Texte intégral
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Heureux de vous accueillir. D'abord, Christiane TAUBIRA bonjour, merci d'être là.
CHRISTIANE TAUBIRA
Bonjour.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Tous les Français sont marqués par l'assassinat sauvage d'Hervé GOURDEL, pour lui les drapeaux sont en berne jusqu'à dimanche. Comment une démocratie doit-elle répondre à de tels criminels ?
CHRISTIANE TAUBIRA
Oui, il y a effectivement l'horreur du crime, il y a le cynisme, aussi, de la mise en scène, il y a cette émotion qui nous saisit tous, il y a notre recueillement et la façon dont nous nous inclinons devant la souffrance de sa famille et de ses proches, et puis il y a la réponse politique à apporter à cela. La réponse judiciaire, la réponse politique également, vous avez raison, comment une démocratie peut et doit y répondre. Elle doit y répondre avec efficacité, mais sans se perdre. Avec efficacité, parce que la démocratie c'est vraiment le meilleur système d'organisation de la vie commune.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais contre des barbares qui décapitent, crucifient, et qui le montrent, qui le mettent en scène, les peuples, dans l'ensemble, pensent que tous les moyens sont bons. Est-ce qu'ils ont tort ?
CHRISTIANE TAUBIRA
Qu'est-ce qu'on entend par tous les moyens ? On peut entendre proférer cette parole, mais une démocratie elle a des règles, et ce sont ces règles qui font son efficacité. Vous savez, nous travaillons depuis 2 ans, en tout cas depuis septembre 2012, à prévenir les actes terroristes, à prévenir la radicalisation violente, et nous le faisons avec des moyens. Nous avons augmenté les effectifs, nous avons, par exemple nous, un magistrat de liaison, nous avons une coopération de qualité avec les pays qui sont concernés, et en l'occurrence avec l'Algérie, nous avons des instruments judiciaires, telle que l'entraide pénale
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et pourtant, il y a de plus en plus de jeunes qui partent. Les jeunes Français qui partent combattre en Syrie, en Irak, grâce à la loi bientôt votée, à leur retour ils seront arrêtés et sans doute jugés. Est-ce qu'il faut une cour spéciale, un tribunal d'exception pour eux ?
CHRISTIANE TAUBIRA
Mais, nous sommes armés, c'est-à-dire nous avons une démocratie qui n'est pas bancale, elle n'est pas bancale, nous avons un système judiciaire qui fonctionne. Nous avons adopté une loi antiterroriste en décembre 2012
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais ça ne suffit pas.
CHRISTIANE TAUBIRA
Justement, c'est bien pour ça que Bernard CAZENEUVE a porté devant le Parlement, qui a adopté à l'Assemblée nationale déjà, un texte antiterroriste, qui s'est enrichi de l'expérience de ce que nous avons observé, qui a introduit la possibilité de sanctionner des actes individuels et isolés, et qui a pris un certain nombre de dispositions pour lutter contre la cybercriminalité.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais comment on leur répond quand ils nous disent « message de sang », qu'ils décapitent, qu'ils tuent ? Est-ce qu'on leur répond avec les principes de la démocratie ou avec d'autres actes ?
CHRISTIANE TAUBIRA
Il n'y a pas à entrer dans un dialogue avec ces personnes, il y a à les combattre, et c'est bien pour ça que j'ai commencé à parler d'efficacité et que j'ajoute, sans se perdre, parce que notre système est supérieur, et la République française, qui a une forte identité en plus, elle pose des valeurs, et ces valeurs sont protectrices pour ses citoyens. Donc, nous sommes efficaces, Monsieur ELKABBACH, puisque nous démantelons des réseaux, nous sommes efficaces, et nous augmentons nos capacités à prévenir et à prévoir, et nous le faisons en interministériel, avec le ministère des Affaires étrangères, le ministère de la Justice, le ministère de l'Intérieur. Nous avons augmenté des effectifs, nous croisons nos équipes de renseignements
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais vous avez dit nous les combattons
CHRISTIANE TAUBIRA
Oui, mais j'essaie de vous expliquer comment nous les combattons
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais on le sait, on le sait, on le comprend.
CHRISTIANE TAUBIRA
Mais comme vous m'interrompez à tous les quarts de phrase, je m'obstine pour essayer de faire entendre comment nous combattons, parce que nous avons mis en place toute une série de dispositifs, depuis 2 ans, que nous avons renforcés, en particulier, depuis mars 2014.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et en même temps, il y a l'action militaire, l'offensive militaire décidée par le président de la République. Le Conseil des ministres, ou le Conseil de Défense, a dit hier « la France apportera son soutien à tous les Etats qui en feraient la demande. » Si Bachar EL-ASSAD nous appelle et nous demande, on y va, en Syrie ?
CHRISTIANE TAUBIRA
Monsieur ELKABBACH, ce sont des décisions qui relèvent du président de la République.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais votre avis.
CHRISTIANE TAUBIRA
Je n'ai pas à vous donner mon avis sur une compétence qui relève du président de la République. Je suis membre de ce gouvernement, je suis solidaire de l'équipe
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Allez-y, vous êtes solidaire.
CHRISTIANE TAUBIRA
Le président de la République a la compétence exclusive pour décider de telles actions.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Je vous pose la question de « La Croix » ce matin, comment vous qualifiez, vous, la guerre contre le terrorisme ?
CHRISTIANE TAUBIRA
Je ne comprends pas, comment qualifier la guerre contre
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Comment vous la qualifiez, ce qui est en train de se passer, c'est une guerre, c'est ?
CHRISTIANE TAUBIRA
Mais quelle importance, ce qui compte ce sont les réponses que nous mettons en place, et les réponses visent à protéger les citoyens Français, elles visent à sanctionner, elles visent à démanteler les filières, elles visent à prévenir, à désendoctriner, elles visent à accompagner les familles, c'est pour ça que nous avons mis en place un Centre national, téléphone et web, de façon à ce que des signalements permettent aux pouvoirs publics d'accompagner les familles. Sur 350 signalements, nous avons pu éviter 70 départs. Voilà ce que nous visons. Nous ne sommes pas dans une guerre des mots, nous ne sommes pas dans une guerre des mots.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Ce matin
CHRISTIANE TAUBIRA
Des vies sont en jeu, des vies.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Evidemment. Ce matin, avec toutes les mesures que vous présentez, est-ce que vous dites la France est en sécurité ? Parce qu'il y a un affolement, il y a une angoisse, il y a des mesures de protection, mais est-ce que la France est en sécurité ?
CHRISTIANE TAUBIRA
Il n'y a pas d'affolement, il y a une inquiétude et elle est légitime, elle est normale, et cette inquiétude elle est bienvenue également parce qu'elle augmente la vigilance et les veilles. Il n'y a pas d'affolement parce que la France est armée et que la France se donne les moyens. Nous travaillons depuis des mois, depuis 2 ans en interministériel, et depuis 6 mois de façon systématique, et je vous répète que nous avons renforcé la formation des personnels de renseignements, y compris de renseignement pénitentiaire, que nous croissons les équipes, que nous introduisons des effectifs dans
JEAN-PIERRE ELKABBACH
(Soupir.)
CHRISTIANE TAUBIRA
Oui, je suis désolée, mais j'essaie de répondre à vos questions Monsieur ELKABBACH.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Christiane TAUBIRA, cet après-midi les musulmans, horrifiés par le crime, vont manifester à la Mosquée de Paris, pour montrer que la Nation est une et indivisible. Est-ce que vous irez, est-ce que vous soutenez ce mouvement, ce sursaut, des musulmans qui n'ont pas envie d'être confondus avec les islamistes jihadistes ?
CHRISTIANE TAUBIRA
Evidemment que la Nation est une et indivisible, il ne m'est jamais venu à l'esprit, moi, de considérer que les Français de croyance musulmane étaient concernés par les actes barbares, meurtriers, criminels, sauvages, qui sont perpétrés dans ces lieux. Ça ne m'est jamais venu à l'esprit. Evidemment je comprends que pour la Nation cette prise de position, cette façon de dire collectivement, collectivement, mais pas seuls musulmans, « nous Français, de confession musulmane, nous n'avons rien à voir avec ça, mais ce n'est pas juste en tant que musulmans que nous imposons ce point de vue », ils appellent leurs amis à être à leurs côtés, et bien entendu les Français musulmans sont musulmans français, ils sont tout simplement Français surtout.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Christiane TAUBIRA, il y a toutes les réformes dont vous viendrez parler un jour avec nous dans « Le Grand Rendez-vous », et un matin, les réformes que vous êtes en train de lancer pour la justice au 21ème siècle, il y a des réformes, mais, le gouvernement, aujourd'hui divisé, a poussé la direction d'AIR FRANCE, ce n'est pas votre secteur, mais c'est la philosophie, l'a poussée, la direction d'AIR FRANCE, à céder aux pilotes en grève. Comment peut-on croire aux réformes si on n'ose rien imposer à des privilégiés arrogants ?
CHRISTIANE TAUBIRA
Je ne sais pas qui vous mettez derrière les privilégiés arrogants.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Les pilotes.
CHRISTIANE TAUBIRA
Ah bon ? Moi je n'ai pas de raison particulière de la caractériser comme privilégiés arrogants.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais on leur cède.
CHRISTIANE TAUBIRA
Attendez, c'est un dialogue social entre la direction d'AIR FRANCE et ces personnels.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Plus de 12 jours de grève, tout le pays affaibli, ils fatiguent une économie.
CHRISTIANE TAUBIRA
Non mais là vous êtes en train de faire votre émission, Monsieur ELKABBACH
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Je vous pose des questions.
CHRISTIANE TAUBIRA
Vous êtes en train de faire votre chronique. Je constate que vous reportez à un nouveau rendez-vous ma responsabilité ministérielle, et vous voulez m'entraîner sur un chemin de caractérisation des personnes qui posent des revendications. Je n'ai pas à porter de jugement sur ceux qui posent des revendications, y compris dans mon secteur de la justice
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Vous, vous pouvez faire les réformes, vous pouvez réformer les professions
CHRISTIANE TAUBIRA
Mais je me bats pour les expliquer, pour les expliquer, pour les faire accepter, et pour les faire en concertation, c'est une méthode que j'ai choisie et qui donne de bons résultats depuis 2,5 ans.
THOMAS SOTTO
Merci beaucoup Christiane TAUBIRA d'être venue ce matin sur EUROPE 1. Je précise que dimanche
CHRISTIANE TAUBIRA
C'était bien étrange.
THOMAS SOTTO
C'était bien étrange il y a toujours une petite appréciation après une interview de Christiane TAUBIRA
CHRISTIANE TAUBIRA
Pardonnez-moi.
THOMAS SOTTO
Elle fait le débrief elle-même. Dimanche c'est donc Ségolène ROYAL qui sera votre invitée, Jean-Pierre, pour « Le Grand Rendez-vous EUROPE 1 I TELE Le Monde », rendez-vous à 10H00.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et étrange de part et d'autre.
CHRISTIANE TAUBIRA
Oui.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
A bientôt Christiane TAUBIRA.
CHRISTIANE TAUBIRA
C'est l'action et la réaction, je ne sais pas qui a la réaction.
THOMAS SOTTO
Les auditeurs jugeront.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Moi j'ai une idée.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 15 octobre 2014
Heureux de vous accueillir. D'abord, Christiane TAUBIRA bonjour, merci d'être là.
CHRISTIANE TAUBIRA
Bonjour.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Tous les Français sont marqués par l'assassinat sauvage d'Hervé GOURDEL, pour lui les drapeaux sont en berne jusqu'à dimanche. Comment une démocratie doit-elle répondre à de tels criminels ?
CHRISTIANE TAUBIRA
Oui, il y a effectivement l'horreur du crime, il y a le cynisme, aussi, de la mise en scène, il y a cette émotion qui nous saisit tous, il y a notre recueillement et la façon dont nous nous inclinons devant la souffrance de sa famille et de ses proches, et puis il y a la réponse politique à apporter à cela. La réponse judiciaire, la réponse politique également, vous avez raison, comment une démocratie peut et doit y répondre. Elle doit y répondre avec efficacité, mais sans se perdre. Avec efficacité, parce que la démocratie c'est vraiment le meilleur système d'organisation de la vie commune.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais contre des barbares qui décapitent, crucifient, et qui le montrent, qui le mettent en scène, les peuples, dans l'ensemble, pensent que tous les moyens sont bons. Est-ce qu'ils ont tort ?
CHRISTIANE TAUBIRA
Qu'est-ce qu'on entend par tous les moyens ? On peut entendre proférer cette parole, mais une démocratie elle a des règles, et ce sont ces règles qui font son efficacité. Vous savez, nous travaillons depuis 2 ans, en tout cas depuis septembre 2012, à prévenir les actes terroristes, à prévenir la radicalisation violente, et nous le faisons avec des moyens. Nous avons augmenté les effectifs, nous avons, par exemple nous, un magistrat de liaison, nous avons une coopération de qualité avec les pays qui sont concernés, et en l'occurrence avec l'Algérie, nous avons des instruments judiciaires, telle que l'entraide pénale
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et pourtant, il y a de plus en plus de jeunes qui partent. Les jeunes Français qui partent combattre en Syrie, en Irak, grâce à la loi bientôt votée, à leur retour ils seront arrêtés et sans doute jugés. Est-ce qu'il faut une cour spéciale, un tribunal d'exception pour eux ?
CHRISTIANE TAUBIRA
Mais, nous sommes armés, c'est-à-dire nous avons une démocratie qui n'est pas bancale, elle n'est pas bancale, nous avons un système judiciaire qui fonctionne. Nous avons adopté une loi antiterroriste en décembre 2012
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais ça ne suffit pas.
CHRISTIANE TAUBIRA
Justement, c'est bien pour ça que Bernard CAZENEUVE a porté devant le Parlement, qui a adopté à l'Assemblée nationale déjà, un texte antiterroriste, qui s'est enrichi de l'expérience de ce que nous avons observé, qui a introduit la possibilité de sanctionner des actes individuels et isolés, et qui a pris un certain nombre de dispositions pour lutter contre la cybercriminalité.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais comment on leur répond quand ils nous disent « message de sang », qu'ils décapitent, qu'ils tuent ? Est-ce qu'on leur répond avec les principes de la démocratie ou avec d'autres actes ?
CHRISTIANE TAUBIRA
Il n'y a pas à entrer dans un dialogue avec ces personnes, il y a à les combattre, et c'est bien pour ça que j'ai commencé à parler d'efficacité et que j'ajoute, sans se perdre, parce que notre système est supérieur, et la République française, qui a une forte identité en plus, elle pose des valeurs, et ces valeurs sont protectrices pour ses citoyens. Donc, nous sommes efficaces, Monsieur ELKABBACH, puisque nous démantelons des réseaux, nous sommes efficaces, et nous augmentons nos capacités à prévenir et à prévoir, et nous le faisons en interministériel, avec le ministère des Affaires étrangères, le ministère de la Justice, le ministère de l'Intérieur. Nous avons augmenté des effectifs, nous croisons nos équipes de renseignements
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais vous avez dit nous les combattons
CHRISTIANE TAUBIRA
Oui, mais j'essaie de vous expliquer comment nous les combattons
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais on le sait, on le sait, on le comprend.
CHRISTIANE TAUBIRA
Mais comme vous m'interrompez à tous les quarts de phrase, je m'obstine pour essayer de faire entendre comment nous combattons, parce que nous avons mis en place toute une série de dispositifs, depuis 2 ans, que nous avons renforcés, en particulier, depuis mars 2014.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et en même temps, il y a l'action militaire, l'offensive militaire décidée par le président de la République. Le Conseil des ministres, ou le Conseil de Défense, a dit hier « la France apportera son soutien à tous les Etats qui en feraient la demande. » Si Bachar EL-ASSAD nous appelle et nous demande, on y va, en Syrie ?
CHRISTIANE TAUBIRA
Monsieur ELKABBACH, ce sont des décisions qui relèvent du président de la République.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais votre avis.
CHRISTIANE TAUBIRA
Je n'ai pas à vous donner mon avis sur une compétence qui relève du président de la République. Je suis membre de ce gouvernement, je suis solidaire de l'équipe
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Allez-y, vous êtes solidaire.
CHRISTIANE TAUBIRA
Le président de la République a la compétence exclusive pour décider de telles actions.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Je vous pose la question de « La Croix » ce matin, comment vous qualifiez, vous, la guerre contre le terrorisme ?
CHRISTIANE TAUBIRA
Je ne comprends pas, comment qualifier la guerre contre
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Comment vous la qualifiez, ce qui est en train de se passer, c'est une guerre, c'est ?
CHRISTIANE TAUBIRA
Mais quelle importance, ce qui compte ce sont les réponses que nous mettons en place, et les réponses visent à protéger les citoyens Français, elles visent à sanctionner, elles visent à démanteler les filières, elles visent à prévenir, à désendoctriner, elles visent à accompagner les familles, c'est pour ça que nous avons mis en place un Centre national, téléphone et web, de façon à ce que des signalements permettent aux pouvoirs publics d'accompagner les familles. Sur 350 signalements, nous avons pu éviter 70 départs. Voilà ce que nous visons. Nous ne sommes pas dans une guerre des mots, nous ne sommes pas dans une guerre des mots.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Ce matin
CHRISTIANE TAUBIRA
Des vies sont en jeu, des vies.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Evidemment. Ce matin, avec toutes les mesures que vous présentez, est-ce que vous dites la France est en sécurité ? Parce qu'il y a un affolement, il y a une angoisse, il y a des mesures de protection, mais est-ce que la France est en sécurité ?
CHRISTIANE TAUBIRA
Il n'y a pas d'affolement, il y a une inquiétude et elle est légitime, elle est normale, et cette inquiétude elle est bienvenue également parce qu'elle augmente la vigilance et les veilles. Il n'y a pas d'affolement parce que la France est armée et que la France se donne les moyens. Nous travaillons depuis des mois, depuis 2 ans en interministériel, et depuis 6 mois de façon systématique, et je vous répète que nous avons renforcé la formation des personnels de renseignements, y compris de renseignement pénitentiaire, que nous croissons les équipes, que nous introduisons des effectifs dans
JEAN-PIERRE ELKABBACH
(Soupir.)
CHRISTIANE TAUBIRA
Oui, je suis désolée, mais j'essaie de répondre à vos questions Monsieur ELKABBACH.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Christiane TAUBIRA, cet après-midi les musulmans, horrifiés par le crime, vont manifester à la Mosquée de Paris, pour montrer que la Nation est une et indivisible. Est-ce que vous irez, est-ce que vous soutenez ce mouvement, ce sursaut, des musulmans qui n'ont pas envie d'être confondus avec les islamistes jihadistes ?
CHRISTIANE TAUBIRA
Evidemment que la Nation est une et indivisible, il ne m'est jamais venu à l'esprit, moi, de considérer que les Français de croyance musulmane étaient concernés par les actes barbares, meurtriers, criminels, sauvages, qui sont perpétrés dans ces lieux. Ça ne m'est jamais venu à l'esprit. Evidemment je comprends que pour la Nation cette prise de position, cette façon de dire collectivement, collectivement, mais pas seuls musulmans, « nous Français, de confession musulmane, nous n'avons rien à voir avec ça, mais ce n'est pas juste en tant que musulmans que nous imposons ce point de vue », ils appellent leurs amis à être à leurs côtés, et bien entendu les Français musulmans sont musulmans français, ils sont tout simplement Français surtout.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Christiane TAUBIRA, il y a toutes les réformes dont vous viendrez parler un jour avec nous dans « Le Grand Rendez-vous », et un matin, les réformes que vous êtes en train de lancer pour la justice au 21ème siècle, il y a des réformes, mais, le gouvernement, aujourd'hui divisé, a poussé la direction d'AIR FRANCE, ce n'est pas votre secteur, mais c'est la philosophie, l'a poussée, la direction d'AIR FRANCE, à céder aux pilotes en grève. Comment peut-on croire aux réformes si on n'ose rien imposer à des privilégiés arrogants ?
CHRISTIANE TAUBIRA
Je ne sais pas qui vous mettez derrière les privilégiés arrogants.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Les pilotes.
CHRISTIANE TAUBIRA
Ah bon ? Moi je n'ai pas de raison particulière de la caractériser comme privilégiés arrogants.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais on leur cède.
CHRISTIANE TAUBIRA
Attendez, c'est un dialogue social entre la direction d'AIR FRANCE et ces personnels.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Plus de 12 jours de grève, tout le pays affaibli, ils fatiguent une économie.
CHRISTIANE TAUBIRA
Non mais là vous êtes en train de faire votre émission, Monsieur ELKABBACH
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Je vous pose des questions.
CHRISTIANE TAUBIRA
Vous êtes en train de faire votre chronique. Je constate que vous reportez à un nouveau rendez-vous ma responsabilité ministérielle, et vous voulez m'entraîner sur un chemin de caractérisation des personnes qui posent des revendications. Je n'ai pas à porter de jugement sur ceux qui posent des revendications, y compris dans mon secteur de la justice
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Vous, vous pouvez faire les réformes, vous pouvez réformer les professions
CHRISTIANE TAUBIRA
Mais je me bats pour les expliquer, pour les expliquer, pour les faire accepter, et pour les faire en concertation, c'est une méthode que j'ai choisie et qui donne de bons résultats depuis 2,5 ans.
THOMAS SOTTO
Merci beaucoup Christiane TAUBIRA d'être venue ce matin sur EUROPE 1. Je précise que dimanche
CHRISTIANE TAUBIRA
C'était bien étrange.
THOMAS SOTTO
C'était bien étrange il y a toujours une petite appréciation après une interview de Christiane TAUBIRA
CHRISTIANE TAUBIRA
Pardonnez-moi.
THOMAS SOTTO
Elle fait le débrief elle-même. Dimanche c'est donc Ségolène ROYAL qui sera votre invitée, Jean-Pierre, pour « Le Grand Rendez-vous EUROPE 1 I TELE Le Monde », rendez-vous à 10H00.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et étrange de part et d'autre.
CHRISTIANE TAUBIRA
Oui.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
A bientôt Christiane TAUBIRA.
CHRISTIANE TAUBIRA
C'est l'action et la réaction, je ne sais pas qui a la réaction.
THOMAS SOTTO
Les auditeurs jugeront.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Moi j'ai une idée.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 15 octobre 2014