça, on fait avancer les choses sur des questions de cette nature, il faut plutôt rechercher le rassemblement que la division.
THOMAS SOTTO
Merci…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et vous le savez, ce que vous feriez, vous, en pareilles circonstances tragiques ?
JEAN-MARC AYRAULT
Vous savez, c'est une question que je me pose souvent, qu'on doit tous se poser et qui n'est pas facile. Et je ne veux pas faire la leçon ni dire ce qu'il faut faire, c'est toujours d'une très grande douleur, et moi, j'ai beaucoup de respect, même si dans la famille de Vincent LAMBERT, il y a des points de vue différents, mais j'ai beaucoup de respect, parce que, là, on est au coeur même de la question humaine.
THOMAS SOTTO
Merci Jean-Marc AYRAULT d'être venu ce matin sur EUROPE 1. Merci et bonne journée.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 13 février 2014