Déclaration de M. Jean-Claude Gayssot, ministre de l'équipement des transports et du logement, sur l'utilisation de l'aquazole et du gaz naturel par les autobus, Créteil le 27 avril 1999.

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Circonstance : Pose de la première pierre de la station GNV de Créteil, le 27 avril 1999

Texte intégral

Monsieur le Ministre,
Messieurs les présidents,
Madame la Conseillère Régionale,
Monsieur le Député,
Mesdames, Messieurs les élus,
Mesdames, Messieurs,
Je suis heureux dêtre avec vous aujourdhui, pour poser la première pierre de la station de distribution de gaz naturel du centre bus de Créteil. Cette réalisation me semble marquer lentrée dans une nouvelle ère, à laube du troisième millénaire, lère de lécologie urbaine, où le souci de lenvironnement, donc de lavenir des générations futures commence à prendre le pas sur toutes les autres considérations.
Je sais Monsieur le président-directeur général, tous les efforts que la RATP, ses techniciens, ses ingénieurs, ses agents déploient en ce domaine depuis de nombreuses années. Vous avez créé ainsi une délégation générale à lécologie urbaine et au développement durable et jai été particulièrement sensible que vous ayez répondu rapidement à la demande que je formulais auprès de vous en novembre 1997.
En vous rappelant lattention toute particulière que le Gouvernement porte aux problèmes de pollution atmosphérique et son souhait de promouvoir, à des coûts raisonnables, lutilisation de véhicules les moins polluants possibles, je vous ai demandé, après en avoir discuté avec mon collègue Christian Pierret, Secrétaire dEtat à lindustrie, et dont je tiens à souligner la forte implication dans ce dossier, dexpérimenter des autobus utilisant des carburants propres et de lancer des consultations pour 200 véhicules environ faisant appel aux deux filières gaz GPL et GNV. A cet égard, il faut souligner leffort consenti par le conseil régional qui a choisi de soutenir cette initiative en finançant le surcoût par rapport à un autobus traditionnel, soit au total 44 MF pour lensemble des véhicules concernés.
Je connais lattachement de mon ami Jean-Paul Huchon, Président du Conseil Régional à cette question et je suis heureux que notre coopération puisse également porter dans le domaine de lécologie urbaine.
Le programme « bus propres » de la régie a été la réponse à cette demande. Il concerne à terme, si la démarche se révèle concluante, un parc de 4000 véhicules et il ne faut pas oublier quavec plus de 200 lignes, le réseau routier de la RATP transporte quotidiennement 2,5 millions de voyageurs.
Certes, lautobus est le moins polluant de tous les modes routiers urbains, compte tenu du nombre de places quil offre. Ainsi, le bus est de très loin moins polluant que la voiture particulière : 5 à 10 fois moins rapporté au passager transporté. Mais, même si le parc des 4000 bus de la régie ne produit guère que 4 % des émissions polluantes en Ile-de-France, les fumées des véhicules les plus anciens donnent à penser que le transport public, qui se doit dêtre exemplaire ne remplit pas son rôle.
Ce programme est innovant et exemplaire à plus dun titre.
Ainsi, depuis le 21 décembre dernier, 125 bus roulent à laquazole, cest-à-dire un carburant constitué de gazole auquel est ajouté 15 % deau. A la fin de cette année, ils seront 350 à utiliser de laquazole. Lutilisation de ce carburant présente un intérêt pour le parc le plus ancien il sagit des autobus SC10 qui, en moyenne, produisent 5 fois plus de particules que les bus récents. Laquazole permet de réduire lopacité des fumées de 20 à 30 % et les émissions de polluants nocifs. Cette expérimentation de laquazole concerne également 125 autobus dexploitants privés en grande couronne. Cette expérimentation est soutenue par la Région, le STP et lADEME. Par ailleurs, je rappelle que les bus anciens de type SC de la RATP seront éliminés et remplacés, à raison de 350 par ans, et ce jusque fin 2002.
Par ailleurs, des bus électriques desserviront, après Montmartre, le quartier du Marais et ultérieurement, dautres villes.
Enfin, je vous ai demandé daccélérer en parallèle les programmes de recherche et dexpérimentation sur le diesel dépollué fonctionnant avec un carburant à basse teneur en soufre, un pot catalytique et un filtre à particules, ce qui devrait permettre déquiper plus de 2200 bus RATP dans les trois ans à venir. Je sais quun appel doffre portant sur les filtres à particules catalysés est en phase finale de négociation pour une mise en service à compter doctobre prochain à raison de 100 véhicules par mois. Je rappelle quil permet de diminuer de 80 % les particules, de 90 % le monoxyde de carbone et 70 % les hydrocarbures, ce qui permet datteindre les niveaux équivalents aux futures normes Euro 3.
Les premiers bus au gaz construits par RVI et Heuliez (GNV et GPL) seront mis en service en juillet 1999 dans ce centre et celui dAubervilliers ; dautres le seront lannée suivante à Belliard et Nanterre. A cette date, circuleront 218 bus au gaz.
La station de distribution, sur lemplacement de laquelle nous nous trouvons aujourdhui, est la première pierre de ce dispositif. La réalisation de lensemble, approvisionnement du gaz, stockage, mise en sécurité de latelier a été confié par la RATP au groupement constitué de RVI et GDF. Ces travaux sont supportés par la RATP pour un montant de 13,5 MF.
Un dispositif de formation accompagne bien évidemment larrivée du nouveau carburant : les machinistes concernés suivent des stages axés sur les caractéristiques du gaz, les actions de la RATP en matière de protection de lenvironnement et les problèmes de sécurité, sans oublier la dimension daccessibilité, car le nouveau matériel sera accessible aux personnes à mobilité réduite ; les agents de maintenance également reçoivent différents niveaux de formation suivant les types dintervention dont ils seront chargés.
Je ne voudrais pas oublier la province qui, elle aussi, manifeste un intérêt croissant pour les différentes solutions de dépollution et de renouvellement de ses parcs dautobus. Je pense, tout dabord, à lutilisation des carburants améliorés, destinés à remplacer le gazole : le diester de colza et laquazole. Ce dernier a connu un véritable démarrage en 1998 : déjà plus de 250 véhicules de transport en commun lutilisent, notamment, outre Paris et Argenteuil, à Chambéry, Lyon, Villefranche-sur-Saône, Thonon-les-Bains, Aix-les-Bains et Givors. Quant au GNV, 20 villes lont déjà adopté : outre Meaux, Paris, Roissy, les Ulis en région parisienne, Annecy, le département du Bas-Rhin, Bordeaux, Chambéry, Clermont-Ferrand, Colmar, Digne-les-Bains, Lille, Lyon, Marseille, Montbéliard, Nantes, Nice, la Pointe-du Raz, Poitiers, Strasbourg et Valence.
Dans ce cadre, le gaz naturel me semble prometteur pour lavenir, car il présente plusieurs intérêts :
- le gaz naturel, du méthane, est disponible en quantité gigantesque ; les réserves mondiales sont importantes et extrêmement diversifiées quant à leur répartition géographique beaucoup des plus élevées que celles connues en pétrole. Cest en réserve la deuxième énergie naturelle derrière le charbon.
- de tous les hydrocarbures, cest celui qui dégage le moins de gaz carbonique ; il ne renferme pas de produits soufrés, német pas de particules, ni de produits toxiques et cancérigènes.
Les utilisateurs ne sy trompent dailleurs pas. Un sondage récent le monde en effet.
A Poitiers, une enquête dimpact des bus au gaz naturel a été réalisée auprès de la clientèle et des conducteurs. Elle révèle un regard positif des voyageurs qui trouvent les bus fonctionnant au gaz moins bruyants et plus souples dans leur conduite. 81 % des utilisateurs, interrogés sur les avantages quapporte un bus au gaz, répondent « lutte contre la pollution ». Les conducteurs, quant à eux, sont 83 % à apprécier la contribution des bus au gaz à la protection de lenvironnement.
Dune manière générale, jai demandé à mes services de mettre en place un dispositif dévaluation de toutes ces expériences afin den tirer au plus vite les enseignements pour développer les filières les plus prometteuses.
Vous le voyez, nous avons de grandes ambitions dans le domaine de lécologie urbaine. Mais je sais pouvoir compter sur limplication de tous les acteurs, publics et privés, en particulier de la RATP, pour répondre à la forte attente de nos concitoyens de protection de lenvironnement.