Texte intégral
JEAN-JACQUES BOURDIN
Notre invitée ce matin, Najat VALLAUD-BELKACEM, bonjour.
NAJAT VAL
LAUD-BELKACEM
Bonjour.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ministre de l'Education nationale. Alors, 51 % des Français ont une très bonne opinion, vous êtes le ministre, ou la ministre, la plus populaire du gouvernement, l'une des plus populaires, vous êtes dynamique, courageuse, compétente, mais trop langue de bois, nous dit-on, vous avez même reçu le prix de la langue de bois. Vous me promettez, pas de langue de bois !
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Je vous promets de rester telle que je suis, c'est-à-dire de maîtriser ma parole, je ne sais pas si c'est ça qu'on appelle de la langue de bois, mais je trouve que c'est une forme de politesse à l'égard de ceux qui nous écoutent.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Un débat de confiance pour rien hier ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Un débat de confiance pour clarifier la ligne et pour renforcer le gouvernement dans l'action qui est la sienne, et moi je me réjouis du résultat d'hier.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Quelle est cette ligne ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Cette ligne elle est simple, c'est une ligne qui vise à redonner à la France les moyens de sa compétitivité, parce que, avant de redistribuer il faut pouvoir produire, parce que notre pays avait vu cette compétitivité se dégrader depuis 10 ans, et qu'il fallait, brusquement, avec volontarisme, redonner, notamment aux entreprises, les moyens de dégager des marges de manoeuvre, pour produire, pour innover, pour embaucher, et ensuite pouvoir redistribuer du pouvoir d'achat. Et, au fond, ce qu'a rappelé hier Manuel VALLS c'est, quelle que soit la situation difficile du moment, car elle est difficile, avec une inflation basse, avec une faiblesse croissance, eh bien nous tiendrions nos engagements, avec un rythme de réduction des déficits qui va être adapté pour qu'il ne porte pas préjudice à la croissance, mais nous tiendrions nos engagements d'économies sur les dépenses publiques, parce que nous pouvons faire mieux, être plus efficaces, nous tendrions nos engagements de réforme des collectivités locales, parce que là encore il y a un millefeuille auquel il faut s'attaquer, et nous tiendrions nos engagements de pouvoir d'achat
JEAN-JACQUES BOURDIN
Pas tous les engagements ! Sur la réforme des collectivités locales, puisque vous ne parlez plus de la suppression des départements.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
On passe quand même de 22 régions à 13, je crois que vous savez, c'est une promesse qui a été suffisamment faite dans le passé et jamais tenue, pour au moins pouvoir se féliciter aujourd'hui que clairement nous allons y arriver, quant aux départements, le Premier ministre l'a dit, on a fait un choix pragmatique, qui consiste à s'adapter aussi aux situations locales qui ne sont pas les mêmes partout.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et politique, et politique, puisque les Radicaux de Gauche vous ont soutenu hier, parce que vous ne supprimez pas les départements. Ce n'est pas faux, ce que je dis ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Que nous avons fait un choix pragmatique, je le reconnais bien volontiers
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et politique. Et politique.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Un choix qui permet à chaque territoire de se retrouver dans cette volonté à la fois de simplification, pour être plus lisible, et pour être plus efficace au service des citoyens, mais d'un territoire à l'autre. Vous savez, moi je suis conseiller général, et en plus pas de n'importe quel département en l'occurrence, puisque c'est le département du Rhône, qui est celui qui, de façon très volontariste, a choisi de fusionner avec la métropole lyonnaise, donc je peux vous dire que, d'un territoire à l'autre, qu'on soit en zone urbaine, qu'on soit en zone rurale, on n'est pas forcément dans la même situation, les habitants n'attendent pas forcément la même chose des conseils généraux, et bien la solution qu'a préconisé Manuel VALLS permet de s'adapter à cette réalité locale-là.
JEAN-JACQUES BOURDIN
La politique pro-entreprises, un choix stratégique a dit hier Manuel VALLS. Stratégique ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Oui, oui oui, bien sûr stratégique.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Stratégique pourquoi ? Pourquoi faut-il aujourd'hui soutenir sans état d'âme les entreprises françaises ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
D'abord stratégique
JEAN-JACQUES BOURDIN
Sans état d'âme, je dis !
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Parce que ça n'a rien d'une évidence. De toute façon, à chaque fois qu'on prend une décision claire et tranchée, elle n'a rien d'une évidence. Donc reconnaissez à ce gouvernement, et à François HOLLANDE, d'avoir, depuis la remise du rapport GALLOIS, l'état des lieux sur la situation de notre pays, sa faible compétitivité, la dégradation de notre industrie, etc., d'avoir pris des décisions fortes, qui consistent, en particulier, à donner
JEAN-JACQUES BOURDIN
Le contraire de ce qu'il promettait en 2012, mais peu importe.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Non, quand vous reprenez la campagne présidentielle de 2012, vraiment, je vous invite à relire le document de campagne. 2 ans d'efforts, pour notamment relancer la production, redresser la France, c'était quand mêmes des mots qui apparaissaient dans le document de campagne, pour ensuite pouvoir redistribuer. On a toujours présenté le quinquennat comme étant en deux temps, parce que nous avions conscience de l'état de la France même si cet état s'est avéré, après le rapport de la Cour des comptes, bien plus grave que ce qu'on avait pu imaginer. Mais enfin, revenons à ce qui a été décidé. Donner des moyens, des marges de manoeuvre, ça a été le Crédit d'impôt Compétitivité Emploi, c'est aujourd'hui le Pacte de responsabilité qui va venir renforcer cela, 40 milliards, aux entreprises, pour qu'elles puissent clairement, innover, investir, embaucher, donc créer de l'emploi aussi, ce qui profite aux Français eux-mêmes, et, se faisant
JEAN-JACQUES BOURDIN
La balle est dans leur camp ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Et se faisant relancer notre activité.
JEAN-JACQUES BOURDIN
La balle est dans leur camp ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Aujourd'hui la balle est dans le camp des entreprises, oui, clairement. D'ailleurs le Premier ministre a adressé un message, notamment au MEDEF hier, qui a été entendu de tous. C'est aux entreprises, aujourd'hui, de prendre leurs responsabilités, et au patronat de prendre ses responsabilités pour que ces moyens nouveaux qu'on leur donne, que la solidarité nationale, tiens, c'est la solidarité nationale, c'est les impôts, qui leur donne, eh bien se traduisent par des créations d'emplois, et non par des dividendes qui augmentent pour quelques-uns.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Najat VALLAUD-BELKACEM, pourquoi ce gouvernement est-il si impopulaire - je ne parle pas de vous - le président de la République si impopulaire ? Parce que vous avez trop promis des jours meilleurs ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Ce gouvernement est impopulaire parce que la période est d'une complexité rarement atteinte.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous n'avez pas fait trop de promesses ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Non, mais d'abord, la période, enfin je veux dire, la période, on a rarement connu une crise d'une telle durée, d'une telle nature
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, mais enfin ça fait des années que nous sommes depuis 2008, oui.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Voilà, c'est bien ce que je dis
JEAN-JACQUES BOURDIN
Nous sommes en 2014.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Ça fait trop longtemps que ça dure, et que les Français en pâtissent, d'ailleurs sans bien percevoir de qui est la responsabilité de la dégradation de leur situation. Par exemple, je vous en donne un exemple dans l'Education nationale, si vous permettez, une seconde, parce que je trouve que c'est très intéressant.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, on va y venir à l'Education nationale.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Education nationale, c'est au moment où on crée 60.000 postes sur le quinquennat, comme vous le savez, que nous remontent, de la part d'un certain nombre de Français ou d'enseignants, etc., les difficiles conditions de travail des enseignants, le sentiment de solitude, le malaise, etc. Mais en fait, ce malaise, ce non-remplacement d'enseignants dans certains territoires, etc., il est la résultante non pas de la politique qu'on mène depuis 2012, mais de la politique qui était menée auparavant, qui avait consisté à détruire les emplois, à ne plus former les professeurs, etc. Comme on est sur un temps long, c'est-à-dire que les décisions politiques qu'on prend mettent du temps à produire leurs effets, les Français, eux, n'ont pas nécessairement conscience de ce temps, donc ce qu'ils constatent c'est leur quotidien. Donc, pour beaucoup d'entre eux, c'est vrai, ils vivent les désagréments des décisions politiques prises par l'ancienne majorité, de droite, et aujourd'hui les décisions que nous prenons, nous, elles mettront le temps qu'il faut pour produire leurs effets, c'est, notamment en matière d'éducation, c'est pour demain, pour après-demain.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Je vais y venir. Cessons de promettre des jours meilleurs, c'est le Premier ministre qui disait cela hier, cessons de promettre des jours meilleurs.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Cessons de promettre des jours meilleurs, mais préparons l'avenir, parce que, à la limite, il y aurait une autre solution pardonnez-moi Jean-Jacques BOURDIN qui consisterait à ne rien faire, on a connu ça aussi par le passé, vous voyez, gérer la France tout simplement en la laissant aller, en n'anticipant rien, en n'ayant pas de stratégie justement, on ne voyant pas qu'on est en train d'aller dans le mur sur tel ou tel sujet. Nous, nous avons décidé vraiment, reprenez tous les sujets que nous avons décidé de prendre à bras-le-corps depuis 2012, la réforme du marché du travail, la réforme des retraites, la réforme des, même des prestations familiales, il y a tellement de sujets sur lesquels il aurait été plus simple de ne froisser personne.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, mais des sujets majeurs, je vais y revenir vite fait, pas de réduction du SMIC a dit hier le Premier ministre, pas de suppression du CDI, a-t-il dit, pas de diminution des salaires dans la fonction publique je vais y revenir, sur les salaires dans la fonction publique mais assouplissement des 35 heures, remise en cause des seuils sociaux, assouplissement des règles du travail le dimanche, meilleur contrôle des chômeurs il n'en n'a pas parlé. Ce sont des sujets qui sont sur la table ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Alors, pour reprendre le travail du dimanche, par exemple, si, il en a parlé, il a même dit que nous allions nous appuyer sur les propositions du rapport BAILLY pour en effet trouver des solutions.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Très bien, mais assouplissement des 35 heures ? Il n'en n'a pas parlé
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Mais, la remise en cause des 35 heures ne fait pas partie de notre programme.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Remise en cause des seuils sociaux ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Il n'en n'a pas parlé, à ma connaissance de toute façon ça, ça passe par du dialogue social, voilà, rien de neuf sur ce sujet.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Meilleur contrôle des chômeurs ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Que les chômeurs aient à la fois des droits et des devoirs, mais nous sommes les premiers à le dire, il faut cesser la stigmatisation d'ailleurs Manuel VALLS l'a dit hier dans son discours, ça me revient ce gouvernement est un gouvernement qui depuis 2 ans a plutôt donné des nouveaux droits aux chômeurs, notamment le droit à la formation, le droit à un accompagnement personnalisé renforcé en augmentant le nombre d'agents à Pôle emploi, maintenant que ces chômeurs aient des devoirs, encore une fois, ça me paraît bien naturel.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Les frondeurs, dont on a tant parlé, peut-être trop parlé, non ? On en a trop parlé, oui ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Indéniablement trop parlé, bien sûr.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Pourquoi ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Trop parlé parce que
JEAN-JACQUES BOURDIN
Parce qu'ils ne proposent rien ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Non, parce que se faisant on a inondé les ondes et les plateaux télé d'une storytelling
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ils ne proposent rien ? Est-ce qu'ils proposent quelque chose ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Ce n'est pas le sujet.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non, mais moi je vous pose la question, est-ce que vous pensez qu'ils proposent une autre politique ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
D'abord je finis ma phrase. Je pense qu'on a inondé, je le disais, les plateaux télé d'une storytelling qui doit brouiller plus encore les Français qu'ils ne le sont déjà. Moi, vraiment, je nous incite, responsables politiques et médiatiques, à essayer toujours de se rendre audibles pour les Français parce que je n'ose imaginer ce qu'ils arrivent à retenir ou à comprendre de nos débats parfois. Première chose.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Pardon, mais, ce sont les frondeurs eux-mêmes qui ont porté l'affaire sur le terrain médiatique.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Oui, oui, bien sûr enfin disons que vous les avez
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vos députés.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Vous les avez aussi accueillis avec grand plaisir.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Pas trop ici, mais vos députés.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
La deuxième chose c'est que, moi ce sont des camarades, ce sont des amis, les gens dont on parle
JEAN-JACQUES BOURDIN
Eh bien dites-leur.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Et je n'ai cessé de leur dire, et je leur redis ici, soit il y a une véritable alternative à porter et alors pourquoi pas faire entendre cette couleur différente, cette tendance différente, le Parti socialiste a toujours été composé de tendances différences, c'est culturel, mais aujourd'hui, dans la situation dans laquelle on se trouve, compte tenu de la gravité de l'état du pays et puis du monde aussi, d'ailleurs Manuel VALLS l'a rappelé hier, un peu de sérieux et un peur de hauteur ne nuit pas, et donc je pense que, aujourd'hui, donner la confiance au gouvernement, donner la confiance à Manuel VALLS, c'est aussi donner toutes ses chances à la gauche de réussir, et donc à la France de réussir, parce qu'il se trouve que c'est la gauche qui est au pouvoir.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Est-ce qu'ils proposent, selon vous, une autre politique ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Fondamentalement, c'est ce qui me dérange d'ailleurs, c'est que je ne vois parfois pas vraiment où sont nos différences. Je crois qu'ils les grossissent, qu'ils les regardent avec une loupe, mais sur les principes nous sommes d'accord. Par exemple, sur la nécessité de donner priorité à l'éducation, priorité budgétaire, donc forcément, quand on donne priorité budgétaire à l'éducation, eh bien on fait des économies sur le reste.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors vous me tendez la perche
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Ils sont d'accord.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous me tendez la perche, Najat VALLAUD-BELKACEM, merci. Priorité budgétaire à l'éducation. Est-ce que vous allez revaloriser les traitements des enseignants en 2015 ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Alors ce qu'il faut savoir c'est que, en fait, depuis quelques mois, on a engagé ce qu'on appelle des chantiers métiers, je vais faire vite pour que tout le monde comprenne bien, c'est-à-dire qu'on a pris métier par métier de l'éducation, personnel enseignant et personnel non-enseignant, et dans le cadre de groupes de travail, où se retrouvent y compris les syndicats, avec le ministère de l'Education nationale, on est en train de redéfinir les missions de chacun de ces métiers, et y compris de les revaloriser. Par exemple, on a décidé, l'année dernière, d'une prime pour les enseignants du premier degr, de 400 euros. Donc on est en train de faire ça, et tous les métiers vont être concernés, et vous avez vu une enquête récente qui est sortie, qui démontrait que c'était notamment les enseignants du premier degré, donc école maternelle, école primaire
JEAN-JACQUES BOURDIN
Tout à fait, sous-payés.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Qui étaient les moins bien payés par rapport à ceux du collège ou du lycée, ou leurs collègues étrangers, eh bien on prend ces sujets très sérieusement et méthodiquement et on
JEAN-JACQUES BOURDIN
Une prime, qui sera reconduite ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Bien sûr, bien sûr, évidemment.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Elle sera reconduite l'année prochaine ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Oui, bien sûr.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Pour les enseignants du primaire ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Voilà.
JEAN-JACQUES BOURDIN
De combien, 400 euros aussi ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
400 euros.
JEAN-JACQUES BOURDIN
La même chose ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Exactement. Et nous sommes en train, encore une fois, ce travail nous le faisons méthodiquement avec tous les métiers.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais les traitements des enseignants ne seront pas revalorisés, la fonction publique, l'indice ne bouge pas ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Alors, comme une règle générale, non, sauf ce que je viens de dire, à savoir les chantiers métiers.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non, c'est gelé.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
En revanche, ce que je peux vous dire c'est que nous allons faire un effort tout particulier pour les enseignants qui enseigneront en éducation prioritaire, puisque cette année
JEAN-JACQUES BOURDIN
Qu'est-ce que vous allez leur offrir à ceux-là ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Eh bien cette année nous allons donc faire ce qu'on appelle la réforme de l'éducation prioritaire, pour dire les choses simplement, nous allons vraiment donner enfin beaucoup plus aux établissements scolaires qui cumulent les difficultés sociales. Donc, dans ces établissements scolaires, il ne s'agira pas simplement de donner des moyens pour l'établissement, il s'agira surtout de mieux rémunérer les enseignants qui sont là-bas pour les stabiliser là-bas.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Combien ? Ceux qui iront enseigner dans ces établissements toucheront plus d'argent, seront mieux payés, ou des primes, combien ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Auront une sur-rémunération, pardonnez-moi de réserver la primeur de l'annonce puisque nous allons annoncer cet automne
JEAN-JACQUES BOURDIN
Combien de pourcentage, 10 %, 20 % ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Nous allons annoncer cet automne le contenu de la réforme de l'éducation prioritaire, mais croyez-moi, c'est fait pour être très attractif, donc il s'agit à la fois d'une revalorisation indemnitaire, mais aussi
JEAN-JACQUES BOURDIN
Une prime ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Mais aussi d'un gain dans la progression de carrière, c'est-à-dire que
JEAN-JACQUES BOURDIN
Progression de carrière et meilleur salaire.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Voilà, progression de carrière intéressante et meilleur salaire pour eux. Pour stabiliser les équipes, parce qu'on a besoin dans ces établissements d'une, oui, d'une ancienneté des équipes, de projets qui s'engagent sur plusieurs années et pas simplement par à-coups, donc vraiment Et puis troisième chose, pardon, dont ils bénéficieront, bien sûr, c'est la nouveauté, c'est de décharges horaires qui leur permettront de pouvoir faire autre chose que de l'enseignement en classe, recevoir les parents pour discuter avec eux, introduire du dialogue, permettre que les choses se passent bien entre adultes, faire du travail collectif, avoir plus de maîtres que de classes pour être deux enseignants et pas un seul face à des élèves, les prendre en petits groupes pour gérer leurs difficultés, faire de la pédagogie un peu individualisée, personnalisée, c'est la meilleure façon, notamment à l'école primaire, de remédier aux difficultés qui commencent à apparaître.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vrai problème dans l'éducation nationale, la crise des vocations, vous confirmez, Najat VALLAUD-BELKACEM ? Est-ce que les enseignants, en France, ne sont pas trop formés ? Bac+5 à master exigé, est-ce que ce n'est pas trop ? Comment faire pour attirer des étudiants vers les métiers de l'enseignement ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Il y a plusieurs questions, donc on va reprendre dans l'ordre. Est-ce qu'il y a une crise des vocations ? Je pense qu'on pourrait parler de crise des vocations
JEAN-JACQUES BOURDIN
11 000 élèves, collèges et lycées, sans classe aujourd'hui
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
C'est encore un autre sujet
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et le nombre de professeurs absents. Tient, je vais vous lire, juste, Najat VALLAUD-BELKACEM, je vais vous lire juste, je ne sais plus où je l'ai mis, un petit mail, je m'en souviens, un petit mail d'une auditrice de 16 ans, elle est en Première L, elle est en Seine et Marne, il lui manque deux professeurs, deux professeurs ; elle vous demande : « envoyez- nous deux bons professeurs ».
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Y a-t-il crise des vocations, oui ou non ? Lorsque l'ancienne majorité de droite a pris la décision pendant ces dix dernières années de détruire 80 000 postes d'enseignants, de supprimer la formation des enseignants, etc, de fait, beaucoup de jeunes gens qui pouvaient prétendre à devenir un jour professeurs ce sont dit « l'éducation nationale ne recrutant plus, je me détourne de cette voie- là ». Et c'est vrai qu'on a pu en subir les effets quand on est arrivé en 2012 malgré une politique volontariste très rapidement mise en oeuvre, puisqu'on a recrée la formation des enseignants, elle a commencé dès la rentrée 2013, tout de suite on a commencé à mettre des postes de plus disponibles. Eh bien c'est vrai que le nombre de candidats au concours n'a pas été à la hauteur de ce qu'on aurait pu imaginer, notamment lors du tout premier concours exceptionnel qu'on a organisé pour l'année 2014. Pour l'année 2014, pour votre information, il y a deux concours qui ont été organisés pour pouvoir justement recruter suffisamment de nouveaux enseignants comme on le souhaitait. Le deuxième de ces concours, qui a été organisé, dit « le concours rénové », a vu apparaitre plus de candidats déjà. Ca veut simplement dire qu'en fait il faut un temps d'adaptation pour les étudiants, pour qu'ils comprennent que désormais l'éducation nationale recrute et qu'ils viennent à elle. Nous allons continuer de faire des campagnes de communication, je l'ai demandé à mon ministère, pour que tout le monde comprenne bien que les 60 000 postes c'est aujourd'hui la norme. Ca c'est la première chose. Après, pardonnez- moi sur la vocation et des enseignants, etc, c'est vrai qu'il y a des matières dans lesquelles le vivier n'est pas aussi élevé qu'on l'aimerait, par exemple en mathématique, parce que ça pose aussi la question des conditions de travail des enseignants. Quand vous faites des mathématiques il y a d'autres métiers qui peuvent vous sembler plus attractifs, ingénieur etc, que d'enseigner les mathématiques. C'est à nous de rendre les conditions de ce métier d'enseignant en mathématiques plus intéressantes. J'en viens maintenant au deuxième sujet qui est celui des 11 000 collégiens et lycéens. Alors aussi étonnant que ça puisse paraitre, en fait, c'est comme ça chaque année, c'est-à-dire que vous avez un volant d'élèves qui déménagent, qui changent d'établissement, etc., donc les situations, je vous rassure vraiment, je rassure tout le monde, sont à chaque fois réglées au cas par cas et tous les services des académies sont mobilisés sur ces cas.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et puis les élèves qui n'ont pas de prof comme notre auditrice, jeune fille qui n'ont pas de prof, prof de math, ou prof de, je ne sais plus, il manque des profs.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
C'est d'un ordre différent mais c'est un peu comme les 11 000 élèves, c'est-à-dire qu'à un moment donné les profs vous les affectez à tel ou tel endroit, quelques jours avant la rentrée scolaire ils tombent malades ou ils changent d'avis, ou Enfin, ça peut arriver, c'est la vie, on ne va pas non plus le leur reprocher. Donc il faut procéder à des remplacements. C'est notre travail un peu quotidien de veiller à ce que ces remplacements se fassent rapidement
JEAN-JACQUES BOURDIN
Les contractuelles vont combler les vides. 1372 euros par mois.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Mais vous savez que les contractuelles, par exemple, on ne le dit pas assez, mais il y a tellement de choses que ce gouvernement a fait depuis deux ans dont on ne parle pas et notamment dans l'éducation, vous savez que désormais les contractuelles bénéficient systématiquement d'une formation à l'entrée et à la sortie, c'est à dire que c'est pas simplement des remplaçants dont on ne suit pas le devenir, et le destin. C'est des gens qu'on suit, qu'on accompagne, qu'on incite à repasser les concours, donc que les contractuelles soient là pour remplacer dans les cas, que j'évoquais tout à l'heure, un peu aléatoires : maladie, absence d'un prof etc., c'est plutôt une bonne chose. En tout cas ça garantit le fait, et c'est à ce ministère d'en être le garant, que devant chaque salle de classe se trouve un enseignant. Et cette année, honnêtement, la rentrée de ce point de vue s'est très très bien passée. J'écoute moi les élus locaux qui me rapportent comment trois ans en arrière leur rentrée était faite de classes qui fermaient, d'enseignants non remplacés, etc, cette année les choses se sont très bien passées, c'est le résultat du choix budgétaire qu'on a fait ; ça nous renvoie à la discussion de tout à l'heure.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous allez embaucher combien d'enseignants avant la fin du quinquennat ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Eh bien je l'ai dit 60 000 postes
JEAN-JACQUES BOURDIN
Confirmés
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Confirmés, nous en avons déjà embauchés 40 %, donc il nous en reste 60 %, donc une quarantaine de milliers d'enseignants
JEAN-JACQUES BOURDIN
Avant la fin du quinquennat. 30 000 enseignants.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Oui. Eh bien oui. On en a déjà embauchés près de 24 000. Donc vous voyez c'est quand même . Cette année à la rentrée scolaire il y avait 4500 de nouveaux enseignants qui sont rentrés.
JEAN-JACQUES BOURDIN
J'ai une dernière question qui concerne tout autre chose, la fameuse GPA, la France a été condamnée deux fois par la Cour européenne des droits de l'homme faute d'avoir transcrit à l'Etat civil français les actes de naissance d'enfants nés légalement à l'étranger par mère porteuse. Est-ce que ces enfants deviendront français, vont devenir français ? Vous souhaiteriez qu'ils deviennent français ? Franchement, franchement.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Honnêtement, c'est un sujet qui relève de la Garde des Sceaux plus que de la ministre de l'Education nationale.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui d'accord, mais enfin vous vous étiez très engagée Est-ce qu'il serait logique qu'ils deviennent français ? Franchement.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Moi je crois simplement qu'avoir des petits fantômes de la République c'est pas une bonne chose. C'est-à-dire des enfants
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc il faut qu'ils deviennent français ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Non mais c'est-à-dire des enfants qui ne se voient reconnaitre aucun état civil, aucune nationalité alors que honnêtement le choix qui été celui de leurs parents ce n'est pas le leur
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il est naturel qu'ils deviennent français ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Ces enfants ils n'y sont pour rien. Est-ce que ces enfants ils ont choisi dans quelle condition ils allaient naitre ?
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors justement oui.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Eh bien moi je pense que nous devrions protéger les enfants, tous les enfants
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et qu'ils deviennent français ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Nous devrions protéger tous les enfants, donc leur accorder un état civil et une nationalité, oui ça me parait évidemment une mesure de protection.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Merci Najat VALLAUD-BELKACEM.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Merci.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 23 septembre 2014