Texte intégral
JEAN-JACQUES BOURDIN
Michel SAPIN est notre invité, bonjour
MICHEL SAPIN
Bonjour.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ministre des Finances et des Comptes publics. Vous avez été le ministre du chômage, vous êtes maintenant le ministre de la dette, ce n'est pas facile Michel SAPIN ?
MICHEL SAPIN
Non ! Rien n'est facile.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui ! Oui, oui.
MICHEL SAPIN
D'ailleurs, si on était ministre pour traiter des choses faciles, beaucoup d'autres pourraient le faire.
JEAN-JACQUES BOURDIN
La dette 2.023 milliards d'euros, combien la France emprunte-t-elle tous les jours ?
MICHEL SAPIN
Oh ! Je ne vais pas vous donner de chiffre
JEAN-JACQUES BOURDIN
On a le chiffre ?
MICHEL SAPIN
Oui ! Bien sûr, il suffit de diviser par
JEAN-JACQUES BOURDIN
Combien ?
MICHEL SAPIN
Je ne peux pas vous le donner comme ça. Mais juste
JEAN-JACQUES BOURDIN
188 milliards en 2015.
MICHEL SAPIN
Oui ! Ca c'est au total, donc vous divisez par
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui ! Au total, voilà.
MICHEL SAPIN
Vous divisez par le nombre de jours et vous avez fait votre travail de mémoire du matin.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui ! Oui.
MICHEL SAPIN
Mais la dette c'est très exactement le reflet du passé, parce que personne ne pense je l'espère
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ah bon !
MICHEL SAPIN
Personne ne pense que nous avons fait 2 milliards de dette en l'espace de 2 ans, non la France a fait 2 milliards de dette au cours de ces dernières années...
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non ! 2.000 milliards.
MICHEL SAPIN
2.000 milliards de dette au cours de ces dernières années et tout particulièrement au cours de ces 15 dernières années. Sur les 2.000 milliards de dette qui pèsent sur nos épaules, sur mes épaules parce que c'est moi qui suis aujourd'hui ministre des Finances, il y a 1.000 milliards qui ont été créés entre 2002 et 2012, 2002-2012, il y a 600 milliards qui ont été créés entre 2007 et 2012, je ne dis pas ça pour polémiquer - puisque vous voyez bien que dans cette période-là ça n'était pas mon parti qui était au pouvoir - mais pour rendre chacun plus modeste quand il commente le poids de la dette.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Tout le monde est d'accord, tout le monde a creusé, a creusé la dette de la France ?
MICHEL SAPIN
Certains plus vite que d'autres et pas nous !
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bon ! Les taux d'emprunt sont bas
MICHEL SAPIN
Très bas !
JEAN-JACQUES BOURDIN
Est-il vrai que la France est le pays d'Europe qui emprunte le plus ?
MICHEL SAPIN
Non !
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non ?
MICHEL SAPIN
Non ! Pas encore, et il faut éviter
JEAN-JACQUES BOURDIN
Dans la zone euro pas encore ?
MICHEL SAPIN
Pas encore ! Et il faut éviter
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais bientôt, quoi ?
MICHEL SAPIN
Et il faut éviter que ce le soit. Donc, jusqu'à présent
JEAN-JACQUES BOURDIN
Pas encore ! Mais on est dans les 3 premiers, quoi ?
MICHEL SAPIN
Oui ! Voilà, 1 des 3 premiers. Vous avez 3 grands pays qui empruntent beaucoup, d'abord parce qu'ils sont importants, l'Allemagne, la France et l'Italie : l'Italie beaucoup, beaucoup trop d'ailleurs, c'est le problème de l'Italie, c'est qu'elle est largement au-delà de 100 % de dette ; l'Allemagne, elle, a équilibré, il faut qu'elle refinance sa dette ancienne qui est très lourde ; et, nous, il faut absolument, c'est d'ailleurs la raison pour laquelle nous voulons maîtriser nos déficits, maîtriser nos dépenses, sans pour autant augmenter les impôts - nous allons en parler et, nous, nous devrons l'année prochaine avoir un programme d'endettement important mais qui ne sera pas supérieur à ceux qu'on a pu connaître par exemple dans les années 2010 lorsque d'autres géraient la France.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous allez présenter les comptes publics de la France à Bruxelles, Michel SAPIN
MICHEL SAPIN
C'est normal !
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est normal, vous allez encore demander à Bruxelles un assouplissement ?
MICHEL SAPIN
Non !
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non ? Sur le déficit public, non ?
MICHEL SAPIN
Non ! J'ai décidé
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non ! A Pierre MOSCOVICI vous allez poser la question ?
MICHEL SAPIN
Ce n'est pas Pierre MOSCOVICI, Pierre MOSCOVICI est membre d'un collège comme on dit
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui ! Entre autre, eh bien entre autre .
MICHEL SAPIN
C'est la Commission qui examinera, c'est l'ensemble et ce n'est pas parce qu'un ministre Français ..
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est amusant.
MICHEL SAPIN
Ce n'est pas parce qu'on est Français que pour autant on doit avoir un oeil plus bienveillant par rapport à notre pays.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et il n'aura pas d'oeil plus bienveillant ?
MICHEL SAPIN
Non ! Il n'aura pas l'oeil plus bienveillant. Mais je voudrais revenir sur ce point-là
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors allez-y !
MICHEL SAPIN
Parce que souvent on décrit et je le comprends, vous venez de le faire, la France va aller - allez ! Ce n'est pas vos mots - quémander auprès de Bruxelles
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non ! Je n'ai pas dit ça.
MICHEL SAPIN
Non ! Vous ne l'avez pas dit, mais certains parfois l'utilisent, on va demander un délai supplémentaire, ce n'est pas la question fondamentale. La question fondamentale est la suivante : l'Europe, la zone euro, ne se porte pas bien du point de vue économique et donc la France dans la zone euro ne se porte pas bien, nous sommes exactement dans la moyenne des autres pays, il y en a qui vont mieux (l'Allemagne), il y en a qui vont beaucoup moins bien que nous (l'Italie ou l'Espagne) mais nous sommes exactement dans la moyenne de la zone euro, la croissance est trop faible. Alors les Français ne savent pas très bien ce que c'est que la croissance, la croissance c'est l'activité économique
JEAN-JACQUES BOURDIN
Je vais y revenir !
MICHEL SAPIN
Oui ! Mais j'essaie quand même de répondre à votre
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui !
MICHEL SAPIN
Donc la question que je vais poser à l'Europe
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est quoi ?
MICHEL SAPIN
C'est que la France, au sein de l'Europe, pose, c'est comment fait-on pour que la croissance soit plus forte en Europe ? Comment fait-on pour faire reculer le chômage en Europe ?
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui ! Mais, Michel SAPIN, vous n'allez pas, vous ne tenez pas les objectifs présentés à Bruxelles franchement ?
MICHEL SAPIN
Aucun des pays aujourd'hui n'est en capacité de tenir ses objectifs.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non ! Mais je ne suis pas là pour parler des autres pays, je parle de la France, vous ne tenez pas...
MICHEL SAPIN
Mais moi je parle aussi de l'Europe dans la France.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui ! Mais vous ne tenez pas vos objectifs ?
MICHEL SAPIN
J'essaie
JEAN-JACQUES BOURDIN
Est-ce que vous les tenez ?
MICHEL SAPIN
J'essaie de vous décrire la situation.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui ! Est-ce que vous les tenez vos objectifs ?
MICHEL SAPIN
Non ! Pas l'objectif de 2014
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bon ! Vous ne le tenez pas.
MICHEL SAPIN
Pourquoi ? Mais pourquoi ? Mais comme dans les autres pays
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous allez donc demander un assouplissement ?
MICHEL SAPIN
Laissez-moi ! Laissez-moi une seconde, une seconde pour vous décrire la chose.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui ! Alors allez-y, allez-y.
MICHEL SAPIN
Tout le monde prévoyait en Europe et en France une croissance supérieure à 1 %, je dis tout le monde - pas le gouvernement français tout le monde. Quelle va être la réalité de la croissance en Europe ? O ! Et de la croissance en France ? 0,4 %. Quand la croissance est plus faible, qu'est-ce qui se passe ? Eh bien les impôts qui rentrent sont plus faibles ! C'est très simple, si vous avez moins d'activité vous avez moins de TVA et, en plus, il y a moins d'inflation, il n'y a quasiment pas d'inflation, donc ça veut dire que les prix eux-mêmes n'augmentant pas vous avez moins de TVA, quand vous avez moins de TVA dans notre budget comme dans les autres budgets vous avez un déficit qui est plus élevé que celui qui était prévu. Voilà la réalité ! Je la dis depuis le début.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors, Michel SAPIN
MICHEL SAPIN
Je regarde cette réalité en face
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui ! Mais regardez
MICHEL SAPIN
Parce que
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais, mais
MICHEL SAPIN
Si on ne regarde pas la réalité en face
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous avez raison !
MICHEL SAPIN
On ne prend pas les bonnes décisions pour y remédier.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Michel SAPIN ! Vous avez raison de regarder la vérité en face, d'ailleurs regardons-là, depuis des années les gouvernements qui se succèdent ne font jamais les bonnes prévisions, j'ai regardé les chiffres depuis 2008...
MICHEL SAPIN
C'est vrai ! C'est vrai, c'est vrai.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Les prévisions sont en dessous, en dessous de ce qui se passe ensuite. Depuis 2008 par exemple les déficits sont 47 % plus élevés que les prévisions annoncées par les gouvernements successifs
MICHEL SAPIN
Vous avez parfaitement raison et vous avez raison de le dire
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc pourquoi, systématiquement, vous nous annoncez de faux chiffres ?
MICHEL SAPIN
Non ! Mais je partage totalement le point de vue tel que vous l'avez exprimé.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ah bon ! Ah bon
MICHEL SAPIN
Et c'est pour ça que je dis que je souhaite qu'on regarde la vérité et la réalité en face de manière à présenter des comptes, un budget, c'est ce que je fais, j'ai cette prétention peut-être que la réalité demain
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui ! Mais
MICHEL SAPIN
Me démentira mais j'ai cette prétention au bon sens du terme c'est de présenter des comptes qui sont des comptes sincères.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bon !
MICHEL SAPIN
Les hypothèses que je fais, même l'hypothèse de croissance pour l'année prochaine qui parait à certains optimistes
JEAN-JACQUES BOURDIN
1 % !
MICHEL SAPIN
Alors que quand on la prévoyait à 1,5 % elle paraissait réaliste, mais les hypothèses sur lesquelles je construis ce budget sont des hypothèses extrêmement
JEAN-JACQUES BOURDIN
1 % l'année prochaine, croissance
MICHEL SAPIN
Je souhaite que cette fois je dise la vérité, je veux dire la vérité aux Français pour la construction de ce budget
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bon ! Alors disons la vérité.
MICHEL SAPIN
Peut-être que ça change par rapport à d'autres avant, mais je souhaite que ça soit ainsi. Sinon on est tout le temps en train de courir après des résultats qu'on n'atteint pas, mais c'est insupportable pour les Français, vous dites aux Français : « il faut faire des efforts
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ah oui ! C'est insupportable, oui, oui.
MICHEL SAPIN
Bien sûr ! Mais je voudrais qu'on sorte de ce cercle-là, je veux qu'on sorte de ce cercle-là. On demande aux Français des efforts, on leur dit : « on va atteindre tel déficit », on n'atteint pas ce déficit et les Français
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ecoutez ! Aujourd'hui on est en 2014 mais vous êtes au pouvoir depuis 2012, depuis 2012 pardon Michel SAPIN mes vos chiffres sont faux ?
MICHEL SAPIN
Non ! Les chiffres ne sont pas faux au sens où vous l'entendez
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vos prévisions sont trop optimistes, elles sont trop optimistes...
MICHEL SAPIN
Comme disait l'autre : « toute prévision est difficile à faire, surtout quand elle concerne l'avenir ». Vous êtes d'accord ?
JEAN-JACQUES BOURDIN
Elles sont systématiquement optimistes.
MICHEL SAPIN
Si quelqu'un est capable de faire une prévision juste, je veux le rencontrer, seule la réalité
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui ! Mais On est d'accord, mais pourquoi sont-elles systématiquement optimistes ?
MICHEL SAPIN
Parce que c'était une manière de faire en sorte, c'était un objectif, de faire en sorte que le budget rentre dans les rails
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc, c'est une manière de
MICHEL SAPIN
Eh bien aujourd'hui...
JEAN-JACQUES BOURDIN
De faire croire aux Français que vous gouvernez bien.
MICHEL SAPIN
Pour moi, c'est terminé.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bon !
MICHEL SAPIN
Je dis les choses telles qu'elles sont. Et c'est la raison pour laquelle, monsieur BOURDIN
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui ! Michel SAPIN.
MICHEL SAPIN
J'ai dit au milieu de l'été, au milieu de l'été, j'ai dit aux Français : « l'objectif de déficit de cette année il ne sera pas atteint, nous aurons un déficit de 4,4 % », je l'ai dit, je le redis
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ce sera le cas !
MICHEL SAPIN
Ce sera le cas. Je dis pour l'année prochaine, ce n'est pas la peine de promettre 3,5 ou 3,2 %, nous ne saurons pas le faire avec une trop faible croissance et une trop faible
JEAN-JACQUES BOURDIN
... que vous aviez faites, pardonnez-moi, il y a un a, ou 2 ans.
MICHEL SAPIN
Et je dis 4,3 %, et je dis je suis ministre des Finances là aujourd'hui et je dis 4,3 % pour l'année prochaine.0 Certains me disent : « Oh ! La, la, mais c'est une toute petite diminution du déficit »
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui ! Bon.
MICHEL SAPIN
Eh bien je préfère afficher cette diminution du déficit et l'atteindre, avec, par ailleurs, un budget qui est construit de manière extrêmement sérieuse
JEAN-JACQUES BOURDIN
On va parler du budget, des recettes et des dépenses.
MICHEL SAPIN
Aussi bien du côté des recettes, il n'y a pas d'impôt
JEAN-JACQUES BOURDIN
On va en reparler !
MICHEL SAPIN
Par exemple sur le revenu des Français - au contraire il baisse et du coté bien sûr des dépenses, parce que c'est le premier budget qui fait vraiment des économies sur les dépenses publiques.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Un mot quand même encore sur ce chiffre, c'est le Haut conseil des finances publiques, organe indépendant, qui juge vos chiffres de croissance de 1 % - votre chiffre pour 2015 optimistes, c'est monsieur MIGAUD qui préside ce Haut conseil des finances publiques qui vous critique dans l'heure qui suit la présentation de votre budget.
MICHEL SAPIN
Mais je le comprends ! Parce que c'est très difficile de faire des prévisions...
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous le comprenez ?
MICHEL SAPIN
Et il a plutôt envie d'éviter qu'ensuite on dise qu'il s'est trompé
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui !
MICHEL SAPIN
Il a peut-être envie d'éviter que vous lui disiez à lui ce que vous venez de me dire à moi et donc c'est plus simple de dire qu'un chiffre est optimiste que de dire que ce chiffre est réaliste, comme ça on ne fait pas de critique ensuite. Je rappellerai simplement, parce que c'est difficile les prévisions, que le même Haut conseil trouvait qu'une prévision de 1 % pour cette année 2014 était une prévision réaliste, non susceptible d'être à la baisse, eh bien évidemment - mais comme nous, comme d'autres - sur ce point-là le Haut conseil n'avait pas fait la bonne appréciation. Voilà ! Il est très utile ce Haut Conseil, c'est nous qui l'avons créé, c'est un organe indépendant
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ah ! Oui il est indépendant, oui.
MICHEL SAPIN
Mais oui ! Et donc il donne des orientations, il allume des feux de clignotants et il a raison de le faire. Par exemple il nous dit : « vous prévoyez 21 milliards d'économies, c'est bien, c'est bien » nous dit-il
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors, j'allais en parler
MICHEL SAPIN
Il dit : « c'est d'ailleurs extrêmement ambitieux, c'est très nouveau, jamais la France n'a fait cela, eh bien il va falloir que vous les teniez ces 21 milliards », il a raison de nous dire cela.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors justement les économies et ensuite nous parlerons des dépenses. Collectivités territoriales, baisse des dotations de 3.700.000.000 d'euros, c'est-à-dire ? C'est-à-dire la baisse des dotations, l'Etat va moins aider les collectivités territoriales ! Qu'est-ce que vous attendez des collectivités territoriales ?
MICHEL SAPIN
Moi j'ai été président de Région
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui !
MICHEL SAPIN
Pendant des années.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui !
MICHEL SAPIN
J'ai été maire d'une commune, la commune d'Argenton-sur-Creuse, j'en suis toujours conseiller municipal, pendant des années et des années
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui !
MICHEL SAPIN
Donc je sais combien les collectivités territoriales sont importantes, combien elles ont mis en oeuvre un certain nombre de politiques nouvelles, combien elles peuvent rendre des services à la population, par exemple on a construit un nombre de crèches ou de haltes-garderies considérables. Mais je sais aussi que les dépenses des collectivités territoriales au cours de ces dernières années ont considérablement augmenté
JEAN-JACQUES BOURDIN
Dépenses en personnel ?
MICHEL SAPIN
Des dépenses de fonctionnement
JEAN-JACQUES BOURDIN
De fonctionnement !
MICHEL SAPIN
De fonctionnement ont considérablement augmenté, ça n'est plus possible de continuer ainsi.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc, là, il y a des économies à faire ?
MICHEL SAPIN
Au cours de ces dernières années l'Etat a fait des efforts que les collectivités territoriales nont pas fait, l'Etat doit continuer à faire des efforts mais les collectivités territoriales doivent faire aussi des efforts
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bon !
MICHEL SAPIN
Mais qu'est-ce que j'attends des collectivités territoriales, qu'est-ce que j'attends de moi-même aussi quand je suis responsable d'une collectivité territoriale ? C'est que les efforts se fassent sur le fonctionnement et non pas sur l'investissement
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais, Michel SAPIN
MICHEL SAPIN
Parce que l'investissement c'est du travail pour les artisans, pour les entreprises locales, c'est aussi de la qualité de vie en plus pour les Français, on peut faire des économies de fonctionnement dans les collectivités territoriales comme nous le faisons dans l'Etat.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors l'Etat et ses agents, 7 milliards et quelques
MICHEL SAPIN
7,7 milliards !
JEAN-JACQUES BOURDIN
7,7 milliards, la Sécurité Sociale 10 milliards d'euros d'économies, alors à la Sécurité Sociale la santé, la famille, 700 millions, j'ai vu Valéry GISCARD d'ESTAING sur RTL qui nous dit : « ne touchez pas à la politique familiale, c'est notre seule réussite ».
MICHEL SAPIN
Oui ! Mais c'est extraordinaire, tous ceux qui nous demandent de faire des économies, les mêmes nous disent quand vous dites 21 milliards ce n'est pas suffisant il faudrait faire 3 fois plus ils nous disent, ou bien quand on dit 50 milliards ils disent il faudrait faire 150 milliards, ils ne nous disent pas où, mais ils nous disent il faut en faire plus et, chaque fois que l'on propose des économies, ils nous disent non pas là. Ah ! C'est extraordinaire ça, il faut en faire plus mais jamais là. Ce que nous demandons comme efforts, par exemple dans la branche famille, est exactement proportionnel, un peu moins
JEAN-JACQUES BOURDIN
700 millions d'euros ! Oui.
MICHEL SAPIN
Un peu moins proportionnel par rapport à l'ensemble des dépenses de la branche famille.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Le congé parental pour les mères
MICHEL SAPIN
On peut faire des économies que si on fait des économies partout, sinon il y a toujours quelqu'un pour vous dire là il ne faut pas et, à ce moment-là, on fait des économies nulle part.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors justement regardons précisément, parce qu'on n'a pas encore le je n'ai pas vraiment tout à fait compris, le congé parental pour les mères réduit, il est de 3 ans, réduit, il sera réduit ou pas ?
MICHEL SAPIN
Parce qu'il est augmenté pour les hommes ! Oui.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui ! Mais est-ce qu'il sera réduit ?
MICHEL SAPIN
Oui ! Oui, oui, il sera réduit, oui.
JEAN-JACQUES BOURDIN
A combien ?
MICHEL SAPIN
Mais il est augmenté pour les hommes.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui ! Je sais.
MICHEL SAPIN
Le global, au total, c'est la même chose.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bon ! Donc il va être réduit de moitié ? Il va être réduit de moitié pour les mères
MICHEL SAPIN
Au total c'est 3 ans et nous souhaitons qu'il y ait une égalité de traitement entre les hommes et les femmes.
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est-à-dire, combien ?
MICHEL SAPIN
Je pense que ça peut être, c'est 3 ans, vous divisez par 2, vous avez ce à quoi chacun dans un couple peut avoir droit. Ca veut dire que pour nous
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est-à-dire 18 mois pour chacun ?
MICHEL SAPIN
Ca veut dire, oui bien sûr, ça veut dire que
JEAN-JACQUES BOURDIN
18 mois pour chacun, c'est clair ?
MICHEL SAPIN
Ca veut dire que dans la vie à venir, moi je le pense profondément, je ne suis plus en âge d'avoir de jeunes enfants - j'en ai eus 3, donc je suis un peu dans le couple modèle si je puis dire de ce point de vue-là, même si c'est 3 garçons, mais ça peut s'équilibrer d'une manière ou d'une autre ensuite dans la vie des familles mais je veux moi je souhaite profondément que le couple de demain ce soit un couple et l'homme et la femme à parité s'occupent des enfants et donc, au bout du compte, le jour où l'homme et la femme auront la même durée de congé parental, il n'y aura pas d'économies, l'objectif n'est pas forcément seulement de faire des économies, c'est de faire en sorte qu'il y ait une parité entre l'homme et la femme, entre le
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bon ! Donc 18 et 18.
MICHEL SAPIN
Le père et la mère dans la capacité à accompagner les enfants.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Parallèlement, j'ai vu les protestations de très nombreux auditeurs de RMC, vous augmentez l'AME de 70 millions d'euros.
MICHEL SAPIN
Oui ! Mais c'est quoi 70 C'est quoi l'AME ? C'est quoi l'AME ?
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est quoi ?
MICHEL SAPIN
Hein, c'est quoi ?
JEAN-JACQUES BOURDIN
Eh bien c'est l'Aide médicale d'Etat.
MICHEL SAPIN
Oui, et elle va vers qui ? Elle va vers ceux
JEAN-JACQUES BOURDIN
Elle va vers des hommes, des femmes, des enfants, qui sont
MICHEL SAPIN
Qui n'ont aucune ressource.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Qui n'ont aucune ressource
MICHEL SAPIN
Aucune ressource.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Qui sont sans papier.
MICHEL SAPIN
Aucune ressource, et parce qu'ils seraient sans papier on ne devrait pas les soigner ? Mais je pense que vous auriez les mêmes auditeurs, peut-être, ou d'autres auditeurs, qui viendraient se plaindre, de ce qu'on laisse, quoi, mais on n'a pas le droit ! Vous croyez qu'un médecin, vous croyez qu'un hôpital
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est l'honneur de la France l'AME ?
MICHEL SAPIN
Mais ce n'est pas une histoire d'honneur.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non mais je vous dis ça, parce que Je vous dis ça parce que c'est très contesté, mais vous le savez
MICHEL SAPIN
Mais j'entends cette contestation.
JEAN-JACQUES BOURDIN
dans l'opposition.
MICHEL SAPIN
Mais j'entends très bien cette contestation, mais je ne la partage pas du tout. Vous imaginez, mais les mêmes, les mêmes qui la contestent, s'ils sont médecins, s'ils sont infirmiers ou infirmières, ils verraient cet homme, cette femme, ces enfants, arriver à l'hôpital et ils diraient : non, ne soigne pas ? Mais c'est même interdit, c'est contraire aux engagements de ces professions. Donc on voit bien qu'il y a là quelque chose qui est nécessaire. Il faut maitriser évidemment l'immigration clandestine, mais lorsque quelqu'un est sur notre territoire, même si par ailleurs on doit le reconduire à la frontière, s'il est malade, il doit être soigné.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bien, je regardais la masse salariale de la Fonction publique, va quand même augmenter de 0,6 %, hein, malgré tout.
MICHEL SAPIN
Oui, mais nous demandons un gros effort aux fonctionnaires. Là aussi, nous demandons un gros effort. Est-ce que tout le monde sait, est-ce que tout le monde sait que le salaire des fonctionnaires est bloqué ? Que ce que l'on appelle l'indice de la Fonction publique est bloqué ?
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui.
MICHEL SAPIN
Est-ce que c'est le cas de tout le monde ? Non, je ne le crois pas, moi je vois l'indice, enfin, l'évolution des salaires dans le privé.
JEAN-JACQUES BOURDIN
La masse salariale a quand même augmenté de 0,6 %, mécaniquement.
MICHEL SAPIN
Mais nous avons, dans l'état, ça c'est globalement, c'est avec les collectivités locales, mais l'état, nous avons maitrisé, et non seulement maitrisé, mais nous faisons en sorte que cette masse salariale, aujourd'hui, nous puissions faire des économies sur cette masse salariale, il y aura même une diminution.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bon. Il y a d'autres économies à faire, peut-être.
MICHEL SAPIN
Bien sûr, des économies.
JEAN-JACQUES BOURDIN
D'autres économies fortes à faire, je ne sais pas, moi, à quoi sert le Conseil économique social et environnemental, par exemple ?
MICHEL SAPIN
Eh bien vous aller leur poser la question, ils auront des réponses pour montrer que par ailleurs ils sont utiles. Mais, est-ce que je peux vous décrire quelques-unes des économies ?
JEAN-JACQUES BOURDIN
Les dépenses nouvelles Oui, allez-y. Allez-y et puis après je vous parlerai des recettes.
MICHEL SAPIN
Comment on fait dans une entreprise, ou même dans un foyer, pour faire des économies ? J'entends souvent, on me dit : « Ah, on fait des économies au rabot », je ne comprends pas d'ailleurs pourquoi on insulte ce très bel instrument, qui est un rabot, qui permet de faire de très beaux travaux de menuisiers ou de charpentier. Mais non, qu'est-ce que nous faisons ? Nous faisons que le parc immobilier, lui-même, par exemple, soit mieux géré. On va vendre des bâtiments qui sont beaucoup trop chers
JEAN-JACQUES BOURDIN
Combien ?
MICHEL SAPIN
On va en vendre, je ne sais pas la somme, là, mais on va en vendre.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, vous n'avez pas recensé.
MICHEL SAPIN
On va gérer de manière beaucoup moins onéreuse, on va beaucoup mieux gérer le parc informatique, de manière à faire des économies, non pas sur la quantité de dématérialisation, mais parce qu'on peut le gérer de manière beaucoup plus, beaucoup plus sérieuse. On peut faire fonctionner l'Etat, mieux, avec moins d'argent, c'est ce que nous sommes en train de faire. C'est la première fois. Ayez ça en tête, parce que personne n'a ça en tête.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non non, mais
MICHEL SAPIN
L'année prochaine, l'année prochaine, en 2015, en bas de la colonne, là, sans faire des questions de valeurs, de volume, personne n'y comprend rien, en bas de la colonne « dépenses de l'Etat », l'année prochaine, il y aura 1,8 milliard de moins que cette année. Ça n'est jamais arrivé. 1,8 milliard de moins que cette année, ça n'est jamais arrivé. C'est un effort considérable, il faut le faire parce que c'est grâce à ces économies-là que nous finançons par ailleurs les priorités de l'Etat, l'éducation, la sécurité, la défense, dans les conditions actuelles où c'est absolument indispensable.
JEAN-JACQUES BOURDIN
La défense, avec 7 500 fonctionnaires de la Défense en moins.
MICHEL SAPIN
Oui, mais ça c'est des plans qui sont prévus, mais on tient absolument tous les engagements.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bon, alors, mais en revanche, vous financez aussi
MICHEL SAPIN
Nous finançons les baisses d'impôts.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, alors, les baisses d'impôts, on en a beaucoup parlé, et je voudrais m'intéresser, moi, aux recettes. Augmentation de 3 de la redevance audiovisuelle, c'est beaucoup plus important que l'inflation, en pourcentage.
MICHEL SAPIN
Oui, bien sûr, évidemment.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Prix du timbre, hausse de 7 à 10 centimes.
MICHEL SAPIN
Non mais ça, le timbre, c'est une entreprise, ce n'est pas l'Etat.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bon, une entreprise. Hausse de 1 % des tarifs d'envoi des colis, c'est toujours une entreprise, taxe sur les diesels
MICHEL SAPIN
Oui, ça c'est nous.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Deux fois deux. Est-ce que les transporteurs routiers seront exonérés deux ces deux taxes ?
MICHEL SAPIN
La deuxième, en tous les cas, celle qui est 2 centimes sur la TIPP, ils en sont effectivement aujourd'hui exonérés, mais comme ils sont aujourd'hui exonérés de cette taxe.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et taxe carbone, + 2 centimes, et la fameuse taxe
MICHEL SAPIN
Les transporteurs
JEAN-JACQUES BOURDIN
Les deux taxes, ils seront exonérés des deux taxes ?
MICHEL SAPIN
Les transporteurs ne paient pas la TIPP d'autrefois.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bon, d'accord.
MICHEL SAPIN
Ils ne la paient pas, ils en sont exonérés.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et sur l'autre taxe, ils seront exonérés ou pas ?
MICHEL SAPIN
Les deux sont des augmentations de TIPP, eux ils en sont
JEAN-JACQUES BOURDIN
Les deux ?
MICHEL SAPIN
Ils ne le paient pas.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc ils sont exonérés sur les deux.
MICHEL SAPIN
Ils ne la paient pas aujourd'hui et il n'y a pas de raison qu'ils ne la paient pas demain.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et ils ne la paieront pas.
MICHEL SAPIN
Je peux revenir sur cette histoire des 2 centimes ?
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui.
MICHEL SAPIN
Parce que c'est normal que vous me posiez cette question et pour les gens, c'est tout à fait, c'est la vie quotidienne
JEAN-JACQUES BOURDIN
Surtout avec le Mondial de l'automobile.
MICHEL SAPIN
C'est la vie quotidienne. Pourquoi est-ce que nous augmentons ces 2 centimes ? Les deux autres étaient prévus depuis de très longue date, ils étaient votés il y a deux ans, ces 2 centimes-là. Pourquoi ? Parce que, vous savez qu'il y a eu l'histoire de taxe poids lourds, etc., que nous avons repoussée, et donc aujourd'hui, dans le budget des travaux, des travaux d'investissements, la construction de routes, la construction de voies ferroviaires nouvelles, la construction de tramways, il manque, de ce fait-là, 800 millions. Est-ce que l'on allait refuser de faire ces travaux ? Est-ce qu'on allait les reculer dans le temps, alors qu'ils sont indispensables, qu'ils sont programmés, qu'ils sont là
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais qui dégrade les routes ?
MICHEL SAPIN
Oui, mais tout le monde, mais en particulier bien sûr les camions et d'autres, mais pas seulement les camions. Donc, aujourd'hui nous allons faire
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais pourquoi sont-ils exonérés, alors, de cet effort ?
MICHEL SAPIN
Mais vous étiez le premier à râler, les uns et les autres, contre la taxe
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non non, mais je pose une question, je suis râler, pas râler
MICHEL SAPIN
Bon. Voilà. Moi je suis responsable d'une chose, c'est que les travaux qui avaient été prévus, doivent être faits. Si nous ne les faisons pas, ce sont des milliers et des milliers de gens qui n'ont plus de boulot, et ces travaux sont utiles. Je veux qu'ils soient faits, donc je finance. Pour financer, il y a 2 centimes sur le gasoil, ça fait les 800 millions qui manquaient. Ces 2 centimes, il n'y a pas une toute petite part qui ira dans le budget de l'Etat pour le fonctionnement.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Rien.
MICHEL SAPIN
Il n'y a rien qui viendra payer, je ne sais pas quoi, la voiture de fonction ou quelques dépenses que quelqu'un pourrait considérer comme inutile. Tout ira dans les travaux. Et je voudrais vous donner une deuxième, enfin, vous l'avez, est-ce que vous savez, moi j'ai une petite voiture, qui roule au gasoil
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui.
MICHEL SAPIN
Peut-être que j'ai tort, puisqu'il parait qu'il ne faut pas rouler au gasoil.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, non
MICHEL SAPIN
Mais enfin, pour l'instant, voilà, je l'ai depuis quelques années
JEAN-JACQUES BOURDIN
Elle est ancienne ?
MICHEL SAPIN
Oui, elle a, elle était avant que je sois ministre, je l'ai achetée avant d'être ministre, donc voilà
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc il y a plusieurs années.
MICHEL SAPIN
Donc il y a quatre ans, voilà, bon.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il y a quatre ans, oui.
MICHEL SAPIN
Mais c'est une très bonne voiture, je ne vais pas faire de la publicité.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il devrait y avoir un bonus, en changeant, en achetant une voiture électrique.
MICHEL SAPIN
J'ai eu le bonus au moment où je l'ai achetée.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bon.
MICHEL SAPIN
Parce qu'elle est, par ailleurs, peu consommatrice. Mais bon. Je reviens sur l'histoire du gasoil.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui.
MICHEL SAPIN
Est-ce que vous savez, il y a un an, à combien était le gasoil ?
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non.
MICHEL SAPIN
1,36 il y a un an.
JEAN-JACQUES BOURDIN
1,36. Oui.
MICHEL SAPIN
A combien il est aujourd'hui ?
JEAN-JACQUES BOURDIN
40.
MICHEL SAPIN
1,29.
JEAN-JACQUES BOURDIN
1,29 oui.
MICHEL SAPIN
1,29, il a baissé.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il a baissé, oui mais là vous n'y êtes pour rien.
MICHEL SAPIN
Non, bien sûr, mais il a baissé de 7 centimes, avec 2 centimes il restera encore une baisse.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il peut monter.
MICHEL SAPIN
Bien sûr, mais là il restera encore une baisse.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vu les évènements internationaux.
MICHEL SAPIN
Ah oui, mais aujourd'hui, dans le cadre des évènements internationaux, comme vous le savez, il a plutôt tendance à baisser, par ailleurs, ce qui est une bonne nouvelle
JEAN-JACQUES BOURDIN
Grâce à l'euro.
MICHEL SAPIN
non seulement pour chacun des automobilistes, mais aussi pour l'économie française. La baisse de l'euro, la baisse du prix du pétrole, voilà deux bonnes nouvelles pour l'économie française. Il y en a aussi des bonnes nouvelles pour l'économie française.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Merci Michel SAPIN.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 14 octobre 2014
Michel SAPIN est notre invité, bonjour
MICHEL SAPIN
Bonjour.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ministre des Finances et des Comptes publics. Vous avez été le ministre du chômage, vous êtes maintenant le ministre de la dette, ce n'est pas facile Michel SAPIN ?
MICHEL SAPIN
Non ! Rien n'est facile.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui ! Oui, oui.
MICHEL SAPIN
D'ailleurs, si on était ministre pour traiter des choses faciles, beaucoup d'autres pourraient le faire.
JEAN-JACQUES BOURDIN
La dette 2.023 milliards d'euros, combien la France emprunte-t-elle tous les jours ?
MICHEL SAPIN
Oh ! Je ne vais pas vous donner de chiffre
JEAN-JACQUES BOURDIN
On a le chiffre ?
MICHEL SAPIN
Oui ! Bien sûr, il suffit de diviser par
JEAN-JACQUES BOURDIN
Combien ?
MICHEL SAPIN
Je ne peux pas vous le donner comme ça. Mais juste
JEAN-JACQUES BOURDIN
188 milliards en 2015.
MICHEL SAPIN
Oui ! Ca c'est au total, donc vous divisez par
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui ! Au total, voilà.
MICHEL SAPIN
Vous divisez par le nombre de jours et vous avez fait votre travail de mémoire du matin.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui ! Oui.
MICHEL SAPIN
Mais la dette c'est très exactement le reflet du passé, parce que personne ne pense je l'espère
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ah bon !
MICHEL SAPIN
Personne ne pense que nous avons fait 2 milliards de dette en l'espace de 2 ans, non la France a fait 2 milliards de dette au cours de ces dernières années...
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non ! 2.000 milliards.
MICHEL SAPIN
2.000 milliards de dette au cours de ces dernières années et tout particulièrement au cours de ces 15 dernières années. Sur les 2.000 milliards de dette qui pèsent sur nos épaules, sur mes épaules parce que c'est moi qui suis aujourd'hui ministre des Finances, il y a 1.000 milliards qui ont été créés entre 2002 et 2012, 2002-2012, il y a 600 milliards qui ont été créés entre 2007 et 2012, je ne dis pas ça pour polémiquer - puisque vous voyez bien que dans cette période-là ça n'était pas mon parti qui était au pouvoir - mais pour rendre chacun plus modeste quand il commente le poids de la dette.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Tout le monde est d'accord, tout le monde a creusé, a creusé la dette de la France ?
MICHEL SAPIN
Certains plus vite que d'autres et pas nous !
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bon ! Les taux d'emprunt sont bas
MICHEL SAPIN
Très bas !
JEAN-JACQUES BOURDIN
Est-il vrai que la France est le pays d'Europe qui emprunte le plus ?
MICHEL SAPIN
Non !
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non ?
MICHEL SAPIN
Non ! Pas encore, et il faut éviter
JEAN-JACQUES BOURDIN
Dans la zone euro pas encore ?
MICHEL SAPIN
Pas encore ! Et il faut éviter
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais bientôt, quoi ?
MICHEL SAPIN
Et il faut éviter que ce le soit. Donc, jusqu'à présent
JEAN-JACQUES BOURDIN
Pas encore ! Mais on est dans les 3 premiers, quoi ?
MICHEL SAPIN
Oui ! Voilà, 1 des 3 premiers. Vous avez 3 grands pays qui empruntent beaucoup, d'abord parce qu'ils sont importants, l'Allemagne, la France et l'Italie : l'Italie beaucoup, beaucoup trop d'ailleurs, c'est le problème de l'Italie, c'est qu'elle est largement au-delà de 100 % de dette ; l'Allemagne, elle, a équilibré, il faut qu'elle refinance sa dette ancienne qui est très lourde ; et, nous, il faut absolument, c'est d'ailleurs la raison pour laquelle nous voulons maîtriser nos déficits, maîtriser nos dépenses, sans pour autant augmenter les impôts - nous allons en parler et, nous, nous devrons l'année prochaine avoir un programme d'endettement important mais qui ne sera pas supérieur à ceux qu'on a pu connaître par exemple dans les années 2010 lorsque d'autres géraient la France.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous allez présenter les comptes publics de la France à Bruxelles, Michel SAPIN
MICHEL SAPIN
C'est normal !
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est normal, vous allez encore demander à Bruxelles un assouplissement ?
MICHEL SAPIN
Non !
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non ? Sur le déficit public, non ?
MICHEL SAPIN
Non ! J'ai décidé
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non ! A Pierre MOSCOVICI vous allez poser la question ?
MICHEL SAPIN
Ce n'est pas Pierre MOSCOVICI, Pierre MOSCOVICI est membre d'un collège comme on dit
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui ! Entre autre, eh bien entre autre .
MICHEL SAPIN
C'est la Commission qui examinera, c'est l'ensemble et ce n'est pas parce qu'un ministre Français ..
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est amusant.
MICHEL SAPIN
Ce n'est pas parce qu'on est Français que pour autant on doit avoir un oeil plus bienveillant par rapport à notre pays.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et il n'aura pas d'oeil plus bienveillant ?
MICHEL SAPIN
Non ! Il n'aura pas l'oeil plus bienveillant. Mais je voudrais revenir sur ce point-là
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors allez-y !
MICHEL SAPIN
Parce que souvent on décrit et je le comprends, vous venez de le faire, la France va aller - allez ! Ce n'est pas vos mots - quémander auprès de Bruxelles
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non ! Je n'ai pas dit ça.
MICHEL SAPIN
Non ! Vous ne l'avez pas dit, mais certains parfois l'utilisent, on va demander un délai supplémentaire, ce n'est pas la question fondamentale. La question fondamentale est la suivante : l'Europe, la zone euro, ne se porte pas bien du point de vue économique et donc la France dans la zone euro ne se porte pas bien, nous sommes exactement dans la moyenne des autres pays, il y en a qui vont mieux (l'Allemagne), il y en a qui vont beaucoup moins bien que nous (l'Italie ou l'Espagne) mais nous sommes exactement dans la moyenne de la zone euro, la croissance est trop faible. Alors les Français ne savent pas très bien ce que c'est que la croissance, la croissance c'est l'activité économique
JEAN-JACQUES BOURDIN
Je vais y revenir !
MICHEL SAPIN
Oui ! Mais j'essaie quand même de répondre à votre
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui !
MICHEL SAPIN
Donc la question que je vais poser à l'Europe
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est quoi ?
MICHEL SAPIN
C'est que la France, au sein de l'Europe, pose, c'est comment fait-on pour que la croissance soit plus forte en Europe ? Comment fait-on pour faire reculer le chômage en Europe ?
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui ! Mais, Michel SAPIN, vous n'allez pas, vous ne tenez pas les objectifs présentés à Bruxelles franchement ?
MICHEL SAPIN
Aucun des pays aujourd'hui n'est en capacité de tenir ses objectifs.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non ! Mais je ne suis pas là pour parler des autres pays, je parle de la France, vous ne tenez pas...
MICHEL SAPIN
Mais moi je parle aussi de l'Europe dans la France.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui ! Mais vous ne tenez pas vos objectifs ?
MICHEL SAPIN
J'essaie
JEAN-JACQUES BOURDIN
Est-ce que vous les tenez ?
MICHEL SAPIN
J'essaie de vous décrire la situation.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui ! Est-ce que vous les tenez vos objectifs ?
MICHEL SAPIN
Non ! Pas l'objectif de 2014
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bon ! Vous ne le tenez pas.
MICHEL SAPIN
Pourquoi ? Mais pourquoi ? Mais comme dans les autres pays
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous allez donc demander un assouplissement ?
MICHEL SAPIN
Laissez-moi ! Laissez-moi une seconde, une seconde pour vous décrire la chose.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui ! Alors allez-y, allez-y.
MICHEL SAPIN
Tout le monde prévoyait en Europe et en France une croissance supérieure à 1 %, je dis tout le monde - pas le gouvernement français tout le monde. Quelle va être la réalité de la croissance en Europe ? O ! Et de la croissance en France ? 0,4 %. Quand la croissance est plus faible, qu'est-ce qui se passe ? Eh bien les impôts qui rentrent sont plus faibles ! C'est très simple, si vous avez moins d'activité vous avez moins de TVA et, en plus, il y a moins d'inflation, il n'y a quasiment pas d'inflation, donc ça veut dire que les prix eux-mêmes n'augmentant pas vous avez moins de TVA, quand vous avez moins de TVA dans notre budget comme dans les autres budgets vous avez un déficit qui est plus élevé que celui qui était prévu. Voilà la réalité ! Je la dis depuis le début.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors, Michel SAPIN
MICHEL SAPIN
Je regarde cette réalité en face
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui ! Mais regardez
MICHEL SAPIN
Parce que
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais, mais
MICHEL SAPIN
Si on ne regarde pas la réalité en face
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous avez raison !
MICHEL SAPIN
On ne prend pas les bonnes décisions pour y remédier.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Michel SAPIN ! Vous avez raison de regarder la vérité en face, d'ailleurs regardons-là, depuis des années les gouvernements qui se succèdent ne font jamais les bonnes prévisions, j'ai regardé les chiffres depuis 2008...
MICHEL SAPIN
C'est vrai ! C'est vrai, c'est vrai.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Les prévisions sont en dessous, en dessous de ce qui se passe ensuite. Depuis 2008 par exemple les déficits sont 47 % plus élevés que les prévisions annoncées par les gouvernements successifs
MICHEL SAPIN
Vous avez parfaitement raison et vous avez raison de le dire
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc pourquoi, systématiquement, vous nous annoncez de faux chiffres ?
MICHEL SAPIN
Non ! Mais je partage totalement le point de vue tel que vous l'avez exprimé.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ah bon ! Ah bon
MICHEL SAPIN
Et c'est pour ça que je dis que je souhaite qu'on regarde la vérité et la réalité en face de manière à présenter des comptes, un budget, c'est ce que je fais, j'ai cette prétention peut-être que la réalité demain
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui ! Mais
MICHEL SAPIN
Me démentira mais j'ai cette prétention au bon sens du terme c'est de présenter des comptes qui sont des comptes sincères.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bon !
MICHEL SAPIN
Les hypothèses que je fais, même l'hypothèse de croissance pour l'année prochaine qui parait à certains optimistes
JEAN-JACQUES BOURDIN
1 % !
MICHEL SAPIN
Alors que quand on la prévoyait à 1,5 % elle paraissait réaliste, mais les hypothèses sur lesquelles je construis ce budget sont des hypothèses extrêmement
JEAN-JACQUES BOURDIN
1 % l'année prochaine, croissance
MICHEL SAPIN
Je souhaite que cette fois je dise la vérité, je veux dire la vérité aux Français pour la construction de ce budget
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bon ! Alors disons la vérité.
MICHEL SAPIN
Peut-être que ça change par rapport à d'autres avant, mais je souhaite que ça soit ainsi. Sinon on est tout le temps en train de courir après des résultats qu'on n'atteint pas, mais c'est insupportable pour les Français, vous dites aux Français : « il faut faire des efforts
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ah oui ! C'est insupportable, oui, oui.
MICHEL SAPIN
Bien sûr ! Mais je voudrais qu'on sorte de ce cercle-là, je veux qu'on sorte de ce cercle-là. On demande aux Français des efforts, on leur dit : « on va atteindre tel déficit », on n'atteint pas ce déficit et les Français
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ecoutez ! Aujourd'hui on est en 2014 mais vous êtes au pouvoir depuis 2012, depuis 2012 pardon Michel SAPIN mes vos chiffres sont faux ?
MICHEL SAPIN
Non ! Les chiffres ne sont pas faux au sens où vous l'entendez
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vos prévisions sont trop optimistes, elles sont trop optimistes...
MICHEL SAPIN
Comme disait l'autre : « toute prévision est difficile à faire, surtout quand elle concerne l'avenir ». Vous êtes d'accord ?
JEAN-JACQUES BOURDIN
Elles sont systématiquement optimistes.
MICHEL SAPIN
Si quelqu'un est capable de faire une prévision juste, je veux le rencontrer, seule la réalité
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui ! Mais On est d'accord, mais pourquoi sont-elles systématiquement optimistes ?
MICHEL SAPIN
Parce que c'était une manière de faire en sorte, c'était un objectif, de faire en sorte que le budget rentre dans les rails
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc, c'est une manière de
MICHEL SAPIN
Eh bien aujourd'hui...
JEAN-JACQUES BOURDIN
De faire croire aux Français que vous gouvernez bien.
MICHEL SAPIN
Pour moi, c'est terminé.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bon !
MICHEL SAPIN
Je dis les choses telles qu'elles sont. Et c'est la raison pour laquelle, monsieur BOURDIN
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui ! Michel SAPIN.
MICHEL SAPIN
J'ai dit au milieu de l'été, au milieu de l'été, j'ai dit aux Français : « l'objectif de déficit de cette année il ne sera pas atteint, nous aurons un déficit de 4,4 % », je l'ai dit, je le redis
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ce sera le cas !
MICHEL SAPIN
Ce sera le cas. Je dis pour l'année prochaine, ce n'est pas la peine de promettre 3,5 ou 3,2 %, nous ne saurons pas le faire avec une trop faible croissance et une trop faible
JEAN-JACQUES BOURDIN
... que vous aviez faites, pardonnez-moi, il y a un a, ou 2 ans.
MICHEL SAPIN
Et je dis 4,3 %, et je dis je suis ministre des Finances là aujourd'hui et je dis 4,3 % pour l'année prochaine.0 Certains me disent : « Oh ! La, la, mais c'est une toute petite diminution du déficit »
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui ! Bon.
MICHEL SAPIN
Eh bien je préfère afficher cette diminution du déficit et l'atteindre, avec, par ailleurs, un budget qui est construit de manière extrêmement sérieuse
JEAN-JACQUES BOURDIN
On va parler du budget, des recettes et des dépenses.
MICHEL SAPIN
Aussi bien du côté des recettes, il n'y a pas d'impôt
JEAN-JACQUES BOURDIN
On va en reparler !
MICHEL SAPIN
Par exemple sur le revenu des Français - au contraire il baisse et du coté bien sûr des dépenses, parce que c'est le premier budget qui fait vraiment des économies sur les dépenses publiques.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Un mot quand même encore sur ce chiffre, c'est le Haut conseil des finances publiques, organe indépendant, qui juge vos chiffres de croissance de 1 % - votre chiffre pour 2015 optimistes, c'est monsieur MIGAUD qui préside ce Haut conseil des finances publiques qui vous critique dans l'heure qui suit la présentation de votre budget.
MICHEL SAPIN
Mais je le comprends ! Parce que c'est très difficile de faire des prévisions...
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous le comprenez ?
MICHEL SAPIN
Et il a plutôt envie d'éviter qu'ensuite on dise qu'il s'est trompé
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui !
MICHEL SAPIN
Il a peut-être envie d'éviter que vous lui disiez à lui ce que vous venez de me dire à moi et donc c'est plus simple de dire qu'un chiffre est optimiste que de dire que ce chiffre est réaliste, comme ça on ne fait pas de critique ensuite. Je rappellerai simplement, parce que c'est difficile les prévisions, que le même Haut conseil trouvait qu'une prévision de 1 % pour cette année 2014 était une prévision réaliste, non susceptible d'être à la baisse, eh bien évidemment - mais comme nous, comme d'autres - sur ce point-là le Haut conseil n'avait pas fait la bonne appréciation. Voilà ! Il est très utile ce Haut Conseil, c'est nous qui l'avons créé, c'est un organe indépendant
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ah ! Oui il est indépendant, oui.
MICHEL SAPIN
Mais oui ! Et donc il donne des orientations, il allume des feux de clignotants et il a raison de le faire. Par exemple il nous dit : « vous prévoyez 21 milliards d'économies, c'est bien, c'est bien » nous dit-il
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors, j'allais en parler
MICHEL SAPIN
Il dit : « c'est d'ailleurs extrêmement ambitieux, c'est très nouveau, jamais la France n'a fait cela, eh bien il va falloir que vous les teniez ces 21 milliards », il a raison de nous dire cela.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors justement les économies et ensuite nous parlerons des dépenses. Collectivités territoriales, baisse des dotations de 3.700.000.000 d'euros, c'est-à-dire ? C'est-à-dire la baisse des dotations, l'Etat va moins aider les collectivités territoriales ! Qu'est-ce que vous attendez des collectivités territoriales ?
MICHEL SAPIN
Moi j'ai été président de Région
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui !
MICHEL SAPIN
Pendant des années.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui !
MICHEL SAPIN
J'ai été maire d'une commune, la commune d'Argenton-sur-Creuse, j'en suis toujours conseiller municipal, pendant des années et des années
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui !
MICHEL SAPIN
Donc je sais combien les collectivités territoriales sont importantes, combien elles ont mis en oeuvre un certain nombre de politiques nouvelles, combien elles peuvent rendre des services à la population, par exemple on a construit un nombre de crèches ou de haltes-garderies considérables. Mais je sais aussi que les dépenses des collectivités territoriales au cours de ces dernières années ont considérablement augmenté
JEAN-JACQUES BOURDIN
Dépenses en personnel ?
MICHEL SAPIN
Des dépenses de fonctionnement
JEAN-JACQUES BOURDIN
De fonctionnement !
MICHEL SAPIN
De fonctionnement ont considérablement augmenté, ça n'est plus possible de continuer ainsi.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc, là, il y a des économies à faire ?
MICHEL SAPIN
Au cours de ces dernières années l'Etat a fait des efforts que les collectivités territoriales nont pas fait, l'Etat doit continuer à faire des efforts mais les collectivités territoriales doivent faire aussi des efforts
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bon !
MICHEL SAPIN
Mais qu'est-ce que j'attends des collectivités territoriales, qu'est-ce que j'attends de moi-même aussi quand je suis responsable d'une collectivité territoriale ? C'est que les efforts se fassent sur le fonctionnement et non pas sur l'investissement
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais, Michel SAPIN
MICHEL SAPIN
Parce que l'investissement c'est du travail pour les artisans, pour les entreprises locales, c'est aussi de la qualité de vie en plus pour les Français, on peut faire des économies de fonctionnement dans les collectivités territoriales comme nous le faisons dans l'Etat.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors l'Etat et ses agents, 7 milliards et quelques
MICHEL SAPIN
7,7 milliards !
JEAN-JACQUES BOURDIN
7,7 milliards, la Sécurité Sociale 10 milliards d'euros d'économies, alors à la Sécurité Sociale la santé, la famille, 700 millions, j'ai vu Valéry GISCARD d'ESTAING sur RTL qui nous dit : « ne touchez pas à la politique familiale, c'est notre seule réussite ».
MICHEL SAPIN
Oui ! Mais c'est extraordinaire, tous ceux qui nous demandent de faire des économies, les mêmes nous disent quand vous dites 21 milliards ce n'est pas suffisant il faudrait faire 3 fois plus ils nous disent, ou bien quand on dit 50 milliards ils disent il faudrait faire 150 milliards, ils ne nous disent pas où, mais ils nous disent il faut en faire plus et, chaque fois que l'on propose des économies, ils nous disent non pas là. Ah ! C'est extraordinaire ça, il faut en faire plus mais jamais là. Ce que nous demandons comme efforts, par exemple dans la branche famille, est exactement proportionnel, un peu moins
JEAN-JACQUES BOURDIN
700 millions d'euros ! Oui.
MICHEL SAPIN
Un peu moins proportionnel par rapport à l'ensemble des dépenses de la branche famille.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Le congé parental pour les mères
MICHEL SAPIN
On peut faire des économies que si on fait des économies partout, sinon il y a toujours quelqu'un pour vous dire là il ne faut pas et, à ce moment-là, on fait des économies nulle part.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors justement regardons précisément, parce qu'on n'a pas encore le je n'ai pas vraiment tout à fait compris, le congé parental pour les mères réduit, il est de 3 ans, réduit, il sera réduit ou pas ?
MICHEL SAPIN
Parce qu'il est augmenté pour les hommes ! Oui.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui ! Mais est-ce qu'il sera réduit ?
MICHEL SAPIN
Oui ! Oui, oui, il sera réduit, oui.
JEAN-JACQUES BOURDIN
A combien ?
MICHEL SAPIN
Mais il est augmenté pour les hommes.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui ! Je sais.
MICHEL SAPIN
Le global, au total, c'est la même chose.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bon ! Donc il va être réduit de moitié ? Il va être réduit de moitié pour les mères
MICHEL SAPIN
Au total c'est 3 ans et nous souhaitons qu'il y ait une égalité de traitement entre les hommes et les femmes.
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est-à-dire, combien ?
MICHEL SAPIN
Je pense que ça peut être, c'est 3 ans, vous divisez par 2, vous avez ce à quoi chacun dans un couple peut avoir droit. Ca veut dire que pour nous
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est-à-dire 18 mois pour chacun ?
MICHEL SAPIN
Ca veut dire, oui bien sûr, ça veut dire que
JEAN-JACQUES BOURDIN
18 mois pour chacun, c'est clair ?
MICHEL SAPIN
Ca veut dire que dans la vie à venir, moi je le pense profondément, je ne suis plus en âge d'avoir de jeunes enfants - j'en ai eus 3, donc je suis un peu dans le couple modèle si je puis dire de ce point de vue-là, même si c'est 3 garçons, mais ça peut s'équilibrer d'une manière ou d'une autre ensuite dans la vie des familles mais je veux moi je souhaite profondément que le couple de demain ce soit un couple et l'homme et la femme à parité s'occupent des enfants et donc, au bout du compte, le jour où l'homme et la femme auront la même durée de congé parental, il n'y aura pas d'économies, l'objectif n'est pas forcément seulement de faire des économies, c'est de faire en sorte qu'il y ait une parité entre l'homme et la femme, entre le
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bon ! Donc 18 et 18.
MICHEL SAPIN
Le père et la mère dans la capacité à accompagner les enfants.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Parallèlement, j'ai vu les protestations de très nombreux auditeurs de RMC, vous augmentez l'AME de 70 millions d'euros.
MICHEL SAPIN
Oui ! Mais c'est quoi 70 C'est quoi l'AME ? C'est quoi l'AME ?
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est quoi ?
MICHEL SAPIN
Hein, c'est quoi ?
JEAN-JACQUES BOURDIN
Eh bien c'est l'Aide médicale d'Etat.
MICHEL SAPIN
Oui, et elle va vers qui ? Elle va vers ceux
JEAN-JACQUES BOURDIN
Elle va vers des hommes, des femmes, des enfants, qui sont
MICHEL SAPIN
Qui n'ont aucune ressource.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Qui n'ont aucune ressource
MICHEL SAPIN
Aucune ressource.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Qui sont sans papier.
MICHEL SAPIN
Aucune ressource, et parce qu'ils seraient sans papier on ne devrait pas les soigner ? Mais je pense que vous auriez les mêmes auditeurs, peut-être, ou d'autres auditeurs, qui viendraient se plaindre, de ce qu'on laisse, quoi, mais on n'a pas le droit ! Vous croyez qu'un médecin, vous croyez qu'un hôpital
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est l'honneur de la France l'AME ?
MICHEL SAPIN
Mais ce n'est pas une histoire d'honneur.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non mais je vous dis ça, parce que Je vous dis ça parce que c'est très contesté, mais vous le savez
MICHEL SAPIN
Mais j'entends cette contestation.
JEAN-JACQUES BOURDIN
dans l'opposition.
MICHEL SAPIN
Mais j'entends très bien cette contestation, mais je ne la partage pas du tout. Vous imaginez, mais les mêmes, les mêmes qui la contestent, s'ils sont médecins, s'ils sont infirmiers ou infirmières, ils verraient cet homme, cette femme, ces enfants, arriver à l'hôpital et ils diraient : non, ne soigne pas ? Mais c'est même interdit, c'est contraire aux engagements de ces professions. Donc on voit bien qu'il y a là quelque chose qui est nécessaire. Il faut maitriser évidemment l'immigration clandestine, mais lorsque quelqu'un est sur notre territoire, même si par ailleurs on doit le reconduire à la frontière, s'il est malade, il doit être soigné.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bien, je regardais la masse salariale de la Fonction publique, va quand même augmenter de 0,6 %, hein, malgré tout.
MICHEL SAPIN
Oui, mais nous demandons un gros effort aux fonctionnaires. Là aussi, nous demandons un gros effort. Est-ce que tout le monde sait, est-ce que tout le monde sait que le salaire des fonctionnaires est bloqué ? Que ce que l'on appelle l'indice de la Fonction publique est bloqué ?
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui.
MICHEL SAPIN
Est-ce que c'est le cas de tout le monde ? Non, je ne le crois pas, moi je vois l'indice, enfin, l'évolution des salaires dans le privé.
JEAN-JACQUES BOURDIN
La masse salariale a quand même augmenté de 0,6 %, mécaniquement.
MICHEL SAPIN
Mais nous avons, dans l'état, ça c'est globalement, c'est avec les collectivités locales, mais l'état, nous avons maitrisé, et non seulement maitrisé, mais nous faisons en sorte que cette masse salariale, aujourd'hui, nous puissions faire des économies sur cette masse salariale, il y aura même une diminution.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bon. Il y a d'autres économies à faire, peut-être.
MICHEL SAPIN
Bien sûr, des économies.
JEAN-JACQUES BOURDIN
D'autres économies fortes à faire, je ne sais pas, moi, à quoi sert le Conseil économique social et environnemental, par exemple ?
MICHEL SAPIN
Eh bien vous aller leur poser la question, ils auront des réponses pour montrer que par ailleurs ils sont utiles. Mais, est-ce que je peux vous décrire quelques-unes des économies ?
JEAN-JACQUES BOURDIN
Les dépenses nouvelles Oui, allez-y. Allez-y et puis après je vous parlerai des recettes.
MICHEL SAPIN
Comment on fait dans une entreprise, ou même dans un foyer, pour faire des économies ? J'entends souvent, on me dit : « Ah, on fait des économies au rabot », je ne comprends pas d'ailleurs pourquoi on insulte ce très bel instrument, qui est un rabot, qui permet de faire de très beaux travaux de menuisiers ou de charpentier. Mais non, qu'est-ce que nous faisons ? Nous faisons que le parc immobilier, lui-même, par exemple, soit mieux géré. On va vendre des bâtiments qui sont beaucoup trop chers
JEAN-JACQUES BOURDIN
Combien ?
MICHEL SAPIN
On va en vendre, je ne sais pas la somme, là, mais on va en vendre.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, vous n'avez pas recensé.
MICHEL SAPIN
On va gérer de manière beaucoup moins onéreuse, on va beaucoup mieux gérer le parc informatique, de manière à faire des économies, non pas sur la quantité de dématérialisation, mais parce qu'on peut le gérer de manière beaucoup plus, beaucoup plus sérieuse. On peut faire fonctionner l'Etat, mieux, avec moins d'argent, c'est ce que nous sommes en train de faire. C'est la première fois. Ayez ça en tête, parce que personne n'a ça en tête.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non non, mais
MICHEL SAPIN
L'année prochaine, l'année prochaine, en 2015, en bas de la colonne, là, sans faire des questions de valeurs, de volume, personne n'y comprend rien, en bas de la colonne « dépenses de l'Etat », l'année prochaine, il y aura 1,8 milliard de moins que cette année. Ça n'est jamais arrivé. 1,8 milliard de moins que cette année, ça n'est jamais arrivé. C'est un effort considérable, il faut le faire parce que c'est grâce à ces économies-là que nous finançons par ailleurs les priorités de l'Etat, l'éducation, la sécurité, la défense, dans les conditions actuelles où c'est absolument indispensable.
JEAN-JACQUES BOURDIN
La défense, avec 7 500 fonctionnaires de la Défense en moins.
MICHEL SAPIN
Oui, mais ça c'est des plans qui sont prévus, mais on tient absolument tous les engagements.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bon, alors, mais en revanche, vous financez aussi
MICHEL SAPIN
Nous finançons les baisses d'impôts.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, alors, les baisses d'impôts, on en a beaucoup parlé, et je voudrais m'intéresser, moi, aux recettes. Augmentation de 3 de la redevance audiovisuelle, c'est beaucoup plus important que l'inflation, en pourcentage.
MICHEL SAPIN
Oui, bien sûr, évidemment.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Prix du timbre, hausse de 7 à 10 centimes.
MICHEL SAPIN
Non mais ça, le timbre, c'est une entreprise, ce n'est pas l'Etat.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bon, une entreprise. Hausse de 1 % des tarifs d'envoi des colis, c'est toujours une entreprise, taxe sur les diesels
MICHEL SAPIN
Oui, ça c'est nous.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Deux fois deux. Est-ce que les transporteurs routiers seront exonérés deux ces deux taxes ?
MICHEL SAPIN
La deuxième, en tous les cas, celle qui est 2 centimes sur la TIPP, ils en sont effectivement aujourd'hui exonérés, mais comme ils sont aujourd'hui exonérés de cette taxe.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et taxe carbone, + 2 centimes, et la fameuse taxe
MICHEL SAPIN
Les transporteurs
JEAN-JACQUES BOURDIN
Les deux taxes, ils seront exonérés des deux taxes ?
MICHEL SAPIN
Les transporteurs ne paient pas la TIPP d'autrefois.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bon, d'accord.
MICHEL SAPIN
Ils ne la paient pas, ils en sont exonérés.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et sur l'autre taxe, ils seront exonérés ou pas ?
MICHEL SAPIN
Les deux sont des augmentations de TIPP, eux ils en sont
JEAN-JACQUES BOURDIN
Les deux ?
MICHEL SAPIN
Ils ne le paient pas.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc ils sont exonérés sur les deux.
MICHEL SAPIN
Ils ne la paient pas aujourd'hui et il n'y a pas de raison qu'ils ne la paient pas demain.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et ils ne la paieront pas.
MICHEL SAPIN
Je peux revenir sur cette histoire des 2 centimes ?
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui.
MICHEL SAPIN
Parce que c'est normal que vous me posiez cette question et pour les gens, c'est tout à fait, c'est la vie quotidienne
JEAN-JACQUES BOURDIN
Surtout avec le Mondial de l'automobile.
MICHEL SAPIN
C'est la vie quotidienne. Pourquoi est-ce que nous augmentons ces 2 centimes ? Les deux autres étaient prévus depuis de très longue date, ils étaient votés il y a deux ans, ces 2 centimes-là. Pourquoi ? Parce que, vous savez qu'il y a eu l'histoire de taxe poids lourds, etc., que nous avons repoussée, et donc aujourd'hui, dans le budget des travaux, des travaux d'investissements, la construction de routes, la construction de voies ferroviaires nouvelles, la construction de tramways, il manque, de ce fait-là, 800 millions. Est-ce que l'on allait refuser de faire ces travaux ? Est-ce qu'on allait les reculer dans le temps, alors qu'ils sont indispensables, qu'ils sont programmés, qu'ils sont là
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais qui dégrade les routes ?
MICHEL SAPIN
Oui, mais tout le monde, mais en particulier bien sûr les camions et d'autres, mais pas seulement les camions. Donc, aujourd'hui nous allons faire
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais pourquoi sont-ils exonérés, alors, de cet effort ?
MICHEL SAPIN
Mais vous étiez le premier à râler, les uns et les autres, contre la taxe
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non non, mais je pose une question, je suis râler, pas râler
MICHEL SAPIN
Bon. Voilà. Moi je suis responsable d'une chose, c'est que les travaux qui avaient été prévus, doivent être faits. Si nous ne les faisons pas, ce sont des milliers et des milliers de gens qui n'ont plus de boulot, et ces travaux sont utiles. Je veux qu'ils soient faits, donc je finance. Pour financer, il y a 2 centimes sur le gasoil, ça fait les 800 millions qui manquaient. Ces 2 centimes, il n'y a pas une toute petite part qui ira dans le budget de l'Etat pour le fonctionnement.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Rien.
MICHEL SAPIN
Il n'y a rien qui viendra payer, je ne sais pas quoi, la voiture de fonction ou quelques dépenses que quelqu'un pourrait considérer comme inutile. Tout ira dans les travaux. Et je voudrais vous donner une deuxième, enfin, vous l'avez, est-ce que vous savez, moi j'ai une petite voiture, qui roule au gasoil
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui.
MICHEL SAPIN
Peut-être que j'ai tort, puisqu'il parait qu'il ne faut pas rouler au gasoil.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, non
MICHEL SAPIN
Mais enfin, pour l'instant, voilà, je l'ai depuis quelques années
JEAN-JACQUES BOURDIN
Elle est ancienne ?
MICHEL SAPIN
Oui, elle a, elle était avant que je sois ministre, je l'ai achetée avant d'être ministre, donc voilà
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc il y a plusieurs années.
MICHEL SAPIN
Donc il y a quatre ans, voilà, bon.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il y a quatre ans, oui.
MICHEL SAPIN
Mais c'est une très bonne voiture, je ne vais pas faire de la publicité.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il devrait y avoir un bonus, en changeant, en achetant une voiture électrique.
MICHEL SAPIN
J'ai eu le bonus au moment où je l'ai achetée.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bon.
MICHEL SAPIN
Parce qu'elle est, par ailleurs, peu consommatrice. Mais bon. Je reviens sur l'histoire du gasoil.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui.
MICHEL SAPIN
Est-ce que vous savez, il y a un an, à combien était le gasoil ?
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non.
MICHEL SAPIN
1,36 il y a un an.
JEAN-JACQUES BOURDIN
1,36. Oui.
MICHEL SAPIN
A combien il est aujourd'hui ?
JEAN-JACQUES BOURDIN
40.
MICHEL SAPIN
1,29.
JEAN-JACQUES BOURDIN
1,29 oui.
MICHEL SAPIN
1,29, il a baissé.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il a baissé, oui mais là vous n'y êtes pour rien.
MICHEL SAPIN
Non, bien sûr, mais il a baissé de 7 centimes, avec 2 centimes il restera encore une baisse.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il peut monter.
MICHEL SAPIN
Bien sûr, mais là il restera encore une baisse.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vu les évènements internationaux.
MICHEL SAPIN
Ah oui, mais aujourd'hui, dans le cadre des évènements internationaux, comme vous le savez, il a plutôt tendance à baisser, par ailleurs, ce qui est une bonne nouvelle
JEAN-JACQUES BOURDIN
Grâce à l'euro.
MICHEL SAPIN
non seulement pour chacun des automobilistes, mais aussi pour l'économie française. La baisse de l'euro, la baisse du prix du pétrole, voilà deux bonnes nouvelles pour l'économie française. Il y en a aussi des bonnes nouvelles pour l'économie française.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Merci Michel SAPIN.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 14 octobre 2014