Texte intégral
Monsieur le président (Jean Matteoli),
Monsieur le président (Camille Pirot, Syndicat de la Presse Sociale),
Mesdames les ministres (Ségolène Royal et Nicole Perry),
Mesdames, Messieurs,
Chers amis,
Ce que nous venons de voir, ce que nous venons d'entendre, ce que nous savons, ce que nous devinons parfois de la réalité de l'illettrisme nous fait obligation. Obligation d'agir, de se mobiliser, obligation d'informer, de nommer ce qui pour les uns est une mutilation et pour l'ensemble de la société, une blessure.
C'est ce que vous avez entrepris, M. le président, au sein du Syndicat de la Presse Sociale et je voudrais vous dire, en apportant mon entier soutien à votre démarche, que vous me trouverez présente à vos côtés dans ce combat.
Votre syndicat, M. le président, s'inscrit dans une démarche citoyenne. C'est ainsi que vous avez choisi, pour cette campagne de sensibilisation entreprise en décembre dernier, de construire un alphabet vivant en faisant appel à 26 personnalités du monde des arts, des lettres, du spectacle, du sport, de la jeunesse.
Chacun, en s'engageant, en appelant le plus large public à " prendre l'illettrisme au pied de la lettre " a accepté de jouer collectif. Je voudrais, très sincèrement, les en remercier. En faisant, comme souvent, acte de solidarité dans un domaine essentiel à la cohésion de notre société, ces artistes et sportifs de renom contribuent fortement à soutenir le travail de terrain mené par les associations, comme ils contribuent à changer le regard de celles et de ceux pour qui lire et écrire est aussi naturel que la respiration.
Mais il arrive que lire et écrire soit une épreuve redoutable, voire insurmontable. Les statistiques sont implacables et les travaux du Groupe Permanent contre l'Illettrisme, créé par l'Etat en 1984, n'autorisent pas d'échappatoire : 2,3 millions d'adultes, vous l'avez rappelé, sont concernés en France par l'illettrisme, comme dans l'ensemble des pays industrialisés.
Le gouvernement auquel j'appartiens est mobilisé contre ce mal, que l'on doit reconnaître comme un mal collectif, source des plus douloureuses exclusions. Mes collègues, Ségolène Royal et Nicole Perry viennent de s'exprimer à cet égard en développant des programmes d'action. Il est clair que la plus forte intervention doit s'exercer au moment de l'apprentissage de la lecture, à l'école.
L'enfance est au cur de cet enjeu.Mais le temps de l'enfance, et a fortiori celui des autres âges de la vie, ce n'est pas seulement celui de l'école au sens strict du terme. C'est également - et fortement - celui de l'ensemble de l'environnement culturel. Or la culture, permettez-moi de le redire ce soir devant vous, n'est pas un privilège. C'est un droit. Un droit fondamental : celui de la dignité.
Depuis mon arrivée au ministère de la culture et de la communication, j'ai fait de la démocratisation culturelle l'axe de ma politique. A ce titre, les actions du ministère en faveur du développement de la lecture sont, à mes yeux, essentielles. La lecture, c'est le socle, la clé d'accès à l'épanouissement personnel indispensable à la vie collective. Souvent, en prenant connaissance d'enquêtes conduites auprès de personnes victimes de l'illettrisme, ou en ayant reçu par le passé directement ces témoignages dans mes fonctions d'élue locale, de maire, j'ai été frappée par la similitude des propos tenus : " je ne savais pas trop bien lire du temps de l'école et puis, très vite après, tout s'est perdu ". Il me semble que ces propos font moins référence à la pratique de la lecture qu'à un constat de grande solitude.
En favorisant la présence de médiateurs du livre dans les bibliothèques sur l'ensemble du territoire, en instituant les " contrats ville-lecture ", qui permettent de fédérer les actions autour du livre et de la lecture, contrats auxquels les associations de lutte contre l'illettrisme peuvent naturellement s'associer, en soutenant les activités d'ateliers d'écriture, les programmes d'intervention d'écrivains sur le terrain, mon ministère, en venant en appui d'initiatives locales ou en les suscitant, contribue à briser cette spirale de la solitude, à corriger des inégalités, à faire également un travail d'information.
C'est dans le même esprit que je souhaite que se développent l'éducation à l'image et au multi-média comme les enseignements artistiques qui donnent lieu à une démarche commune entre la culture et l'éducation nationale au travers des dispositions que je viens d'arrêter avec Claude Allègre et Ségolène Royal.Je parlais à l'instant de l'information. Il y a, là aussi, et peut-être devrais-je dire, là surtout, compte tenu de l'importance de l'information dans notre société, un enjeu primordial.
Alerter, faire savoir, orienter, contribuer à casser les murs qui isolent ceux qui maîtrisent les outils de la connaissance de ceux qui en sont dépourvus, est une mission essentielle. C'est celle que vous remplissez au sein de votre syndicat, dont vous célébrez, par une action citoyenne, le 25ème anniversaire. Vous représentez, au travers de vos 147 adhérents, une force de 20 millions de lecteurs. Lesquels sont autant de vecteurs des actions que vous pouvez entreprendre ou approfondir puisque vous avez déjà, en 1994, choisi de mobiliser contre l'illettrisme.
Cet engagement en faveur de l'écrit contribue au renforcement de notre démocratie. C'est pourquoi, Monsieur le président, en vous félicitant - ainsi que l'ensemble de vos partenaires - pour vos 25 ans, vous me permettrez également de vous remercier.
(Source http://www.culture.gouv.fr, le 7 mai 1999)
Monsieur le président (Camille Pirot, Syndicat de la Presse Sociale),
Mesdames les ministres (Ségolène Royal et Nicole Perry),
Mesdames, Messieurs,
Chers amis,
Ce que nous venons de voir, ce que nous venons d'entendre, ce que nous savons, ce que nous devinons parfois de la réalité de l'illettrisme nous fait obligation. Obligation d'agir, de se mobiliser, obligation d'informer, de nommer ce qui pour les uns est une mutilation et pour l'ensemble de la société, une blessure.
C'est ce que vous avez entrepris, M. le président, au sein du Syndicat de la Presse Sociale et je voudrais vous dire, en apportant mon entier soutien à votre démarche, que vous me trouverez présente à vos côtés dans ce combat.
Votre syndicat, M. le président, s'inscrit dans une démarche citoyenne. C'est ainsi que vous avez choisi, pour cette campagne de sensibilisation entreprise en décembre dernier, de construire un alphabet vivant en faisant appel à 26 personnalités du monde des arts, des lettres, du spectacle, du sport, de la jeunesse.
Chacun, en s'engageant, en appelant le plus large public à " prendre l'illettrisme au pied de la lettre " a accepté de jouer collectif. Je voudrais, très sincèrement, les en remercier. En faisant, comme souvent, acte de solidarité dans un domaine essentiel à la cohésion de notre société, ces artistes et sportifs de renom contribuent fortement à soutenir le travail de terrain mené par les associations, comme ils contribuent à changer le regard de celles et de ceux pour qui lire et écrire est aussi naturel que la respiration.
Mais il arrive que lire et écrire soit une épreuve redoutable, voire insurmontable. Les statistiques sont implacables et les travaux du Groupe Permanent contre l'Illettrisme, créé par l'Etat en 1984, n'autorisent pas d'échappatoire : 2,3 millions d'adultes, vous l'avez rappelé, sont concernés en France par l'illettrisme, comme dans l'ensemble des pays industrialisés.
Le gouvernement auquel j'appartiens est mobilisé contre ce mal, que l'on doit reconnaître comme un mal collectif, source des plus douloureuses exclusions. Mes collègues, Ségolène Royal et Nicole Perry viennent de s'exprimer à cet égard en développant des programmes d'action. Il est clair que la plus forte intervention doit s'exercer au moment de l'apprentissage de la lecture, à l'école.
L'enfance est au cur de cet enjeu.Mais le temps de l'enfance, et a fortiori celui des autres âges de la vie, ce n'est pas seulement celui de l'école au sens strict du terme. C'est également - et fortement - celui de l'ensemble de l'environnement culturel. Or la culture, permettez-moi de le redire ce soir devant vous, n'est pas un privilège. C'est un droit. Un droit fondamental : celui de la dignité.
Depuis mon arrivée au ministère de la culture et de la communication, j'ai fait de la démocratisation culturelle l'axe de ma politique. A ce titre, les actions du ministère en faveur du développement de la lecture sont, à mes yeux, essentielles. La lecture, c'est le socle, la clé d'accès à l'épanouissement personnel indispensable à la vie collective. Souvent, en prenant connaissance d'enquêtes conduites auprès de personnes victimes de l'illettrisme, ou en ayant reçu par le passé directement ces témoignages dans mes fonctions d'élue locale, de maire, j'ai été frappée par la similitude des propos tenus : " je ne savais pas trop bien lire du temps de l'école et puis, très vite après, tout s'est perdu ". Il me semble que ces propos font moins référence à la pratique de la lecture qu'à un constat de grande solitude.
En favorisant la présence de médiateurs du livre dans les bibliothèques sur l'ensemble du territoire, en instituant les " contrats ville-lecture ", qui permettent de fédérer les actions autour du livre et de la lecture, contrats auxquels les associations de lutte contre l'illettrisme peuvent naturellement s'associer, en soutenant les activités d'ateliers d'écriture, les programmes d'intervention d'écrivains sur le terrain, mon ministère, en venant en appui d'initiatives locales ou en les suscitant, contribue à briser cette spirale de la solitude, à corriger des inégalités, à faire également un travail d'information.
C'est dans le même esprit que je souhaite que se développent l'éducation à l'image et au multi-média comme les enseignements artistiques qui donnent lieu à une démarche commune entre la culture et l'éducation nationale au travers des dispositions que je viens d'arrêter avec Claude Allègre et Ségolène Royal.Je parlais à l'instant de l'information. Il y a, là aussi, et peut-être devrais-je dire, là surtout, compte tenu de l'importance de l'information dans notre société, un enjeu primordial.
Alerter, faire savoir, orienter, contribuer à casser les murs qui isolent ceux qui maîtrisent les outils de la connaissance de ceux qui en sont dépourvus, est une mission essentielle. C'est celle que vous remplissez au sein de votre syndicat, dont vous célébrez, par une action citoyenne, le 25ème anniversaire. Vous représentez, au travers de vos 147 adhérents, une force de 20 millions de lecteurs. Lesquels sont autant de vecteurs des actions que vous pouvez entreprendre ou approfondir puisque vous avez déjà, en 1994, choisi de mobiliser contre l'illettrisme.
Cet engagement en faveur de l'écrit contribue au renforcement de notre démocratie. C'est pourquoi, Monsieur le président, en vous félicitant - ainsi que l'ensemble de vos partenaires - pour vos 25 ans, vous me permettrez également de vous remercier.
(Source http://www.culture.gouv.fr, le 7 mai 1999)