Texte intégral
- Géorgie -
Mesdames et Messieurs,
Je voudrais d?abord dire combien nous sommes heureux, Frank-Walter Steinmeier et moi-même, d'être aujourd'hui en Géorgie aux côtés de notre homologue géorgienne et je voudrais remercier les autorités géorgiennes pour leur accueil.
Nous avons rencontré le président de la Géorgie, ensuite nous avons eu une longue et fructueuse discussion avec le ministre des affaires étrangères.
Ensuite nous allons rencontrer le Premier ministre, puis le président du Parlement et le chef de l'opposition parlementaire. Ensuite nous repartirons cet après-midi avec le sentiment que cette visite conjointe a été utile.
Le sens de cette visite est simple: nous apportons notre soutien et notre solidarité à la Géorgie, et en particulier dans ce moment.
La Géorgie a paraphé, en novembre dernier, un accord d'association avec l'Union européenne et elle le signera au cours du mois de juin. Nous pensons que cet accord est positif pour l'ensemble des parties. Et nous avons eu l'occasion dans nos conversations de souligner les progrès remarquables réalisés par la Géorgie dans ce domaine et saluer les efforts de la Géorgie pour se réformer.
Cette année, toute une série d'opportunités s'offrent à la Géorgie, dans le cadre du Partenariat oriental. Une fois signé, l'accord d'association va être mis en oeuvre et il va constituer un levier de modernisation puissant pour ce pays au service de l'attractivité de la Géorgie. Il y a des dispositions de soutien financier, des dispositions techniques, afin d'accompagner la mise en oeuvre des réformes qui sont ambitieuses.
Je voudrais souligner qu'il n'y a dans notre esprit aucune contradiction entre la signature de cet accord et le développement de relations économiques avec d'autres pays, singulièrement, puisque on a cela à l'esprit, la Russie.
On sait que les relations avec la Russie traversent un moment difficile, après l'annexion de la Crimée que nous condamnons. Mais il est dans l'intérêt de tous de surmonter cette crise majeure.
Et je veux rappeler à cet égard notre plein soutien à l'intégrité territoriale de la Géorgie dans ses frontières internationalement reconnues et notre soutien à un règlement pacifique du conflit avec les régions en conflit.
Enfin je voudrais ajouter deux commentaires.
Le premier pour rendre un hommage tout particulier à la Géorgie pour sa contribution internationale. Et je pense notamment à la décision qui a été prise, vous y avez fait allusion cher collègue, au fait d'envoyer des militaires en Centrafrique.
On dira : «la Centrafrique c'est loin». Pas si loin, d'abord parce que dans ce cadre il s'agit d'empêcher des massacres et d'apporter sa contribution au progrès humain. Et ce n'est pas loin non plus parce que nous sommes dans un monde où tout est lié, et si nous laissons dans certains pays d'Afrique toute une série d'exactions se développer, l'Europe elle-même, d'une façon ou d'une autre, en sera victime. En tout cas je veux vraiment saluer et remercier la Géorgie pour son importante contribution.
Et puis je terminerai en rappelant que le président de la République française sera ici dans quelques jours. La visite est en train d'être préparée. Je suis sûr que ce sera un grand succès et je peux vous confirmer que nous attendons cette visite avec beaucoup d'intérêt et de plaisir car nous voulons développer les relations, qui sont déjà excellentes, entre la Géorgie et la France. Et ce sur tous les plans : éducatif, culturel, politique et économique qui est très important. Et je suis sûr que cette visite y contribuera.
(...)
Q - (en allemand)
R - Je peux, puisque la question s'adresse aux deux ministres, apporter également un commentaire qui rejoint celui de Frank-Walter Steinmeier.
D'abord, en ce qui concerne l'accord d'association, qui est évidemment un pas important dans le renforcement des relations entre la Géorgie et l'UE. Cela n'entraîne pas, ni juridiquement, ni pratiquement, de conséquences sur la question de l'adhésion, ce sont deux procédures différentes. Mais il est sûr que cela signifie un rapprochement entre nos amis géorgiens et l'UE.
S'agissant de la question de l'OTAN, je rejoins ce qui a été dit par mon collègue allemand : il y a eu des discussions et nous les poursuivrons. Nous souhaitons qu'il y ait des relations qui soient proches. La forme qu'elles vont prendre reste soumise à discussion. Mais ce qui est très important, c'est que cela permette une stabilité dans la région, et en même temps une sécurité pour la région, c'est notre objectif commun, les modalités peuvent ensuite être discutées. Mais l'objectif de sécurité et de stabilité est pour nous tous un impératif majeur.
(...)
Q - D'après vous, dans quelques semaines la Géorgie signera-t-elle l'accord d'association. Cela signifie-t-il que la prochaine étape sera l'adhésion de la Géorgie ? Et si oui, dans combien de temps cela devrait-il arriver ? Le MAE français a déjà évoqué les sanctions de trois niveaux, dont les deux premières ont déjà été imposées par l'UE contre la Russie. S'agissant du troisième niveau, votre position sera-t-elle ferme sur cette question ? En effet, M. Steinmeier avait fait un commentaire récemment dans lequel exprimait ses doutes quant au fait que l'imposition des sanctions puisse être une solution à cette crise.
(...)
R - Je reviendrai juste par un commentaire sur un des points qui ont été abordés par mon collègue allemand, c'est la question de la suppression des visas.
Il y a une procédure en cours, qui a commencé il n'y a pas longtemps.
Il y a deux temps dans cette procédure. Il faut fournir un certain nombre de renseignements, d'informations et opérer un certain nombre de réformes. Mais dès lors que ces réformes auront pu être opérées, je pense que ce sera un signe très concret d'ouverture de l'UE vis-à-vis de nos amis géorgiens.
Je souhaite que cela puisse être fait dans les temps qui viennent, parce qu'il est très important que l'expression européenne, qui s'est traduite en Géorgie vous nous disiez tout à l'heure, Chère Amie, que dans les élections récentes environ 80-85% de la population avait marqué de manière très nette qu'elle était orientée vers l'Europe. Il faut que l'Europe réponde.
Et parmi les gestes concrets qui sont à faire, une fois que toutes les procédures ont été remplies, il y a cet élément très simple et concret, qui est de pouvoir voyager sans difficulté, qui est très important pour la population, pour les jeunes notamment. Nous souhaitons donc que ces procédures puissent être remplies le plus rapidement possible.
- Ukraine -
(...)
Q - Il y a la diplomatie et il y a la force dans cette crise ukrainienne. Vous avez choisi la voie diplomatique en venant dire, ici dans cette région, que vous privilégiez la coopération à la confrontation. Mais manifestement, du côté russe, on n'entend pas ce message et M. Lavrov, hier encore, a renouvelé ses menaces en expliquant qu'il était prêt, qu'il se réservait le droit d'intervenir militairement, comme il l'avait fait en Ossétie du Sud, si les intérêts russes n'étaient pas protégés. Donc on a l'impression d'un dialogue de sourd qui continue, d'un engrenage qui se poursuit, et on se demande quels moyens la diplomatie peut encore avoir, soit pour rassurer le régime russe, soit pour l'arrêter dans sa volonté sans doute de déstabiliser l'Ukraine, d'empêcher la tenue d'élections, voire de mettre la main sur tout l'Est du pays. Je vous remercie.
R - Notre choix vis-à-vis des actions de la Russie, c'est le choix à la fois de la fermeté et du dialogue. S'agissant de la Crimée, nous avons condamné et nous condamnons de la façon la plus nette, l'annexion qui a ét opérée, qui est contraire au droit international. Et ceci a été reconnu par la communauté internationale, et il n'est pas question d'entériner juridiquement ce qui a été fait.
S'agissant de l'Ukraine, du sud-est de l'Ukraine, puisque c'est là-dessus que porte votre question, l'attitude que nous avons choisie, c'est celle à la fois de la fermeté et du dialogue.
Fermeté puisque nous avons décidé des sanctions. Il y a trois paliers de sanctions au niveau de l'Union européenne. Déjà nous avons franchi les deux premiers pas. Et, si de nouvelles actions devaient être menées contre l'Ukraine, et en particulier ses territoires de l'Est et Sud-est, on peut tout à fait monter encore le niveau des sanctions.
Parce que ce type de pratique et de comportement est contraire au droit international. L'intégrité territoriale cela existe, et sa remise en cause ne peut pas être acceptée.
Et en même temps, nous sommes des femmes et des hommes de dialogue. Nous pensons qu'il est toujours préférable de discuter, de négocier plutôt que d'aller à un affrontement armé. Ce que nous ne souhaitons pas.
Et il faut tirer toutes les conséquences de la conférence de Genève et notre souhait c'est qu'il y ait des élections présidentielles en Ukraine. Nous ne pensons pas comme les Russes pour qui le gouvernement ukrainien n'est pas légitime - nous nous le pensons légitime - et ne pas envisager qu'il y ait une élection. Lorsqu'il y a une crise, il faut consulter la population régulièrement pour qu'elle puisse s'exprimer.
Donc, fermeté d'une part, parce qu'il y a des comportements qui ne sont pas acceptables, et dialogue d'autre part, pour permettre une solution négociée. Voilà la ligne qui a été choisie par l'Union européenne et nous nous y tenons.
(...).
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 7 mai 2014