Texte intégral
M. JUPPE.- Chers amis normands, merci de nous accueillir avec autant de gentillesse et d'enthousiasme, et je dois vous dire que cet après-midi passé parmi
vous, en compagnie de Gilles de Robien, a été pour nous une après-midi chaleureuse, sympathique et amicale. J'ai été heureux de pouvoir apporter mon soutien
dans sa circonscription, à Trouville, à Nicole Ameline dont je connais la présence, l'efficacité et la loyauté. J'ai fait de même, dans sa circonscription de
Caen, à Brigitte Lebreton qui se bat avec courage et avec la volonté de gagner, et au coeur de Caen même, à Francis Saint-Ellier qui a également toute son
équipe en ordre de bataille.
Merci, monsieur le sénateur-maire de nous avoir accueillis dans votre bonne ville. Je vous cherche. Voilà, vous êtes là. Merci de vos paroles de bienvenue.
Je voudrais également remercier de leur présence le Président de votre Conseil Général, Anne d'Ornano, qui nous a accompagnés tout au long de cet après-midi,
le Président de votre Conseil Régional, René Garrec, qui nous a également rejoints.
J'en profite pour saluer au passage le Président de la Région voisine, Antoine Ruffenac, qui est monté sur la tribune, et, bien sûr, tous les candidats, tous
les députés sortants de ce département : André Fanton, ici présent, et François Darcourt qui est également présent sur cette tribune.
Salut aussi aux députés ou aux candidats venus d'autres départements il y en a un certain nombre d'entre nous, autour de nous aux sénateurs dont je vois
plusieurs présents au premier rang de cette assemblée.
Et puis, enfin, merci aux deux personnalités qui se sont exprimées avant moi. A celui qui, pendant ces deux années passées ensemble au Gouvernement, a tenu
l'un des Ministères les plus difficiles de la République, c'est celui où on n'a pas le droit d'être distrait cinq minutes, jour et nuit, le Ministère de
l'Intérieur, Jean-Louis Debré, y a fait en matière de sécurité un travail tout à fait exceptionnel, que je tiens à saluer.
Merci, enfin, au Président du Groupe UDF à l'Assemblée nationale, mon ami Gilles de Robien, avec qui nous avons fait campagne cet après-midi ensemble. Quand
on a une grande Majorité, quand on a un grand Groupe parlementaire et qu'on est Président de ce Groupe parlementaire, il faut beaucoup de talent, beaucoup de
patience, beaucoup de diplomatie, pour maintenir tout le monde en bonne cohérence et en bonne cohésion derrière le Gouvernement: Et Gilles, grâce aux
contacts fréquents, presque quotidiens, que nous avons pendant les sessions parlementaires, l'a fait là encore avec une efficacité et une loyauté exemplaires
dont je tiens, ici, publiquement devant vous à le remercier.
Dans un peu moins de quatre semaines, le moment du choix sera venu. Ce choix est important. Il est important, comme l'ont dit les orateurs qui m'ont précédé,
pour l'avenir de la France et pour la vie quotidienne des Françaises et des Français. Et on voit maintenant en quels termes il se pose, les choses se sont
clarifiées. C'est la vertu, comme cela a été dit, des campagnes électorales.
Ou bien, demain, les électrices et les électeurs de France reconduiront la Majorité RPR et UDF et nous appliquerons la politique que nous avons présentée ce
matin même je vais y revenir ou bien alors ils éliront une Majorité Parti Socialiste plus Parti Communiste, avec désormais puisqu'ils ont fait cela cet
après-midi une déclaration commune qui devrait leur servir, j'imagine, de programme de Gouvernement.
Je n'ai pas encore eu le temps de la lire dans tous ses détails, mais je m'en suis fait lire au téléphone les bonnes feuilles, comme on dit. Je vais vous
faire une confidence : "je n'ai pas trouvé cela très bon", c'est une litote. Il paraît qu'il faut être gentil en campagne, je suis gentil ! Soyons quand même
un petit peu plus sérieux.
J'ai trouvé cela, d'abord, assez démagogique parce qu'il y a beaucoup de promesses de dépenses supplémentaires. Or, vous le savez bien, qui dit "dépenses",
dit "impôts", il n'y a pas de miracle ! On ne sort pas l'argent de son chapeau. Impôts tout de suite ou impôts demain, parce que le déficit, cela se
rembourse un jour ou l'autre, c'est de la dette et c'est donc des impôts.
Je l'ai trouvée, ensuite, cette déclaration commune, bien passéiste sur un sujet pourtant essentiel. On nous annonce si ce que l'on a lu est tout à fait
exact qu'en cas de victoire du PS et du PC, on renationaliserait FRANCE TELECOM, AIR FRANCE et quelques autres entreprises publiques, "et vraiment, comme
l'a dit Gilles de Robien, quelle obstination !". Combien de Crédit Lyonnais supplémentaires est-ce que cela nous prépare pour l'avenir ?
Et comment peut-on être je crois le dire sans exagération les seuls au Monde, je parle des pays développés, bien sûr, des pays industriels, les seuls au
monde à renationaliser le secteur des Télécommunications ? même les Travaillistes britanniques ne se proposent pas de faire cela. Comment peut-on imaginer
que notre Compagnie aérienne se batte à armes égales sur la scène mondiale et ne disparaisse pas si on la renationalise ? Je suis stupéfait ! Je ne vous le
cache pas.
Ce programme, il est également très dirigiste sur le temps de travail. J'ai lu récemment, je ne sais où, que nous aurions copié le projet PS-PC sur certains
points et notamment sur la réduction du temps de travail. Je dis tout de suite que Gilles de Robien ne s'en va pas parce que j'ai dit quelque chose qui lui
aurait déplu, il va sur une radio pour enregistrer un programme et il nous rejoint tout à l'heure. Je disais donc : dirigiste sur le temps de travail. On
nous disait, oui, je reprends le fil de mes idées, que sur certains points, nous aurions copié le PS ou le PC. D'abord, je ne vois pas comment nous aurions
pu le copier puisque notre projet est sorti avant le leur. Enfin, ça c'est juste une petite précision, mais surtout il y a une différence fondamentale dans
leur approche de la réduction du temps de travail et la nôtre : leur approche, elle, est dirigiste, c'est 35 heures pour tout le monde, par la loi,
obligatoires, et on sait ce que cela donne ! On l'a fait, enfin, ils l'ont fait en 1981, cela donne du chômage supplémentaire. Alors que notre approche à
nous est beaucoup plus pragmatique, elle consiste à faire confiance à la discussion dans l'entreprise et, de ce point de vue, la loi de Robien a été tout à
fait exemplaire.
Ce programme, il est verbeux sur l'Europe. Et comment faire autrement pour concilier, entre le PS et le PC, des points de vue tout à fait contradictoires. Et
il est enfin laxiste sur un point capital qu'a développé tout à l'heure devant vous, Jean-Louis Debré, c'est-à-dire sur le contrôle de l'immigration illégale
et du travail clandestin. Là, au moins, on sait ce qui va se passer ! Exactement ce qui s'est passé entre 1988 et 1993, lors de la dernière législature
socialiste, ils avaient à l'époque abrogé la loi Pasqua-Pandraud. Dans les années qui ont suivi, cela a été frontières ouvertes et absence totale de
contrôle. S'ils gagnaient demain, ils abrogeraient les lois Pasqua-Debré, et les mêmes causes produiraient les mêmes effets.
Démagogique, passéiste, verbeux, dirigiste, laxiste, je crois que cette déclaration commune n'est pas bonne et que son éventuelle application ne vaudrait à
la France que des désagréments.
Mais revenons à l'essentiel, c'est-à-dire au RPR et à l'UDF. Tout à l'heure, plusieurs orateurs, et notamment Jean-Marie Girault, revenaient sur le pourquoi
de cette dissolution. Certains se sont demandé, en effet, pourquoi le Président de la République avait décidé d'anticiper les élections ? Après tout, en
1995, il avait fixé le cap, il avait proposé la direction à suivre, et je vous rappelle quelle était cette direction. Libérer les forces vives de notre pays,
permettre à l'initiative, à l'entreprise, à l'esprit de conquête de s'exprimer pour créer des emplois et, dans le même temps, parce que l'un ne va pas sans
l'autre, réduire la fracture sociale, renforcer la cohésion nationale.
Et cet objectif, il est toujours le sien, parce qu'on ne change pas d'avis tous les 3 ou 4 ans. Un pays, c'est comme un grand navire, il ne change pas de
direction brutalement. Sur cette direction-là, nous avons entre 1995 et 1997, et déjà depuis 1993, franchi une première étape.
Cette première étape n'a pas apporté, je le sais, que des satisfactions. Elle a demandé des efforts, parfois des sacrifices. Les Français les ont consentis
avec beaucoup de courage et de bon sens, finalement. Mais pourquoi ? On ne s'interroge jamais sur le pourquoi de ce redressement, ou de la nécessité de ce
redressement. Je confesse que si nous avons été peut-être un peu insuffisants sur un point, c'est parce que nous n'avons pas suffisamment rappelé dans quel
état était la France en 1993, à la fin de la précédente législature socialiste.
Je ne vous redonnerai pas les chiffres du déficit. Je ne vous donnerai pas la situation sociale, la situation morale, la situation politique dans laquelle se
trouvait notre pays. La seule façon de se convaincre qu'ils avaient bien échoué, c'est de se rappeler quelle a été leur déroute électorale en 1993. Ce n'est
pas par hasard ! C'est bien parce que la France était vraiment en situation de fiasco au terme de cette législature.
Alors, évidemment, quand on hérite d'une telle situation, cela demande un peu de temps avant de redresser la situation. Il n'y a pas de recette-miracle, il
n'y a pas de baguette magique dans la gestion d'un pays, il faut de la suite dans les idées, de la continuité, de la persévérance et du courage. Mais,
maintenant, des progrès ont été faits et ce redressement, je le crois, est aujourd'hui acquis.
Dans le domaine de la sécurité, les choses vont mieux. Dans le domaine du contrôle de l'immigration illégale et du travail clandestin, les choses vont mieux.
Il y a aussi une réforme dont, tout à l'heure, sur la base d'une enquête qu'il m'a montrée, Gilles de Robien disait cela m'a un peu surpris, je vous
l'avoue, parce que ce n'est pas ce que je lis d'habitude que "près de 65 % des Français l'approuvaient", et qui pourtant, effectivement, a été très
bénéfique, je veux parler de la réforme de l'assurance-maladie.
Certains ont voulu faire croire que cette réforme ne poursuivait que des objectifs purement comptables et qu'elle avait été élaborée au mépris des principes
de la médecine libérale.
Je voudrais maintenant m'adresser aux médecins, aux médecins de France, dont je sais que certains se posent des questions aujourd'hui. Ce sont des hommes et
des femmes que nous respectons tous, que nous admirons tous parce qu'ils ont de lourdes responsabilités, de longues études difficiles derrière eux, un métier
en permanence exigeant, mais je voudrais leur demander de réfléchir avec nous, ce soir, avant de se laisser dévoyer par tel ou tel mot d'ordre.
On a leur a dit, disais-je, que cette réforme poursuivait des objectifs purement comptables, ce n'est pas vrai ! Cette réforme, nous l'avons, au contraire,
construite pour sauver notre médecine à la française et garantir à tous nos concitoyens des soins de qualité. Rappelons-nous là encore quelle était la
situation dont nous avons hérité en 1993-1994 ? Notre système de santé courait à sa perte, avec des dépenses qui augmentaient de plus de 5 % par an, et donc
des déficits qu'il fallait bien combler.
Pouvions-nous encore demander à nos entreprises ou aux assurés sociaux un accroissement de leurs cotisations sociales, alors que les dépenses de santé par
habitant sont, en France, très supérieures à celles de l'Allemagne, par exemple, près de 50 % supérieures à celles du Royaume-Uni ? Pouvions-nous, comme on
l'a fait dans le passé à de nombreuses reprises, baisser encore le taux de remboursement alors que les Français sont, parmi les assurés sociaux, les moins
bien remboursés d'Europe ? C'était la situation en 1993, je m'empresse de le préciser.
Nous avons pensé que nous ne pouvions pas faire cela et que c'était donc vers un changement radical du système que nous nous dirigions si rien n'était fait :
soit une médecine étatisée dans laquelle le malade ne choisit plus son médecin, il a une adresse un peu obligatoire, cela existe dans certains pays, soit une
médecine totalement privatisée, cela existe aussi dans d'autres pays où le droit à la santé dépend des revenus de l'assuré social et où les médecins sont
tributaires des compagnies d'assurances qui assurent leurs clients.
Nous avons refusé cette alternative, médecine étatisée-médecine privatisée. Nous avons fait le choix d'entreprendre tout ce qui était en notre pouvoir pour
sauver la médecine libérale à la française.
Et nous l'avons fait dans le respect de ces principes :
- Liberté d'installation :
La liberté d'installation des jeunes médecins je le dis aux internes est maintenue totalement.
- Liberté du choix du médecin par le malade, elle est maintenue totalement.
- Refus des quotas individuels d'activité ou de prescriptions.
Et ce que l'on vous dit sur ce point n'est pas vrai, les médecins n'ont pas des quotas d'actes de prescriptions qu'ils ne peuvent pas dépasser. Nous l'avons
fait en privilégiant le développement des instruments de la maîtrise médicalisée des dépenses. Cela veut dire quoi ? Cela veut dire qu'on juge la manière
dont les choses se passent en matière de dépenses, en fonction, non pas de chiffres, mais en fonction de références médicales. Définir un accord avec les
médecins eux-mêmes, cela porte un nom, cela s'appelle "les références médicales opposables". Nous avons fait tout cela en faisant confiance au sens des
responsabilités des médecins.
Et cette réforme, je le dis, elle est en train de réussir, même si elle n'est pas encore complètement mise en oeuvre.
Nous nous étions fixés, en 1996, un objectif de dépenses beaucoup plus sérieux que les années d'avant. Je vous disais qu'avant, c'était 5 - 6 % chaque année.
Nous avions dit, en 1996, 2 %. Eh bien, nous y sommes arrivés. Nous y sommes arrivés sans dérembourser personne, sans rationner les soins, sans demander de
remboursement aux médecins, tout simplement en faisant appel au sens des responsabilités des uns et des autres. Et nous avons ainsi remis l'assurance-maladie
sur le chemin de l'équilibre.
On dit, ici ou là, que nous n'avons pas réduit les déficits. Le déficit de l'assurance-maladie je parle bien de l'assurance-maladie seule, celle que nous
avons réformée sera de l'ordre de 15 milliards en 1997, c'est-à-dire qu'en deux ans, en moins de deux ans puisque j'ai annoncé ma réforme en novembre 1995,
il aura été diminué par deux. Et je le répète : cela, sans baisse des taux de remboursement et sans rationnement des soins.
Cette remise sur pied de notre médecine à la française, c'est aux médecins qu'elle va d'abord profiter. En effet, grâce à la maîtrise des dépenses qui se
poursuit en 1997, nous maintiendrons les objectifs fixés par le Parlement et nous pourrons, comme c'est la logique de la réforme, revaloriser alors les
honoraires des médecins.
Voilà la vérité sur cette réforme. Je voulais vous en parler un peu plus longuement parce que je sais qu'elle donne lieu, pendant cette campagne, à beaucoup
de débordements, à beaucoup de contre-vérités.
Ce qui m'a vraiment conforté dans ce que m'a dit tout à l'heure Gilles de Robien, c'est de voir qu'au total, si j'en crois cette étude d'opinion, plus des
deux-tiers des Français considèrent qu'il fallait la faire, et que c'est la meilleure manière de sauvegarder notre assurance-maladie pour demain.
Voilà ce qui est aujourd'hui acquis, au prix des efforts de tous, grâce au sens des responsabilités de tous. Et il nous faut maintenant passer à une deuxième
étape de notre action, et c'est ce que Jacques Chirac a bien compris.
Pourquoi la dissolution ? nous demande-t-on ici ou là. S'il n'y avait pas eu dissolution, si nous en restions au calendrier initialement prévu, comme l'a dit
Gilles de Robien, je crois, tout à l'heure, vous voyez bien que nous étions déjà entrés dans une période de onze mois d'attentisme pré-électoral. Or, la
France ne peut pas attendre. Son économie, ses entreprises, ses emplois avaient besoin immédiatement d'un coup d'accélérateur pour amplifier la reprise qui
est en train de se produire, car la reprise se produit.
Il y a un phénomène ... Je vais vous faire une petite confidence, j'ai déjeuné à midi avec un visiteur étranger en France qui était un des héritiers
possibles du roi d'Arabie Saoudite, le prince Salman, on parlait des médias. Il me disait : "les bonnes nouvelles, je ne les entends jamais à la radio ou à
la télévision, en Arabie Saoudite", je lui ai dit : "ce n'est pas comme cela en France. On les a tout de suite les bonnes nouvelles ! ". Il y en a une que
l'on a entendue, par exemple, mais dont on n'a pas fait beaucoup de gorge chaude : en février, on vient de découvrir que la production industrielle en France
a connu un boum tout à fait inattendu, que personne n'avait vu. Janvier n'avait pas été excellent, février a été excellent.
Je ne fais pas "cocorico", je ne dis pas que tout va bien. C'est encore trop indécis, c'est encore variable d'un mois sur l'autre, mais il y a beaucoup de
signes qui montrent que cela repart, et c'est la raison pour laquelle il faut accélérer maintenant.
La deuxième raison de cette dissolution, c'est que nous avons sur l'agenda international, dans les mois qui viennent, de très grands rendez-vous européens.
En juin, un Conseil européen des chefs d'Etat et de gouvernement qui va décider de la réforme des Institutions de l'Europe pour les rendre plus démocratiques
et mieux contrôlées. Cela s'appelle la Conférence inter-gouvernementale.
En juillet, un Sommet de l'Alliance atlantique à Madrid où on va décider de l'avenir de la sécurité européenne, de ses relations avec la Russie, avec les
pays de l'Europe centrale et orientale.
A la fin de cette année et au début de l'année prochaine, des Conseils européens aussi, pour passer à la troisième phase de l'Union économique et monétaire,
c'est à-dire à la monnaie unique. Et puis, après, l'élargissement de l'Europe.
Et vous sentez bien que, pour que la France soit forte dans ses négociations, pour qu'elle défende bien ses intérêts, il est extrêmement utile que le
Président de la République puisse se présenter avec un gouvernement qui aura été relégitimé par une élection législative.
Voilà la raison pour laquelle, malgré les critiques que l'on entend ici ou là de ceux qui ont un peu peur du suffrage populaire, cette idée de la dissolution
est un bon service que Jacques Chirac a rendu à la France et aux Français.
Alors maintenant, lorsque nous aurons gagné, si nous gagnons ! parce que oui, oui, applaudissez, mais soyez, malgré tout, décidés à vous battre parce que
ce n'est pas gagné d'avance. Jamais, dans aucune élection, même si les sondages peuvent vous faire croire qu'on a X sièges d'avance, ce n'est pas gagné
d'avance !
Si nous gagnons ce que je crois malgré tout et ce pourquoi je me bats comme vous il faudra tout de suite, après cette élection, redémarrer très fort,
avec cette perspective de 5 ans qui sera devant nous.
Je disais dimanche soir, à la télévision, qu'il faudrait d'abord un programme pour les 40 premiers jours. Quarante, parce que c'est le mois de juin et puis
les 15 premiers jours de juillet où il est probable que l'Assemblée nationale devra continuer à travailler. Et nous avons sur ce que nous ferons, nous, la
Majorité RPR-UDF, à ce moment-là, des idées précises, il faudra d'abord que nous nous engagions clairement et ce sera au Parlement d'en débattre de manière
approfondie sur la manière dont les dépenses et les recettes de l'Etat évolueront dans les cinq prochaines années.
Et je voudrais là-dessus, sans entrer dans les chiffres parce que l'on me dit : "quels pourcentages ? quels chiffres ? quels montants ?", ça c'est le
Parlement qui en débattra dans le détail, ce qui compte aujourd'hui, c'est la ligne stratégique : de quoi la France a-t-elle vraiment besoin aujourd'hui ?
Là encore, on voit bien le choix : d'un côté, on vous dit : "il faut augmenter les dépenses publiques pour relancer l'économie", eh bien, moi, je vous dis
que, si on augmente les dépenses publiques dans notre pays, on augmentera les déficits et donc, inévitablement, les impôts et donc on asphyxiera encore un
petit plus les entreprises. La seule vraie stratégie qui puisse réussir, c'est de maîtriser les dépenses.
On me dit que c'est de la rigueur, mais maîtriser les dépenses, éviter que les dépenses ne dérapent d'une année sur l'autre de X pour cent, ce n'est pas de
la rigueur, c'est tout simplement de la sagesse, c'est de la bonne gestion. Il ne faut pas gaspiller l'argent public.
Tout simplement, quand vous regardez les chiffres, vous voyez que, dans tous les pays développés, il y a une corrélation étroite entre le taux de chômage et
le montant des dépenses publiques. Je veux dire, par là, que plus l'Etat dépense dans un pays et plus il y a de chômage. Et cela se comprend, parce que plus
l'Etat dépense, plus il y a d'impôts. Plus il y a d'impôts, moins il y a de liberté d'entreprendre et d'initiative. Et moins il y a de liberté d'entreprendre
et d'initiative et moins il y a de création d'emplois.
Voilà ce dont il faut aujourd'hui se pénétrer. Ce n'est pas de la grande économie, je ne suis pas un spécialiste, je ne suis pas un docteur en libéralisme ou
en je ne sais trop quoi... j'essaie simplement de comprendre ce qui se passe et d'écouter les Français.
Tout au long de cet après-midi, nous avons entendu des chefs d'entreprise, des commerçants, des chefs de PME ou même des salariés qui nous disent : "on ne
peut pas continuer comme cela parce qu'on est asphyxiés par les charges". Ils nous ont dit : "c'est vrai que vous avez commencé à les baisser un petit peu,
mais il faut aller beaucoup plus loin".
Voilà donc la première décision : se fixer le cadre d'évolution des dépenses. ne pas dépenser plus d'année en année. En tout cas, ne pas laisser augmenter
les dépenses plus vite que la hausse des prix et, avec la marge que cela procurera parce que la croissance est au rendez-vous, baisser les impôts et baisser
les déficits.
Voilà notre premier objectif. Et je crois qu'il est vital pour la France et pour relancer la création d'emplois.
Notre deuxième action, dans ces 40 jours, ce sera aussi de relancer une grande ambition de cohésion sociale dans notre pays. Je ne vais pas y revenir, je le
disais aussi l'autre jour aussi à la télévision. Nous avons fait une loi en matière de cohésion sociale, il a fallu un an et demi pour la faire, parce qu'on
a beaucoup, beaucoup discuté, dialogué, concerté avec le Conseil Economique et Social, avec les associations, avec tous ceux qui s'occupent de la misère en
France.
Et nous avons bâti ce texte qui est un grand texte, qui comporte beaucoup d'innovations dans le domaine de la santé, dans le domaine du logement, dans le
domaine des droits civiques pour les exclus. Quand nous l'avons présenté, évidemment comme toujours, on nous a dit : "Ce n'est pas cela qu'il fallait faire,
il n'y a pas assez d'argent, cela ne sert à rien". Nous avons commencé la discussion à l'Assemblée nationale, le Parti Socialiste et le Parti Communiste se
sont lancés dans un travail d'obstruction systématique. Les députés qui sont là le savent, des heures et des heures de discussion, des centaines et des
centaines d'amendements pour retarder la discussion de texte. Et puis il y a eu la dissolution. Et alors là, il y a quand même dans la vie politique, parfois
de bons moments, j'ai eu un bon moment quand j'ai entendu les mêmes accuser le Gouvernement de ne pas attacher d'importance à la cohésion sociale parce que
la dissolution interrompait la discussion de ce texte. On croit rêver !
Oui, ce texte est bon. Oui, ce texte est un grand texte. Oui, il faudra immédiatement le remettre à l'ordre du jour de l'Assemblée nationale pour concrétiser
notre volonté de lutter contre la fracture sociale et prendre avec, d'autres initiatives. Je pense notamment, dans ce domaine, à un sujet qui nous tient
tous, j'en suis sûr, beaucoup à coeur, qui est la protection de l'enfance maltraitée. On ne peut pas continuer à voir des choses aussi horribles que celles
qui s'accumulent sur nos écrans de télévision. Le texte que nous avons préparé en ce sens, qui a été élaboré par Jacques Toubon, devra être, là aussi, à la
future Assemblée nationale, et tout le programme qui va avec, pour prévenir, et pour essayer de guérir quand on peut guérir.
J'ai annoncé aussi de fortes initiatives sur le temps de travail, j'en ai parlé tout à l'heure, sur l'assurance-maladie universelle, sur l'agriculture.
Un mot sur l'agriculture, je serai ce soir à la Fédération Nationale de la Viande Bovine, vous voyez, à Paris pour décorer son Président. J'aurai l'occasion
de m'exprimer là aussi sur une réforme fondamentale que nous avons préparée, et que nous pourrons soumettre à la prochaine Assemblée nationale, c'est une
nouvelle loi d'orientation agricole.
Dans les années 60, quand le Général de Gaulle et Michel Debré sont venus au pouvoir, ils ont tracé les perspectives de l'agriculture française pour 25 ans
et nous vivons encore sur ces bases-là. Et bien, nous nous proposons de tracer les perspectives de l'agriculture française pour les 15 ans qui viennent. Ceci
a été aussi négocié avec nos paysans et, eux, ils savent bien, parce qu'ils ont la sagesse, par définition, au bout de leurs semelles, ils savent bien quel
est l'enjeu de ces élections. Ils savent bien quelle serait la situation faite à l'agriculture française si le PS et le PC revenaient au pouvoir et ce qu'ils
pourront faire avec nous, parce qu'ils ont confiance en nous.
Au-delà de ces 40 jours, il y aura les 6 mois qui suivront jusqu'à la fin de l'année 1997. Et, là encore, il faudra, pour donner ce nouvel élan dont Jacques
Chirac a parlé, ouvrir de nombreux nouveaux chantiers :
- d'abord : je l'ai évoqué déjà, celui du statut de la toute petite entreprise en France. Les entreprises dans notre pays qui comptent un, deux, trois,
quatre, cinq salariés, il y en a des centaines de milliers, et cela représente des millions de salariés, on les traite aujourd'hui exactement comme E.D.F.,
comme Péchiney ou comme la Générale des Eaux, qui ont des dizaines de milliers de salariés. Ce n'est pas raisonnable. Il faudra donc que nous imaginions, en
concertation avec les partenaires sociaux, un cadre juridique, administratif, fiscal, social, qui tienne compte de la spécificité de la toute petite
entreprise et qui lui permette de se développer.
- deuxième grand chantier : la décentralisation. Il faut que l'Etat et l'Administration soient proches des Français. Il faut moins d'administration en haut
et plus de services publics locaux sur le terrain.
Et ceci nécessitera de grandes réformes dont nous avons esquissé les orientations :
* une réforme de la Justice pour qu'elle soit à la fois plus indépendante et plus rapide ;
* une réforme des relations du travail, nous en parlerons le 1er mai lors d'une grande rencontre à laquelle participeront Edouard Balladur et François
Bayrou.
- autre grand chantier de ces 6 mois de l'année 1997 qui resteront à couvrir devant nous, c'est ce que j'appellerais devant vous : l'école de la deuxième
chance.
Nous avons beaucoup travaillé depuis quelques années sur l'école en France. Sur la maternelle qui je ne sais pas si vous en avez bien conscience est un
exemple mondial. Il n'y a pas un seul pays au Monde qui ait un système d'école maternelle comme la France, grâce à nos institutrices et à nos instituteurs.
Nous avons beaucoup travaillé aussi sur les écoles primaires, sur les collèges, sur les lycées, sur l'enseignement supérieur. Les bases d'une grande réforme
ont été jetées. Il nous faut maintenant nous intéresser davantage à ce que j'appelle l'école de la deuxième chance, c'est-à-dire qu'est-ce qui se passe pour
celui qui n'a pas réussi dans sa formation initiale et qui a envie de se recycler, de se perfectionner. Il faut que nous bâtissions cette école de la
deuxième chance.
Cela veut dire quoi ? Cela veut dire une réforme en profondeur de la formation professionnelle continue dans laquelle on met des milliards aujourd'hui, et
cela ne marche pas très bien, il faut donc la rénover. Cela veut dire aussi un programme de lutte contre l'illettrisme qui reste une plaie de la Société
française. Cela veut dire, en troisième lieu, la mise en réseau, si je puis dire, d'une sorte d'université populaire d'université pour tous.
Songez que le Président de la République en a parlé à la télévision dans nos collèges, le soir à 4 heures et demie ou à cinq heures, on ferme la porte,
il ne se passe plus rien. Voilà des locaux qui pourraient être disponibles s'ils étaient équipés en ordinateurs et reliés à tous les réseaux qui permettent
de transmettre des messages où nous pourrions accueillir une véritable université populaire, avec des hommes et des femmes qui viendraient se former dans le
cours de leur carrière. Eh bien, c'est un enjeu, ce sera cette école de la deuxième chance qu'il nous faut bâtir.
Et j'ai vu fonctionner cela parce que cela existe, ce ne sont pas des idées fumeuses. Lorsque j'ai tenu le CIADT d'Auch dans le Gers, j'ai été voir dans un
collège de la ville d'Auch, comment la Région Midi-Pyrénées avait mis cela en place. Il y a d'autres régions qui l'ont fait. Eh bien, il faut le généraliser
et lui donner vraiment toute cette ampleur.
Voilà quelques-unes des idées, qui sont plus que des idées, vous voyez, ce sont des projets, ce sont des projets concrets, ce sont des projets pratiques, ce
sont des projets étudiés, prêts à démarrer, que nous lancerons dans les 40 jours, puis dans les six mois.
Je dis bien des projets concrets et bien étudiés. Je l'ai dit à là télévision, je le redis ici : Parfois, les socialistes ont essayé de nous emprunter
quelques-unes de nos idées. Une des réformes que nous avons faite a consisté à transférer, pour réformer le financement de la Sécurité sociale, de
l'assurance-maladie, des cotisations d'assurance-maladie sur la CSG. Pourquoi ? Parce que les cotisations d'assurance-maladie, cela ne pèse que sur le
salaire. Et donc l'assurance-maladie était financée exclusivement par les salariés. Nous avons pensé que ce n'était pas juste et qu'il fallait que d'autres
catégories de revenus participent au financement de la Sécurité sociale, notamment les placements, d'où le transfert qui, au total, a laissé au salarié sur
sa feuille de paie un bénéfice de l'ordre de 0,45 % au 1er janvier dernier.
Alors, les socialistes ont dit : "Tiens, après tout, ce n'est pas idiot, on va faire plus vite et mieux", dixit leur leader. Ils ont dit : "on va faire 8 %
de CSG. Puis, on va changer un peu cela. Nous, nous en avions exonéré les titulaires de minima sociaux, les RMIstes, les titulaires de l'allocation
solidarité et puis les retraités non imposables". Alors, ils ont dit : "on ne va pas faire cela, on va faire autrement, on va mettre une franchise sur les
2.000 premiers francs." Donc, sur les 2.000 premiers francs, on ne paiera pas cette CSG qu'on va porter à 8 %. S'ils avaient un peu étudié la question, ils
se rendraient compte de l'énormité qu'ils sont en train de faire.
D'abord, cela va coûter très cher parce que cela s'applique à tout le monde, y compris aux gens qui ont 10, 15, 30, 40.000 francs de revenus, les 2.000
premiers francs sont exonérés. Donc, cela profite aussi aux riches, pour parler comme eux. Et pour les pauvres, pour ceux qui ont des petits revenus, prenez
l'exemple d'une personne qui a le minimum vieillesse, 3.200 francs par mois, il va y avoir un abattement sur les 2.000 francs, mais sur le reste on va payer.
Alors qu'aujourd'hui ces personnes-là ne paient ni de cotisations d'assurance-maladie ni de CSG, on va leur demander 110 francs par mois. Quand on a 3.200
francs par mois pour vivre et qu'on vous prend 110 francs par mois, cela fait beaucoup.
Comme, aujourd'hui, je suis dans un bon jour, je ne soupçonnerai pas les socialistes d'avoir de mauvaises intentions vis-à-vis des plus faibles, je dis
simplement qu'ils n'ont pas étudié leur truc, que ce n'est pas prêt et que c'est un peu dangereux de confier le gouvernement de la France à un parti
politique et à son allié qui a aussi peu étudié son programme et son projet.
Voilà, mes chers amis normands, ce que je voulais vous dire.
Ce soir, je n'ai pas fait de petites phrases, ce n'est pas que je n'aime pas ça, mon naturel m'y porte, parfois trop, mais j'ai observé que, quand on fait
des petites phrases, le lendemain matin à la radio, on n'entend que cela. Et toutes les choses sérieuses que j'essaie de vous dire, cela passe à la trappe.
Alors, je ne vous ai dit que des choses sérieuses. J'espère que je ne vous ai pas ennuyés ? Mais une campagne électorale, c'est fait pour parler sérieusement
de ce qui va se passer demain dans l'hypothèse où notre Majorité reviendrait au gouvernement, hypothèse à laquelle nous croyons tous.
Pour conclure, je voudrais ajouter deux remarques politiques à ce que je vous ai dit :
Je vous ai bien montré l'enjeu politique. Quelle Majorité pour la France demain, RPR ou UDF, ensemble ? PS-PC ? Je ne reviendrai pas sur ce qui a été dit de
ce mariage, je ne le qualifierai pas, parce que, ça y est, j'allais faire une petite phrase... bien ! Mais au-delà, vous voyez bien que ce qui compte, c'est
d'avoir aussi à la tête de la France une équipe soudée, en harmonie, qui se fait confiance.
Il est donc capital que nous puissions donner à Jacques Chirac, pour cinq ans, une Majorité sur laquelle il puisse se reposer, avec laquelle il puisse
travailler en confiance et en harmonie pour bien défendre les intérêts de la France et, seule, la victoire du RPR et de l'UDF peut nous éviter les pièges de
la cohabitation.
Et, enfin, au-delà de ces projets pour la vie quotidienne des Françaises et des Français dont je vous ai parlé, nous nous battons aussi pour nos valeurs. Et
je voudrais en quelques mots vous dire ce qu'elles sont, parce qu'on dit toujours : "les valeurs, les valeurs", j'entends rarement dire ce que c'est nos
valeurs.
Eh bien, nos valeurs, ce sont d'abord les valeurs de la République. Et on n'a jamais fait mieux pour les définir que de reprendre la devise de la République
: la liberté, avec tout ce que cela implique dans tous les domaines, l'égalité, la fraternité, la laïcité.
Ce sont aussi les valeurs de l'humanisme. La philosophie qui inspire nos familles politiques, c'est l'humanisme, c'est-à-dire quoi ? C'est-à-dire le respect
de la personne humaine, de toute personne humaine, quelle que soit la couleur de sa peau, l'esprit de tolérance, l'ouverture aux autres, l'ouverture au Monde
aussi, le sens de la fraternité. C'est cela l'humanisme, il y a le mot "homme" dedans.
Et puis enfin nos valeurs, ce sont les valeurs patriotiques aussi : l'amour de la France, la fierté d'être Français, l'attachement à notre identité, c'est-
à-dire à notre Histoire, à notre langue, à notre Culture, à notre terroir, et Dieu sait s'il est beau dans une région comme celle-ci. Ne laissons à personne
l'arrogance de s'attribuer le monopole du drapeau tricolore et de la fierté patriotique.
Alors, mes chers amis, je vous le dis : "Avec nos valeurs républicaines, nos valeurs humanistes, nos valeurs patriotiques, il nous faut maintenant remporter
la victoire pour donner à Jacques Chirac les moyens de gouverner la France et de la conduire vers l'an 2000".Vive Jacques Chirac, vive la République et vive la France.
vous, en compagnie de Gilles de Robien, a été pour nous une après-midi chaleureuse, sympathique et amicale. J'ai été heureux de pouvoir apporter mon soutien
dans sa circonscription, à Trouville, à Nicole Ameline dont je connais la présence, l'efficacité et la loyauté. J'ai fait de même, dans sa circonscription de
Caen, à Brigitte Lebreton qui se bat avec courage et avec la volonté de gagner, et au coeur de Caen même, à Francis Saint-Ellier qui a également toute son
équipe en ordre de bataille.
Merci, monsieur le sénateur-maire de nous avoir accueillis dans votre bonne ville. Je vous cherche. Voilà, vous êtes là. Merci de vos paroles de bienvenue.
Je voudrais également remercier de leur présence le Président de votre Conseil Général, Anne d'Ornano, qui nous a accompagnés tout au long de cet après-midi,
le Président de votre Conseil Régional, René Garrec, qui nous a également rejoints.
J'en profite pour saluer au passage le Président de la Région voisine, Antoine Ruffenac, qui est monté sur la tribune, et, bien sûr, tous les candidats, tous
les députés sortants de ce département : André Fanton, ici présent, et François Darcourt qui est également présent sur cette tribune.
Salut aussi aux députés ou aux candidats venus d'autres départements il y en a un certain nombre d'entre nous, autour de nous aux sénateurs dont je vois
plusieurs présents au premier rang de cette assemblée.
Et puis, enfin, merci aux deux personnalités qui se sont exprimées avant moi. A celui qui, pendant ces deux années passées ensemble au Gouvernement, a tenu
l'un des Ministères les plus difficiles de la République, c'est celui où on n'a pas le droit d'être distrait cinq minutes, jour et nuit, le Ministère de
l'Intérieur, Jean-Louis Debré, y a fait en matière de sécurité un travail tout à fait exceptionnel, que je tiens à saluer.
Merci, enfin, au Président du Groupe UDF à l'Assemblée nationale, mon ami Gilles de Robien, avec qui nous avons fait campagne cet après-midi ensemble. Quand
on a une grande Majorité, quand on a un grand Groupe parlementaire et qu'on est Président de ce Groupe parlementaire, il faut beaucoup de talent, beaucoup de
patience, beaucoup de diplomatie, pour maintenir tout le monde en bonne cohérence et en bonne cohésion derrière le Gouvernement: Et Gilles, grâce aux
contacts fréquents, presque quotidiens, que nous avons pendant les sessions parlementaires, l'a fait là encore avec une efficacité et une loyauté exemplaires
dont je tiens, ici, publiquement devant vous à le remercier.
Dans un peu moins de quatre semaines, le moment du choix sera venu. Ce choix est important. Il est important, comme l'ont dit les orateurs qui m'ont précédé,
pour l'avenir de la France et pour la vie quotidienne des Françaises et des Français. Et on voit maintenant en quels termes il se pose, les choses se sont
clarifiées. C'est la vertu, comme cela a été dit, des campagnes électorales.
Ou bien, demain, les électrices et les électeurs de France reconduiront la Majorité RPR et UDF et nous appliquerons la politique que nous avons présentée ce
matin même je vais y revenir ou bien alors ils éliront une Majorité Parti Socialiste plus Parti Communiste, avec désormais puisqu'ils ont fait cela cet
après-midi une déclaration commune qui devrait leur servir, j'imagine, de programme de Gouvernement.
Je n'ai pas encore eu le temps de la lire dans tous ses détails, mais je m'en suis fait lire au téléphone les bonnes feuilles, comme on dit. Je vais vous
faire une confidence : "je n'ai pas trouvé cela très bon", c'est une litote. Il paraît qu'il faut être gentil en campagne, je suis gentil ! Soyons quand même
un petit peu plus sérieux.
J'ai trouvé cela, d'abord, assez démagogique parce qu'il y a beaucoup de promesses de dépenses supplémentaires. Or, vous le savez bien, qui dit "dépenses",
dit "impôts", il n'y a pas de miracle ! On ne sort pas l'argent de son chapeau. Impôts tout de suite ou impôts demain, parce que le déficit, cela se
rembourse un jour ou l'autre, c'est de la dette et c'est donc des impôts.
Je l'ai trouvée, ensuite, cette déclaration commune, bien passéiste sur un sujet pourtant essentiel. On nous annonce si ce que l'on a lu est tout à fait
exact qu'en cas de victoire du PS et du PC, on renationaliserait FRANCE TELECOM, AIR FRANCE et quelques autres entreprises publiques, "et vraiment, comme
l'a dit Gilles de Robien, quelle obstination !". Combien de Crédit Lyonnais supplémentaires est-ce que cela nous prépare pour l'avenir ?
Et comment peut-on être je crois le dire sans exagération les seuls au Monde, je parle des pays développés, bien sûr, des pays industriels, les seuls au
monde à renationaliser le secteur des Télécommunications ? même les Travaillistes britanniques ne se proposent pas de faire cela. Comment peut-on imaginer
que notre Compagnie aérienne se batte à armes égales sur la scène mondiale et ne disparaisse pas si on la renationalise ? Je suis stupéfait ! Je ne vous le
cache pas.
Ce programme, il est également très dirigiste sur le temps de travail. J'ai lu récemment, je ne sais où, que nous aurions copié le projet PS-PC sur certains
points et notamment sur la réduction du temps de travail. Je dis tout de suite que Gilles de Robien ne s'en va pas parce que j'ai dit quelque chose qui lui
aurait déplu, il va sur une radio pour enregistrer un programme et il nous rejoint tout à l'heure. Je disais donc : dirigiste sur le temps de travail. On
nous disait, oui, je reprends le fil de mes idées, que sur certains points, nous aurions copié le PS ou le PC. D'abord, je ne vois pas comment nous aurions
pu le copier puisque notre projet est sorti avant le leur. Enfin, ça c'est juste une petite précision, mais surtout il y a une différence fondamentale dans
leur approche de la réduction du temps de travail et la nôtre : leur approche, elle, est dirigiste, c'est 35 heures pour tout le monde, par la loi,
obligatoires, et on sait ce que cela donne ! On l'a fait, enfin, ils l'ont fait en 1981, cela donne du chômage supplémentaire. Alors que notre approche à
nous est beaucoup plus pragmatique, elle consiste à faire confiance à la discussion dans l'entreprise et, de ce point de vue, la loi de Robien a été tout à
fait exemplaire.
Ce programme, il est verbeux sur l'Europe. Et comment faire autrement pour concilier, entre le PS et le PC, des points de vue tout à fait contradictoires. Et
il est enfin laxiste sur un point capital qu'a développé tout à l'heure devant vous, Jean-Louis Debré, c'est-à-dire sur le contrôle de l'immigration illégale
et du travail clandestin. Là, au moins, on sait ce qui va se passer ! Exactement ce qui s'est passé entre 1988 et 1993, lors de la dernière législature
socialiste, ils avaient à l'époque abrogé la loi Pasqua-Pandraud. Dans les années qui ont suivi, cela a été frontières ouvertes et absence totale de
contrôle. S'ils gagnaient demain, ils abrogeraient les lois Pasqua-Debré, et les mêmes causes produiraient les mêmes effets.
Démagogique, passéiste, verbeux, dirigiste, laxiste, je crois que cette déclaration commune n'est pas bonne et que son éventuelle application ne vaudrait à
la France que des désagréments.
Mais revenons à l'essentiel, c'est-à-dire au RPR et à l'UDF. Tout à l'heure, plusieurs orateurs, et notamment Jean-Marie Girault, revenaient sur le pourquoi
de cette dissolution. Certains se sont demandé, en effet, pourquoi le Président de la République avait décidé d'anticiper les élections ? Après tout, en
1995, il avait fixé le cap, il avait proposé la direction à suivre, et je vous rappelle quelle était cette direction. Libérer les forces vives de notre pays,
permettre à l'initiative, à l'entreprise, à l'esprit de conquête de s'exprimer pour créer des emplois et, dans le même temps, parce que l'un ne va pas sans
l'autre, réduire la fracture sociale, renforcer la cohésion nationale.
Et cet objectif, il est toujours le sien, parce qu'on ne change pas d'avis tous les 3 ou 4 ans. Un pays, c'est comme un grand navire, il ne change pas de
direction brutalement. Sur cette direction-là, nous avons entre 1995 et 1997, et déjà depuis 1993, franchi une première étape.
Cette première étape n'a pas apporté, je le sais, que des satisfactions. Elle a demandé des efforts, parfois des sacrifices. Les Français les ont consentis
avec beaucoup de courage et de bon sens, finalement. Mais pourquoi ? On ne s'interroge jamais sur le pourquoi de ce redressement, ou de la nécessité de ce
redressement. Je confesse que si nous avons été peut-être un peu insuffisants sur un point, c'est parce que nous n'avons pas suffisamment rappelé dans quel
état était la France en 1993, à la fin de la précédente législature socialiste.
Je ne vous redonnerai pas les chiffres du déficit. Je ne vous donnerai pas la situation sociale, la situation morale, la situation politique dans laquelle se
trouvait notre pays. La seule façon de se convaincre qu'ils avaient bien échoué, c'est de se rappeler quelle a été leur déroute électorale en 1993. Ce n'est
pas par hasard ! C'est bien parce que la France était vraiment en situation de fiasco au terme de cette législature.
Alors, évidemment, quand on hérite d'une telle situation, cela demande un peu de temps avant de redresser la situation. Il n'y a pas de recette-miracle, il
n'y a pas de baguette magique dans la gestion d'un pays, il faut de la suite dans les idées, de la continuité, de la persévérance et du courage. Mais,
maintenant, des progrès ont été faits et ce redressement, je le crois, est aujourd'hui acquis.
Dans le domaine de la sécurité, les choses vont mieux. Dans le domaine du contrôle de l'immigration illégale et du travail clandestin, les choses vont mieux.
Il y a aussi une réforme dont, tout à l'heure, sur la base d'une enquête qu'il m'a montrée, Gilles de Robien disait cela m'a un peu surpris, je vous
l'avoue, parce que ce n'est pas ce que je lis d'habitude que "près de 65 % des Français l'approuvaient", et qui pourtant, effectivement, a été très
bénéfique, je veux parler de la réforme de l'assurance-maladie.
Certains ont voulu faire croire que cette réforme ne poursuivait que des objectifs purement comptables et qu'elle avait été élaborée au mépris des principes
de la médecine libérale.
Je voudrais maintenant m'adresser aux médecins, aux médecins de France, dont je sais que certains se posent des questions aujourd'hui. Ce sont des hommes et
des femmes que nous respectons tous, que nous admirons tous parce qu'ils ont de lourdes responsabilités, de longues études difficiles derrière eux, un métier
en permanence exigeant, mais je voudrais leur demander de réfléchir avec nous, ce soir, avant de se laisser dévoyer par tel ou tel mot d'ordre.
On a leur a dit, disais-je, que cette réforme poursuivait des objectifs purement comptables, ce n'est pas vrai ! Cette réforme, nous l'avons, au contraire,
construite pour sauver notre médecine à la française et garantir à tous nos concitoyens des soins de qualité. Rappelons-nous là encore quelle était la
situation dont nous avons hérité en 1993-1994 ? Notre système de santé courait à sa perte, avec des dépenses qui augmentaient de plus de 5 % par an, et donc
des déficits qu'il fallait bien combler.
Pouvions-nous encore demander à nos entreprises ou aux assurés sociaux un accroissement de leurs cotisations sociales, alors que les dépenses de santé par
habitant sont, en France, très supérieures à celles de l'Allemagne, par exemple, près de 50 % supérieures à celles du Royaume-Uni ? Pouvions-nous, comme on
l'a fait dans le passé à de nombreuses reprises, baisser encore le taux de remboursement alors que les Français sont, parmi les assurés sociaux, les moins
bien remboursés d'Europe ? C'était la situation en 1993, je m'empresse de le préciser.
Nous avons pensé que nous ne pouvions pas faire cela et que c'était donc vers un changement radical du système que nous nous dirigions si rien n'était fait :
soit une médecine étatisée dans laquelle le malade ne choisit plus son médecin, il a une adresse un peu obligatoire, cela existe dans certains pays, soit une
médecine totalement privatisée, cela existe aussi dans d'autres pays où le droit à la santé dépend des revenus de l'assuré social et où les médecins sont
tributaires des compagnies d'assurances qui assurent leurs clients.
Nous avons refusé cette alternative, médecine étatisée-médecine privatisée. Nous avons fait le choix d'entreprendre tout ce qui était en notre pouvoir pour
sauver la médecine libérale à la française.
Et nous l'avons fait dans le respect de ces principes :
- Liberté d'installation :
La liberté d'installation des jeunes médecins je le dis aux internes est maintenue totalement.
- Liberté du choix du médecin par le malade, elle est maintenue totalement.
- Refus des quotas individuels d'activité ou de prescriptions.
Et ce que l'on vous dit sur ce point n'est pas vrai, les médecins n'ont pas des quotas d'actes de prescriptions qu'ils ne peuvent pas dépasser. Nous l'avons
fait en privilégiant le développement des instruments de la maîtrise médicalisée des dépenses. Cela veut dire quoi ? Cela veut dire qu'on juge la manière
dont les choses se passent en matière de dépenses, en fonction, non pas de chiffres, mais en fonction de références médicales. Définir un accord avec les
médecins eux-mêmes, cela porte un nom, cela s'appelle "les références médicales opposables". Nous avons fait tout cela en faisant confiance au sens des
responsabilités des médecins.
Et cette réforme, je le dis, elle est en train de réussir, même si elle n'est pas encore complètement mise en oeuvre.
Nous nous étions fixés, en 1996, un objectif de dépenses beaucoup plus sérieux que les années d'avant. Je vous disais qu'avant, c'était 5 - 6 % chaque année.
Nous avions dit, en 1996, 2 %. Eh bien, nous y sommes arrivés. Nous y sommes arrivés sans dérembourser personne, sans rationner les soins, sans demander de
remboursement aux médecins, tout simplement en faisant appel au sens des responsabilités des uns et des autres. Et nous avons ainsi remis l'assurance-maladie
sur le chemin de l'équilibre.
On dit, ici ou là, que nous n'avons pas réduit les déficits. Le déficit de l'assurance-maladie je parle bien de l'assurance-maladie seule, celle que nous
avons réformée sera de l'ordre de 15 milliards en 1997, c'est-à-dire qu'en deux ans, en moins de deux ans puisque j'ai annoncé ma réforme en novembre 1995,
il aura été diminué par deux. Et je le répète : cela, sans baisse des taux de remboursement et sans rationnement des soins.
Cette remise sur pied de notre médecine à la française, c'est aux médecins qu'elle va d'abord profiter. En effet, grâce à la maîtrise des dépenses qui se
poursuit en 1997, nous maintiendrons les objectifs fixés par le Parlement et nous pourrons, comme c'est la logique de la réforme, revaloriser alors les
honoraires des médecins.
Voilà la vérité sur cette réforme. Je voulais vous en parler un peu plus longuement parce que je sais qu'elle donne lieu, pendant cette campagne, à beaucoup
de débordements, à beaucoup de contre-vérités.
Ce qui m'a vraiment conforté dans ce que m'a dit tout à l'heure Gilles de Robien, c'est de voir qu'au total, si j'en crois cette étude d'opinion, plus des
deux-tiers des Français considèrent qu'il fallait la faire, et que c'est la meilleure manière de sauvegarder notre assurance-maladie pour demain.
Voilà ce qui est aujourd'hui acquis, au prix des efforts de tous, grâce au sens des responsabilités de tous. Et il nous faut maintenant passer à une deuxième
étape de notre action, et c'est ce que Jacques Chirac a bien compris.
Pourquoi la dissolution ? nous demande-t-on ici ou là. S'il n'y avait pas eu dissolution, si nous en restions au calendrier initialement prévu, comme l'a dit
Gilles de Robien, je crois, tout à l'heure, vous voyez bien que nous étions déjà entrés dans une période de onze mois d'attentisme pré-électoral. Or, la
France ne peut pas attendre. Son économie, ses entreprises, ses emplois avaient besoin immédiatement d'un coup d'accélérateur pour amplifier la reprise qui
est en train de se produire, car la reprise se produit.
Il y a un phénomène ... Je vais vous faire une petite confidence, j'ai déjeuné à midi avec un visiteur étranger en France qui était un des héritiers
possibles du roi d'Arabie Saoudite, le prince Salman, on parlait des médias. Il me disait : "les bonnes nouvelles, je ne les entends jamais à la radio ou à
la télévision, en Arabie Saoudite", je lui ai dit : "ce n'est pas comme cela en France. On les a tout de suite les bonnes nouvelles ! ". Il y en a une que
l'on a entendue, par exemple, mais dont on n'a pas fait beaucoup de gorge chaude : en février, on vient de découvrir que la production industrielle en France
a connu un boum tout à fait inattendu, que personne n'avait vu. Janvier n'avait pas été excellent, février a été excellent.
Je ne fais pas "cocorico", je ne dis pas que tout va bien. C'est encore trop indécis, c'est encore variable d'un mois sur l'autre, mais il y a beaucoup de
signes qui montrent que cela repart, et c'est la raison pour laquelle il faut accélérer maintenant.
La deuxième raison de cette dissolution, c'est que nous avons sur l'agenda international, dans les mois qui viennent, de très grands rendez-vous européens.
En juin, un Conseil européen des chefs d'Etat et de gouvernement qui va décider de la réforme des Institutions de l'Europe pour les rendre plus démocratiques
et mieux contrôlées. Cela s'appelle la Conférence inter-gouvernementale.
En juillet, un Sommet de l'Alliance atlantique à Madrid où on va décider de l'avenir de la sécurité européenne, de ses relations avec la Russie, avec les
pays de l'Europe centrale et orientale.
A la fin de cette année et au début de l'année prochaine, des Conseils européens aussi, pour passer à la troisième phase de l'Union économique et monétaire,
c'est à-dire à la monnaie unique. Et puis, après, l'élargissement de l'Europe.
Et vous sentez bien que, pour que la France soit forte dans ses négociations, pour qu'elle défende bien ses intérêts, il est extrêmement utile que le
Président de la République puisse se présenter avec un gouvernement qui aura été relégitimé par une élection législative.
Voilà la raison pour laquelle, malgré les critiques que l'on entend ici ou là de ceux qui ont un peu peur du suffrage populaire, cette idée de la dissolution
est un bon service que Jacques Chirac a rendu à la France et aux Français.
Alors maintenant, lorsque nous aurons gagné, si nous gagnons ! parce que oui, oui, applaudissez, mais soyez, malgré tout, décidés à vous battre parce que
ce n'est pas gagné d'avance. Jamais, dans aucune élection, même si les sondages peuvent vous faire croire qu'on a X sièges d'avance, ce n'est pas gagné
d'avance !
Si nous gagnons ce que je crois malgré tout et ce pourquoi je me bats comme vous il faudra tout de suite, après cette élection, redémarrer très fort,
avec cette perspective de 5 ans qui sera devant nous.
Je disais dimanche soir, à la télévision, qu'il faudrait d'abord un programme pour les 40 premiers jours. Quarante, parce que c'est le mois de juin et puis
les 15 premiers jours de juillet où il est probable que l'Assemblée nationale devra continuer à travailler. Et nous avons sur ce que nous ferons, nous, la
Majorité RPR-UDF, à ce moment-là, des idées précises, il faudra d'abord que nous nous engagions clairement et ce sera au Parlement d'en débattre de manière
approfondie sur la manière dont les dépenses et les recettes de l'Etat évolueront dans les cinq prochaines années.
Et je voudrais là-dessus, sans entrer dans les chiffres parce que l'on me dit : "quels pourcentages ? quels chiffres ? quels montants ?", ça c'est le
Parlement qui en débattra dans le détail, ce qui compte aujourd'hui, c'est la ligne stratégique : de quoi la France a-t-elle vraiment besoin aujourd'hui ?
Là encore, on voit bien le choix : d'un côté, on vous dit : "il faut augmenter les dépenses publiques pour relancer l'économie", eh bien, moi, je vous dis
que, si on augmente les dépenses publiques dans notre pays, on augmentera les déficits et donc, inévitablement, les impôts et donc on asphyxiera encore un
petit plus les entreprises. La seule vraie stratégie qui puisse réussir, c'est de maîtriser les dépenses.
On me dit que c'est de la rigueur, mais maîtriser les dépenses, éviter que les dépenses ne dérapent d'une année sur l'autre de X pour cent, ce n'est pas de
la rigueur, c'est tout simplement de la sagesse, c'est de la bonne gestion. Il ne faut pas gaspiller l'argent public.
Tout simplement, quand vous regardez les chiffres, vous voyez que, dans tous les pays développés, il y a une corrélation étroite entre le taux de chômage et
le montant des dépenses publiques. Je veux dire, par là, que plus l'Etat dépense dans un pays et plus il y a de chômage. Et cela se comprend, parce que plus
l'Etat dépense, plus il y a d'impôts. Plus il y a d'impôts, moins il y a de liberté d'entreprendre et d'initiative. Et moins il y a de liberté d'entreprendre
et d'initiative et moins il y a de création d'emplois.
Voilà ce dont il faut aujourd'hui se pénétrer. Ce n'est pas de la grande économie, je ne suis pas un spécialiste, je ne suis pas un docteur en libéralisme ou
en je ne sais trop quoi... j'essaie simplement de comprendre ce qui se passe et d'écouter les Français.
Tout au long de cet après-midi, nous avons entendu des chefs d'entreprise, des commerçants, des chefs de PME ou même des salariés qui nous disent : "on ne
peut pas continuer comme cela parce qu'on est asphyxiés par les charges". Ils nous ont dit : "c'est vrai que vous avez commencé à les baisser un petit peu,
mais il faut aller beaucoup plus loin".
Voilà donc la première décision : se fixer le cadre d'évolution des dépenses. ne pas dépenser plus d'année en année. En tout cas, ne pas laisser augmenter
les dépenses plus vite que la hausse des prix et, avec la marge que cela procurera parce que la croissance est au rendez-vous, baisser les impôts et baisser
les déficits.
Voilà notre premier objectif. Et je crois qu'il est vital pour la France et pour relancer la création d'emplois.
Notre deuxième action, dans ces 40 jours, ce sera aussi de relancer une grande ambition de cohésion sociale dans notre pays. Je ne vais pas y revenir, je le
disais aussi l'autre jour aussi à la télévision. Nous avons fait une loi en matière de cohésion sociale, il a fallu un an et demi pour la faire, parce qu'on
a beaucoup, beaucoup discuté, dialogué, concerté avec le Conseil Economique et Social, avec les associations, avec tous ceux qui s'occupent de la misère en
France.
Et nous avons bâti ce texte qui est un grand texte, qui comporte beaucoup d'innovations dans le domaine de la santé, dans le domaine du logement, dans le
domaine des droits civiques pour les exclus. Quand nous l'avons présenté, évidemment comme toujours, on nous a dit : "Ce n'est pas cela qu'il fallait faire,
il n'y a pas assez d'argent, cela ne sert à rien". Nous avons commencé la discussion à l'Assemblée nationale, le Parti Socialiste et le Parti Communiste se
sont lancés dans un travail d'obstruction systématique. Les députés qui sont là le savent, des heures et des heures de discussion, des centaines et des
centaines d'amendements pour retarder la discussion de texte. Et puis il y a eu la dissolution. Et alors là, il y a quand même dans la vie politique, parfois
de bons moments, j'ai eu un bon moment quand j'ai entendu les mêmes accuser le Gouvernement de ne pas attacher d'importance à la cohésion sociale parce que
la dissolution interrompait la discussion de ce texte. On croit rêver !
Oui, ce texte est bon. Oui, ce texte est un grand texte. Oui, il faudra immédiatement le remettre à l'ordre du jour de l'Assemblée nationale pour concrétiser
notre volonté de lutter contre la fracture sociale et prendre avec, d'autres initiatives. Je pense notamment, dans ce domaine, à un sujet qui nous tient
tous, j'en suis sûr, beaucoup à coeur, qui est la protection de l'enfance maltraitée. On ne peut pas continuer à voir des choses aussi horribles que celles
qui s'accumulent sur nos écrans de télévision. Le texte que nous avons préparé en ce sens, qui a été élaboré par Jacques Toubon, devra être, là aussi, à la
future Assemblée nationale, et tout le programme qui va avec, pour prévenir, et pour essayer de guérir quand on peut guérir.
J'ai annoncé aussi de fortes initiatives sur le temps de travail, j'en ai parlé tout à l'heure, sur l'assurance-maladie universelle, sur l'agriculture.
Un mot sur l'agriculture, je serai ce soir à la Fédération Nationale de la Viande Bovine, vous voyez, à Paris pour décorer son Président. J'aurai l'occasion
de m'exprimer là aussi sur une réforme fondamentale que nous avons préparée, et que nous pourrons soumettre à la prochaine Assemblée nationale, c'est une
nouvelle loi d'orientation agricole.
Dans les années 60, quand le Général de Gaulle et Michel Debré sont venus au pouvoir, ils ont tracé les perspectives de l'agriculture française pour 25 ans
et nous vivons encore sur ces bases-là. Et bien, nous nous proposons de tracer les perspectives de l'agriculture française pour les 15 ans qui viennent. Ceci
a été aussi négocié avec nos paysans et, eux, ils savent bien, parce qu'ils ont la sagesse, par définition, au bout de leurs semelles, ils savent bien quel
est l'enjeu de ces élections. Ils savent bien quelle serait la situation faite à l'agriculture française si le PS et le PC revenaient au pouvoir et ce qu'ils
pourront faire avec nous, parce qu'ils ont confiance en nous.
Au-delà de ces 40 jours, il y aura les 6 mois qui suivront jusqu'à la fin de l'année 1997. Et, là encore, il faudra, pour donner ce nouvel élan dont Jacques
Chirac a parlé, ouvrir de nombreux nouveaux chantiers :
- d'abord : je l'ai évoqué déjà, celui du statut de la toute petite entreprise en France. Les entreprises dans notre pays qui comptent un, deux, trois,
quatre, cinq salariés, il y en a des centaines de milliers, et cela représente des millions de salariés, on les traite aujourd'hui exactement comme E.D.F.,
comme Péchiney ou comme la Générale des Eaux, qui ont des dizaines de milliers de salariés. Ce n'est pas raisonnable. Il faudra donc que nous imaginions, en
concertation avec les partenaires sociaux, un cadre juridique, administratif, fiscal, social, qui tienne compte de la spécificité de la toute petite
entreprise et qui lui permette de se développer.
- deuxième grand chantier : la décentralisation. Il faut que l'Etat et l'Administration soient proches des Français. Il faut moins d'administration en haut
et plus de services publics locaux sur le terrain.
Et ceci nécessitera de grandes réformes dont nous avons esquissé les orientations :
* une réforme de la Justice pour qu'elle soit à la fois plus indépendante et plus rapide ;
* une réforme des relations du travail, nous en parlerons le 1er mai lors d'une grande rencontre à laquelle participeront Edouard Balladur et François
Bayrou.
- autre grand chantier de ces 6 mois de l'année 1997 qui resteront à couvrir devant nous, c'est ce que j'appellerais devant vous : l'école de la deuxième
chance.
Nous avons beaucoup travaillé depuis quelques années sur l'école en France. Sur la maternelle qui je ne sais pas si vous en avez bien conscience est un
exemple mondial. Il n'y a pas un seul pays au Monde qui ait un système d'école maternelle comme la France, grâce à nos institutrices et à nos instituteurs.
Nous avons beaucoup travaillé aussi sur les écoles primaires, sur les collèges, sur les lycées, sur l'enseignement supérieur. Les bases d'une grande réforme
ont été jetées. Il nous faut maintenant nous intéresser davantage à ce que j'appelle l'école de la deuxième chance, c'est-à-dire qu'est-ce qui se passe pour
celui qui n'a pas réussi dans sa formation initiale et qui a envie de se recycler, de se perfectionner. Il faut que nous bâtissions cette école de la
deuxième chance.
Cela veut dire quoi ? Cela veut dire une réforme en profondeur de la formation professionnelle continue dans laquelle on met des milliards aujourd'hui, et
cela ne marche pas très bien, il faut donc la rénover. Cela veut dire aussi un programme de lutte contre l'illettrisme qui reste une plaie de la Société
française. Cela veut dire, en troisième lieu, la mise en réseau, si je puis dire, d'une sorte d'université populaire d'université pour tous.
Songez que le Président de la République en a parlé à la télévision dans nos collèges, le soir à 4 heures et demie ou à cinq heures, on ferme la porte,
il ne se passe plus rien. Voilà des locaux qui pourraient être disponibles s'ils étaient équipés en ordinateurs et reliés à tous les réseaux qui permettent
de transmettre des messages où nous pourrions accueillir une véritable université populaire, avec des hommes et des femmes qui viendraient se former dans le
cours de leur carrière. Eh bien, c'est un enjeu, ce sera cette école de la deuxième chance qu'il nous faut bâtir.
Et j'ai vu fonctionner cela parce que cela existe, ce ne sont pas des idées fumeuses. Lorsque j'ai tenu le CIADT d'Auch dans le Gers, j'ai été voir dans un
collège de la ville d'Auch, comment la Région Midi-Pyrénées avait mis cela en place. Il y a d'autres régions qui l'ont fait. Eh bien, il faut le généraliser
et lui donner vraiment toute cette ampleur.
Voilà quelques-unes des idées, qui sont plus que des idées, vous voyez, ce sont des projets, ce sont des projets concrets, ce sont des projets pratiques, ce
sont des projets étudiés, prêts à démarrer, que nous lancerons dans les 40 jours, puis dans les six mois.
Je dis bien des projets concrets et bien étudiés. Je l'ai dit à là télévision, je le redis ici : Parfois, les socialistes ont essayé de nous emprunter
quelques-unes de nos idées. Une des réformes que nous avons faite a consisté à transférer, pour réformer le financement de la Sécurité sociale, de
l'assurance-maladie, des cotisations d'assurance-maladie sur la CSG. Pourquoi ? Parce que les cotisations d'assurance-maladie, cela ne pèse que sur le
salaire. Et donc l'assurance-maladie était financée exclusivement par les salariés. Nous avons pensé que ce n'était pas juste et qu'il fallait que d'autres
catégories de revenus participent au financement de la Sécurité sociale, notamment les placements, d'où le transfert qui, au total, a laissé au salarié sur
sa feuille de paie un bénéfice de l'ordre de 0,45 % au 1er janvier dernier.
Alors, les socialistes ont dit : "Tiens, après tout, ce n'est pas idiot, on va faire plus vite et mieux", dixit leur leader. Ils ont dit : "on va faire 8 %
de CSG. Puis, on va changer un peu cela. Nous, nous en avions exonéré les titulaires de minima sociaux, les RMIstes, les titulaires de l'allocation
solidarité et puis les retraités non imposables". Alors, ils ont dit : "on ne va pas faire cela, on va faire autrement, on va mettre une franchise sur les
2.000 premiers francs." Donc, sur les 2.000 premiers francs, on ne paiera pas cette CSG qu'on va porter à 8 %. S'ils avaient un peu étudié la question, ils
se rendraient compte de l'énormité qu'ils sont en train de faire.
D'abord, cela va coûter très cher parce que cela s'applique à tout le monde, y compris aux gens qui ont 10, 15, 30, 40.000 francs de revenus, les 2.000
premiers francs sont exonérés. Donc, cela profite aussi aux riches, pour parler comme eux. Et pour les pauvres, pour ceux qui ont des petits revenus, prenez
l'exemple d'une personne qui a le minimum vieillesse, 3.200 francs par mois, il va y avoir un abattement sur les 2.000 francs, mais sur le reste on va payer.
Alors qu'aujourd'hui ces personnes-là ne paient ni de cotisations d'assurance-maladie ni de CSG, on va leur demander 110 francs par mois. Quand on a 3.200
francs par mois pour vivre et qu'on vous prend 110 francs par mois, cela fait beaucoup.
Comme, aujourd'hui, je suis dans un bon jour, je ne soupçonnerai pas les socialistes d'avoir de mauvaises intentions vis-à-vis des plus faibles, je dis
simplement qu'ils n'ont pas étudié leur truc, que ce n'est pas prêt et que c'est un peu dangereux de confier le gouvernement de la France à un parti
politique et à son allié qui a aussi peu étudié son programme et son projet.
Voilà, mes chers amis normands, ce que je voulais vous dire.
Ce soir, je n'ai pas fait de petites phrases, ce n'est pas que je n'aime pas ça, mon naturel m'y porte, parfois trop, mais j'ai observé que, quand on fait
des petites phrases, le lendemain matin à la radio, on n'entend que cela. Et toutes les choses sérieuses que j'essaie de vous dire, cela passe à la trappe.
Alors, je ne vous ai dit que des choses sérieuses. J'espère que je ne vous ai pas ennuyés ? Mais une campagne électorale, c'est fait pour parler sérieusement
de ce qui va se passer demain dans l'hypothèse où notre Majorité reviendrait au gouvernement, hypothèse à laquelle nous croyons tous.
Pour conclure, je voudrais ajouter deux remarques politiques à ce que je vous ai dit :
Je vous ai bien montré l'enjeu politique. Quelle Majorité pour la France demain, RPR ou UDF, ensemble ? PS-PC ? Je ne reviendrai pas sur ce qui a été dit de
ce mariage, je ne le qualifierai pas, parce que, ça y est, j'allais faire une petite phrase... bien ! Mais au-delà, vous voyez bien que ce qui compte, c'est
d'avoir aussi à la tête de la France une équipe soudée, en harmonie, qui se fait confiance.
Il est donc capital que nous puissions donner à Jacques Chirac, pour cinq ans, une Majorité sur laquelle il puisse se reposer, avec laquelle il puisse
travailler en confiance et en harmonie pour bien défendre les intérêts de la France et, seule, la victoire du RPR et de l'UDF peut nous éviter les pièges de
la cohabitation.
Et, enfin, au-delà de ces projets pour la vie quotidienne des Françaises et des Français dont je vous ai parlé, nous nous battons aussi pour nos valeurs. Et
je voudrais en quelques mots vous dire ce qu'elles sont, parce qu'on dit toujours : "les valeurs, les valeurs", j'entends rarement dire ce que c'est nos
valeurs.
Eh bien, nos valeurs, ce sont d'abord les valeurs de la République. Et on n'a jamais fait mieux pour les définir que de reprendre la devise de la République
: la liberté, avec tout ce que cela implique dans tous les domaines, l'égalité, la fraternité, la laïcité.
Ce sont aussi les valeurs de l'humanisme. La philosophie qui inspire nos familles politiques, c'est l'humanisme, c'est-à-dire quoi ? C'est-à-dire le respect
de la personne humaine, de toute personne humaine, quelle que soit la couleur de sa peau, l'esprit de tolérance, l'ouverture aux autres, l'ouverture au Monde
aussi, le sens de la fraternité. C'est cela l'humanisme, il y a le mot "homme" dedans.
Et puis enfin nos valeurs, ce sont les valeurs patriotiques aussi : l'amour de la France, la fierté d'être Français, l'attachement à notre identité, c'est-
à-dire à notre Histoire, à notre langue, à notre Culture, à notre terroir, et Dieu sait s'il est beau dans une région comme celle-ci. Ne laissons à personne
l'arrogance de s'attribuer le monopole du drapeau tricolore et de la fierté patriotique.
Alors, mes chers amis, je vous le dis : "Avec nos valeurs républicaines, nos valeurs humanistes, nos valeurs patriotiques, il nous faut maintenant remporter
la victoire pour donner à Jacques Chirac les moyens de gouverner la France et de la conduire vers l'an 2000".Vive Jacques Chirac, vive la République et vive la France.