Lettre de M. Georges Sarre, président du Mouvement des citoyens, sur la nécessité d'une intervention gouvernementale pour éviter la cessation d'activité d'AOM-Air Liberté, Paris, le 28 juin 2001.

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Texte intégral

Monsieur le Ministre,
Le 19 juin dernier, les compagnies AOM et Air-Liberté ont été mises en redressement judiciaire. Cette procédure risque de demeurer comme le dernier épisode d'une triste aventure : celle de la libéralisation de notre espace aérien hasardée dans la précipitation et en dépit du bon sens.
Au vu de la situation financière des deux compagnies, la cessation imminente de leur activité semble inévitable si aucune intervention des pouvoirs publics n'avait lieu. Une telle issue serait catastrophique pour au moins 1300 salariés et pour les centaines de milliers d'usagers leur ayant acheté des billets. Elle serait également dramatique pour les DOM-TOM privés d'une desserte régulière et pour certaines régions métropolitaines dans lesquelles un aéroport joue un rôle indispensable de désenclavement. Plus généralement, c'est l'image de la France qui pourrait être atteinte. Alors que débute la saison estivale, personne ne pourra comprendre une telle situation dans un pays qui est, avec ses 75 millions de voyageurs pour la seule année 2000, le premier marché touristique en Europe.
Il n'est plus temps seulement de rechercher les causes de ce désastre qui sont d'ailleurs connues : désengagement de l'Etat sous la pression des instances communautaires, gestion hasardeuse par des dirigeants de sociétés fuyant leurs responsabilités Il faut désormais, au plus vite, que les pouvoirs publics assument à nouveau le rôle qu'ils n'auraient jamais du abandonner. L'Etat, acteur stratégique de notre économie, doit agir en démontrant sa détermination et son courage.
Je vous demande donc, Monsieur le Ministre, de mettre fin à l'ambiguïté entretenue jusqu'à maintenant par le gouvernement sur ce dossier et votre réponse, hier, à une question d'actualité était empreinte d'un flou artistique préoccupant. Il n'est plus possible de prétendre laisser à la seule appréciation des intérêts privés le sort d'entreprises dont le rôle pour notre pays est déterminant. Le gouvernement doit mettre en uvre toutes les solutions susceptibles d'éviter un accident industriel dont les effets seraient ravageurs. C'est sur son aptitude à proposer une réponse appropriée que son action sera appréciée car vous n'ignorez pas qu'en politique, on juge sur les faits et non sur les seules intentions affichées.
Dans l'attente de votre réponse, je vous prie d'agréer, Monsieur le Ministre, l'expression de mes sentiments distingués.
Georges SARRE
Président
(Source http://www.mdc-France.org, le 27 juillet 2001)