Texte intégral
Le plein succès de ce douzième Forum des projets urbains démontre à quel point la ville est un enjeu majeur de notre temps.
Je remercie Innovapress pour la qualité de son travail d'organisateur ainsi que d'avoir associé mon ministère à cet événement incontournable de tous les acteurs de la ville.
Bien sûr, je connaissais ce Forum en tant qu'élue parisienne.
Je suis particulièrement heureuse d'y participer en qualité de secrétaire d'Etat à la politique de la ville.
Cette invitation revêt un sens tout particulier pour moi.
Car agir en faveur des quartiers populaires, c'est agir pour la ville toute entière, c'est faire vivre et mettre en oeuvre une certaine idée de la ville à la française.
La ville à la française, c'est d'abord une ville à l'échelle humaine. En France, qualité de vie et qualité de ville ne sont pas séparables.
Il y a peu d'endroits au monde où cet espace commun qu'est la ville possède une importance aussi grande qu'en France.
Dans nos villes, l'espace public est un lieu de partage, de vie en commun, et non pas un simple passage d'un lieu privé à un autre.
L'espace public n'est pas l'espace de personne, mais de tout le monde. C'est pourquoi la ville à la française tend toujours davantage vers un idéal d'égalité. Egalité d'accès à tous ses points, quel que soit l'endroit où l'on habite.
Egalité à tout ce qu'elle offre en matière d'emploi, de service public, de loisir, de culture.
La mobilité doit être son maître mot. Parce que mobilité rime avec égalité.
Enfin, il n'y a pas non plus d'égalité sans mixité.
La ville française, c'est, partout, la ville pour et par tous.
C'est une ville où l'on vit ensemble : voilà une exigence qui nous oblige collectivement.
Qualité de ville, égalité, mobilité, mixité : c'est pour atteindre ces objectifs que nous lançons le nouveau programme de renouvellement urbain dans 200 quartiers prioritaires de la politique de la ville.
Comme vous le savez, pour répondre aux exigences de notre pacte républicain, et, si j'ose dire, de notre pacte urbain, l'Etat lance un programme de l'ANRU de 5 milliards d'euros en lien avec Action logement pour des opérations qui seront engagées entre 2015 et 2024, avec pas moins de 20 milliards d'investissements mobilisés par les collectivités.
Parallèlement, nous continuerons de financer le premier programme de l'ANRU.
Ce nouveau programme cible exclusivement les quartiers les plus en difficulté.
La liste des villes qui vont en bénéficier sera dévoilée avant la fin de l'année à l'issue du conseil d'administration de l'ANRU.
Ainsi, concentré sur les quartiers où l'intervention publique est indispensable, et non simplement souhaitable, il se veut également plus juste et plus efficace encore que son formidable prédécesseur.
Mais il faut aussi avoir à l'esprit qu'au final, cette politique d'égalité territoriale dont mon ministère est le fer de lance bénéficiera à tout le monde.
Il a beaucoup été question de ville durable aujourd'hui lors du Forum. La ville durable est l'horizon indépassable de la ville française. Elle est synonyme d'optimisation des performances dans tous les domaines de la vie en commun, qu'il s'agisse de consommation d'énergie, de mobilité, d'interactivité ou de gestion des temps et des flux de la vie quotidienne.
Les quartiers prioritaires ont tout autant que les autres le droit à cette excellence qui caractérise la ville durable.
Je vais même plus loin : un programme de renouvellement urbain comme celui que nous inaugurons doit être l'occasion de déployer à grande échelle des innovations urbaines porteuses de mieux vivre collectif.
Oui, je veux que la ville durable soit un marqueur fort du programme de renouvellement urbain acté par la loi Lamy de février 2014.
Une ville durable, c'est une ville dont toutes les parties interagissent et dépendent les unes des autres. C'est une ville solidaire au sens le plus fort du terme : plus juste, plus proche, plus intégrée.
Une ville durable, c'est une ville où l'urbain est plus que jamais au service de l'humain.
C'est pourquoi nous ne parlons plus de rénovation urbaine, mais de renouvellement urbain pour parler de ce nouveau programme de l'ANRU : il s'agit non pas de mettre les quartiers à niveau des autres parties de la ville, mais de les placer à la pointe du vivre ensemble que nous voulons voir advenir.
C'est pourquoi également je m'investis pleinement dans la mise en place de l'Institut de la ville durable, porté par l'ANRU. Il a pour fin de fédérer l'ensemble des acteurs, élus, techniciens, architectes, urbanistes, habitants, afin de faire de notre pays le leader en la matière, et de placer le meilleur de l'ingénierie urbaine au service de l'égalité urbaine.
Dans cette ville durable, l'urbain, plus que jamais, doit être au service de l'humain.
Et cette exigence appelle de la part de tous les acteurs une transformation méthodologique radicale.
Au plus près du territoire, nous devons fédérer nos forces pour placer le développement urbain au service de toutes les dimensions de la vie quotidienne des habitants.
C'est le sens des nouveaux contrats de ville, qui seront tous signés d'ici l'été 2015.
Tous les acteurs de la politique de la ville y prennent également part, afin que le renouvellement urbain entre en synergie avec tous les autres aspects de notre action en faveur de la ville, qu'il s'agisse d'éducation, de culture, ou, bien sûr, et avant tout, d'emploi et de développement économique.
J'insiste sur ce point : le renouvellement urbain doit générer des emplois.
Indirectement, bien sûr, par l'activité que génèreront les nouveaux équipements qui sortiront de terre grâce à notre effort collectif. Mais aussi, directement, au travers des clauses d'insertion, auxquelles j'ai demandé à l'ANRU d'accorder une attention toute particulière.
Je veux en effet que les travaux de renouvellement soient une formidable occasion d'embauches pour les habitants des quartiers, et d'activité pour les entreprises.
Ainsi, c'est parce qu'il est porteur d'un projet global que le renouvellement urbain doit fédérer l'ensemble des acteurs de la ville. Parmi ces acteurs, les plus importants ne doivent pas, ne doivent plus être oubliés. Je veux parler des habitants.
La loi Lamy les invite à jouer un rôle moteur dans les projets qui les concernent, au travers des conseils citoyens qu'elle instaure dans chacun des 1300 quartiers prioritaires.
Mais, pour donner à nos concitoyens des quartiers toute la place qu'ils méritent au coeur du processus, il faut d'abord beaucoup de patience. C'est ce que me racontaient tout récemment des architectes, urbanistes et sociologues éminents, lors d'un dîner que j'organisais au ministère sur le sujet de la rénovation urbaine.
L'un d'entre eux m'expliquait que pour que les habitants prennent conscience du bienfondé de l'installation d'un tramway dans un des quartiers en phase de rénovation, il les avait emmenés voir un quartier semblable au leur où il existait déjà un tramway ! Oui, convaincre prend du temps, demande de l'énergie. Mais ça paye.
Il faut souvent du courage aussi pour accompagner le changement. Et là, c'est l'élue du XVIIIe arrondissement qui parle ! Je pourrais vous parler longtemps de mes confrontations avec les habitants dans le cadre de tel ou tel dispositif [improvisation] !
Mais il faut surtout beaucoup de confiance.
Sans confiance dans la capacité des habitants à s'approprier les projets urbains, la politique de la ville dans les territoires est vouée à l'échec.
Je suis sûr qu'il sera question de confiance lors de l'échange que nous allons avoir. Et notamment parce que la défiance est aujourd'hui le premier obstacle à la construction collective d'une ville à l'image de ce que nous voulons tous.
Cette confiance, nous devons travailler à la renforcer et à l'accompagner.
Je le dis à chacun de mes déplacements dans le cadre de la préparation des contrats de ville : les conseils citoyens, constitués pour 50% d'habitants tirés au sort et pour 50% d'associations et d'acteurs économiques, doivent être un lieu où se renoue la confiance entre les pouvoirs publics et tous ceux qui se consacrent au jour le jour à leur mieux vivre en ville.
C'est pour mettre en lumière l'intérêt que nous avons tous à faire vivre la participation citoyenne que j'ai lancé une bourse d'expérimentation d'1,2 million d'euros pour des actions innovantes impliquant des habitants.
Je vous ferai part des résultats de cette bourse. Ces actions doivent être en effet pour nous tous autant de sources d'inspiration, et, précisément, de confiance. Je termine en vous disant à quel point je suis déterminée et optimiste, à l'heure où nous entrons, tous ensemble, dans cette formidable aventure que doit être le nouveau programme de renouvellement urbain.
Les enjeux sont immenses, comme les attentes, mais aussi comme les formidables avancées en matière d'innovation urbaine, technique, sociale qu'a connues notre monde ces dernières années.
A nous de faire en sorte que notre pays se place à la hauteur de cette égalité qui est au coeur de son pacte républicain. De son pacte urbain.
Je vous remercie.
Source http://www.ville.gouv.fr, le 19 novembre 2014