Interview de Mme Ségolène Royal, ministre de l'écologie, du développement durable et de l'énergie, à BFM TV le 30 juillet 2014, sur le projet de loi de transition énergétique, notamment la rénovation thermique des bâtiments, la polémique sur son veto au projet d'autoroute A 831 et les tarifs de l'électricité.

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Média : BFM TV

Texte intégral

VERONIQUE JACQUIER
Bonjour Ségolène ROYAL, ministre de l'Ecologie, du développement durable et de l'énergie.
MADAME LA MINISTRE SEGOLENE ROYAL
Bonjour.
VERONIQUE JACQUIER
Bienvenue sur RMC et BFMTV. Présentation en Conseil des ministres ce matin de ce projet de loi très, très attendu, celui sur la transition énergétique bien sûr. Qu'est-ce que ça va changer dans la vie des Français ? Qu'est-ce que vous êtes venue nous dire ce matin très concrètement ?
SEGOLENE ROYAL
Je suis venue vous dire que c'est parti. C'est parti et la transition énergétique pour un autre modèle énergétique en France démarre et va s'accélérer. Déjà d'ailleurs sur beaucoup de territoire, on est en avance. Je me suis beaucoup appuyée sur l'expérience acquise pendant dix ans dans ma région Poitou-Charentes, où on a fait pendant dix ans l'excellence environnementale et préparé l'après-pétrole. Nous avons par exemple construit le premier lycée de l'après-pétrole, entièrement autonome sur le plan énergétique grâce aux énergies renouvelables, à la récupération de chaleur et même à la récupération d'eaux de pluie. En s'appuyant sur les bonnes pratiques, j'ai construit cette loi qui va donner à tout le monde – les citoyens, les entreprises, les administrations, les territoires – les moyens d'engager cette transition énergétique.
VERONIQUE JACQUIER
Mais concrètement ?
SEGOLENE ROYAL
Concrètement d'abord, cette loi est une première étape. Elle fixe un cadre général, c'est-à-dire qu'elle projette la France vers le futur. Elle imagine le futur en disant à tout le monde qu'il va falloir économiser cinquante pour cent de notre énergie, c'est-à-dire consommer moitié moins d'énergie que nous ne le faisons aujourd'hui.
VERONIQUE JACQUIER
Ça passe par la rénovation thermique.
SEGOLENE ROYAL
Ça passe par la rénovation thermique.
VERONIQUE JACQUIER
Par une meilleure isolation.
SEGOLENE ROYAL
Exactement. C'est la priorité de ce projet de loi et des actions qui l'accompagnent. C'est la rénovation énergétique, pourquoi ? Parce que plus de la moitié de l'énergie est consommée dans l'habitat, dans les logements et les immeubles. Il faut donc impérativement mieux isoler les immeubles et construire tous les nouveaux immeubles à énergie positive, c'est-à-dire qu'ils produisent plus d'énergie qu'ils n'en consomment. C'est une vraie révolution dans l'art de bâtir, dans l'art de construire, dans l'art de rénover et surtout c'est une source de création d'emploi très importante dans le bâtiment, qui est aujourd'hui en grande situation d'attente.
VERONIQUE JACQUIER
Il est en grande difficulté d'ailleurs. Hier, on a eu des chiffres avec un recul de la mise en chantier de moins dix-neuf pour cent. Ça n'aide pas non plus pour aller en votre sens.
SEGOLENE ROYAL
Au contraire ! au contraire ! Le chantier de la rénovation va démarrer parce qu'il y a des aides très importantes aux particuliers. Les particuliers vont pouvoir déduire trente pour cent du montant de leur facture de travaux d'isolation de leurs impôts, jusqu'à huit mille euros de baisse d'impôt et seize mille euros pour un couple, sans être obligés comme c'était le cas dans le passé de faire plusieurs travaux à la fois. Comme on l'a vu dans votre petit reportage, dès que vous allez isoler les combles, isoler les façades, mettre des doubles vitrages, et cætera, si possible avec des matériaux biosourcés…
VERONIQUE JACQUIER
Là, vous parlez des particuliers. Cela dit, pour la mise en route de votre loi, le bâtiment ne va pas bien du tout, donc la rénovation énergétique ne va pas pour l'instant prendre un coup de boost.
SEGOLENE ROYAL
Au contraire !
VERONIQUE JACQUIER
Vous avez de grandes ambitions mais ça va un peu patiner au départ.
SEGOLENE ROYAL
Pas du tout. J'ai signé avec Sylvia PINEL, la ministre du Logement, une convention qui s'appelle la convention Feebat (Formation des professionnels aux économies d'énergie dans le bâtiment) sur la formation dans les métiers du bâtiment. J'ai beaucoup travaillé cette loi avec les entreprises du bâtiment, que ce soient la CAPEB (Confédération de l'Artisanat et des Petites Entreprises du Bâtiment), c'est-à-dire les artisans du bâtiment, les petites et moyennes entreprises ou les grands groupes pour justement les mettre en situation de démarrer très vite, puisque tous les travaux pourront commencer au 15 septembre prochain. Pendant l'été, les Français vont pouvoir réfléchir et discuter entre eux pour savoir comment ils vont engager ces travaux. Ceux qui n'ont pas d'argent pour engager ces travaux vont pouvoir bénéficier de prêts à taux zéro. Les banques ont été convoquées et on leur a donné les moyens de développer cent mille prêts à taux zéro. Il faut donc que les Français aillent dans leur banque et sachent que les banques ont eu un crédit d'impôt pour délivrer aux Français qui n'ont pas l'argent pour avancer le prix des travaux peuvent le faire.
VERONIQUE JACQUIER
Cela dit, il y a un manque dans votre projet de loi : c'est qu'il n'y a rien pour les ménages précaires et pour ces bâtiments dits précaires. Comment on aide les gens de peu ? Parce que ces maisons sont de vraies passoires énergétiques.
SEGOLENE ROYAL
Vous avez raison.
VERONIQUE JACQUIER
Il n'y a pas de levier pour ces gens-là, pour ces ménages-là.
SEGOLENE ROYAL
Si, il y a un levier. Ces ménages bénéficient des aides de l'Agence nationale pour l'amélioration de l'habitat qui rénove aujourd'hui soixante dix mille logements par an. Ces moyens de l'ANA vont être augmentés pour permettre justement d'aider les ménages en situation de précarité. Ces aides sont très connues sur les territoires et marchent très bien, puisque les mairies sont très au courant de la façon dont ça se passe. Il y aura aussi le chèque énergie précarité.
VERONIQUE JACQUIER
On connaît le montant de ce chèque énergie ?
SEGOLENE ROYAL
Pas encore, on est en train de discuter avec les associations familiales et les associations de consommateurs. Ce qui est prévu, c'est du donnant-donnant, du gagnant-gagnant. Ce n'est pas de l'assistant pur et simple mais c'est que les familles vont être conduites aussi à apprendre les gestes d'économie d'énergie. Mais ça vaut pour tout le monde, pour les personnes en situation de précarité comme pour les autres. Il faut savoir qu'avec des gestes simples de la vie courante, on peut déjà économiser quinze pourcent de l'énergie que l'on consomme. A la rentrée, on va lancer des actions d'éducation à l'environnement dans toutes les écoles pour que les enfants et les jeunes soient aussi des vecteurs de la protection de l'environnement et de la lutte contre le gaspillage énergétique.
VERONIQUE JACQUIER
Comment allez-vous financer le chèque énergie ?
SEGOLENE ROYAL
Le chèque énergie sera financé par les prélèvements sur les recettes du secteur des entreprises de l'énergie. C'est un recyclage d'argent, ce n'est pas des dépenses budgétaires.
VERONIQUE JACQUIER
On est d'accord : dix milliards d'euros sur trois ans pour lancer cette transition énergétique. Dix milliards d'euros sur trois ans et il n'y a pas de fiscalité accolée à cette mise en route ; il n'y a pas de financement propre.
SEGOLENE ROYAL
Non. Au contraire, ce sont des allègements d'impôts, comme on vient de le voir, et ce sont des prêts avantageux qui vont être donnés aux collectivités locales. Il faut savoir que dès maintenant, c'est-à-dire dès septembre, les communes, les communautés de communes, les agglomérations qui veulent lancer les travaux pour isoler et faire des économies d'énergie dans leurs bâtiments, dans les mairies, dans les écoles, dans les bâtiments sportifs et cætera, vont pouvoir bénéficier de prêts de la Caisse des Dépôts jusqu'à cinq millions d'euros par opération. Ça fait des emplois dans le bâtiment, et on peut donc lancer de grands chantiers d'isolation.
VERONIQUE JACQUIER
Dix milliards d'euros sur trois ans, ce n'est pas un peu prétentieux comme objectif ? On est en pleine crise ! Les leviers ne vont pas être suffisants.
SEGOLENE ROYAL
Justement, c'est pour sortir de la crise.
VERONIQUE JACQUIER
Mais est-ce que les leviers vont être suffisants ?
SEGOLENE ROYAL
Est-ce que vous savez que quand on investit un euro dans le bâtiment, un euro d'allègements d'impôts ou un euro d'allègements de prêts à taux très bas procure dix euros de travaux ? C'est ça le pari que je fais, le pari qui va être réussi parce que je sais que les citoyens et les entreprises vont s'engager dans cette transition. Ça permet de baisser les factures, ça va permettre aussi de baisser les factures d'importation, de pétrole et de gaz en France. Quand on fait un geste citoyen en diminuant les gaspillages d'énergie, on aide en plus son pays en diminuant sa facture d'importation et on débloque des créations d'emplois dans les filières du bâtiment, dans les filières des énergies renouvelables, dans les filières du traitement des déchets. Vous voyez qu'il y a trois grands pôles comme ça dans la loi. Il y a les économies d'énergie, la performance des bâtiments – rénovation des bâtiments anciens, construction de bâtiments à énergie positive – et les énergies renouvelables. Qu'est-ce que c'est, les énergies renouvelables ? Ce sont celles qui ne polluent pas : le soleil, l'eau, le vent, la chaleur de la mer, la géothermie, la biomasse que l'on récupère. Par exemple, nous lançons deux appels à projet de mille cinq cents méthaniseurs dans l'ensemble des territoires ruraux. Ça veut dire quoi ? Que les agriculteurs aujourd'hui qui ont des problèmes de lisiers, des problèmes de pollution, des problèmes de déchets, vont pouvoir créer de petites unités. A partir des lisiers et des déjections, on peut produire du gaz. C'est ça un méthaniseur. J'en ai construit dans ma région et j'ai vu à quel point au départ c'était difficile. Vous savez, on a mis quatre ans pour faire le premier méthaniseur qu'on a construit. J'ai aussi réduit les délais de construction, j'ai simplifié les autorisations de construction pour que sur l'ensemble du territoire national on puisse déployer mille cinq cents méthaniseurs, c'est-à-dire aider les agriculteurs.
VERONIQUE JACQUIER
Ça, c'est du concret. Maintenant parlons du nucléaire. Là, vous avez décidé de laisser la main à EDF. L'Etat ne prend pas la main sur le nucléaire comme c'était prévu au départ. EDF va donc gérer le calendrier de fermeture des centrales. Vous me confirmez bien ce point-là ? Comment être sûr d'arriver à l'objectif de baisser la part du nucléaire à cinquante pour cent en 2025 ? Est-ce que l'Etat ne devrait pas fixer une trajectoire ? On peut vous faire ce reproche.
SEGOLENE ROYAL
Non. On peut poser la question en tout cas. Je voudrais dire trois choses sur le nucléaire. La première chose, c'est que la France a fait le choix il y a plusieurs années du nucléaire, c'est-à-dire de produire soixante quinze pour cent de son électricité à partir du nucléaire. C'est un choix qui a réussi avec des centaines de milliers de travailleurs et d'ingénieurs qui sont parmi les plus performants au monde. Aujourd'hui, il faut baisser cette part du nucléaire et si on peut faire cette transition énergétique, c'est parce qu'on a justement ce socle de sécurité de production de l'électricité.
VERONIQUE JACQUIER
Oui, mais comment on abaisse cette part du nucléaire ? Les énergies renouvelables, non ?
SEGOLENE ROYAL
D'abord ce que je fais dans cette loi, c'est de ne pas opposer les énergies les unes aux autres. Quand je suis arrivée, les gens y étaient très opposés.
VERONIQUE JACQUIER
Ça veut dire qu'on laisse à EDF la main de fermer progressivement des centrales.
SEGOLENE ROYAL
Je vais vous répondre, mais il faut bien comprendre le contexte psychologique des choses. Je ne veux pas qu'on oppose les tenants du tout nucléaire de ceux qui veulent sortir du nucléaire, et cætera. Je veux une loi d'équilibre et qui soit dans l'intérêt général de notre pays, c'est-à-dire définir la politique énergétique. L'énergie, c'est tout ; sans énergie il n'y a pas de vie. C'est donc un sujet essentiel, la question énergétique est le sujet du futur.
VERONIQUE JACQUIER
Là, on trouve un compromis.
SEGOLENE ROYAL
On trouve un compromis, on trouve un juste équilibre. C'est-à-dire qu'aujourd'hui, et même EDF le comprend, le coût du nucléaire est important. Après la catastrophe de Fukushima, il faut investir beaucoup dans la sécurité nucléaire. La loi renforce d'ailleurs la sécurité nucléaire en donnant des moyens supplémentaires à l'Autorité de Sûreté Nucléaire et en informant davantage les riverains des centrales.
VERONIQUE JACQUIER
Ça veut dire qu'on ferme progressivement des centrales ? On ferme Fessenheim ? Vous confirmez qu'on ferme Fessenheim ?
SEGOLENE ROYAL
Cela veut dire quoi ? Ça veut dire que quand de nouvelles centrales vont ouvrir, en effet les plus anciennes, celles qui coûtent le plus cher, devront fermer et être remplacées.
VERONIQUE JACQUIER
Même si ce n'est pas dans le projet de loi, vous confirmez donc qu'on ferme Fessenheim ? C'est une info.
SEGOLENE ROYAL
Ç'a été dit. Ç'a été dit par le président de la République. C'est devant nous.
VERONIQUE JACQUIER
Et on construit des EPR ?
SEGOLENE ROYAL
Il y en a qui va ouvrir, comme vous le savez, il y a Flamanville.
VERONIQUE JACQUIER
Oui, mais la suite est donc de construire des EPR ?
SEGOLENE ROYAL
On verra. Ce sera dans le mix énergétique. Vous savez, ce qui change considérablement avec cette loi, c'est que c'est transparent maintenant. Il n'y a plus quelques personnes qui vont décider des grands choix énergétiques, c'est transparent. C'est un débat parlementaire, les parlementaires vont avoir leur mot à dire sur ce qu'on appelle le mix énergétique, en dialogue avec le Gouvernement. J'ai la charge au sein du gouvernement de définir les stratégies énergétiques…
VERONIQUE JACQUIER
Mais les parlementaires pourront vous reprocher justement qu'il n'y ait pas d'autre trajectoire pour arriver à 50 % de part du nucléaire en 2025. Il n'y a pas de garantie.
SEGOLENE ROYAL
Si, il y a une trajectoire, il y a un pilotage du mix énergétique, il y a un plafonnement de la capacité de production du nucléaire, donc qui fixe le cap. Il y a une volonté avec des moyens qu'on vient de voir de monter en puissance sur les énergies renouvelables. Et il y a un mix énergétique qui va être défini pour les trois ans qui viennent, c'est-à-dire on va dire exactement qu'elle est la part des différentes énergies qui doivent rentrer dans ce qu'on appelle ce mix énergétique et puis pour les 5 ans qui viennent, puis pour les 5 qui viennent. Donc il y a une projection de la France vers le futur, c'est-à-dire qu'à la fois on améliore aujourd'hui on baisse la facture énergétique des Français par les économies, on baisse la facture d'importation de la France, on crée des emplois et on projette la France dans le futur, c'est-à-dire comment on vit mieux en consommant moins d'énergie ?
VERONIQUE JACQUIER
Alors restons très concrets justement, on a un chiffre publié par le ministère de l'Ecologie hier, on apprend que chaque ménage français a dépensé 3 210 euros en 2013 pour se chauffer, gaz, électricité, pour le transport également, c'est du jamais vu depuis 1991. Qu'est-ce qu'on fait dans ce cas-là, qu'est ce que vous faites pour que ce montant baisse parce qu'il est colossal ?
SEGOLENE ROYAL
Il est colossal. D'abord j'ai annulé la hausse du prix de l'électricité du 1er août, les Français ne payeront pas…
VERONIQUE JACQUIER
Vous nous confirmez l'annulation ?
SEGOLENE ROYAL
Je vous la confirme, les Français ne payeront pas les 5 % d'augmentation d'électricité. Pourquoi ? Parce qu'au moment où je présente cette loi au Parlement, je vais aussi faire avec le Gouvernement la transparence sur la formation des prix…
VERONIQUE JACQUIER
Pas de hausse de l'électricité au 1er août alors que Manuel VALLS vous avait contredit le lendemain ?
SEGOLENE ROYAL
Non.
VERONIQUE JACQUIER
Donc le conflit est réglé, le conflit est tranché.
SEGOLENE ROYAL
Non, ne présentez pas les choses de façon… ça ne sert à rien de dégrader la politique en présentant tout de façon conflictuelle, je travaille dans un gouvernement collégial, Manuel VALLS est le Premier ministre, on décide ensemble des décisions qui sont prises et cette décision a été prise pour justement réformer la façon dont le prix de l'électricité est posée et que les Français comprennent ce qu'on leur fait payer. Donc comment est-ce que les Français peuvent baisser leur facture ? Comment est-ce qu'on peut baisser la facture aujourd'hui ? D'abord avec des gestes quotidiens, je vous l'ai dit ; avec des gestes quotidiens que j'ai rendus public, qu'on peut aller voir sur le site du ministère.
VERONIQUE JACQUIER
Et donc volonté politique, pas d'augmentation du prix de l'électricité le 1er août.
SEGOLENE ROYAL
Je viens de vous le dire là. Donc ensuite il faut quand même continuer, ça ne suffit pas, il faut baisser la facture, donc on peut avec des gestes quotidiens baisser de 15 % sa facture d'énergie, ça c'est déjà très important. Ensuite on va mettre les compteurs individuels dans les copropriétés, par exemple que l'on soit propriétaire ou que l'on soit locataire, quand il y a une facture globale de copropriété, il y a beaucoup de gaspillages, donc dans le crédit d'impôt que j'évoquais tout à l'heure, dans les baisses d'impôts les Français vont pouvoir financer l'installation de compteurs individuels dans les copropriétés pour la consommation d'énergie, de chauffage et pour la consommation d'eau aussi également. Donc ça, ça va permettre aussi de baisser. Ensuite les travaux d'isolation qu'on a évoqué tout à l'heure qui permettent de gagner 800 euros en moyenne sur un pavillon de 90 M2, on peut gagner 800 euros en moyenne par an de la totalité de la facture énergétique chauffage, eau chaude, en installant un chauffe-eau solaire, en installant un panneau photovoltaïque, en isolant les combles, en mettant les volets et donc il y a en effet de la marge.
VERONIQUE JACQUIER
Je voudrais vous interroger sur la construction de l'autoroute A 381, il y a eu une polémique avec les élus de Poitou-Charentes qui vous reprochent d'être autoritaire, d'avoir mis votre veto pour la construction de cette autoroute. Vous vous dites qu'ils sont misogynes, qui a tort, qui a raison ?
SEGOLENE ROYAL
Ecoutez c'est un sujet…
VERONIQUE JACQUIER
Comment vous défendez votre point de vue ?
SEGOLENE ROYAL
C'est un sujet très important, ce ne sont pas les élus de Poitou-Charentes, il y a en effet cinq ou six élus qui attendaient depuis dix ans cette autoroute. Vous savez, est-ce qu'il faut détruire un grand site classé qu'est le Marais Poitevin pour gagner dix minutes ? Est-ce qu'il faut mettre 900 millions d'euros pour construire 60 kms d'autoroutes alors qu'il y a déjà une route nationale et qu'il faut contourner… il suffit de faire un contournement du village de Marans ? Est-ce qu'il faut écraser les maisons des gens et des villages qui depuis dix ans ont fait un travail tellement extraordinaire dans le Marais Poitevin qu'on a pu reconquérir le label de Parc naturel régional qu'on avait perdu.
VERONIQUE JACQUIER
Vous ne revenez pas sur votre décision ?
SEGOLENE ROYAL
Mais vous savez, on est en démocratie donc le dialogue est toujours ouvert, que l'on continue à discuter, mais ma responsabilité, c'est de protéger les espaces remarquables et des gens qui y habitent et peut-être à un moment en effet de dire, de poser des questions qui dérangent…
VERONIQUE JACQUIER
Alors dernière question qui dérange.
SEGOLENE ROYAL
Mais aussi pardon de trouver des solutions. La solution c'est d'aménager la route nationale qui existe en contournant le village de Marans…
VERONIQUE JACQUIER
Pour vous c'est une question de bon sens.
SEGOLENE ROYAL
Et moi… c'est une question de respect et de bon sens, mais discutons la discussion est ouverte.
VERONIQUE JACQUIER
Question de bon sens Ségolène ROYAL, Martine AUBRY a dit qu'il n'était pas trop tard pour réussir le quinquennat, ce sera ma dernière question, qu'est-ce qu'il faut faire pour le réussir maintenant ce quinquennat ?
SEGOLENE ROYAL
Il faut engager ce dont on vient de parler, des choses qui changent la vie quotidienne des Français, qui améliorent cette vie quotidienne et qui nous projettent vers le futur. Je crois que c'est ce que fait ce gouvernement avec une volonté présidentielle très forte de réussir cette transition énergétique et écologique, c'est un changement de modèle. On voit que le modèle économique est à bout de souffle aujourd'hui, qu'il faut inventer d'autres façons de produire, de consommer, de se déplacer, d'habiter en améliorant…
VERONIQUE JACQUIER
Le modèle économique est à bout de souffle mais on ne change pas de politique ?
SEGOLENE ROYAL
En améliorant, en gaspillant moins et tout en améliorant notre santé publique. Vous savez, il va y avoir un bonus de 10 000 euros pour que les gens qui ont des vieilles voitures diesel et qui n'ont pas les moyens de les changer puissent acheter une voiture électrique ou une voiture propre. Donc on va faire quoi en faisant ça ? On va améliorer la qualité de l'air, donc faire reculer toutes les maladies.
VERONIQUE JACQUIER
Cela dit ce n'est pas des histoires de voitures qui vont régler les problèmes de politique générale, les problèmes de la France.
SEGOLENE ROYAL
Mais si, figurez-vous, il y a des centaines de milliers d'emplois liés à l'automobile et derrière il y a beaucoup de dépenses de la Sécurité Sociale à cause de toutes les infections liées à la respiration.
VERONIQUE JACQUIER
Le Français gardera quand même ce sentiment que le climat est assez anxiogène en ce moment.
SEGOLENE ROYAL
Eh bien il faut en sortir, vous avez raison et moi je suis sûre que la France a les moyens de s'en sortir. Quand je vois partout la créativité des entreprises, le volontarisme, on l'a vu dans votre petit reportage, les entreprises du bâtiment qui ne demandent qu'à se battre, qu'à créer des emplois, qu'à avancer, des jeunes formés qui cherchent du travail…
VERONIQUE JACQUIER
Restez positive, restons positifs, ce sera le mot de la fin.
SEGOLENE ROYAL
Il faut rester positif et s'y mettre tous pour que la confiance dans l'avenir de notre pays revienne.
VÉRONIQUE JACQUIER
Merci beaucoup Ségolène ROYAL.Source : Service d'information du Gouvernement, le 31 juillet 2014