Déclaration de Mme Marisol Touraine, ministre des affaires sociales, de la santé et des droits des femmes, sur les violences faites aux femmes, Paris le 25 novembre 2014.

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C'est une grande satisfaction pour moi d'assister aujourd'hui, au commissariat du 11ème arrondissement, à la signature du protocole mains courantes pour le département de Paris.
C'est la traduction, dans les territoires, d'une priorité gouvernementale : mieux accompagner les victimes, en ne laissant aucune violence déclarée sans réponse.
A quelle situation faisons-nous face ? Tous les 3 jours, une femme meurt sous les coups de son conjoint ou de son ex-conjoint. Plus de 200 000 femmes sont victimes de violences conjugales. Seules 16% portent plainte, 10% déposent une main courante. Ces chiffres sont effrayants, la réalité des violences dans notre pays est effrayante.
Ces femmes victimes de violences ne sont pas des victimes comme les autres. Les violences faites aux femmes ne sont pas des violences comme les autres. Elles se manifestent de multiples façons mais toutes s'inscrivent dans un continuum, celui des inégalités entre les femmes et les hommes. Les victimes, elles, se retrouvent face à une double difficulté : celle de sortir de l'emprise dans laquelle les agresseurs les enferment et celle de la complexité du parcours qu'elles vont devoir réaliser pour s'émanciper.
Il faut avoir conscience de cela pour y apporter la meilleure des prises en charge. Le protocole mains courantes y contribue au premier chef :
- D'abord, en garantissant aux victimes un parcours simple, continu et coordonné. Toute victime qui déclare avoir subi ou subir des violences doit trouver une réponse « clé-en-main » si j'ose dire. Notre objectif est clair : une victime parle, elle est accompagnée du début jusqu'à la fin. Le but est qu'elle porte plainte, qu'elle retrouve son autonomie et que l'agresseur soit condamné.
- Ensuite, en mettant autour de la table tous les acteurs de la prise en charge des femmes victimes de violences : la police, la justice, les intervenants sociaux, les psychologues et les associations spécialisées. Pendant de trop longues années, il n'y a eu aucune coordination entre ces acteurs. Renforcer les coopérations, c'est la condition d'une prise en charge de qualité.
Plus de 35 protocoles mains courantes ont déjà été signés. Cette dynamique démontre que dans les territoires, les acteurs sont prêts, et surtout, résolus à avancer.
Le protocole mains courantes va de pair avec d'autres dispositifs d'amélioration de la prise en charge des victimes que nous mettons en place. Je veux insister sur l'un d'entre eux : la formation des professionnels. 40 000 professionnels ont d'ores et déjà été formés grâce aux outils spécifiques que nous développons.
Je voudrais conclure par vous dire que nous devons, toujours, aller plus loin et renforcer nos actions. Les professionnels de santé des services d'accueil des urgences sont, souvent, le premier contact des femmes victimes de violences. Nous allons donc expérimenter un protocole de prise en charge dans deux régions : l'Alsace et l'Aquitaine. Des référents « violences faites aux femmes » seront nommés dans chaque service d'urgence. Ils seront les garants des bonnes pratiques d'accueil des femmes victimes de violences. C'est donc un travail ambitieux et efficace que nous menons.
Pour conclure, je souhaite remercier l'ensemble des acteurs présents ici. Le procureur de Paris, bien sûr. Mais aussi les associations d'accompagnement des femmes victimes de violences. Elles font un travail formidable auprès des femmes. Elles leur permettent de se reconstruire. Sans elles, nous ne pourrions rien.
Je vous remercie.
Source http://www.social-sante.gouv.fr, le 27 novembre 2014