Déclaration de M. Laurent Fabius, ministre des affaires étrangères, en réponse à une question sur l'Ukraine, à l'Assemblée nationale le 19 février 2014.

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Circonstance : Questions d'actualité à l'Assemblée nationale, le 19 février 2014

Texte intégral

Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs les Députés,
Monsieur le Président Sauvadet,
Je commencerai par condamner, comme vous l'avez fait très justement, les violences inacceptables, gravissimes qui ont eu lieu depuis hier à Kiev. On parle de plus de 26 morts, de centaines de blessés, de scènes d'émeutes et de guerre civile. Le président français et la chancelière allemande, Mme Merkel, ont jugé cette situation inadmissible et je veux avec vous dire la solidarité de la Nation à l'égard de tous les Ukrainiens.
Demain, à notre demande et à celles d'autres collègues, aura lieu à Bruxelles un conseil extraordinaire des ministres des affaires étrangères auquel je me rendrai. Le président de la République a demandé que des sanctions ciblées et personnelles soient prises contre les responsables de ces exactions inadmissibles.
Parallèlement, nous avons engagé ce qu'il faut appeler un dialogue, puisque c'est nécessaire, à la fois avec l'opposition et le gouvernement, et nous avons facilité le dialogue entre eux. C'est une tâche très difficile mais il n'y a pas d'autre voie de sortie. Il faudra bien que ce dialogue entre l'opposition et le gouvernement ait lieu, que le gouvernement change et qu'il y ait finalement des élections. C'est la position de la France.
Ne croyons pas que les choses soient faciles car, autant notre coeur est évidemment aux côtés des Ukrainiens qui luttent pour se rapprocher de l'Union européenne, vous savez comme moi et comme tous les membres de cette Assemblée qu'il y a une partie de ce pays qui est profondément russophone et qui a des aspirations qui sont diverses. Néanmoins, la tâche de l'Europe et de la France, c'est de favoriser une solution pacifique et croyez bien que nous y sommes engagés pleinement, Monsieur Sauvadet.
Retenons l'idée de la condamnation des violences, du soutien de la population française aux Ukrainiens et d'actions pour sortir de cette situation inadmissible.
Monsieur le Député,
Sur la question des sanctions, je me rendrai demain à Bruxelles pour un conseil extraordinaire des ministres européens des affaires étrangères. Auparavant, j'ai eu des contacts avec mes collègues allemands, Frank-Walter Steinmeier et polonais, M. Radek Sikorski et nous nous coordonnons avec les autres ministres pour que demain des décisions puissent être prises.
Dans une situation aussi dramatique, on n'attend pas simplement des déclarations d'intention mais des décisions. Il est évident que dès que ces décisions seront prises, la France les appliquera telles quelles.
Mais il ne suffit pas que ces sanctions nécessaires soient prises, il faut aussi que l'on propose une solution d'ordre politique.
Croyez bien que la France y est totalement engagée en discutant avec les uns et les autres car c'est ainsi que l'on peut avancer. Nous avons discuté avec les représentants de l'opposition, notamment M. Klitschko. J'ai dialogué avec le ministre des affaires étrangères ukrainien, avec le président ukrainien, M. Ianoukovitch, avec les Russes qui, on le sait, sont une partie importante dans ce conflit. Nous espérons aboutir à une solution qui soit une solution de dialogue qui puisse apaiser le drame qui se déroule actuellement en Ukraine.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 24 février 2014