Déclaration de Mme Ségolène Royal, ministre de l'écologie, du développement durable et de l'énergie, sur le soutien à l'innovation et au développement des énergies renouvelables, notamment l'éolien en mer, dans le cadre du projet de loi sur la transition énergétique, à Paris le 7 mai 2014.

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Circonstance : Réunion des industriels et énergéticiens pour soutenir et développer l'énergie éolienne en mer, à Paris le 7 mai 2014\

Texte intégral

Merci beaucoup, merci d'être présents pour cette très importante communication, cet événement très important sur l'éolien en mer.
Comme vous le voyez, sont autour de moi les chefs d'entreprise de groupes très importants en France :
Gérard Mestrallet, PDG de GDF,
Luc Oursel, Président d'Areva,
Antoine Cahuzac, Directeur Général d'EDF Energies nouvelles,
Jérôme Pecresse, Président d'Alstom Renewable power
Et vous voyez que ces groupes industriels, ces grands opérateurs de l'énergie sont aujourd'hui rassemblés.
Ils sont rassemblés parce que la volonté de ce ministère et ma volonté, c'est de faire en sorte que la France soit une des premières puissances écologiques d'Europe. Elle en a les moyens, la capacité, les compétences.
Sont donc ici présents ceux qui vont construire et qui construisent les parcs éoliens en mer puisque les deux nouveaux projets sont donc attribués à GDF Areva et les trois précédents ont été attribués à EDF Alstom.
Ce dont je me réjouis aujourd'hui, c'est que des opérateurs industriels et des grands énergéticiens français qui ont été concurrents sur des projets majeurs pour l'avenir énergétique du pays, soient aujourd'hui rassemblés pour s'engager dans cette dynamique et pour accélérer ces constructions et l'ensemble des créations d'emplois qui vont avec.
J'ai également invité Nicolas Mayer Rossignol qui est président de la région Haute-Normandie et qui symbolise la mise en mouvement des territoires. Bien évidemment ces réalisations industrielles et énergétique s'appuient sur des territoires, sont accompagnées par des territoires. Je lui demanderai tout à l'heure, une fois l'ensemble des chefs d'entreprise ici présents auront pris la parole, de nous dire comment les initiatives de ce type sont vécues sur le territoire et quelles sont les attentes en terme de création d'activité et d'emploi.
Ma conviction profonde c'est que la France a les moyens, la capacité, les compétences de mettre en place un nouveau modèle énergétique qui va apporter aux Français :
- d'abord du pouvoir d'achat, parce que les économies d'énergie et les énergies renouvelables, c'est d'abord du pouvoir d'achat, c'est la maîtrise du coût de l'énergie,
- du bien-être aussi, parce que ce sont des énergies de qualité,
- un environnement mieux préservé
- et surtout cela va permettre à la France de remplir ses objectifs en termes d'engagements sur le climat.
Je vais au cours des semaines qui viennent, faire la même chose que ce que je fais aujourd'hui, c'est-à-dire montrer comment les différents opérateurs économiques sur le territoire ont déjà anticipé la loi sur la transition énergétique et dont j'ai la responsabilité, et qui sera transmis aux commissions de l'Assemblée nationale au mois de juillet prochain.
Ce que je veux montrer, c'est que cette loi sera un accélérateur. Ca ne sera pas une contrainte supplémentaire, des normes supplémentaires qui vont s'abattre sur les industriels, c'est au contraire la façon d'accélérer cette transition énergétique qui se déploie déjà sous nos yeux, grâce au savoir-faire français, à l'ingéniosité associés à des partenaires européens – parce qu'il y a une entreprise portugaise, une entreprise espagnol aussi qui se sont positionnées avec les opérateurs français – et donc il y a aussi une dynamique européenne.
Je reviens d'ailleurs d'une réunion à Rome des ministres de l'énergie, je vois que nous partageons ces préoccupations là et que nous pouvons nous engager, en effet, dans des dynamiques internationales qui consolident et qui renforcent la dynamique et le savoir-faire français.
Le soutien à l'innovation et au développement des énergies renouvelables est un axe essentiel de la croissance verte et donc, en complément aussi de ce que nous avons vu ce matin à la présidence de la République avec les 34 plans de la nouvelle France industrielle – 16 concernent le ministère de l'environnement, du développement durable, de l'écologie et de l'énergie dont j'ai la charge –, je vais prochainement réunir l'ensemble de ces chefs de file des nouvelles filières d'avenir dont, bien évidemment, tout le consortium des énergies renouvelables.
J'ai l'ambition et la volonté de faire de la France le chef de file en Europe, dans le domaine des énergies marines renouvelables, qui illustrent parfaitement cette ambition pour l'industrie et les emplois de demain.
La France bénéficie d'avantages considérables pour parvenir à cet objectif : d'abord nous disposons du deuxième gisement hydrolien et éolien du continent, la France est la deuxième puissance maritime mondiale avec onze millions de kilomètres carrés de zones maritimes.
Notre objectif est ambitieux et je remercie les entreprises de s'engager avec autant de détermination et de savoir-faire, puisque je souhaite que nous puissions disposer d'une capacité de production électrique en mer de 6 000 mégawatts en 2020, ce qui permettra de couvrir 3,5 % de notre consommation d'électricité.
Grâce à l'attribution de ces différents appels d'offres, de nouveaux parcs commerciaux seront érigés au large des côtes françaises pour une capacité totale de 1 000 mégawatts qui s'ajoutent aux 4 parcs éoliens en mer, je le disais à l'instant, déjà attribués et qui représentent une capacité de 2 000 mégawatts.
C'est donc au total 3 000 mégawatts aujourd'hui qui sont portés par les entreprises ici représentées et par les différents partenaires également dans la salle et que je remercie de leur présence.
On voit là parfaitement le lien entre transition énergétique et développement économique, croissance verte, savoir-faire industriel, puisque les investissements générés s'élèveront environ à 3 milliards et demi d'euros pour dynamiser l'implantation industrielle sur nos territoires. Cette filière de l'évolution en mer doit être fortifiée, elle offre de nombreux débouchés économiques, elle représente 10 000 emplois directs attendus pour cette filière d'avenir, avec les emplois indirects également comme on le voit dans d'autres pays européens du Nord de l'Europe.
Les énergies renouvelables en mer constituent une opportunité unique pour la France de développer une source d'emploi avec un fort ancrage sur les territoires ; installation d'usines dans les régions concernées, fabrication des fondations, exploitation et maintenance des installations. Je pense en particulier à toutes les entreprises sous-traitantes, puisque nous avons plus de 250 entreprises de taille et de secteur d'activité très divers qui interviennent directement dans l'éolien avec plus de 150 entreprises sous-traitantes.
Par conséquent, l'installation des donneurs d'ordres sur le territoire nationale devrait permettre de dynamiser le tissu industriel local, notamment des PME réparties sur le territoire.
Les deux nouveaux futurs parcs sont situés au large de la commune du Tréport (Haute-Normandie), sur une superficie de 110 km² et avec une puissance de 480-500 MW ; et entre les îles d'Yeu et de Noirmoutier (Pays de la Loire), sur une superficie de 112 km² et avec une puissance de 480-500 MW.
Ces deux nouveaux parcs font suite à l'attribution de quatre parcs
- au large de Saint-Nazaire, pour le consortium EDF Dong avec Alstom et Nass&Wind,
- Courseulles-sur-Mer et Fécamp pour le consortium EDF Dong avec Alstom et WPD,
- ainsi que de Saint-Brieuc pour Iberdrola EoleRes avec Areva.
Les deux nouveaux futurs parcs éoliens seront construits par GDF Suez, qui s'est associé à deux entreprises d'excellence :
- EDP Renewables, groupe portugais leader dans le domaine des renouvelables, 4e mondial pour l'éolien et présent en France depuis 2003 ;
- Neoen Marine, acteur français incontournable du secteur, qui a remporté plusieurs appels d'offres nationaux
Et Areva sera l'acteur industriel de ces nouveaux parcs.
Je le répète, voici une force de frappe industrielle et énergétique unique en Europe. Je remercie les industriels et opérateurs énergétiques présents pour leur engagement, il y a eu aussi une compétition, une saine compétition qui nous permet de nous tirer collectivement vers le haut. Mais là, on arrive à une nouvelle étape puisqu'après cette compétition qui a permis au fond une répartition équitable entre l'ensemble des opérateurs présents autour de cette table : la convergence et la création d'une véritable force de frappe française et européenne et internationale.
Je souhaite que non seulement nous puissions rapidement construire ces parcs éoliens en France, mais surtout être à l'offensive sur la conquête des marchés étrangers puisque comme vous le savez, nous devons construire l'Europe de l'énergie ; je m'y suis engagée puis attelée. Il y a une réunion très importante des chefs d'Etat du Conseil européen en juin prochain et j'espère que nous aurons des propositions à mettre sur la table. Nous avons à préparer aussi la conférence climat qui se tiendra à Paris l'année prochaine, c'est donc une échéance très importante et les projecteurs sont braqués sur l'industrie française et le savoir-faire français, alliés bien évidemment aux autres opérateurs.
Cette répartition équilibrée entre deux consortiums qui s'affirment progressivement comme des champions des énergies marines et des énergies renouvelables, est le signe que la France possède un potentiel industriel remarquable dans ces filières. Au fond, nous ne sommes pas ici pour départager des gagnants et des perdants. Nous sommes réunis pour fédérer des énergies, pour faire se rencontrer des initiatives et des savoir-faire qui participent de la nouvelle France industrielle.
Je le disais tout à l'heure, ces projets vont générer de l'activité et de l'emploi mais ce sont les différents responsables industriels et énergéticiens ici qui vous l'expliqueront.
Et je souhaite leur redire ma volonté d'amplifier et soutenir le développement de filières industrielles d'avenir, au travers de trois décisions que j'ai prises :
1/ Renforcer encore la filière avec l'identification de nouvelles zones pour poursuivre le développement de l'éolien en mer et pour aider les opérateurs ici présents à se positionner sur des projets européens, voir internationaux
Comme je l'ai observé hier à Rome – on était en réunion des ministres de l'énergie du G7, il y avait bien-sûr les 4 pays européens : l'Italie, le Royaume-Uni, l'Allemagne et la France – on était tous mobilisés pour voir comment faire monter en puissance les énergies renouvelables. Je suis convaincue que la France a une carte à jouer considérable en Europe sur les différents projets puisque tous les pays européens se sont posés des perspectives très ambitieuses en matière de mixe énergétique.
Il y avait à aussi le Japon, les Etats-Unis, je suis convaincue que la France, aussi, alliée à ses partenaires européens peut être parfaitement bien placée sur les marchés étrangers pour les aider à remplir les obligations qui seront rappelées à l'automne prochain devant les Nations Unies, puisqu'il y aura sous la présidence de Monsieur Ban Ki Moon le sommet mondial qui donnera suite au rapport du GIEC pour que les pays du monde entier prennent des décisions pour limiter le réchauffement climatique.
Ces études, menées par le Centre d'études et d'expertise sur les risques, l'environnement, la mobilité et l'aménagement (Cerema) et la Direction générale de l'énergie et du climat, permettront d'évaluer les potentiels au large des côtes et d'identifier les zones les plus favorables à l'exploitation de nouveaux parcs éoliens.
J'ai demandé que de premiers résultats soient disponibles d'ici cet été, qui serviront de base aux concertations qui seront ensuite menées localement sous l'égide des préfets.
2/ Lancement d'un nouvel appel d'offres pour les installations photovoltaïques de grande puissance
Je lancerai avant cet été un nouvel appel d'offre pour les plus grandes installations photovoltaïques d'une puissance supérieure à 250 kiloWatt crête.
Concernant ces grandes installations, deux appels d'offres ont déjà été réalisés, le dernier a permis de désigner 121 projets pour une capacité installée totale de 380 mégawatts crête.
3/ Plus globalement, amplifier et améliorer le soutien au développement des énergies renouvelables toujours dans l'esprit d'anticipation sur la loi de transition énergétique
Le développement des énergies renouvelables est une priorité pour la France, qui s'est engagée, dans le cadre européen, à atteindre un objectif de 23 % d'énergies renouvelables dans sa consommation en 2020. Parce que c'est un objectif très ambitieux, j'ai bien l'intention que la France l'atteigne.
Pour soutenir leur développement dans la durée et améliorer leur intégration dans un système électrique mieux régulé, tout en assurant l'efficacité des investissements collectifs dans ce domaine, il faut faire évoluer les modes de soutien aux énergies renouvelables.
Une consultation a été menée sur les pistes d'évolution des mécanismes de soutien des énergies renouvelables auprès de l'ensemble des acteurs impliqués dans leur développement.
Je serai heureuse de réunir prochainement les acteurs pour partager avec eux les résultats de cette concertation et échanger sur les orientations qui seront retenues pour que les énergies renouvelables puissent bénéficier d'un cadre juridique, fiscal et financier stable. J'aurai d'ailleurs à vous présenter aussi la façon dont nous allons financer la transition énergétique, le contenu et les résultats de la prochaine conférence bancaire sur ce sujet là. Tout cela convergera vers la loi de programmation pour la transition énergétique.
Je pense qu'il y a une fierté du savoir-faire français dans tous ces domaines, je sais qu'il y a des compétitions qui existent et qui nous tirent vers le haut. A un moment il y a des tournants de rassemblement de ces énergies et ces forces là nous allons les mettre au service d'un nouveau modèle énergétique français.Source http://www.developpement-durable.gouv.fr, le 13 mai 2014