Interview de M. Stéphane Le Foll, ministre de l'agriculture, de l'agroalimentaire et de la forêt, porte-parole du gouvernement, à "RTL" le 15 avril 2014, sur la politique budgétaire, la nouvelle réforme territoriale annoncée et l'intégration sociale de la population Rom.

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Média : Emission L'Invité de RTL - RTL

Texte intégral

JEAN-MICHEL APHATIE
Bonjour Stéphane LE FOLL.
STEPHANE LE FOLL
Bonjour !
JEAN-MICHEL APHATIE
Hier à Berlin le Premier ministre Manuel VALLS a indiqué que la France respecterait ses engagements européens en matière de déficit, et serait donc sous la barre des 3% l'année prochaine. Tout le monde est d'accord au gouvernement avec cette annonce de Manuel VALLS ?
STEPHANE LE FOLL
Je pense que ça avait été dit d'ailleurs par Michel SAPIN et c'est confirmé par le Premier ministre, la France peut atteindre les 3% donc on est parfaitement dans la ligne de ce qui avait été annoncé à Bruxelles l'an dernier où il y a deux ans…
JEAN-MICHEL APHATIE
Oui, oui, absolument.
STEPHANE LE FOLL
…dans cette trajectoire et la France tient à la fois la stratégie et la trajectoire qui avait été fixée. Je rappelle simplement une chose, c'est que ces déficits budgétaires ils étaient de l'ordre de 5,7% en 2011, ils sont là d'ores et déjà à 4,3, on parle souvent d'effort d'économies, il faut quand même rappeler qu'il y a eu beaucoup d'efforts qui ont été faits…
JEAN-MICHEL APHATIE
Beaucoup d'impôts ont peut-être permis de corriger la trajectoire.
STEPHANE LE FOLL
…qu'on est sur une trajectoire, qu'il faut la tenir, pas simplement parce qu'il y a un traité, mais aussi parce que, si vous laissez filer votre déficit budgétaire c'est l'endettement de la France qui explose.
JEAN-MICHEL APHATIE
Je vous posais la question de savoir si tout le monde était d'accord au gouvernement parce qu'il n'y a pas si longtemps que ça, le 7 avril, donc aujourd'hui nous sommes le 15, Arnaud MONTEBOURG ministre de l'Economie disait : la question des comptes publics est une question accessoire par rapport à la croissance. C'est un mystère pour personne que lui il n'est pas d'accord avec ça.
STEPHANE LE FOLL
Je pense que sur l'équilibre entre la trajectoire de réduction de déficit budgétaire et le fait qu'on maintienne aussi un objectif sur la question de la croissance, c'est tout ce qu'on pourrait appeler le sérieux entre la réduction du déficit et la volonté de redonner de l'activité à une économie. Et c'est cet équilibre qui est difficile mais qui est tenu.
JEAN-MICHEL APHATIE
Que vous pensez avoir trouvé, mais vous en convenez, ça risque de susciter des réactions, des débats y compris au sein du gouvernement ?
STEPHANE LE FOLL
A y compris au sein du gouvernement, ça vous anticipez là, je ne vois pas pourquoi.
JEAN-MICHEL APHATIE
Vous ne pensez pas qu'Arnaud MONTEBOURG par exemple redira ce qu'il a dit ; la question des comptes publics est une question accessoire par rapport à la croissance.
STEPHANE LE FOLL
Mais chacun peut avoir une appréciation entre la nécessité de retrouver de la croissance qui est essentiel parce qu'on pourrait toujours raconter tout ce qu'on veut, si on ne retrouve pas de la croissance en particulier pour lutter contre le chômage et essayer de prendre le relais de la politique publique qu'on a engagée, il faut de la croissance. Donc on a un double objectif, c'est deux cadrans, il faut être capable de soutenir cette croissance tout en réduisant les déficits parce que sinon, je le répète, je le redis, on est déjà à près de 92% d'endettement, on peut dépasser la barre des 100% par rapport à ce qu'on produit comme richesse….
JEAN-MICHEL APHATIE
Chaque année…
STEPHANE LE FOLL
… je ne crois pas que ça soit une solution pérenne ni d'avenir pour un grand pays comme le nôtre.
JEAN-MICHEL APHATIE
Certains s'étonneront de cette position gouvernementale, de ce choix que vous faites, puisque les élections municipales, l'électorat de gauche s'est abstenu, on avait cru comprendre que la demande de votre électorat n'était pas justement celle-là, celle de respecter les engagements de réduction des déficits.
STEPHANE LE FOLL
Je pense que dans l'électorat de gauche il y a deux choses fortes qui se sont exprimées, la première c'est vrai c'est que l'électorat de gauche, dans cette phase de crise lourde, a beaucoup subi et attend des retours des efforts qui ont été en plus demandés au moment où on est arrivé pour essayer de redresser ce pays…
JEAN-MICHEL APHATIE
Et vous leur dites, il faudra encore faire des efforts ?
STEPHANE LE FOLL
Non ! on leur dit simplement que pour arriver à sortir un grand pays comme la France de la situation dans laquelle il était, c'est-à-dire extrêmement difficile, c'est vrai qu'il y a, je le disais tout de suite, à la fois des efforts à faire et en même temps, la capacité de trouver le mixte qui permette de retrouver de la croissance pour pouvoir redistribuer demain lorsqu'on aura remis ce pays en ordre de marche. C'est bien ça l'enjeu et je comprends parfaitement que dans l'électorat de gauche entre le moment où je parle, où celui où on est arrivé et le moment où il y aura des résultats, il y a un sujet et une demande, et une attente, c'est l'abstention qui a été là pour marquer ce phénomène là.
JEAN-MICHEL APHATIE
Dans ce contexte, les élections européennes qui se profilent le 25 mai, risquent d'être difficiles pour vous, tous les sondages disent que l'UMP et le Front National devraient être devant le Parti socialiste, c'est inéluctable ça Stéphane LE FOLL ?
STEPHANE LE FOLL
Ca sera une élection difficile d'abord parce qu'elle n'est jamais facile cette élection et je me rappelle pour le Parti socialiste pour avoir quelques souvenirs des élections européennes comme vous monsieur APHATIE, que ça n'a jamais été facile. On est aux responsabilités…
JEAN-MICHEL APHATIE
Celle-ci non plus ne le sera pas.
STEPHANE LE FOLL
…et celle-ci non plus ne le sera pas. Il y a un enjeu cette fois-ci qui est clair, c'est que pour la première fois, il y a dans ce vote, le choix du président de la Commission européenne.
JEAN-MICHEL APHATIE
Pff ça va motiver les foules !
STEPHANE LE FOLL
Très bien, alors on continue, si je vous dis, ça va être difficile, bah oui et puis ça ne va pas motiver les foules ; je vous dis qu'il y a un changement majeur, cette fois-ci on vote pour des listes avec des têtes de listes européennes qui ont vocation à prendre la tête de la Commission européenne. La dernière fois on votait pour des députés avec une majorité et après les Etats faisaient leur tambouille…
JEAN-MICHEL APHATIE
Ils sortaient quelque chose du chapeau…
STEPHANE LE FOLL
… et ils sortaient quelque chose du chapeau, c'était monsieur BARROSO. Cette fois-ci ils ont le choix entre Martin SCHULZ, SPD, qui a participé et qui a poussé très fort pour le SMIC en Allemagne et monsieur JUNCKER l'ancien Premier ministre du Luxembourg.
JEAN-MICHEL APHATIE
Voilà ! droite – gauche.
STEPHANE LE FOLL
Voilà, droite – gauche et plus un écologiste ou deux je crois puisque c'est José BOVE en tandem avec une députée qui fait… voilà.
JEAN-MICHEL APHATIE
Pourquoi vous avez voulu changer de premier secrétaire au Parti socialiste ? Quel était le problème ?
STEPHANE LE FOLL
Le problème c'est qu'on est passé dans une deuxième phase, qu'on attaque une deuxième étape et puis je crois aussi que Harlem DESIR avait souhaité…
JEAN-MICHEL APHATIE
Echoué ?
STEPHANE LE FOLL
Non, je n'ai pas dit échoué, souhaité aussi de changer de responsabilités.
JEAN-MICHEL APHATIE
Ah non il avait dit, je reste !
STEPHANE LE FOLL
Ah bon ? Quand est-ce qu'il vous l'a dit ?
JEAN-MICHEL APHATIE
Oh plusieurs fois…
STEPHANE LE FOLL
Il y a très longtemps, oui d'accord. Vous avez vu, vous êtes très malin mais pas à ce point là quand même le matin.
JEAN-MICHEL APHATIE
Il y a 15 jours, il y a 15 jours.
STEPHANE LE FOLL
Je me suis couché tard, mais j'arrive encore à … hein.
JEAN-MICHEL APHATIE
Donc quelle tête de liste en Ile-de-France pour le Parti socialiste ? Vous le savez ?
STEPHANE LE FOLL
Une décision qui sera prise une fois que le Parti socialiste aura désigné sa direction.
JEAN-MICHEL APHATIE
Difficile à boucler. Une information tiens qui est tombée…
STEPHANE LE FOLL
Il ne reste qu'un problème, une seule tête de liste…
JEAN-MICHEL APHATIE
En Ile-de-France ?
STEPHANE LE FOLL
Oui, et en Ile-de-France.
JEAN-MICHEL APHATIE
Ce n'est pas rien.
STEPHANE LE FOLL
Ce n'est pas rien et ce n'est pas non plus, voilà…
JEAN-MICHEL APHATIE
La fin du monde, oui. Une information : Manuel VALLS assistera à la canonisation de Jean-Paul II et de Jean XXIII le 27 avril à Rome.
STEPHANE LE FOLL
Oui !
JEAN-MICHEL APHATIE
Vous savez pourquoi je vous en parle ?
STEPHANE LE FOLL
Non mais je vais le savoir.
JEAN-MICHEL APHATIE
Parce que Manuel VALLS en 2011 avait dit, vraiment François FILLON assistera à la cérémonie de béatification, ça n'était que la béatification là de Jean-Paul II…
STEPHANE LE FOLL
Ah, ce n'est pas tout à fait pareil.
JEAN-MICHEL APHATIE
…de Jean-Paul II et ça ce n'est pas bien parce que la République française est laïque et patati et patata.
STEPHANE LE FOLL
Alors je ne suis pas un spécialiste de ce qui se passe au Vatican, je vous le dis, entre béatification et canonisation…
JEAN-MICHEL APHATIE
Je vous expliquerai…
STEPHANE LE FOLL
Voilà juste après on fera un petit point et vous me donnerez les informations nécessaires. Mais enfin bon, il faut qu'on ait un rapport avec le Vatican, ce que ça représente qu'il soit, comment je vais dire, totalement apaisé. On n'est pas obligé à chaque fois de faire tous les commentaires et donc le Premier ministre sera présent et au nom de la France.
JEAN-MICHEL APHATIE
Donc c'était une erreur d'avoir critiqué le Premier ministre en 2011 ?
STEPHANE LE FOLL
Mais je ne me souviens pas de ces critiques de 2011.
JEAN-MICHEL APHATIE
D'accord, d'accord, vous avez une mémoire sélective, ça vous sert ?
STEPHANE LE FOLL
Comment vous dites ? Sélective ? C'est possible.
JEAN-MICHEL APHATIE
Sélective. Stéphane LE FOLL qui ne sera pas béatifié après cette interview…
STEPHANE LE FOLL
Ça je ne crois pas.
JEAN-MICHEL APHATIE
Mais qui restera avec les auditeurs de RTL.
STEPHANE LE FOLL
Je ne le demande pas d'ailleurs, aucune canonisation ni béatification.
PHILIPPE CORBE
Donc autour d'un café vous allez vous plonger dans les règles du Vatican comme ça et vous revenez à 8h15 sans la réponse ou avec la réponse, comme vous voulez, et vous répondrez aux questions. Le standard est ouvert, toutes vos questions au porte-parole du gouvernement Stéphane LE FOLL sur les 50 milliards d'euros d'économie. Vous êtes déjà quelques-uns à vous interroger sur les informations contradictoires sur les APL, on a eu des appels là-dessus, vous pouvez nous appeler à ce sujet si vous le voulez ou sur le rapprochement des régions, 3210.
RTL – 8h15
PHILIPPE CORBE
Stéphane LE FOLL est avec nous, il va répondre à toutes vos questions au 3210, vous pouvez aussi l'appeler sur ses fonctions de ministre de l'Agriculture. Bonjour Christophe.
CHRISTOPHE
Bonjour.
PHILIPPE CORBE
Bienvenue sur RTL. Vous avez une question à poser à Monsieur LE FOLL à propos de la réforme territoriale, je précise que vous êtes maire d'une petite commune.
CHRISTOPHE
Oui, je suis maire d'une petite commune, moi à mon avis, je pense qu'on a été trop vite en voulant supprimer des régions et en faisant des grandes métropoles, ça fait supprimer le rural. Par contre pour moi il y a un vrai millefeuille, et le millefeuille, il doit être composé de régions telles qu'elles étaient, de communautés de commune qui sont le lien proche avec les communes et quelque chose dont on ne parle jamais c'est les communes, on a un nombre de communes en France qui est beaucoup trop nombreux, qu'en pense le ministre sur ce sujet, est-ce qu'il n'y a pas lieu de supprimer des communes, de supprimer…
PHILIPPE CORBE
La vôtre par exemple votre commune à Vieillevie dans la Somme, vous pouvez la supprimer ?
CHRISTOPHE
Pourquoi pas, pourquoi pas, elle fait plus de 500 habitants, mais quand même pourquoi pas ? Je pense qu'on a de moins en moins de moyens dans nos communes, le vrai champs économique, c'est la communauté de communes et la région, je pense qu'il faut supprimer les conseillers régionaux, pas les conseillers régionaux, les conseils départementaux, conseil général, parce qu'ils sont englués dans l'aide sociale, il faut passer de la région à la com de com, mais il ne fallait pas vouloir supprimer un nombre de régions, parce que là on va vraiment trop éloigner le citoyen de sa région et les élus régionaux, il faut que ce soit aussi les anciens conseillers généraux, les conseillers territoriaux comme on les appelle maintenant pour qu'on puisse les connaitre.
PHILIPPE CORBE
Christophe, Stéphane LE FOLL répond à votre question.
STEPHANE LE FOLL
Bon d'accord moi j'ai été élu d'une commune de 256 habitants à l'âge de 23 ans, donc je suis issu du monde rural et de la petite commune, donc je connais à la fois le nombre de ces communes et leur petitesse quelquefois et surtout ce qu'on appelle la proximité, enfin le côté village. Je suis parfaitement conscient de ça. Je pense que ce qui est dit par l'auditeur, enfin celui qui me pose la question, Christophe et en même temps il apporte des réponses, c'est vrai que l'entité régionale, les communautés de communes ou les communautés d'agglomération, ça va être deux enjeux de structuration à terme de notre territoire.
PHILIPPE CORBE
Mais est-ce qu'on peut aller jusqu'à supprimer quelques milliers de communes, de toutes petites communes de moins de 500 habitants ?
STEPHANE LE FOLL
De moins de 500 habitants, je… supprimer, qu'est-ce qu'on supprimerait, la commune non, elle existera toujours, une représentation démocratique au sein de la commune, il la faudra alors après…
PHILIPPE CORBE
Ca permettrait de faire des économies ça non ?
STEPHANE LE FOLL
… les grandes décisions qui sont prises, vous savez qu'est-ce que c'est qu'une petite commune, vous savez ce que c'est ?
PHILIPPE CORBE
Ca ne dépense pas beaucoup vous voulez dire ?
STEPHANE LE FOLL
Oui, c'est quoi, c'est un cantonnier, et c'est un maire et deux adjoints, et puis voilà c'est tout, plus une mairie, un lieu commun, ce n'est pas grand-chose. Après tous les investissements qui sont faits, c'est vrai qu'il faut remonter ça à la communauté de communes, ça, ça a été dit, c'est-à-dire qu'on essaie de répartir, de structurer, de se donner les moyens de mutualiser un certain nombre d'équipements. Il y a eu, je m'en rappelle quand j'étais jeune le côté, vous savez la salle des fêtes dans toutes les communes, alors on a fait des salles des fêtes partout, elles n'étaient pas toutes utilisées, même si on faisait beaucoup la fête à l'époque, mais voilà. Donc c'est vrai qu'il y a besoin de rationaliser, mais après la proximité vous savez et la démocratie au niveau de ces petites communes, ça restera, mais je suis d'accord avec Christophe, il faut structurer autour des communautés de communes, des agglos et des régions.
PHILIPPE CORBE
Je précise, je rajoute une question de Françoise qui nous a envoyé un SMS, elle, elle habite en Bourgogne, elle a entendu tout à l'heure que Bourgogne et Franche-Comté proposent de se rapprocher, de fusionner et elle s'inquiète de l'avis des citoyens, elle voudrait un référendum elle. Est-ce qu'il y aura un référendum quand il y aura des rapprochements de régions ?
STEPHANE LE FOLL
D'abord il y a un travail qui est fait effectivement de rapprochement, j'ai vu ça…
PHILIPPE CORBE
Bourgogne – Franche-Comté.
STEPHANE LE FOLL
Oui voilà, donc après sur ces questions-là…
PHILIPPE CORBE
Est-ce que le principe ça ne pourrait pas être, on vote pour savoir si on veut être noyé, découpé, fusionné ?
STEPHANE LE FOLL
Dans ces histoires de référendum, il y a toujours une question qui n'est pas posée mais qui est la vraie question que les gens ont dans la tête. Je fusionne ça veut dire que je vais perdre ou je vais passer sous la tutelle d'un autre. Ce n'est pas ça l'idée, l'idée c'est d'essayer de se structurer de la meilleure des manières pour pouvoir se développer, pour pouvoir économiser en fonctionnements mais pouvoir continuer à investir. Ca c'est toujours difficile à expliquer. Par contre dire dans un référendum je vais perdre quelque chose, ça c'est ce qu'il y a de plus facile à faire. Et puis du coup, on n'avance pas.
PHILIPPE CORBE
On a vu que ça ne s'est pas bien passé en Alsace, le Haut-Rhin et le Bas-Rhin…
STEPHANE LE FOLL
Voilà et le Haut-Rhin a considéré que Strasbourg allait prendre le pas sur … et hop ça y est, voilà. Et est-ce que c'était vraiment l'enjeu, est-ce que c'était vraiment ça ? Ce n'était pas ça du tout l'enjeu ni la question et puis paf, on se retrouve avec un problème. Donc on va être obligé de regarder tout ça avec une volonté d'avancer, mais pourquoi pas, je veux dire le débat est ouvert.
PHILIPPE CORBE
Bonjour Eric.
ERIC
Bonjour, bonjour monsieur le ministre.
PHILIPPE CORBE
Merci de nous avoir appelés sur RTL. Vous appelez notamment parce que vous avez entendu cette information tout à l'heure, cette note interne au commissariat du 6ème arrondissement de la capitale, qui suggérait de repousser les Roms au-delà de cet arrondissement contrairement aux consignes données par la préfecture de police de Paris ; vous avez une question à ce sujet à Stéphane LE FOLL.
ERIC
Oui tout à fait, bonjour monsieur le ministre.
STEPHANE LE FOLL
Bonjour.
ERIC
Voilà, moi en deux mots, tous les dimanches matin je passe entre Paris et l'aéroport Charles-de-Gaulle sur l'autoroute A1 qui mène donc à Paris et sur le bord de l'autoroute vous avez un bidonville, le mot n'est pas trop fort parce que je les ai connus à Rio, à côté c'était des camps de vacances, un bidonville de tôle, de bois, de papier, de détritus qui volent au-dessus de l'autoroute. D'ailleurs qui est là depuis des mois, ces gens sont entassés sur des centaines de mètres, ils vivent dans des conditions épouvantables au milieu des entreprises et des habitants qui sont autour, j'imagine qu'ils doivent être largement excédés eux aussi et on ne fait rien. Tout le monde passe devant, les touristes qui arrivent à Paris, inutile de vous dire le spectacle qu'ils ont quand ils arrivent, quand ils voient la France dans cet état-là et on laisse ces gens-là arriver de plus en plus, partout, au bord des villes. Moi je suis agent commercial donc je circule, c'est à Melun, c'est à Corbeil, c'est partout et on ne fait rien. On les laisse arriver ces pauvres gens dans des conditions épouvantables qui ne sont même pas humaines, on ne laisserait pas un chien vivre comme ça et tous les gouvernements, quels qu'ils soient pour l'instant n'ont rien fait. Alors ma question monsieur le ministre : qu'est-ce que le gouvernement compte faire pour arrêter l'invasion de ces camps de Roms qui sont de véritables bidonvilles.
STEPHANE LE FOLL
Un, je ne crois pas qu'il y ait à dire ce matin qu'il y a une invasion et qu'il y aurait une augmentation du nombre de Roms qui arriveraient aujourd'hui. Deux, c'est une réalité et je ne veux pas contester le fait qu'il y a ce bidonville entre Roissy…
PHILIPPE CORBE
Et d'autres…
STEPHANE LE FOLL
Mais enfin il ne faut pas… voilà comment on présente le débat, ça y est il y a une invasion, c'est l'explosion générale, on est envahit et tout ça. Revenons et essayons de remettre un tout petit peu de rationalité, oui c'est un problème, oui ça dure, oui on ne peut pas accepter que des gens vivent dans des bidonvilles. Lorsque j'ai dit ça, ces deux hypothèses, il faut chercher à les faire retourner d'où ils viennent, en Roumanie ou Bulgarie. Deux, il faut éviter qu'il y en ait qui reviennent ou qui viennent, donc ça veut dire que la question qui est posée aussi c'est la manière dont l'Europe et les relations entre la France et la Roumanie font que des gens qui habitent là-bas veulent rester plutôt que partir, parce que c'est quand même un problème. Deuxièmement, sur cette question des bidonvilles, il y a eu déjà des décisions de prises pour dire, ce n'est pas acceptable et il y a eu des démontages. Donc on est sur une politique à la fois de fermeté, qui doit garder cette dimension humaine parce que tout ça, ce sont des êtres humains, ça a été dit, et voilà, entre l'arrivée qu'il faut maitriser et éviter le retour qu'il faut organiser la disparition des bidonvilles, c'est tout l'enjeu politique et il n'est pas facile.
PHILIPPE CORBE
Et pour être encore plus précis sur cette information qu'on apprend ce matin, cette note interne au commissariat du 6ème arrondissement, on avait des questions d'auditeurs nombreuses là-dessus, est-ce que ces policiers du 6ème arrondissement de Paris ont eu tort d'écrire une note pour demander le recensement des Roms avec ou sans enfants dans ces quartiers huppés de la capitale ? Est-ce que c'est une erreur de vouloir comme ça, recenser les Roms dans un quartier d'une grande ville ? C'est dans LE PARISIEN ce matin.
STEPHANE LE FOLL
Que des policiers fassent des notes pour dire, voilà nous on pense que, il faudrait faire si ou il faudrait faire ça, par rapport à une réalité…
PHILIPPE CORBE
Théoriquement ils n'ont pas le droit comme ça de faire des dénominations ethniques dans des notes internes par exemple, il y a une sorte de politique…
STEPHANE LE FOLL
…elle est sortie, elle est interne, elle n'était pas destinée… bon voilà, il y a eu une réflexion, il y a eu quelque chose qui a été dit, on a des règles, je l'ai dit tout à l'heure, il y a des principes, il y a, au niveau de la préfecture de police, des missions et des objectifs qui sont donnés, voilà et donc à partir de là…
PHILIPPE CORBE
Est-ce que l'objectif c'est d'évincer les Roms de la capitale ?
STEPHANE LE FOLL
Mais l'objectif c'est d'éviter que des gens qui dans la capitale peuvent, parce qu'ils sont dans une situation de pauvreté, de difficulté, finissent par rendre tout le monde extrêmement nerveux et n'acceptent plus cette présence. Donc on est obligé de réguler tout ça, on est obligé d'être clairs sur tout ça, on ne peut pas considérer comme s'il se passait rien et qu'il n'y avait pas de problème. Il y a un problème mais en même temps il faut le redire, derrière ce problème il y a des hommes, des femmes, voire des enfants. Donc ça ne se traite pas comme si c'était un simple problème qu'on pourrait régler avec deux trois décisions. Non c'est plus compliqué, je le sais, on est parfaitement conscients de tout ça.
PHILIPPE CORBE
Stéphane LE FOLL porte-parole du gouvernement était sur RTL ce matin, on a aussi des SMS pour vous préciser la différence entre canonisation et béatification dont on a parlé tout l'heure…
STEPHANE LE FOLL
Ah oui, vous m'envoyez toutes les notes au ministère de l'Agriculture s'il vous plait.
PHILIPPE CORBE
Canonisation c'est mieux que béatification, c'est une sorte d'étape la béatification, c'est ça.
STEPHANE LE FOLL
Ah oui, donc je suis canonisé.
JEAN-MICHEL APHATIE
Non pas encore !
PHILIPPE CORBE
Mais si vous faites des efforts…
STEPHANE LE FOLL
C'est APHATIE qui le fera d'accord.
PHILIPPE CORBE
Non plus, non plus, je ne pense pas.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 15 avril 2014