Texte intégral
JOURNALISTE
Il est 07h46 sur Sud Radio. L'invité pour apprendre. Au lendemain des annonces du chef de l'Etat et de la rentrée du gouvernement, Christine, vous recevez ce matin le secrétaire d'Etat à la Simplification administrative, Thierry MANDON.
CHRISTINE BOUILLOT
Thierry MANDON, bonjour.
THIERRY MANDON
Bonjour.
CHRISTINE BOUILLOT
Merci d'être avec nous ce matin. Alors, dans un livre à paraitre la semaine prochaine, Cécile DUFLOT, ancienne ministre du Logement de Jean-Marc AYRAULT ne mâche pas ses mots et ses critiques contre François HOLLANDE et Manuel VALLS, elle écrit ceci : « A force d'avoir voulu être un président de gauche, il n'a su être le président de personne. Elle a tort, Cécile DUFLOT, de régler ses comptes ?
THIERRY MANDON
Oui, parce que ce livre va expliquer le contraire de ce qu'elle avait dit quand elle a quitté le gouvernement, qui, si je me rappelle ses propos, consistait à préciser qu'elle ne voulait pas travailler avec Manuel VALLS, que s'il avait fait un autre choix de Premier ministre elle serait restée bien volontiers dans le gouvernement. Donc à cette époque-là elle n'avait pas de récrimination à formuler contre le président de la République, il semblerait qu'avec l'été, cette elle ait oublié ce raisonnement.
CHRISTINE BOUILLOT
Ça ne fait rire personne dans les rangs du gouvernement, aujourd'hui, j'imagine.
THIERRY MANDON
Oh non, tout ça est très triste. Quand on a été ministre, quand on a été en charge d'un secteur très important, qui au passage connait de graves difficultés, on doit d'abord faire sa propre introspection, avant que de chercher à critiquer ceux qu'on veut rendre responsable de ses difficultés.
CHRISTINE BOUILLOT
En même temps, Manuel VALLS, aujourd'hui, dit tout le mal qu'il pense de la réforme du logement de Cécile DUFLOT.
THIERRY MANDON
Ecoutez, il faut être juste avec cette réforme qui avait des aspects positifs, il y avait dans certaines villes des dérapages de loyers qu'il fallait encadrer, il y avait des garanties dans l'entre pour ceux qui rentrent dans le logement qu'il fallait apporter, c'était l'objet de la loi, mais c'est vrai que dans sa présentation, et peut-être dans telle ou telle de ces dispositions, elle a pu dissuader certains investisseurs, et donc elle ne mérite pas un tonnerre de critiques, elle ne mérite pas non plus des salves d'applaudissements, il faut en faire le bilan lucide, et peut-être sur tel ou tel point, corriger le tir.
CHRISTINE BOUILLOT
Thierry MANDON, hier, le président du Secours populaire, qui emmenait des enfants à la plage, du côté de Ouistreham, a parlé du ras de marée de la misère, qui continue aujourd'hui en France, rappelons que Julien LAUPRETRE est président du Secours populaire depuis 50 ans. Est-ce que les annonces de François HOLLANDE, faites hier, vont changer les choses ?
THIERRY MANDON
Oui, enfin oui et non, ce n'est pas des baisses d'impôts ciblées sur les ménages les plus modestes, baisses qui sont indispensables, qui suffiront à endiguer la pauvreté qui se développe sur fond de chômage de masse. Mais une partie de ces annonces répond à ce problème-là. Le président a redit hier qu'il souhaitait concentrer sur les deux ans qui viennent, cet effort sur les catégories les plus modestes, les premières tranches de l'impôt sur le revenu, et c'est en effet là où les aberrations fiscales sont les plus grandes, puisque des hausses de revenus très faibles peuvent entrainer des hausses d'impôts très fortes. Je recevais hier par exemple un retraité dans une permanence, qui m'expliquait qu'il avait gagné 700 de plus de revenus l'année dernière, et que finalement, quand il faisait le compte des impôts supplémentaires qu'il payait du fait de cette petite hausse de sa pension, qui est de l'ordre de 14 000 , sur deux ans, c'était 1 439 c'est-à-dire sur deux ans, plus que l'augmentation de son revenu. Il y a des aberrations comme ça, c'est à ces aberrations que le président veut s'attaquer, et
CHRISTINE BOUILLOT
Mais c'est des aberrations, Thierry MANDON, pardonnez-moi, mais vous dites, depuis deux ans, c'est le résultat aussi de la politique qui est engagée, donc on détricote ce qui a été fait depuis deux ans ?
THIERRY MANDON
Non, c'est le résultat d'un système fiscal qui est absolument aberrant, qui a été construit au fil des années, et qui croise des cotisations, des effets de seuil, des gels, des dégels, des barèmes, enfin plus personne ne peut lire ce qui se passe sur l'impôt sur le revenu, plus personne ne peut lire l'article 100 de l'impôt sur le revenu et certains dispositifs sociaux et c'est cette réforme-là que le président veut engager, et je crois qu'il a vraiment raison socialement, économiquement et même en terme de justice fiscale.
CHRISTINE BOUILLOT
On veut comprendre, Thierry MANDON, François HOLLANDE nous dit qu'i n'est pas question de changer de cap, alors qu'aujourd'hui tous les voyants économiques ou presque sont dans le rouge, comment comprendre cette ligne politique choisie par le chef de l'Etat ? Il est droit dans ses bottes ? C'est ça ?
THIERRY MANDON
Non, et je pense qu'il a un cap de long terme, qui est, le problème en France, il y a deux problèmes économiques aujourd'hui, il y a un problème en France d'offre, c'est-à-dire de situation des entreprises qui perdent des marchés, en France et à l'étranger, parce que leur produits ne son pas de qualité suffisante pour certaines d'entre elles et parce que les couts du travail et les couts de la productivité est trop faible. Ça c'est le premier cas, donc je veux, dit-il, restaurer la compétitive de l'entreprise, et un deuxième aspect à sa politique de long terme, qui est de dire : il y a un problème de demande, mais c'est un problème de demande au niveau européen, de la zone euro. C'est au niveau de la zone euro qu'il faut relancer la demande, et au niveau national qu'il faut soutenir davantage les entreprises. Ça ne veut pas dire qu'il faut rien changer, d'ailleurs cette interview hier comprend des annonces importantes sur l'impôt sur le revenu des premières tranches, sur la relance du domaine du logement, sur la relance de l'apprentissage, donc il y aura des réformes, il y aura des ajustement à la politique, mais le cap de long terme, c'est de la demande plus forte en Europe, du soutien aux entreprises plus fort en France.
CHRISTINE BOUILLOT
Et justement, vous parlez de l'Europe, on entend beaucoup cette musique là du côté des membres du gouvernement, nous dire qu'il faut que ce soit en Europe que ça change, c'est aussi un peu la faute de l'Allemagne. Ce n'est pas trop facile aujourd'hui de porter donc la question et le débat sur ce terrain là ?
THIERRY MANDON
Le problème ce n'est pas cette réalité économique, enfin, on s'est unis entre pays pour faire une monnaie commune, on est réuni dans quelque chose qui s'appelle la zone euro, et la zone euro dans le monde aujourd'hui, développé, en tout cas dans le monde occidental, c'est le secteur géographique le plus léthargique en matière de croissance. Mais il y a donc un impératif économique et je dirais même politique, à relancer ce secteur. A quoi ça sert d'avoir une monnaie commune, qu'on partage, si dans cet espace là, c'est l'endroit, la croissance est égale à zéro, et c'est pas propre à la France, en Italie on est négatif, le dernier bimestre en Allemagne est négatif, enfin donc là il y a une aberration. Il ne s'agit pas de renvoyer sur d'autres notre responsabilité, il s'agit de s'interroger sur un pacte fondateur, nous avons créé un espace économique commun, une monnaie commune, pour qu'elle porte la croissance, pour qu'elle porte le développement et en fait c'est l'inverse qui se passe. Il y a donc un problème qu'il faut gérer.
CHRISTINE BOUILLOT
Alors, en même temps, ce n'est pas Angela MERKEL qui fait les politiques en France, aujourd'hui, pourquoi aujourd'hui se tourner vers elle et dire qu'il faut aujourd'hui travailler de concert et surtout revoir certaines choses au sein de l'Europe ? Peut être que
THIERRY MANDON
Non mais il ne s'agit évidemment pas de dire que c'est la faute aux Allemands et que c'est la faute à l'Europe. Nous avons, nous, chez nous, un travail de réformes à poursuivre, en matière de travail, d'ailleurs des réflexions sont en cours sur les professions réglementées, les notaires, les huissiers, qui ont des avantages un peu extraordinaires, sur l'ouverture des magasins dans certaines zones le dimanche, sur les relations sociales dans l'entreprise, un certain nombre d'obligations administratives qui tombent sur les entreprises quand elles grossissent. Bref, il y a des réformes dans le pays, mais il y a aussi, au niveau européen, un certain nombre de mesures qui doivent être prises conjointement. Ce n'est pas un face à face avec l'Allemagne, ce n'est pas le problème des Allemands contre le reste de l'Europe, c'est une Europe qui s'est fondée sur des principes de croissance et de développement et qui, aujourd'hui, est un lieu de non-croissance et d'appauvrissement. Ça, ça ne marche pas.
CHRISTINE BOUILLOT
Alors, on apprend aussi ce matin que l'université d'été du Parti socialiste à La Rochelle va faire le plein de militants, toutefois on ne sait pas, du côté du Parti socialiste, si c'est pour applaudir ou tout simplement soutenir les frondeurs. Il va y avoir de l'ambiance, Thierry MANDON ?
THIERRY MANDON
Ecoutez, ça ne peut pas être la foire d'empoigne La Rochelle, ça ne sera pas le gouvernement, la majorité qui vote ses textes, contre une poignée de frondeurs, ça ne peut pas être ça. Il y a des débats au sein du Parti socialiste, comme toujours depuis qu'il est créé, mais je ne doute pas une seconde que La Rochelle sera un moment de rassemblement, parce que, finalement, le diagnostic est partagé par tout le monde. Tous les élus savent que dans les secteurs, en France, partout en France, aujourd'hui, il y a plus d'entreprises qui ferment que d'entreprises qui se créent et qui se développent, tous le constatent, donc ils savent qu'il y a un problème de soutien aux entreprises et en même temps d'exigences de contreparties de ces entreprises aux efforts qu'elles reçoivent de la Nation, et tous savent aussi qu'on a un besoin de demande, de relancer la demande, et qui passe par une réorientation de la construction européenne. Donc après il peut y avoir des différences ponctuelles, mais moi je pense que ça sera un moment de rassemblement.
CHRISTINE BOUILLOT
Justement, Manuel VALLS qui ira d'abord à l'université d'été du MEDEF, ça choque certains à gauche, ça vous choque Thierry MANDON ?
THIERRY MANDON
Tout ça est infantile. Je rappelle que Manuel VALLS est Premier ministre et que ce n'est pas lui qui fait le calendrier de l'ordre des réunions. Il se trouve que le MEDEF l'invite à venir le premier, c'est le mercredi, et La Rochelle c'est le samedi, donc il prend les choses dans l'ordre dans lequel elles viennent. Qu'il aille voir le patronat français aujourd'hui c'est indispensable, qu'il dise au patronat français l'effort sans précédent que la Nation fait pour ses entreprises, 40 milliards donnés aux entreprises pour renforcer leur compétitivité, et qu'il exige du patronat que des contreparties véritables soient mises en place, que ces sommes ne servent pas à distribuer des dividendes, comme on le voit dans les très grandes entreprises françaises, mais à embaucher ou à investir, mais il est complètement dans son rôle, et je dirais même, d'une certaine manière, quand on est de gauche on doit le faire.
CHRISTINE BOUILLOT
Merci Thierry MANDON d'avoir été avec nous ce matin.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 22 août 2014
Il est 07h46 sur Sud Radio. L'invité pour apprendre. Au lendemain des annonces du chef de l'Etat et de la rentrée du gouvernement, Christine, vous recevez ce matin le secrétaire d'Etat à la Simplification administrative, Thierry MANDON.
CHRISTINE BOUILLOT
Thierry MANDON, bonjour.
THIERRY MANDON
Bonjour.
CHRISTINE BOUILLOT
Merci d'être avec nous ce matin. Alors, dans un livre à paraitre la semaine prochaine, Cécile DUFLOT, ancienne ministre du Logement de Jean-Marc AYRAULT ne mâche pas ses mots et ses critiques contre François HOLLANDE et Manuel VALLS, elle écrit ceci : « A force d'avoir voulu être un président de gauche, il n'a su être le président de personne. Elle a tort, Cécile DUFLOT, de régler ses comptes ?
THIERRY MANDON
Oui, parce que ce livre va expliquer le contraire de ce qu'elle avait dit quand elle a quitté le gouvernement, qui, si je me rappelle ses propos, consistait à préciser qu'elle ne voulait pas travailler avec Manuel VALLS, que s'il avait fait un autre choix de Premier ministre elle serait restée bien volontiers dans le gouvernement. Donc à cette époque-là elle n'avait pas de récrimination à formuler contre le président de la République, il semblerait qu'avec l'été, cette elle ait oublié ce raisonnement.
CHRISTINE BOUILLOT
Ça ne fait rire personne dans les rangs du gouvernement, aujourd'hui, j'imagine.
THIERRY MANDON
Oh non, tout ça est très triste. Quand on a été ministre, quand on a été en charge d'un secteur très important, qui au passage connait de graves difficultés, on doit d'abord faire sa propre introspection, avant que de chercher à critiquer ceux qu'on veut rendre responsable de ses difficultés.
CHRISTINE BOUILLOT
En même temps, Manuel VALLS, aujourd'hui, dit tout le mal qu'il pense de la réforme du logement de Cécile DUFLOT.
THIERRY MANDON
Ecoutez, il faut être juste avec cette réforme qui avait des aspects positifs, il y avait dans certaines villes des dérapages de loyers qu'il fallait encadrer, il y avait des garanties dans l'entre pour ceux qui rentrent dans le logement qu'il fallait apporter, c'était l'objet de la loi, mais c'est vrai que dans sa présentation, et peut-être dans telle ou telle de ces dispositions, elle a pu dissuader certains investisseurs, et donc elle ne mérite pas un tonnerre de critiques, elle ne mérite pas non plus des salves d'applaudissements, il faut en faire le bilan lucide, et peut-être sur tel ou tel point, corriger le tir.
CHRISTINE BOUILLOT
Thierry MANDON, hier, le président du Secours populaire, qui emmenait des enfants à la plage, du côté de Ouistreham, a parlé du ras de marée de la misère, qui continue aujourd'hui en France, rappelons que Julien LAUPRETRE est président du Secours populaire depuis 50 ans. Est-ce que les annonces de François HOLLANDE, faites hier, vont changer les choses ?
THIERRY MANDON
Oui, enfin oui et non, ce n'est pas des baisses d'impôts ciblées sur les ménages les plus modestes, baisses qui sont indispensables, qui suffiront à endiguer la pauvreté qui se développe sur fond de chômage de masse. Mais une partie de ces annonces répond à ce problème-là. Le président a redit hier qu'il souhaitait concentrer sur les deux ans qui viennent, cet effort sur les catégories les plus modestes, les premières tranches de l'impôt sur le revenu, et c'est en effet là où les aberrations fiscales sont les plus grandes, puisque des hausses de revenus très faibles peuvent entrainer des hausses d'impôts très fortes. Je recevais hier par exemple un retraité dans une permanence, qui m'expliquait qu'il avait gagné 700 de plus de revenus l'année dernière, et que finalement, quand il faisait le compte des impôts supplémentaires qu'il payait du fait de cette petite hausse de sa pension, qui est de l'ordre de 14 000 , sur deux ans, c'était 1 439 c'est-à-dire sur deux ans, plus que l'augmentation de son revenu. Il y a des aberrations comme ça, c'est à ces aberrations que le président veut s'attaquer, et
CHRISTINE BOUILLOT
Mais c'est des aberrations, Thierry MANDON, pardonnez-moi, mais vous dites, depuis deux ans, c'est le résultat aussi de la politique qui est engagée, donc on détricote ce qui a été fait depuis deux ans ?
THIERRY MANDON
Non, c'est le résultat d'un système fiscal qui est absolument aberrant, qui a été construit au fil des années, et qui croise des cotisations, des effets de seuil, des gels, des dégels, des barèmes, enfin plus personne ne peut lire ce qui se passe sur l'impôt sur le revenu, plus personne ne peut lire l'article 100 de l'impôt sur le revenu et certains dispositifs sociaux et c'est cette réforme-là que le président veut engager, et je crois qu'il a vraiment raison socialement, économiquement et même en terme de justice fiscale.
CHRISTINE BOUILLOT
On veut comprendre, Thierry MANDON, François HOLLANDE nous dit qu'i n'est pas question de changer de cap, alors qu'aujourd'hui tous les voyants économiques ou presque sont dans le rouge, comment comprendre cette ligne politique choisie par le chef de l'Etat ? Il est droit dans ses bottes ? C'est ça ?
THIERRY MANDON
Non, et je pense qu'il a un cap de long terme, qui est, le problème en France, il y a deux problèmes économiques aujourd'hui, il y a un problème en France d'offre, c'est-à-dire de situation des entreprises qui perdent des marchés, en France et à l'étranger, parce que leur produits ne son pas de qualité suffisante pour certaines d'entre elles et parce que les couts du travail et les couts de la productivité est trop faible. Ça c'est le premier cas, donc je veux, dit-il, restaurer la compétitive de l'entreprise, et un deuxième aspect à sa politique de long terme, qui est de dire : il y a un problème de demande, mais c'est un problème de demande au niveau européen, de la zone euro. C'est au niveau de la zone euro qu'il faut relancer la demande, et au niveau national qu'il faut soutenir davantage les entreprises. Ça ne veut pas dire qu'il faut rien changer, d'ailleurs cette interview hier comprend des annonces importantes sur l'impôt sur le revenu des premières tranches, sur la relance du domaine du logement, sur la relance de l'apprentissage, donc il y aura des réformes, il y aura des ajustement à la politique, mais le cap de long terme, c'est de la demande plus forte en Europe, du soutien aux entreprises plus fort en France.
CHRISTINE BOUILLOT
Et justement, vous parlez de l'Europe, on entend beaucoup cette musique là du côté des membres du gouvernement, nous dire qu'il faut que ce soit en Europe que ça change, c'est aussi un peu la faute de l'Allemagne. Ce n'est pas trop facile aujourd'hui de porter donc la question et le débat sur ce terrain là ?
THIERRY MANDON
Le problème ce n'est pas cette réalité économique, enfin, on s'est unis entre pays pour faire une monnaie commune, on est réuni dans quelque chose qui s'appelle la zone euro, et la zone euro dans le monde aujourd'hui, développé, en tout cas dans le monde occidental, c'est le secteur géographique le plus léthargique en matière de croissance. Mais il y a donc un impératif économique et je dirais même politique, à relancer ce secteur. A quoi ça sert d'avoir une monnaie commune, qu'on partage, si dans cet espace là, c'est l'endroit, la croissance est égale à zéro, et c'est pas propre à la France, en Italie on est négatif, le dernier bimestre en Allemagne est négatif, enfin donc là il y a une aberration. Il ne s'agit pas de renvoyer sur d'autres notre responsabilité, il s'agit de s'interroger sur un pacte fondateur, nous avons créé un espace économique commun, une monnaie commune, pour qu'elle porte la croissance, pour qu'elle porte le développement et en fait c'est l'inverse qui se passe. Il y a donc un problème qu'il faut gérer.
CHRISTINE BOUILLOT
Alors, en même temps, ce n'est pas Angela MERKEL qui fait les politiques en France, aujourd'hui, pourquoi aujourd'hui se tourner vers elle et dire qu'il faut aujourd'hui travailler de concert et surtout revoir certaines choses au sein de l'Europe ? Peut être que
THIERRY MANDON
Non mais il ne s'agit évidemment pas de dire que c'est la faute aux Allemands et que c'est la faute à l'Europe. Nous avons, nous, chez nous, un travail de réformes à poursuivre, en matière de travail, d'ailleurs des réflexions sont en cours sur les professions réglementées, les notaires, les huissiers, qui ont des avantages un peu extraordinaires, sur l'ouverture des magasins dans certaines zones le dimanche, sur les relations sociales dans l'entreprise, un certain nombre d'obligations administratives qui tombent sur les entreprises quand elles grossissent. Bref, il y a des réformes dans le pays, mais il y a aussi, au niveau européen, un certain nombre de mesures qui doivent être prises conjointement. Ce n'est pas un face à face avec l'Allemagne, ce n'est pas le problème des Allemands contre le reste de l'Europe, c'est une Europe qui s'est fondée sur des principes de croissance et de développement et qui, aujourd'hui, est un lieu de non-croissance et d'appauvrissement. Ça, ça ne marche pas.
CHRISTINE BOUILLOT
Alors, on apprend aussi ce matin que l'université d'été du Parti socialiste à La Rochelle va faire le plein de militants, toutefois on ne sait pas, du côté du Parti socialiste, si c'est pour applaudir ou tout simplement soutenir les frondeurs. Il va y avoir de l'ambiance, Thierry MANDON ?
THIERRY MANDON
Ecoutez, ça ne peut pas être la foire d'empoigne La Rochelle, ça ne sera pas le gouvernement, la majorité qui vote ses textes, contre une poignée de frondeurs, ça ne peut pas être ça. Il y a des débats au sein du Parti socialiste, comme toujours depuis qu'il est créé, mais je ne doute pas une seconde que La Rochelle sera un moment de rassemblement, parce que, finalement, le diagnostic est partagé par tout le monde. Tous les élus savent que dans les secteurs, en France, partout en France, aujourd'hui, il y a plus d'entreprises qui ferment que d'entreprises qui se créent et qui se développent, tous le constatent, donc ils savent qu'il y a un problème de soutien aux entreprises et en même temps d'exigences de contreparties de ces entreprises aux efforts qu'elles reçoivent de la Nation, et tous savent aussi qu'on a un besoin de demande, de relancer la demande, et qui passe par une réorientation de la construction européenne. Donc après il peut y avoir des différences ponctuelles, mais moi je pense que ça sera un moment de rassemblement.
CHRISTINE BOUILLOT
Justement, Manuel VALLS qui ira d'abord à l'université d'été du MEDEF, ça choque certains à gauche, ça vous choque Thierry MANDON ?
THIERRY MANDON
Tout ça est infantile. Je rappelle que Manuel VALLS est Premier ministre et que ce n'est pas lui qui fait le calendrier de l'ordre des réunions. Il se trouve que le MEDEF l'invite à venir le premier, c'est le mercredi, et La Rochelle c'est le samedi, donc il prend les choses dans l'ordre dans lequel elles viennent. Qu'il aille voir le patronat français aujourd'hui c'est indispensable, qu'il dise au patronat français l'effort sans précédent que la Nation fait pour ses entreprises, 40 milliards donnés aux entreprises pour renforcer leur compétitivité, et qu'il exige du patronat que des contreparties véritables soient mises en place, que ces sommes ne servent pas à distribuer des dividendes, comme on le voit dans les très grandes entreprises françaises, mais à embaucher ou à investir, mais il est complètement dans son rôle, et je dirais même, d'une certaine manière, quand on est de gauche on doit le faire.
CHRISTINE BOUILLOT
Merci Thierry MANDON d'avoir été avec nous ce matin.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 22 août 2014