Déclaration liminaire de M. Manuel Valls, Premier ministre, sur les liens d'amitié entre la France et la Serbie, la reconstruction du pays et son processus d'adhésion à l'Union européenne, à Belgrade le 6 novembre 2014.

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Circonstance : Voyage officiel en Serbie, les 6 et 7 novembre 2014 - Forum des Affaires franco-serbe, à Belgrade le 6

Texte intégral

Il est d'usage, lorsqu'on se retrouve, entre Serbes et Français, dans les grandes occasions, d'évoquer, d'abord, l'amitié historique qui unit nos deux peuples. Il est vrai qu'elle est exceptionnelle dans l'histoire des nations.
Et c'est au nom de cette amitié que je me rendrai demain matin, avec vous monsieur le Premier ministre, au pied du monument de reconnaissance à la France dans le parc de Kalemegdan.
Une amitié solide ne plonge pas seulement ses racines dans le passé. Elle se vit au présent. Elle est tournée vers l'avenir.
Elle s'appuie sur des échanges, des visites, comme celle du Président Tomislav NIKOLIC et celle d'Aleksandar VUCIC, cette année, à Paris, comme la mienne aujourd'hui. Cela faisait trop longtemps qu'aucun chef d'Etat ou de gouvernement français n'était venu en Serbie alors que pourtant, nous ne manquons pas de projets communs.
Un projet nous a réunis, cette année, dans l'adversité : la reconstruction de la Serbie après le fléau des inondations du printemps dernier. C'est à l'initiative commune de François HOLLANDE et de Tomislav NIKOLIC qu'un appel a été lancé à la solidarité internationale, et que s'est réunie la conférence des donateurs. Comme vous le savez, la France a apporté sa propre contribution, pendant la catastrophe et aujourd'hui encore, pour rebâtir ce qui a été détruit, notamment à Obrenovac où je me rendrai demain.
Il y a bien sûr un autre projet de longue haleine, parce qu'il intéresse autant les Serbes d'aujourd'hui que les générations à venir : le destin européen de la Serbie. On me dit que les Serbes se posent des questions, qu'ils se demandent parfois à quoi serviront leurs efforts. Ils se demandent si l'Union européenne, à la fin, voudra les accueillir, si leur avenir est à l'Ouest ou à l'Est. Je comprends ces doutes, ces interrogations, ce sont ceux de tout pays candidat à l'adhésion.
Ces questions, pourtant, n'ont pas lieu d'être.
Parce que cette Europe – dont on parle parfois ici comme si la Serbie ne s'y trouvait pas – est la vôtre, comme elle est celle des Français. J'en ai la conviction : la famille européenne, le jour venu, s'enrichira de l'entrée de la Serbie en son sein.
La France continuera, comme elle l'a fait depuis le début, à vous soutenir dans ce processus d'adhésion. C'est aussi pour cela que nous souhaitons que l'élan de l'ouverture des négociations soit préservé, et que l'Union européenne et la Serbie puissent ouvrir ensemble dès cette année un nouveau chapitre de négociations.
Je sais la difficulté et le coût des réformes dans lesquelles la Serbie s'est courageusement engagée.
Que les Serbes ne s'y trompent pas : ces efforts, qu'ils s'agissent de la modernisation de l'économie, de la lutte contre la corruption ou du courageux dialogue entrepris avec le Kosovo, s'ils sont demandés par l'Europe, c'est d'abord pour eux-mêmes que les Serbes les font. Et c'est aussi pour son propre avenir que la Serbie devra s'attaquer à d'autres chantiers tout aussi exigeants tels que le renforcement de la liberté de la presse, indépendance de la justice …
J'ai parlé de modernisation de l'économie, indispensable pour libérer la création de richesse et d'emplois: c'est notre troisième projet commun.
La présence économique de la France en Serbie n'est pas à la hauteur de notre partenariat politique. Cela tient en partie au poids de la géographie et des distances qui nous séparent. Mais cela tient aussi, et surtout, au fait que nos peuples, et nos entrepreneurs, ne se connaissent pas assez. Ils connaissent l'histoire qu'ils partagent, mais ils ont trop peu l'habitude de travailler ensemble, de construire ensemble. Et c'est là que la volonté politique prend tout son poids, pour changer les habitudes et inaugurer des dynamiques nouvelles.
C'est la raison pour laquelle je suis venu ici accompagné de nombreux chefs d'entreprises. Ils sont venus pour investir en Serbie, transmettre leur savoir-faire qui est aussi un savoir-faire européen, ouvrir avec vous des chantiers nouveaux. C'est le sens des accords que nous venons de signer ensemble, en particulier sur les transports, ou encore pour développer ensemble les partenariats entre secteur public et secteur privé. Et ce n'est, j'en suis sûr, qu'un début.
Source http://www.ambafrance-srb.org, le 12 novembre 2014