Texte intégral
Ruth Elkrief
Bonsoir, Bernard Cazeneuve !
Bernard Cazeneuve
Bonsoir !
Ruth Elkrief
Merci beaucoup de réserver votre première intervention télévisée de ministre de l'Intérieur à BFM TV. Vous avez assisté évidemment à la déclaration de politique générale ; on vient d'avoir les résultats, 306 voix pour, plus que lorsque Jean-Marc AYRAULT s'était présenté avec 302 voix, mais il avait 27 membres de son gouvernement, donc, qui ne siégeaient pas. Comment l'avez-vous trouvé, Manuel VALLS ? Est-ce que d'abord vous êtes surpris de ce vote ?
Bernard Cazeneuve
Non ! Nous savions qu'il y avait une majorité pour soutenir cette politique et nous savions que Manuel VALLS, de toutes les façons, parviendrait à la convaincre ! Il y a, dans son discours de politique générale, beaucoup de force, beaucoup de détermination, cette force et cette détermination dont nous avons besoin pour redresser le pays. C'est ça qui m'a frappé dans la déclaration de cet après-midi. C'est la Ce n'est pas simplement
Ruth Elkrief
Le style, le ton, vous voulez dire, qui tranchaient avec le passé ?
Bernard Cazeneuve
Ce n'est pas simplement le style et le ton. C'est la personnalité, la force, l'énergie. Nous avons à redresser un pays. Jean-Marc AYRAULT a conduit une action qui a permis d'engager ce redressement, à la fois pour l'économie avec le Crédit d'impôt compétitivité emploi, la réforme de modernisation de notre économie, l'engagement de la stratégie de redressement de nos comptes ; mais parce que nous sommes dans la compétition internationale, il nous faut aller plus vite, plus loin. Et il faut pour cela une extraordinaire énergie, un rassemblement, une volonté, une conviction. Et
Ruth Elkrief
Et c'est ce qu'a Manuel VALLS et
Bernard Cazeneuve
Manuel VALLS a incarné magnifiquement cela à l'Assemblée nationale cet après-midi, non seulement dans son discours de politique générale, qui était précis sur la méthode, sur les objectifs, une exigence de vérité qui s'est exprimée tout au long de ce discours
Ruth Elkrief
Pourquoi Oui mais
Bernard Cazeneuve
Et en même temps, aussi, dans la réponse qu'il a faite au groupe, la volonté de faire en sorte que tout le pays soit associé à cette démarche. Il y avait la volonté de tenir dans le respect l'opposition, et c'est bien en démocratie, ce besoin ce pays a besoin d'apaisement, il a besoin de rassemblement, beaucoup de respect aussi à l'égard de la majorité, le contrat de législature doit permettre
Ruth Elkrief
Onze abstentions socialistes onze abstentions socialistes
Bernard Cazeneuve
Oui !
Ruth Elkrief
Ca veut dire quand même, qu'il y a 11 personnes, qu'il y a 11 députés qui ne sont plus dans la majorité ! Qu'est-ce qu'on en conclut ?
Bernard Cazeneuve
Non, ça veut dire qu'il y a 11 députés que nous devons encore convaincre, mais nous
Ruth Elkrief
Ils sont sanctionnés ceux-là, ils sont
Bernard Cazeneuve
Ecoutez
Ruth Elkrief
Mis à part ? Qu'est-ce qu'il se passe ?
Bernard Cazeneuve
Ce n'est pas le moment d'évoquer ces questions. Ce que je constate aujourd'hui, c'est qu'il y a une forte majorité. Et qu'il y a, encore une fois, dans le discours de Manuel VALLS, une force qui emporte une conviction et qui emporte un rassemblement. Et nous, ce que nous voulons, c'est redresser le pays et redresser ses comptes, redresser son économie, faire en sorte que la République, avec ses valeurs, ses principes, occupe tout l'espace et que chacun soit tenu dans le respect. Parce que le respect, si nous voulons réussir
Ruth Elkrief
Ca, c'est le ministre de l'Intérieur qui parle, aussi, là
Bernard Cazeneuve
Le respect. Oui ! Le respect, c'est une belle notion. Le respect que les Français se doivent les uns aux autres, le refus de la haine, le refus
Ruth Elkrief
Pas trop de sectarisme
Bernard Cazeneuve
De l'agressivité, le refus des sectarismes, inutiles, le respect aussi de l'Etat qui doit retrouver et nous nous y sommes attachés, nous, les socialistes depuis deux ans sa force, sa puissance, être présent sur le territoire, éviter les processus de relégation, le respect de l'opposition lorsqu'elle s'exprime, ce qui appelle également de la part de l'opposition, le respect du gouvernement lorsqu'il exprime ses priorités et sa volonté ; le respect
Ruth Elkrief
Ses priorités justement
Bernard Cazeneuve
C'est une belle valeur. Il faut que cette valeur retrouve sa pleine entière place dans la République.
Ruth Elkrief
Les priorités du gouvernement, évidemment elles sont économiques, elles sont sociales, et je sais bien, comme tout le monde, que vous avez été le premier artisan de ce plan d'économies budgétaires des 50 milliards d'économies, et vous savez mieux que personne de quoi on parle lorsqu'on en parle. Moi, j'ai compté, 19 milliards d'économies sur l'Etat, 10 milliards sur l'Assurance-maladie, 10 milliards sur les collectivités locales, ça fait 39 ! Et les
Bernard Cazeneuve
Oui, enfin
Ruth Elkrief
Et les
Bernard Cazeneuve
Il y aura
Ruth Elkrief
Ca ne fait pas 50 ! Les 11, qu'est-ce que c'est ?
Bernard Cazeneuve
Rassurez-vous
Ruth Elkrief
Les 11 restants ?
Bernard Cazeneuve
Comme vous venez de le dire à l'instant, j'ai préparé ce programme d'économies avant que d'être nommé ministre de l'Intérieur. Par conséquent, je veux vous rassurer sur le fait que les 50 y sont. Mais c'était un discours de politique générale, c'est-à-dire qu'il faut
Ruth Elkrief
Les 50 y sont ? C'est sûr ?
Bernard Cazeneuve
Mais les 50 y seront, c'est un engagement qu'a pris le Premier ministre à la tribune de l'Assemblée nationale ; c'est un engagement qu'a pris
Ruth Elkrief
Mais où ? Comment on trouve les 11 milliards maintenant ?
Bernard Cazeneuve
Mais les 11 milliards restants seront précisés dans le cadre des débats parlementaires à venir ! Vous avez vu que le Premier ministre a indiqué qu'il y aurait la présentation devant le Parlement du programme de stabilité, qu'il y aurait une loi de finances rectificative à la veille de l'été, et puis il y aura la déclinaison des lois de finances, la loi pluriannuelle de finances publiques à l'automne, avec le triennal, puis
Ruth Elkrief
On dit déjà attendez
Bernard Cazeneuve
La loi de finances ! Donc il y aura ces 50 milliards ! Parce que le dossier a été élaboré par mes soins, qu'il est prêt, qu'il est documenté, et ces 50 milliards ne relèvent pas d'une obsession du chiffre ou d'une sorte de fétichisme comptable ! Ces 50 milliards, ils sont là pour quoi ? Ils sont là parce qu'il y a la volonté du président de la République et du Premier ministre et du gouvernement tout entier, et de la majorité qui s'est exprimée cet après-midi, de sauver le modèle social français et de faire en sorte que nos services publics montent en gamme. Et si nous voulons faire cela, il faut nous engager dans une stratégie résolue de réforme et de modernisation de l'Etat, de nos collectivités locales, de notre société.
Ruth Elkrief
Est-ce qu'on ne va pas toucher
Bernard Cazeneuve
Et ces réformes
Ruth Elkrief
Aux allocations, on ne va pas toucher aux allocations des classes moyennes ?
Bernard Cazeneuve
Je termine, ces réformes, Manuel VALLS les incarnées dans son discours admirablement cet après-midi lorsqu'il s'est agi de décrire ce que nous allions faire sur les collectivités locales, lorsqu'il s'est agi de dire ce que nous allions faire pour moderniser l'Etat. Notre pays, s'il veut sauver son modèle social, s'il veut sauver ses services publics et même les faire monter en gamme, doit s'engager dans une action résolue de modernisation.
Ruth Elkrief
Le mille-feuille territorial, « big-bang territorial », un an pour se rapprocher entre régions, sinon après, on impose une carte territoriale, une carte régionale nouvelle. Franchement, il va y avoir des fortes résistances, y compris et notamment parmi les présidents de région socialistes puisqu'ils sont quasiment ils sont majoritaires !
Bernard Cazeneuve
Oui, mais généralement, quand on engage des réformes ambitieuses qui sont là pour redresser un pays, le moderniser, il y a toujours des résistances ! On ne fait pas de réformes pour susciter des résistances. Mais il faut que
Ruth Elkrief
« On imposera » ?
Bernard Cazeneuve
Mais Il faut surtout expliquer, mettre en perspective, dire quels sont les objectifs de ces réformes. Nous, ce que nous voulons, ce sont des services publics locaux forts, c'est une capacité pour les collectivités locales, d'investir, d'investir dans l'équipement numérique du territoire, d'investir dans les transports de demain, d'investir dans les services publics de demain
Ruth Elkrief
Parce que ça c'est fait aussi pour convaincre le
Bernard Cazeneuve
Et ça, on ne peut le faire que dès lors, on conduit les collectivités locales à mutualiser leur fonctionnement pour que les économies de fonctionnement permettent de dégager des marges de manuvre pour les investissements d'avenir.
Ruth Elkrief
Est-ce que c'est aussi pour convaincre la Commission européenne de notre sérieux budgétaire, alors qu'on va leur demander encore un nouveau délai et qu'à la tribune de l'Assemblé nationale, le Premier ministre c'est sans doute une des premières fois remet un peu en questions quand même le pas l'euro mais sa trop grande son évaluation trop importante, et d'une certaine façon, un discours qui est un peu en rupture avec les principes européens
Bernard Cazeneuve
Mais le sérieux et la réorientation de l'Europe ne sont pas deux objectifs incompatibles. Plus nous serons sérieux, plus nous serons forts, plus la France affirmera son message, ses prérogatives en Europe, plus nous serons en situation de réorienter la politique de l'Union européenne. Je rappelle que la réorientation de l'Europe a été l'un des premiers objectifs du quinquennat. Et lorsque le président de la République a participé à ses premiers conseils européens, il a fait en sorte que nous puissions ajouter des politiques de croissance au sérieux budgétaire. Et ce que l'Union européenne a appris
Ruth Elkrief
Et donc on y revient mais on n'a pas réussi ! La preuve, c'est qu'on redemande.
Bernard Cazeneuve
Oui mais ce que l'Union européenne a appris du Premier ministre tout à l'heure à l'Assemblée nationale, c'est que nous sommes résolus à engager notre pays dans des réformes de structure qui sont des réformes de modernisation, que nous sommes résolus à redresser nos comptes, les 50 milliards, et que nous sommes résolus à assurer la modernisation de notre économie, la compétitivité de notre appareil productif avec le Pacte de responsabilité et de solidarité qui doit permettre, sur le coût du travail, sur la modernisation de la fiscalité des entreprises, de créer les conditions d'un écosystème pour notre économie qui permette à celle-ci de croître de nouveau.
Ruth Elkrief
A propos de votre domaine de ministre de l'Intérieur, Manuel VALLS a annoncé 2 lois à venir : immigration et droit d'asile. C'est prévu pour bientôt ?
Bernard Cazeneuve
Eh bien j'y travaille ! Lorsque Manuel VALLS m'a nommé à ce poste, nous avons passé du temps ensemble, nous avons parlé, il m'a donné ses instructions, ses directives ; et ce que je souhaite, c'est que ce ministère de l'Intérieur et le discours de politique générale m'y incite davantage encore soit le ministère de l'Etat, de l'Etat sur les territoires ; et qu'il soit aussi le ministère de l'ordre républicain, parce que l'ordre républicain est la condition de l'épanouissement de toutes les libertés. Donc il y a effectivement une loi sur l'asile qui est en préparation. Pourquoi est-ce qu'il y a une loi sur l'asile en préparation ? Parce que nous devons transposer un paquet de directives européennes
Ruth Elkrief
C'est pour bientôt ? Parce que
Bernard Cazeneuve
Et que ce sera l'occasion
Ruth Elkrief
On a l'impression que les réformes de société, que les lois sociétales d'une certaine façon, sont un peu mises « au rancard » ou retardées parce que la priorité, c'est l'économie et le social !
Bernard Cazeneuve
Non mais L'économie et le social, c'est bien entendu une priorité ! Mais lorsque nous décidons de faire en sorte, sur la politique de l'immigration, qu'il y ait la possibilité d'avoir un passeport Talents pour faire en sorte que ceux qui viennent faire leurs études ou qui viennent investir en France puissent être accueillis dans un pays qui a vocation à renforcer son attractivité. Lorsque nous décidons de faire en sorte qu'il y ait un titre pluriannuel de séjour qui soit mis en uvre pour faciliter les démarches simplifiées des procédures pour que nos services fonctionnent mieux
Ruth Elkrief
C'est quand, ça ?
Bernard Cazeneuve
Et que notre immigration soit mieux contrôlée, mieux maîtrisée. Nous faisons tout cela avec la volonté de faire en sorte, là aussi, que notre pays se modernise ! Il n'y a pas de bons sujets d'un côté qui devraient être mis en avant, et de mauvais de l'autre, qui devraient être dissimulés. Il y a une modernisation de la France qui concerne tous ces secteurs d'activité
Ruth Elkrief
Et la réforme pénale ? La réforme pénale de Christiane TAUBIRA, qui était absente d'ailleurs, vous savez pourquoi ?
Bernard Cazeneuve
Mais elle était absente comme moi ! Elle était au Sénat avec moi. Il y avait 2 déclarations de politique générale aujourd'hui. Il y avait Enfin, c'était la même, mais il y en avait une prononcée au Sénat
Ruth Elkrief
Elle était lue par Laurent FABIUS
Bernard Cazeneuve
Par Laurent FABIUS, une prononcée à l'Assemblée nationale par Manuel VALLS, et il y a avait 8 ministres à l'Assemblée nationale et 8 ministres au Sénat.
Ruth Elkrief
D'accord ; donc c'était la répartition des choses. Quand est-ce que vous avez appris que vous allez être ministre de l'Intérieur ?
Bernard Cazeneuve
Mercredi matin.
Ruth Elkrief
Juste avant votre nomination ?
Bernard Cazeneuve
Oui.
Ruth Elkrief
Ca se passe comme ça ?
Bernard Cazeneuve
Eh bien... Comment voulez-vous que ça se passe ? (Rire)
Ruth Elkrief
(Rire) On en parle un peu avant
Bernard Cazeneuve
Il est assez logique qu'on vous annonce que vous allez être nommé ministre avant que le secrétaire général de l'Elysée ne procède à l'énoncé des membres du gouvernement à la télévision en direct, et généralement
Ruth Elkrief
Vous avez reçu un coup de téléphone ?
Bernard Cazeneuve
Et généralement, ça intervient, enfin en tous les cas toutes les expériences que j'ai eues jusqu'à présent c'est mon 3ème poste ministériel en deux ans m'ont conduit à être informé peu de temps avant que les annonces ne soient faites. Parce que je crois que, jusqu'à la dernière minute, on doit procéder aux meilleurs équilibres.
Ruth Elkrief
Manuel VALLS était un ministre de l'Intérieur qui a pris beaucoup de place ! La preuve, il est arrivé jusqu'à Matignon, mais il avait sa personnalité. Son bilan a été très critiqué par l'UMP. Est-ce que vous allez revenir sur un certain nombre de choses ? Sur la manière, sa manière d'aborder la lutte contre la délinquance, ou est-ce qu'il y a des choses que vous devez faire différemment, que vous allez faire différemment ?
Bernard Cazeneuve
Il y a des choses que je ferai nécessairement différemment parce que nous avons chacun nos personnalités. Mais je m'inscris totalement dans la continuité de Manuel VALLS. Il a été un remarquable ministre de l'Intérieur qui a engagé des chantiers très importants et qui d'ailleurs ont donné des résultats, je le rappelle à ceux de l'UMP qui critiquent son bilan : les zones de sécurité prioritaires, j'ai été à Savigny il y a de cela quelques jours, donnent des résultats très significatifs parce qu'ils permettent dune meilleure collaboration entre les forces de sécurité, la Police scientifique, les élus locaux
Ruth Elkrief
Donc vous continuez et vous innovez ?
Bernard Cazeneuve
Il y a une coproduction de sécurité qui est efficace, il a fait beaucoup de choses en matière de lutte contre les cambriolages, avec des premiers résultats qui commencent à apparaître aux termes du plan qu'il a présenté au mois de septembre dernier, donc il a engagé énormément d'actions. Ces actions, il faut les amplifier, les approfondir dans la continuité de ce qu'il a engagé ; bien entendu, il y d'autres sujets sur lesquels il faut encore travailler, l'Administration de l'Etat sur les territoires, l'Administration déconcentrée, le rôle des préfectures, le réseau de nos services déconcentrés. Tout cela, dans le grand mouvement de la déconcentration et de la décentralisation, sont des sujets pour le ministère de l'Intérieur, prioritaires. Pour moi encore une fois, le ministère de l'intérieur, c'est le ministère de l'Etat. Vous avez vu que dans le discours de politique générale du Premier ministre, il y a la volonté de redonner à l'Etat de la puissance, de la force, parce qu'il n'y a pas de volonté politique possible là où l'Etat n'exerce pas ses prérogatives. Et le ministre de l'Intérieur doit aider à cela.
Ruth Elkrief
Et la différence, c'est : CLEMENCEAU était sa référence, et vous, c'est GAMBETTA
Bernard Cazeneuve
Oui.
Ruth Elkrief
Pourquoi ?
Bernard Cazeneuve
Mais parce que
Ruth Elkrief
Pour conclure
Bernard Cazeneuve
C'était GAMBETTA est arrivé dans des circonstances politiques où il a donné le meilleur de lui-même, et comme vous l'avez remarqué, j'essaie, avec mon caractère, de faire en sorte, partout où on me nomme, de donner le meilleur de moi-même.
Ruth Elkrief
Merci beaucoup, Bernard Cazeneuve, merci d'être venu sur BFM TV ce soir source http://www.interieur.gouv.fr, le 5 mai 2014
Bonsoir, Bernard Cazeneuve !
Bernard Cazeneuve
Bonsoir !
Ruth Elkrief
Merci beaucoup de réserver votre première intervention télévisée de ministre de l'Intérieur à BFM TV. Vous avez assisté évidemment à la déclaration de politique générale ; on vient d'avoir les résultats, 306 voix pour, plus que lorsque Jean-Marc AYRAULT s'était présenté avec 302 voix, mais il avait 27 membres de son gouvernement, donc, qui ne siégeaient pas. Comment l'avez-vous trouvé, Manuel VALLS ? Est-ce que d'abord vous êtes surpris de ce vote ?
Bernard Cazeneuve
Non ! Nous savions qu'il y avait une majorité pour soutenir cette politique et nous savions que Manuel VALLS, de toutes les façons, parviendrait à la convaincre ! Il y a, dans son discours de politique générale, beaucoup de force, beaucoup de détermination, cette force et cette détermination dont nous avons besoin pour redresser le pays. C'est ça qui m'a frappé dans la déclaration de cet après-midi. C'est la Ce n'est pas simplement
Ruth Elkrief
Le style, le ton, vous voulez dire, qui tranchaient avec le passé ?
Bernard Cazeneuve
Ce n'est pas simplement le style et le ton. C'est la personnalité, la force, l'énergie. Nous avons à redresser un pays. Jean-Marc AYRAULT a conduit une action qui a permis d'engager ce redressement, à la fois pour l'économie avec le Crédit d'impôt compétitivité emploi, la réforme de modernisation de notre économie, l'engagement de la stratégie de redressement de nos comptes ; mais parce que nous sommes dans la compétition internationale, il nous faut aller plus vite, plus loin. Et il faut pour cela une extraordinaire énergie, un rassemblement, une volonté, une conviction. Et
Ruth Elkrief
Et c'est ce qu'a Manuel VALLS et
Bernard Cazeneuve
Manuel VALLS a incarné magnifiquement cela à l'Assemblée nationale cet après-midi, non seulement dans son discours de politique générale, qui était précis sur la méthode, sur les objectifs, une exigence de vérité qui s'est exprimée tout au long de ce discours
Ruth Elkrief
Pourquoi Oui mais
Bernard Cazeneuve
Et en même temps, aussi, dans la réponse qu'il a faite au groupe, la volonté de faire en sorte que tout le pays soit associé à cette démarche. Il y avait la volonté de tenir dans le respect l'opposition, et c'est bien en démocratie, ce besoin ce pays a besoin d'apaisement, il a besoin de rassemblement, beaucoup de respect aussi à l'égard de la majorité, le contrat de législature doit permettre
Ruth Elkrief
Onze abstentions socialistes onze abstentions socialistes
Bernard Cazeneuve
Oui !
Ruth Elkrief
Ca veut dire quand même, qu'il y a 11 personnes, qu'il y a 11 députés qui ne sont plus dans la majorité ! Qu'est-ce qu'on en conclut ?
Bernard Cazeneuve
Non, ça veut dire qu'il y a 11 députés que nous devons encore convaincre, mais nous
Ruth Elkrief
Ils sont sanctionnés ceux-là, ils sont
Bernard Cazeneuve
Ecoutez
Ruth Elkrief
Mis à part ? Qu'est-ce qu'il se passe ?
Bernard Cazeneuve
Ce n'est pas le moment d'évoquer ces questions. Ce que je constate aujourd'hui, c'est qu'il y a une forte majorité. Et qu'il y a, encore une fois, dans le discours de Manuel VALLS, une force qui emporte une conviction et qui emporte un rassemblement. Et nous, ce que nous voulons, c'est redresser le pays et redresser ses comptes, redresser son économie, faire en sorte que la République, avec ses valeurs, ses principes, occupe tout l'espace et que chacun soit tenu dans le respect. Parce que le respect, si nous voulons réussir
Ruth Elkrief
Ca, c'est le ministre de l'Intérieur qui parle, aussi, là
Bernard Cazeneuve
Le respect. Oui ! Le respect, c'est une belle notion. Le respect que les Français se doivent les uns aux autres, le refus de la haine, le refus
Ruth Elkrief
Pas trop de sectarisme
Bernard Cazeneuve
De l'agressivité, le refus des sectarismes, inutiles, le respect aussi de l'Etat qui doit retrouver et nous nous y sommes attachés, nous, les socialistes depuis deux ans sa force, sa puissance, être présent sur le territoire, éviter les processus de relégation, le respect de l'opposition lorsqu'elle s'exprime, ce qui appelle également de la part de l'opposition, le respect du gouvernement lorsqu'il exprime ses priorités et sa volonté ; le respect
Ruth Elkrief
Ses priorités justement
Bernard Cazeneuve
C'est une belle valeur. Il faut que cette valeur retrouve sa pleine entière place dans la République.
Ruth Elkrief
Les priorités du gouvernement, évidemment elles sont économiques, elles sont sociales, et je sais bien, comme tout le monde, que vous avez été le premier artisan de ce plan d'économies budgétaires des 50 milliards d'économies, et vous savez mieux que personne de quoi on parle lorsqu'on en parle. Moi, j'ai compté, 19 milliards d'économies sur l'Etat, 10 milliards sur l'Assurance-maladie, 10 milliards sur les collectivités locales, ça fait 39 ! Et les
Bernard Cazeneuve
Oui, enfin
Ruth Elkrief
Et les
Bernard Cazeneuve
Il y aura
Ruth Elkrief
Ca ne fait pas 50 ! Les 11, qu'est-ce que c'est ?
Bernard Cazeneuve
Rassurez-vous
Ruth Elkrief
Les 11 restants ?
Bernard Cazeneuve
Comme vous venez de le dire à l'instant, j'ai préparé ce programme d'économies avant que d'être nommé ministre de l'Intérieur. Par conséquent, je veux vous rassurer sur le fait que les 50 y sont. Mais c'était un discours de politique générale, c'est-à-dire qu'il faut
Ruth Elkrief
Les 50 y sont ? C'est sûr ?
Bernard Cazeneuve
Mais les 50 y seront, c'est un engagement qu'a pris le Premier ministre à la tribune de l'Assemblée nationale ; c'est un engagement qu'a pris
Ruth Elkrief
Mais où ? Comment on trouve les 11 milliards maintenant ?
Bernard Cazeneuve
Mais les 11 milliards restants seront précisés dans le cadre des débats parlementaires à venir ! Vous avez vu que le Premier ministre a indiqué qu'il y aurait la présentation devant le Parlement du programme de stabilité, qu'il y aurait une loi de finances rectificative à la veille de l'été, et puis il y aura la déclinaison des lois de finances, la loi pluriannuelle de finances publiques à l'automne, avec le triennal, puis
Ruth Elkrief
On dit déjà attendez
Bernard Cazeneuve
La loi de finances ! Donc il y aura ces 50 milliards ! Parce que le dossier a été élaboré par mes soins, qu'il est prêt, qu'il est documenté, et ces 50 milliards ne relèvent pas d'une obsession du chiffre ou d'une sorte de fétichisme comptable ! Ces 50 milliards, ils sont là pour quoi ? Ils sont là parce qu'il y a la volonté du président de la République et du Premier ministre et du gouvernement tout entier, et de la majorité qui s'est exprimée cet après-midi, de sauver le modèle social français et de faire en sorte que nos services publics montent en gamme. Et si nous voulons faire cela, il faut nous engager dans une stratégie résolue de réforme et de modernisation de l'Etat, de nos collectivités locales, de notre société.
Ruth Elkrief
Est-ce qu'on ne va pas toucher
Bernard Cazeneuve
Et ces réformes
Ruth Elkrief
Aux allocations, on ne va pas toucher aux allocations des classes moyennes ?
Bernard Cazeneuve
Je termine, ces réformes, Manuel VALLS les incarnées dans son discours admirablement cet après-midi lorsqu'il s'est agi de décrire ce que nous allions faire sur les collectivités locales, lorsqu'il s'est agi de dire ce que nous allions faire pour moderniser l'Etat. Notre pays, s'il veut sauver son modèle social, s'il veut sauver ses services publics et même les faire monter en gamme, doit s'engager dans une action résolue de modernisation.
Ruth Elkrief
Le mille-feuille territorial, « big-bang territorial », un an pour se rapprocher entre régions, sinon après, on impose une carte territoriale, une carte régionale nouvelle. Franchement, il va y avoir des fortes résistances, y compris et notamment parmi les présidents de région socialistes puisqu'ils sont quasiment ils sont majoritaires !
Bernard Cazeneuve
Oui, mais généralement, quand on engage des réformes ambitieuses qui sont là pour redresser un pays, le moderniser, il y a toujours des résistances ! On ne fait pas de réformes pour susciter des résistances. Mais il faut que
Ruth Elkrief
« On imposera » ?
Bernard Cazeneuve
Mais Il faut surtout expliquer, mettre en perspective, dire quels sont les objectifs de ces réformes. Nous, ce que nous voulons, ce sont des services publics locaux forts, c'est une capacité pour les collectivités locales, d'investir, d'investir dans l'équipement numérique du territoire, d'investir dans les transports de demain, d'investir dans les services publics de demain
Ruth Elkrief
Parce que ça c'est fait aussi pour convaincre le
Bernard Cazeneuve
Et ça, on ne peut le faire que dès lors, on conduit les collectivités locales à mutualiser leur fonctionnement pour que les économies de fonctionnement permettent de dégager des marges de manuvre pour les investissements d'avenir.
Ruth Elkrief
Est-ce que c'est aussi pour convaincre la Commission européenne de notre sérieux budgétaire, alors qu'on va leur demander encore un nouveau délai et qu'à la tribune de l'Assemblé nationale, le Premier ministre c'est sans doute une des premières fois remet un peu en questions quand même le pas l'euro mais sa trop grande son évaluation trop importante, et d'une certaine façon, un discours qui est un peu en rupture avec les principes européens
Bernard Cazeneuve
Mais le sérieux et la réorientation de l'Europe ne sont pas deux objectifs incompatibles. Plus nous serons sérieux, plus nous serons forts, plus la France affirmera son message, ses prérogatives en Europe, plus nous serons en situation de réorienter la politique de l'Union européenne. Je rappelle que la réorientation de l'Europe a été l'un des premiers objectifs du quinquennat. Et lorsque le président de la République a participé à ses premiers conseils européens, il a fait en sorte que nous puissions ajouter des politiques de croissance au sérieux budgétaire. Et ce que l'Union européenne a appris
Ruth Elkrief
Et donc on y revient mais on n'a pas réussi ! La preuve, c'est qu'on redemande.
Bernard Cazeneuve
Oui mais ce que l'Union européenne a appris du Premier ministre tout à l'heure à l'Assemblée nationale, c'est que nous sommes résolus à engager notre pays dans des réformes de structure qui sont des réformes de modernisation, que nous sommes résolus à redresser nos comptes, les 50 milliards, et que nous sommes résolus à assurer la modernisation de notre économie, la compétitivité de notre appareil productif avec le Pacte de responsabilité et de solidarité qui doit permettre, sur le coût du travail, sur la modernisation de la fiscalité des entreprises, de créer les conditions d'un écosystème pour notre économie qui permette à celle-ci de croître de nouveau.
Ruth Elkrief
A propos de votre domaine de ministre de l'Intérieur, Manuel VALLS a annoncé 2 lois à venir : immigration et droit d'asile. C'est prévu pour bientôt ?
Bernard Cazeneuve
Eh bien j'y travaille ! Lorsque Manuel VALLS m'a nommé à ce poste, nous avons passé du temps ensemble, nous avons parlé, il m'a donné ses instructions, ses directives ; et ce que je souhaite, c'est que ce ministère de l'Intérieur et le discours de politique générale m'y incite davantage encore soit le ministère de l'Etat, de l'Etat sur les territoires ; et qu'il soit aussi le ministère de l'ordre républicain, parce que l'ordre républicain est la condition de l'épanouissement de toutes les libertés. Donc il y a effectivement une loi sur l'asile qui est en préparation. Pourquoi est-ce qu'il y a une loi sur l'asile en préparation ? Parce que nous devons transposer un paquet de directives européennes
Ruth Elkrief
C'est pour bientôt ? Parce que
Bernard Cazeneuve
Et que ce sera l'occasion
Ruth Elkrief
On a l'impression que les réformes de société, que les lois sociétales d'une certaine façon, sont un peu mises « au rancard » ou retardées parce que la priorité, c'est l'économie et le social !
Bernard Cazeneuve
Non mais L'économie et le social, c'est bien entendu une priorité ! Mais lorsque nous décidons de faire en sorte, sur la politique de l'immigration, qu'il y ait la possibilité d'avoir un passeport Talents pour faire en sorte que ceux qui viennent faire leurs études ou qui viennent investir en France puissent être accueillis dans un pays qui a vocation à renforcer son attractivité. Lorsque nous décidons de faire en sorte qu'il y ait un titre pluriannuel de séjour qui soit mis en uvre pour faciliter les démarches simplifiées des procédures pour que nos services fonctionnent mieux
Ruth Elkrief
C'est quand, ça ?
Bernard Cazeneuve
Et que notre immigration soit mieux contrôlée, mieux maîtrisée. Nous faisons tout cela avec la volonté de faire en sorte, là aussi, que notre pays se modernise ! Il n'y a pas de bons sujets d'un côté qui devraient être mis en avant, et de mauvais de l'autre, qui devraient être dissimulés. Il y a une modernisation de la France qui concerne tous ces secteurs d'activité
Ruth Elkrief
Et la réforme pénale ? La réforme pénale de Christiane TAUBIRA, qui était absente d'ailleurs, vous savez pourquoi ?
Bernard Cazeneuve
Mais elle était absente comme moi ! Elle était au Sénat avec moi. Il y avait 2 déclarations de politique générale aujourd'hui. Il y avait Enfin, c'était la même, mais il y en avait une prononcée au Sénat
Ruth Elkrief
Elle était lue par Laurent FABIUS
Bernard Cazeneuve
Par Laurent FABIUS, une prononcée à l'Assemblée nationale par Manuel VALLS, et il y a avait 8 ministres à l'Assemblée nationale et 8 ministres au Sénat.
Ruth Elkrief
D'accord ; donc c'était la répartition des choses. Quand est-ce que vous avez appris que vous allez être ministre de l'Intérieur ?
Bernard Cazeneuve
Mercredi matin.
Ruth Elkrief
Juste avant votre nomination ?
Bernard Cazeneuve
Oui.
Ruth Elkrief
Ca se passe comme ça ?
Bernard Cazeneuve
Eh bien... Comment voulez-vous que ça se passe ? (Rire)
Ruth Elkrief
(Rire) On en parle un peu avant
Bernard Cazeneuve
Il est assez logique qu'on vous annonce que vous allez être nommé ministre avant que le secrétaire général de l'Elysée ne procède à l'énoncé des membres du gouvernement à la télévision en direct, et généralement
Ruth Elkrief
Vous avez reçu un coup de téléphone ?
Bernard Cazeneuve
Et généralement, ça intervient, enfin en tous les cas toutes les expériences que j'ai eues jusqu'à présent c'est mon 3ème poste ministériel en deux ans m'ont conduit à être informé peu de temps avant que les annonces ne soient faites. Parce que je crois que, jusqu'à la dernière minute, on doit procéder aux meilleurs équilibres.
Ruth Elkrief
Manuel VALLS était un ministre de l'Intérieur qui a pris beaucoup de place ! La preuve, il est arrivé jusqu'à Matignon, mais il avait sa personnalité. Son bilan a été très critiqué par l'UMP. Est-ce que vous allez revenir sur un certain nombre de choses ? Sur la manière, sa manière d'aborder la lutte contre la délinquance, ou est-ce qu'il y a des choses que vous devez faire différemment, que vous allez faire différemment ?
Bernard Cazeneuve
Il y a des choses que je ferai nécessairement différemment parce que nous avons chacun nos personnalités. Mais je m'inscris totalement dans la continuité de Manuel VALLS. Il a été un remarquable ministre de l'Intérieur qui a engagé des chantiers très importants et qui d'ailleurs ont donné des résultats, je le rappelle à ceux de l'UMP qui critiquent son bilan : les zones de sécurité prioritaires, j'ai été à Savigny il y a de cela quelques jours, donnent des résultats très significatifs parce qu'ils permettent dune meilleure collaboration entre les forces de sécurité, la Police scientifique, les élus locaux
Ruth Elkrief
Donc vous continuez et vous innovez ?
Bernard Cazeneuve
Il y a une coproduction de sécurité qui est efficace, il a fait beaucoup de choses en matière de lutte contre les cambriolages, avec des premiers résultats qui commencent à apparaître aux termes du plan qu'il a présenté au mois de septembre dernier, donc il a engagé énormément d'actions. Ces actions, il faut les amplifier, les approfondir dans la continuité de ce qu'il a engagé ; bien entendu, il y d'autres sujets sur lesquels il faut encore travailler, l'Administration de l'Etat sur les territoires, l'Administration déconcentrée, le rôle des préfectures, le réseau de nos services déconcentrés. Tout cela, dans le grand mouvement de la déconcentration et de la décentralisation, sont des sujets pour le ministère de l'Intérieur, prioritaires. Pour moi encore une fois, le ministère de l'intérieur, c'est le ministère de l'Etat. Vous avez vu que dans le discours de politique générale du Premier ministre, il y a la volonté de redonner à l'Etat de la puissance, de la force, parce qu'il n'y a pas de volonté politique possible là où l'Etat n'exerce pas ses prérogatives. Et le ministre de l'Intérieur doit aider à cela.
Ruth Elkrief
Et la différence, c'est : CLEMENCEAU était sa référence, et vous, c'est GAMBETTA
Bernard Cazeneuve
Oui.
Ruth Elkrief
Pourquoi ?
Bernard Cazeneuve
Mais parce que
Ruth Elkrief
Pour conclure
Bernard Cazeneuve
C'était GAMBETTA est arrivé dans des circonstances politiques où il a donné le meilleur de lui-même, et comme vous l'avez remarqué, j'essaie, avec mon caractère, de faire en sorte, partout où on me nomme, de donner le meilleur de moi-même.
Ruth Elkrief
Merci beaucoup, Bernard Cazeneuve, merci d'être venu sur BFM TV ce soir source http://www.interieur.gouv.fr, le 5 mai 2014