Texte intégral
ARNAUD PONTUS
Votre invité, Frédéric RIVIERE, vous recevez ce matin le secrétaire d'Etat français aux Affaires européennes, Harlem DESIR.
FRÉDÉRIC RIVIERE
Bonjour Harlem DESIR.
HARLEM DESIR
Bonjour
FREDERIC RIVIERE
Nicolas SARKOZY, l'ancien président de la République s'engage donc dans la campagne européenne, est-ce que c'est une bonne chose ?
HARLEM DESIR
Eh bien il est tout à fait normal que le président, l'ancien président SARKOZY s'exprime, mais sa tribune, elle dresse un bilan sévère de dix ans de politique de droite en Europe, finalement, et aussi de sa propre politique. Il dit par exemple que l'Europe nous protège des dérives idéologiques, des dépenses publiques sans frein, des déficits explosés ; mais qui a exposé les déficits en France ? Qui a laissé s'accroitre la dette, si ce n'est lui ? Il dit que l'Europe souffre de graves erreurs qui sont commises au nom d'une pensée unique, mais qui a géré l'Europe pendant dix ans, si ce n'est les conservateurs, la droite européenne qui a imposé l'austérité, le dumping social, la dérégulation fiscale ? Voilà, c'est un bilan très sévère, qu'il dresse finalement contre la majorité conservatrice, qui était dirigée par monsieur BARROSO, qu'il avait lui-même soutenu comme président de la Commission européenne.
FREDERIC RIVIERE
Alors, il défend un certain nombre d'idées, dans cette tribune, notamment l'idée que le leadership franco-allemand est une nécessité, il propose la création d'une zone économique franco-allemande, je ne suis pas sûr d'avoir tout à fait compris de quoi il s'agit. Vous, pour vous, ça vous parait clair cette idée ?
HARLEM DESIR
Le couple franco-allemand, il est évidemment absolument central, il est un moteur pour la construction européenne, et vous avez vu que c'est François HOLLANDE qui a été invité par la chancelière MERKEL, dans sa circonscription à Stralsund, et c'était la première fois qu'un chef d'Etat français était invité à partager ce temps. Cela montre la proximité, l'étroitesse de nos liens, du travail qui est fait ensemble par la France et l'Allemagne, et c'est, depuis l'élection de François HOLLANDE, qu'un nouvel agenda a été proposé à ce couple franco-allemand, c'est-à-dire la priorité à la croissance, au soutien à la stabilité financière en Europe, avec l'adoption de l'Union bancaire, de la taxe sur les transactions financières. C'est avec le couple franco-allemand qu'on a lancé la garantie jeunesse, je voudrais le souligner...
FREDERIC RIVIERE
Mais il n'y a pas un élément dominant aujourd'hui ?
HARLEM DESIR
... c'est-à-dire un programme qui est doté d'un fonds de 6 milliards d'euros pour le soutien à l'emploi des jeunes. Donc il y a un couple et un moteur franco-allemand, qui fonctionne aujourd'hui et qui est très actif pour faire en sorte que l'Europe retrouve le chemin de la croissance.
FREDERIC RIVIERE
Il n'y a pas un élément dominant, aujourd'hui, dans ce couple ? Ce n'est pas madame MERKEL tout de même, qui est plus forte que François HOLLANDE ?
HARLEM DESIR
Les exemples que je viens de vous citer, illustrent le fait que dans ce couple, chacun apporte sa contribution. La proposition sur l'emploi des jeunes, la garantie jeunes, c'est une proposition de François HOLLANDE. La taxe sur les transactions financières, c'est la France qui la proposée, et aujourd'hui elle a été adoptée par dix pays, et évidemment cela n'a été possible que parce qu'il y avait d'abord un accord franco-allemand.
FREDERIC RIVIERE
Alors Nicolas SARKOZY propose la suspension immédiate de Schengen, « nous n'avons pas voulu l'Europe explique-t-il pour que ce soit un dumping social et migratoire, au détriment quasi systématique de la France ». Faut-il, selon vous, réformer Schengen ?
HARLEM DESIR
Eh bien, surtout, dans cette partie de la tribune de Nicolas SARKOZY, on voit bien qu'il ne sait pas ce qu'il veut et qu'il y a une très forte contradiction, puisque d'un côté il dit qu'il faut conserver la liberté de circulation des personnes, et de l'autre, il dit qu'il veut suspendre Schengen, ce qui signifierait que l'on rétablit les contrôles aux frontières avec l'Allemagne, avec l'Espagne, avec l'Italie ? Ce serait la fin de l'Europe.
FREDERIC RIVIERE
Il parle d'une suspension provisoire.
HARLEM DESIR
Oui, mais je pense qu'il y a la...
FREDERIC RIVIERE
Le temps de réformer.
HARLEM DESIR
Il y a là une incohérence, peut-être pour des raisons plus politiques, que des raisons de fond.
FREDERIC RIVIERE
L'absence de frontières est une préoccupation pour les Français, c'est ce qui ressort d'un sondage qui a été publié le week-end dernier par le JDD. 49 % des personnes interrogées se disent insatisfaites de l'Europe, contre 51 % qui en sont satisfaites. Et le troisième point, troisième raison de cette inquiétude, c'est l'absence de frontières à 33 %. Vous comprenez ou pas cette préoccupation-là ?
HARLEM DESIR
Oui, je crois, été nous travaillons à une politique d'immigration commune, qu'il faut qu'il y ait un renforcement du contrôle aux frontières extérieures de l'Europe. On voit les drames qui se déroulent en Méditerranée, on ne peut pas laisser l'Italie seule, face à l'arrivée de migrants sur l'île de Lampedusa. Et donc, nous considérons qu'il faut à la fois une solidarité avec ces Etats du Sud de l'Europe, la Grèce aussi, et qu'il faut en particulier renforcer l'agence Frontex, qui est une agence européenne qui doit aider à ce contrôle aux frontières, mais il faut aussi une politique européenne, qui s'appuie sur le développement, sur la stabilité de la rive sud de la Méditerranée, c'est-à-dire pourquoi nous nous battons dans la politique de voisinage pour qu'on n'oublie pas cette orientation vers le Sud, que l'on aide par exemple la Tunisie, qui a réussi à adopter une constitution, à pouvoir maintenant connaitre le développement, que l'on ait une action de stabilisation dans cette zone de la Méditerranée. Donc il faut être capable, à la fois de protéger l'espace de liberté et de circulation interne à l'Europe, parce que je crois que cela, les Français y sont attachés, mais aussi, c'est vrai, de bien gérer nos frontières communes externes.
FREDERIC RIVIERE
Qu'est-ce que vous redoutez le plus, Harlem DESIR, pour ces élections européennes ? Est-ce que c'est les résultats des partis populistes ou l'abstention ?
HARLEM DESIR
Je crois d'abord qu'il faut effectivement, pendant ces derniers jours, se mobiliser pour la participation, la plus forte, des Français, à ce scrutin. Parce que l'abstention elle ne profite qu'aux anti-européens. Au fond, il y a trois choix dans ces élections : il y a ceux qui veulent démolir l'Europe, se serait une terrible régression, en contradiction totale avec l'engagement historique de la France dans la construction européenne depuis 60 ans. Il y a ceux qui veulent juste continuer, finalement, reconduire la même majorité conservatrice, poursuivre les mêmes politiques d'austérité, de dumping social et fiscal, qui ont échoué. Et puis il y a ceux qui veulent rebâtir un projet ambitieux pour l'Europe, qui soit à la fois celui d'une Europe qui prépare l'avenir, qui par exemple prépare l'Europe de l'énergie, d'une Europe plus cohérente sur le plan social, d'une Europe plus unie en matière de politique extérieure et de défense, et c'est le choix de la réorientation européenne, avec comme priorité la croissance et l'emploi, c'est celui que nous défendons, avec le président de la République et avec la candidature de Martin SCHULZ, au niveau européen, pou la présidence de la Commission européenne.
FREDERIC RIVIERE
Est-ce que la France demanderait un délai supplémentaire pour réduire ses déficits, si Martin SCHULZ était président de la Commission ? Lui, il a dit qu'il y était prêt.
HARLEM DESIR
Non, nous respectons nos engagements, nous avons mené, pour nous-mêmes, une politique...
FREDERIC RIVIERE
Alors, pourquoi Martin SCHULZ répète-t-il cela alors ? A quoi ça sert ?
HARLEM DESIR
Non, qu'il y ait un débat au niveau européen, sur la façon dont on...
FREDERIC RIVIERE
Le rythme auquel on réduit ce déficit.
HARLEM DESIR
Oui, le rythme et surtout la façon dont on combine la nécessité de réduire les déficits, et ça, chacun des Etats membres doit le faire pour lui-même. Nous, nous devons le faire, tout simplement parce que si on laissait filer le déficit, comme d'ailleurs ça avait été le cas sous la présidence de Nicolas SARKOZY, on ne ferait qu'aggraver la dette et finalement mettre en danger la souveraineté financière de la France et puis aggraver les impôts, parce qu'après, il faut les rembourser ces déficits. Donc, chacun de nos pays a à le faire, mais on voit bien que la façon dont un certain nombre de pays d'Europe du Sud, je pense au Portugal, hier je voyais le maire de Lisbonne qui était de passage à Paris, a été imposer une politique d'austérité ultra brutale et ultrarapide, ça n'a fait qu'aggraver la récession. Donc, Martin SCHULZ, c'est normal, mène une réflexion sur une coordination des politiques budgétaires et économiques en Europe, qui est comme objectif premier, le retour de la croissance, parce que c'est encore la meilleure façon de réduire les déficits.
FREDERIC RIVIERE
Et le Front national est donné en tête depuis des semaines, hein, aux européennes, devant l'UMP et le Parti socialiste. Est-ce que vous êtes, en quelque sorte, psychologiquement préparé à ce résultat ?
HARLEM DESIR
Non, d'abord parce que rien n'est joué, rien n'est gagné, mais rien n'est perdu. Il reste trois jours pour se mobiliser, il reste trois jours pour que ceux qui aiment l'Europe, ceux qui veulent la réorienter, mais qui ne veulent pas la défaire, fassent en sorte que ce ne soit pas un vote extrémiste qui l'emporte dimanche prochain. Il ne faut pas oublier que le Front national, et Marine LE PEN l'a dit, comme tous les partis extrémistes qui sont alliés avec elle, en Grèce, aux Pays-Bas, en Autriche, n'ont qu'un objectif, c'est de bloquer le fonctionnement du Parlement européen, c'est de défaire l'Europe, c'est d'empêcher cette belle construction historique, que nous devons aux pères fondateurs, qui nous a permis d'assurer la paix sur le Continent, mais qui est aussi indispensable aujourd'hui, si nous voulons défendre notre modèle de civilisation, notre modèle social, notre modèle démocratique, dans la mondialisation, ils veulent empêcher l'Europe d'avancer.
FREDERIC RIVIERE
Un mot, sur un plan plus personnel, rapidement, vous êtes arrivé au secrétariat d'Etat aux Affaires européennes dans des conditions controversées, au lendemain de la défaite aux municipales. Est-ce qu'aujourd'hui vous vous sentez à l'aise, vous vous sentez bien accueilli ?
HARLEM DESIR
Oui, je suis dans l'action, représentant la France dans des négociations européennes très importantes, avec mes interlocuteurs, mes partenaires, mon homologue allemand, en particulier, Michael ROTH, justement parce que la relation franco-allemande est absolument essentielle, mais aussi italien, parce qu'ils vont prendre la présidence de l'Union européenne, et ensemble, nous n'avons qu'un objectif, c'est que, au lendemain de cette élection européenne, il y ait une nouvelle orientation pour l'Europe, avec comme priorité de réconcilier les citoyens avec le projet européen, donc de donner à l'Europe, comme priorité, la croissance et l'emploi.
FRÉDÉRIC RIVIERE
Merci Harlem DESIR. Bonne journée.
HARLEM DESIR
Merci.
ARNAUD PONTUS
Harlem DESIR, le secrétaire d'Etat français aux Affaires européennes, invité de Frédéric RIVIERE, ce matin, sur RFI.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 26 mai 2014
Votre invité, Frédéric RIVIERE, vous recevez ce matin le secrétaire d'Etat français aux Affaires européennes, Harlem DESIR.
FRÉDÉRIC RIVIERE
Bonjour Harlem DESIR.
HARLEM DESIR
Bonjour
FREDERIC RIVIERE
Nicolas SARKOZY, l'ancien président de la République s'engage donc dans la campagne européenne, est-ce que c'est une bonne chose ?
HARLEM DESIR
Eh bien il est tout à fait normal que le président, l'ancien président SARKOZY s'exprime, mais sa tribune, elle dresse un bilan sévère de dix ans de politique de droite en Europe, finalement, et aussi de sa propre politique. Il dit par exemple que l'Europe nous protège des dérives idéologiques, des dépenses publiques sans frein, des déficits explosés ; mais qui a exposé les déficits en France ? Qui a laissé s'accroitre la dette, si ce n'est lui ? Il dit que l'Europe souffre de graves erreurs qui sont commises au nom d'une pensée unique, mais qui a géré l'Europe pendant dix ans, si ce n'est les conservateurs, la droite européenne qui a imposé l'austérité, le dumping social, la dérégulation fiscale ? Voilà, c'est un bilan très sévère, qu'il dresse finalement contre la majorité conservatrice, qui était dirigée par monsieur BARROSO, qu'il avait lui-même soutenu comme président de la Commission européenne.
FREDERIC RIVIERE
Alors, il défend un certain nombre d'idées, dans cette tribune, notamment l'idée que le leadership franco-allemand est une nécessité, il propose la création d'une zone économique franco-allemande, je ne suis pas sûr d'avoir tout à fait compris de quoi il s'agit. Vous, pour vous, ça vous parait clair cette idée ?
HARLEM DESIR
Le couple franco-allemand, il est évidemment absolument central, il est un moteur pour la construction européenne, et vous avez vu que c'est François HOLLANDE qui a été invité par la chancelière MERKEL, dans sa circonscription à Stralsund, et c'était la première fois qu'un chef d'Etat français était invité à partager ce temps. Cela montre la proximité, l'étroitesse de nos liens, du travail qui est fait ensemble par la France et l'Allemagne, et c'est, depuis l'élection de François HOLLANDE, qu'un nouvel agenda a été proposé à ce couple franco-allemand, c'est-à-dire la priorité à la croissance, au soutien à la stabilité financière en Europe, avec l'adoption de l'Union bancaire, de la taxe sur les transactions financières. C'est avec le couple franco-allemand qu'on a lancé la garantie jeunesse, je voudrais le souligner...
FREDERIC RIVIERE
Mais il n'y a pas un élément dominant aujourd'hui ?
HARLEM DESIR
... c'est-à-dire un programme qui est doté d'un fonds de 6 milliards d'euros pour le soutien à l'emploi des jeunes. Donc il y a un couple et un moteur franco-allemand, qui fonctionne aujourd'hui et qui est très actif pour faire en sorte que l'Europe retrouve le chemin de la croissance.
FREDERIC RIVIERE
Il n'y a pas un élément dominant, aujourd'hui, dans ce couple ? Ce n'est pas madame MERKEL tout de même, qui est plus forte que François HOLLANDE ?
HARLEM DESIR
Les exemples que je viens de vous citer, illustrent le fait que dans ce couple, chacun apporte sa contribution. La proposition sur l'emploi des jeunes, la garantie jeunes, c'est une proposition de François HOLLANDE. La taxe sur les transactions financières, c'est la France qui la proposée, et aujourd'hui elle a été adoptée par dix pays, et évidemment cela n'a été possible que parce qu'il y avait d'abord un accord franco-allemand.
FREDERIC RIVIERE
Alors Nicolas SARKOZY propose la suspension immédiate de Schengen, « nous n'avons pas voulu l'Europe explique-t-il pour que ce soit un dumping social et migratoire, au détriment quasi systématique de la France ». Faut-il, selon vous, réformer Schengen ?
HARLEM DESIR
Eh bien, surtout, dans cette partie de la tribune de Nicolas SARKOZY, on voit bien qu'il ne sait pas ce qu'il veut et qu'il y a une très forte contradiction, puisque d'un côté il dit qu'il faut conserver la liberté de circulation des personnes, et de l'autre, il dit qu'il veut suspendre Schengen, ce qui signifierait que l'on rétablit les contrôles aux frontières avec l'Allemagne, avec l'Espagne, avec l'Italie ? Ce serait la fin de l'Europe.
FREDERIC RIVIERE
Il parle d'une suspension provisoire.
HARLEM DESIR
Oui, mais je pense qu'il y a la...
FREDERIC RIVIERE
Le temps de réformer.
HARLEM DESIR
Il y a là une incohérence, peut-être pour des raisons plus politiques, que des raisons de fond.
FREDERIC RIVIERE
L'absence de frontières est une préoccupation pour les Français, c'est ce qui ressort d'un sondage qui a été publié le week-end dernier par le JDD. 49 % des personnes interrogées se disent insatisfaites de l'Europe, contre 51 % qui en sont satisfaites. Et le troisième point, troisième raison de cette inquiétude, c'est l'absence de frontières à 33 %. Vous comprenez ou pas cette préoccupation-là ?
HARLEM DESIR
Oui, je crois, été nous travaillons à une politique d'immigration commune, qu'il faut qu'il y ait un renforcement du contrôle aux frontières extérieures de l'Europe. On voit les drames qui se déroulent en Méditerranée, on ne peut pas laisser l'Italie seule, face à l'arrivée de migrants sur l'île de Lampedusa. Et donc, nous considérons qu'il faut à la fois une solidarité avec ces Etats du Sud de l'Europe, la Grèce aussi, et qu'il faut en particulier renforcer l'agence Frontex, qui est une agence européenne qui doit aider à ce contrôle aux frontières, mais il faut aussi une politique européenne, qui s'appuie sur le développement, sur la stabilité de la rive sud de la Méditerranée, c'est-à-dire pourquoi nous nous battons dans la politique de voisinage pour qu'on n'oublie pas cette orientation vers le Sud, que l'on aide par exemple la Tunisie, qui a réussi à adopter une constitution, à pouvoir maintenant connaitre le développement, que l'on ait une action de stabilisation dans cette zone de la Méditerranée. Donc il faut être capable, à la fois de protéger l'espace de liberté et de circulation interne à l'Europe, parce que je crois que cela, les Français y sont attachés, mais aussi, c'est vrai, de bien gérer nos frontières communes externes.
FREDERIC RIVIERE
Qu'est-ce que vous redoutez le plus, Harlem DESIR, pour ces élections européennes ? Est-ce que c'est les résultats des partis populistes ou l'abstention ?
HARLEM DESIR
Je crois d'abord qu'il faut effectivement, pendant ces derniers jours, se mobiliser pour la participation, la plus forte, des Français, à ce scrutin. Parce que l'abstention elle ne profite qu'aux anti-européens. Au fond, il y a trois choix dans ces élections : il y a ceux qui veulent démolir l'Europe, se serait une terrible régression, en contradiction totale avec l'engagement historique de la France dans la construction européenne depuis 60 ans. Il y a ceux qui veulent juste continuer, finalement, reconduire la même majorité conservatrice, poursuivre les mêmes politiques d'austérité, de dumping social et fiscal, qui ont échoué. Et puis il y a ceux qui veulent rebâtir un projet ambitieux pour l'Europe, qui soit à la fois celui d'une Europe qui prépare l'avenir, qui par exemple prépare l'Europe de l'énergie, d'une Europe plus cohérente sur le plan social, d'une Europe plus unie en matière de politique extérieure et de défense, et c'est le choix de la réorientation européenne, avec comme priorité la croissance et l'emploi, c'est celui que nous défendons, avec le président de la République et avec la candidature de Martin SCHULZ, au niveau européen, pou la présidence de la Commission européenne.
FREDERIC RIVIERE
Est-ce que la France demanderait un délai supplémentaire pour réduire ses déficits, si Martin SCHULZ était président de la Commission ? Lui, il a dit qu'il y était prêt.
HARLEM DESIR
Non, nous respectons nos engagements, nous avons mené, pour nous-mêmes, une politique...
FREDERIC RIVIERE
Alors, pourquoi Martin SCHULZ répète-t-il cela alors ? A quoi ça sert ?
HARLEM DESIR
Non, qu'il y ait un débat au niveau européen, sur la façon dont on...
FREDERIC RIVIERE
Le rythme auquel on réduit ce déficit.
HARLEM DESIR
Oui, le rythme et surtout la façon dont on combine la nécessité de réduire les déficits, et ça, chacun des Etats membres doit le faire pour lui-même. Nous, nous devons le faire, tout simplement parce que si on laissait filer le déficit, comme d'ailleurs ça avait été le cas sous la présidence de Nicolas SARKOZY, on ne ferait qu'aggraver la dette et finalement mettre en danger la souveraineté financière de la France et puis aggraver les impôts, parce qu'après, il faut les rembourser ces déficits. Donc, chacun de nos pays a à le faire, mais on voit bien que la façon dont un certain nombre de pays d'Europe du Sud, je pense au Portugal, hier je voyais le maire de Lisbonne qui était de passage à Paris, a été imposer une politique d'austérité ultra brutale et ultrarapide, ça n'a fait qu'aggraver la récession. Donc, Martin SCHULZ, c'est normal, mène une réflexion sur une coordination des politiques budgétaires et économiques en Europe, qui est comme objectif premier, le retour de la croissance, parce que c'est encore la meilleure façon de réduire les déficits.
FREDERIC RIVIERE
Et le Front national est donné en tête depuis des semaines, hein, aux européennes, devant l'UMP et le Parti socialiste. Est-ce que vous êtes, en quelque sorte, psychologiquement préparé à ce résultat ?
HARLEM DESIR
Non, d'abord parce que rien n'est joué, rien n'est gagné, mais rien n'est perdu. Il reste trois jours pour se mobiliser, il reste trois jours pour que ceux qui aiment l'Europe, ceux qui veulent la réorienter, mais qui ne veulent pas la défaire, fassent en sorte que ce ne soit pas un vote extrémiste qui l'emporte dimanche prochain. Il ne faut pas oublier que le Front national, et Marine LE PEN l'a dit, comme tous les partis extrémistes qui sont alliés avec elle, en Grèce, aux Pays-Bas, en Autriche, n'ont qu'un objectif, c'est de bloquer le fonctionnement du Parlement européen, c'est de défaire l'Europe, c'est d'empêcher cette belle construction historique, que nous devons aux pères fondateurs, qui nous a permis d'assurer la paix sur le Continent, mais qui est aussi indispensable aujourd'hui, si nous voulons défendre notre modèle de civilisation, notre modèle social, notre modèle démocratique, dans la mondialisation, ils veulent empêcher l'Europe d'avancer.
FREDERIC RIVIERE
Un mot, sur un plan plus personnel, rapidement, vous êtes arrivé au secrétariat d'Etat aux Affaires européennes dans des conditions controversées, au lendemain de la défaite aux municipales. Est-ce qu'aujourd'hui vous vous sentez à l'aise, vous vous sentez bien accueilli ?
HARLEM DESIR
Oui, je suis dans l'action, représentant la France dans des négociations européennes très importantes, avec mes interlocuteurs, mes partenaires, mon homologue allemand, en particulier, Michael ROTH, justement parce que la relation franco-allemande est absolument essentielle, mais aussi italien, parce qu'ils vont prendre la présidence de l'Union européenne, et ensemble, nous n'avons qu'un objectif, c'est que, au lendemain de cette élection européenne, il y ait une nouvelle orientation pour l'Europe, avec comme priorité de réconcilier les citoyens avec le projet européen, donc de donner à l'Europe, comme priorité, la croissance et l'emploi.
FRÉDÉRIC RIVIERE
Merci Harlem DESIR. Bonne journée.
HARLEM DESIR
Merci.
ARNAUD PONTUS
Harlem DESIR, le secrétaire d'Etat français aux Affaires européennes, invité de Frédéric RIVIERE, ce matin, sur RFI.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 26 mai 2014