Déclaration de Mme Pascale Boistard, secrétaire d'Etat aux droits des femmes, sur les droits fondamentaux des femmes, notamment la maitrise de leur sexualité et leur maternité, New York le 22 septembre 2014.

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Circonstance : Assemblée générale des Nations Unies à New York le 22 septembre 2014

Texte intégral


Aujourd'hui, 220 millions de femmes sont dépourvues d'accès à la contraception. 20
millions d'interruptions volontaires de grossesse sont réalisées chaque année dans des conditions non
sécurisées, et causent 50 000 décès de femmes qui laissent souvent derrière elles, nombre d'enfants
orphelins. 8 millions d'entre elles sont affectées par des complications, des affections épouvantables
causées par ces mêmes interventions non médicalisées. Que de souffrances pour ces milliers de femmes
qui paient très cher le prix de la liberté à maîtriser leur corps !
C'est une violence supplémentaire qui leur est opposée, notamment à celles issues des catégories
sociales les plus pauvres.
Il y a plus de deux-cents ans, un jour de septembre 1791, en France, une femme, Olympe de
Gouges, a écrit la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne.
En pensant aux souffrances des femmes qui faisaient naître des enfants hors mariage, elle
réclamait pour eux la reconnaissance de leurs pères, « sans qu'un préjugé barbare les force à dissimuler la
vérité. »
Aussi, dans la perspective de l'agenda de développement de l'après 2015, je crois à l'explicitation,
aux définitions partagées des concepts tels que les droits sexuels et reproductifs. C'est ce qu'a voulu
instituer la Conférence de Pékin de 1995.
Celle-ci, quelques mois après le Caire, a affirmé que les droits fondamentaux des femmes
comprennent le droit de maîtriser leur sexualité et leur maternité sans être l'objet d'aucune contrainte ou
violence, libres de prendre des décisions. Ce sont sur ces bases que la France veut s'engager, pour voir ces
droits, affirmés sur le plan international, traduits dans les législations nationales.
Pour maîtriser leurs choix de vie, les femmes doivent être éduquées, informées. Pour pouvoir
choisir en toute connaissance de cause, il faut connaître les différents modes de contraception et y avoir
accès sans difficulté.
Pour cette raison, dans le cadre de l'agenda du développement post-2015, la France propose
l'accès universel aux droits à la santé sexuelle et reproductive, et elle appuie tous les efforts qui concernent
l'éducation, l'éducation des filles autant que des garçons.
Dans un contexte marqué par le retour des conservatismes et des obscurantismes, le chemin est
long et encore loin le moment où sera réalisé cet habeas corpus de la femme.
La France veut continuer à s'engager au sein des Nations Unies pour l'égalité réelle qui permettra
enfin aux femmes de maîtriser leur destin.
Si nous réussissons, nous aurons fait avancer, ensemble, nos sociétés vers une civilisation durable
empreinte de justice et de liberté.
Merci pour votre attention.
Source http://femmes.gouv.fr, le 24 septembre 2014