Déclaration de Mme Catherine Tasca, ministre de la culture et de la communication, sur la politique d'incitation à la qualité architecturale des travaux de réhabilitation du logement, Paris le 5 juillet 2001.

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Circonstance : Remise des diplômes du premier palmarès de la Réhabilitation, au Musée des monuments français à Paris le 5 juillet 2001

Texte intégral

Madame la Ministre,
Mesdames et Messieurs les Présidents,
Mesdames, Messieurs,
Je suis particulièrement heureuse d'être aux côtés de Marie-Noëlle Lienemann pour proclamer les résultats de ce premier Palmarès de la Réhabilitation. Il est très important que la Ministre en charge du logement intègre la préoccupation de la qualité architecturale. Il est significatif pour nos actions futures et communes de constater que la création rejoint ainsi le social. L'amélioration du cadre de vie, en particulier dans les quartiers les moins favorisés passe aussi par la qualité de l'espace bâti. La politique d'incitation à la qualité architecturale dans la réhabilitation lancée en 1997 par le Ministère de la culture et de la communication s'est traduite, en particulier, par la création du Palmarès de la réhabilitation dont les premiers résultats sont proclamés aujourd'hui. J'en suis heureuse.
Je veux remercier tous ceux qui se sont associés à cette démarche, le Ministère de l'Equipement, des Transports et du Logement, le Secrétariat d'Etat au Logement, le Plan Urbanisme, Construction, Architecture (PUCA), l'Agence nationale pour l'amélioration de l'habitat (ANAH) et l'Union nationale HLM (UNHLM).
Cette convergence et l'importance prise dans la vie économique par le marché de la réhabilitation démontrent la nécessité de réévaluer les interventions et justifient une campagne de sensibilisation sur le thème de la qualité de l'architecture de réhabilitation. " Rebâtir ", en reliant technique et esthétique suppose, pour la cohérence de la qualité architecturale et du projet, une réflexion complète sur le bâti existant et son contexte urbain. Plusieurs actions à l'ordre du jour de notre politique devraient renforcer ces démarches. Tout d'abord le projet de réforme de la loi du 3 janvier 1977 sur l'architecture qui prévoit notamment la création d'un diagnostic technique et architectural préalable pour toute opération importante de réhabilitation.
Deuxièmement, la Direction de l'architecture et de Patrimoine et l'ANAH, viennent de signer un accord de coopération, pour sensibiliser le grand public à la qualité architecturale des travaux de réhabilitation du logement ; pour mener des études sur le contexte européen du renouvellement urbain dans lequel s'inscrit la France ; pour entreprendre des travaux communs dans les domaines techniques et opérationnels et développer des actions de formation.
Parallèlement, nous menons avec le Ministère de l'Education Nationale, un plan d'initiation à l'architecture et au patrimoine dans l'enseignement : il faut faire prendre conscience à nos jeunes concitoyens de l'intérêt de l'acte architectural. Enfin, il faut soutenir et promouvoir la jeune architecture. A cet égard, j'ai décidé de relancer les albums de la jeune architecture qui avaient permis pendant de nombreuses années l'émergence des jeunes talents. J'ai ainsi le grand plaisir d'annoncer le lancement, ce jour, d'un appel de candidature pour "Les nouveaux albums des jeunes architectes", en partenariat avec l'Institut Français d'architecture.
Ce premier palmarès de la réhabilitation dont le thème était "conserver et moderniser" se situe à la convergence de ces diverses préoccupations. Il distingue des opérations particulièrement réussies de la dernière décennie, qui ont allié intervention contemporaine et restauration sensible et qui ont pu être réalisées grâce à l'implication conjointe du maître d'ouvrage, du maître d'uvre et des entreprises. Les qualités de toutes ces architectures tiennent à leur capacité à améliorer de façon significative l'image urbaine et à donner, dans le respect du parti d'origine, une interprétation nouvelle de l'architecture ancienne. Dans une approche intelligente de la conservation et de la restauration, à la recherche d'une nouvelle unité spatiale, chaque projet a pu conjuguer patrimoine et modernité.
Ce sont des architectures sobres et élégantes, au parti évident, qui mettent en valeur l'importance de la conception architecturale dans la réhabilitation. Je suis heureuse aussi de compter parmi les opérations lauréates, deux réhabilitations d'immeubles qui ont été sauvés grâce à l'action des services du Ministère de la culture et de la communication : une architecture HBM de grande qualité plastique dont la démolition était programmée et un ancien hôtel particulier de la fin du XVIIIe siècle, ayant échappé de justesse à une opération de type "façadisme". Ces deux exemples démontrent la nécessité d'une étude préalable sur les éléments patrimoniaux, les besoins sociaux et économiques, et les conditions d'insertion urbaine, avant toute opération importante de réhabilitation et dépôt des permis de démolir et de construire.
Notre action commune, Madame la Ministre s'inscrit dans notre souci partagé d'une politique du logement, attentive aux problèmes des habitants et plus solidaire, après l'urbanisme de l'urgence et de l'économie : une architecture bien pensée, le beau et l'harmonie de l'espace bâti sont un droit de nos concitoyens. Pour conclure, je tiens à souligner la qualité de tous les projets primés et sélectionnés. Ils permettent de bien augurer de l'avenir de ce palmarès dont j'annonce dès maintenant une seconde session pour le début de l'année prochaine. La réflexion architecturale que ce premier Palmarès a portée au débat était utile et prometteuse d'un avenir meilleur pour la réhabilitation et l'intervention de l'architecte.
(Source http://www.culture.gouv.fr, le 24 juillet 2001)