Déclaration de M. Matthias Fekl, secrétaire d'Etat au commerce extérieur, à la promotion du tourisme et aux Français de l'étranger, sur l'action de la France en faveur de la sécurité des journalistes et des travailleurs humanitaires dans le monde, au Sénat le 19 novembre 2014.

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Trop de journalistes paient de leur vie leur engagement au service de la liberté de la presse. Bien des noms résonnent dans nos mémoires. Peter Kassig, assassiné par Daech, vient quant à lui d'allonger la liste des travailleurs humanitaires assassinés en accomplissant leur mission. Partout dans le monde, des femmes et des hommes oeuvrent pour la paix ; partout, des journalistes se battent, se mettent en danger et meurent parfois pour informer, pour faire vivre la liberté de la presse qui est au coeur de la démocratie. Comme l'a dit M. Fabius, l'assassinat d'un journaliste est aussi celui de la liberté d'information. Celui d'un travailleur humanitaire, acte d'une infinie lâcheté, ôte une vie qui se consacrait aux autres et prive les populations de secours et de protection.
Ces actes sont révoltants pour la conscience humaine. C'est cela que le texte de Mme Aïchi a voulu signifier. Le gouvernement partage les objectifs et la philosophie de cette proposition de loi. Il est réservé sur les modalités qu'elle propose. Grâce à l'action de la France, plusieurs initiatives ont été prises au niveau international pour mieux protéger travailleurs humanitaires et journalistes et leur rendre hommage. L'assemblée générale des Nations unies a instauré une journée, le 2 novembre, pour lutter contre l'impunité des crimes commis contre les journalistes à la suite de l'assassinat des journalistes français de RFI ; elle vient d'être célébrée à New York.
Nous promouvons dans les textes internationaux des mesures d'alerte précoce et de réponse rapide afin que les journalistes soient protégés. Ce mois-ci, avec la Grèce et l'Autriche, nous avons présenté une résolution pour inviter les États à prendre des mesures concrètes pour lutter contre l'impunité des auteurs de crimes contre les journalistes ; elle sera votée dans deux jours. Dès 2006, la France avait défendu la résolution 1738 sur la protection des journalistes dans les conflits armés.
Les travailleurs humanitaires, eux-aussi, sont trop souvent pris pour cibles. Ils bénéficient d'une protection particulière dans le cadre des conventions de Genève ; s'en prendre délibérément à eux est considéré comme un crime de guerre, selon le statut de la CPI.
La France se mobilise pour faire respecter le droit international humanitaire. Elle a ainsi oeuvré pour l'adoption de la résolution 2175.
Nous commémorons le 19 août la journée mondiale de l'aide humanitaire, occasion de rendre hommage aux travailleurs humanitaires. La journée des droits de l'Homme, le 10 décembre, le prix des droits de l'Homme sont aussi l'occasion de célébrer de grandes personnalités qui oeuvrent en faveur des droits de l'Homme.
Tout en partageant son inspiration, le gouvernement émet donc des réserves sur les modalités de cette proposition de loi relative à l'instauration d'une journée des morts pour la paix et la liberté d'informer et s'en remet à la sagesse de la Haute assemblée.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 25 novembre 2014