Déclaration de Mme Ségolène Royal, ministre de l'écologie, du développement durable et de l'énergie, sur les actions à entreprendre pour anticiper les phénomènes d’érosion littorale et la submersion marine, à Paris le 22 janvier 2015.

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Circonstance : Installation du Comité national de suivi du trait de côte (CNS), à Paris le 22 janvier 2015

Texte intégral

J'ai grand plaisir à intervenir pour clôturer cette réunion d'installation du comité national de suivi de la gestion intégrée du trait de côte.
Je salue les deux co-présidentes, Madame GOT, députée de Gironde, et Madame Berthelot, députée de Guyane.
Cette première réunion d'installation du comité national était très attendue.
C'est un sujet essentiel pour nos territoires littoraux et je l'ai indiqué au conseil national de la mer et des littoraux du 24 novembre 2014.
J'insiste d'ores et déjà sur le fait que cette démarche doit faire toute sa place aux problématiques particulières des outre-mer.
Je sais pouvoir compter sur les interventions efficaces de Mme BERTHELOT pour ce faire.
La France compte plus de 7000 km de côtes en métropole et outre-mer.
Il s'agit d'un linéaire très divers par ses configurations physiques (sableux, rocheux…). Ces territoires constituent une ressource extraordinaire en termes de richesse économique, d'emplois, pour les loisirs et le tourisme, pour l'environnement et la biodiversité, et grâce à ses paysages et son patrimoine culturel.
Ils sont par essence très exposés aux phénomènes naturels intenses liés à la mer et aux effets du changement climatique
Nos concitoyens sont légitimement très attachés à ces espaces qu'il importe donc de protéger dans une perspective dynamique.
Le récent rapport du BRGM concernant la côte Aquitaine a particulièrement bien documenté ce phénomène sur un certain nombre de sites emblématiques.
Les phénomènes d'érosion montrent que ces territoires, exposés de plus en plus fréquemment à des événements naturels qui modifient de manière souvent spectaculaire le littoral, sont vulnérables.
Il importe bien évidemment d'apporter une réponse urgente à ces phénomènes afin de protéger les biens et les personnes.
Il convient aussi, et c'est le sens des travaux de ce groupe, de se projeter dans la durée et d'essayer, par des démarches structurées, d'anticiper ce qui peut l'être sur notre littoral.
* Lien avec la problématique du changement climatique
Ce comité doit en effet aider les territoires littoraux à anticiper leurs évolutions face au changement climatique et à la hausse du niveau marin.
La France accueillera, en décembre 2015, la COP 21.
Afin de préparer cet événement majeur, pour lequel la France se doit d'être exemplaire, j'ai conduit les travaux de la conférence environnementale sur la table ronde sur le Climat.
Le thème de l'adaptation des territoires au changement climatique est un thème central pour le littoral.
La feuille de route sera validée prochainement avec le Premier Ministre, et certaines actions conduites par ce comité contribueront à sa mise en oeuvre.
Je souhaite aussi que les initiatives et les projets concrets portés par les acteurs locaux qui contribuent à agir pour mieux préparer les territoires à relever les enjeux du changement climatique puissent être valorisés dans le cadre de Paris Climat 2015.
Les 5 projets en cours sur les démarches de relocalisation seront bien sur à valoriser dans ce cadre car ce sont des démarches ambitieuses et innovantes.
Je souhaite également profiter de ce moment pour saluer l'initiative portée par le Conservatoire du littoral avec les régions Basse Normandie et Haute Normandie et des villes anglaises, et l'appel à projet lancé par la région Basse Normandie intitulé « Notre littoral pour demain ».
* Lien avec les politiques « inondation » et « urbanisme
Je souligne le lien, qui a été évoqué cet après midi, entre la Stratégie de gestion intégrée du trait de côte et la stratégie de gestion du risque inondation, que j'ai présentée en juillet dernier.
Elles répondent aux finalités des grandes conférences internationales que sont bien sur Paris Climat 2015, mais aussi son jalon qu'est la conférence de Sendai qui se tiendra en mars, au Japon, sur la réduction des risques de catastrophes.
Plusieurs actions d'adaptation au changement climatique relevant des risques inondation et érosion sont d'ores et déjà mises en oeuvre.
Ainsi, l'élévation du niveau des mers liée au changement climatique est prise en compte dans l'élaboration des plans de prévention des risques littoraux (PPRL).
Je viens également de lancer avec Sylvia PINEL un grand prix d'aménagement pour « mieux bâtir en zones inondables constructibles. Ceci pourra concerner les zones littorales.
Nous avons également avec Sylvia PINEL lancé un appel à projet visant à l'amélioration de la prise en compte des risques littoraux dans les ScoT.
Cette action vise à promouvoir et aider la réalisation de SCoT intégrant mieux les risques littoraux, en particulier dans les secteurs soumis à des niveaux de risque élevés.
5 territoires lauréats ont été retenus, ils bénéficieront d'un appui méthodologique et d'une aide financière pour le volet risques littoraux
* La stratégie nationale
La stratégie nationale de gestion intégrée du trait de côte a été lancée il y a deux ans.
L'érosion littorale est un phénomène naturel dynamique qui touche différemment nos côtes selon leurs caractéristiques et leurs situations.
Environ un quart du territoire est exposé à ce phénomène.
Contrairement aux risques d'inondation ou de submersion, ce phénomène est beaucoup plus prévisible et des mesures de prévention et d'anticipation pourraient éviter des situations délicates, si on améliore la connaissance.
Ce comité national doit permettre de construire des solutions pour rendre les territoires moins vulnérables à l'érosion côtière.
Pour cela, il convient de mobiliser l'ensemble des outils disponibles avec l'ensemble des acteurs concernés. Les solutions déjà mises en place sont multiples, il faut les conforter, les combiner.
Il ne s'agit de trouver La solution qui serait applicable sur tous les territoires.
Mais de s'assurer que les solutions les plus adaptées aux enjeux puissent se mettre en place de manière constructive et partagée.
L'Etat doit accompagner et soutenir ces initiatives et ces démarches.
Il doit participer au niveau national à la cohérence et à la définition des orientations générales.
Il lui revient également de porter à la connaissance de tous les informations utiles, homogènes et fiables sur le phénomène d'érosion côtière permettant d'anticiper ses évolutions futures
* Programme de travail du comité national de suivi pour l'année à venir
Dans la poursuite de vos échanges, je souhaite que les travaux de ce comité se focalisent sur les 4 actions suivantes, prioritaires à mes yeux :
Tout d'abord, je souhaite que la cartographie nationale de l'érosion littorale soit finalisée.
Un important travail scientifique et technique a été réalisé, sous l'égide du professeur Stéphane Costa et de l'ensemble des experts scientifiques associés  ces travaux.
Il s'agit de partager ces résultats avec les acteurs des territoires afin qu'ils puissent être précisés, partagés et appropriés.
Après la phase de consultation des préfets, cette carte sera concertée avec les acteurs locaux.
Je souhaite qu'un réseau national des observatoires du trait de côte soit mis en place.
Cette mesure vise à partager au niveau national les données utiles pour mieux comprendre l'évolution du phénomène.
Certains observatoires sont déjà opérationnels comme le GIP Littoral aquitain, dont je salue le président Renaud Lagrave, ou l'observatoire du littoral normand-picard qui fédère aujourd'hui 3 régions, voire bientôt 4.
Pour améliorer la connaissance, il s'agira d'actualiser les documents de référence scientifique sur la dynamique littorale, qui datent des années 80.
La réalisation de ce nouveau recueil national permettra de valoriser les principales études et données intervenues ces 20 dernières années.
Ces documents ont vocation à devenir de véritables références sur la dynamique littorale et seront accessibles sur internet.
La mise à disposition au public ainsi qu'à tous les acteurs est indispensable pour un meilleur partage de la connaissance et une appropriation des enjeux par chacun.
La consolidation et la diffusion de la connaissance sont centrales à mes yeux et relèvent de la responsabilité première de l'Etat dans sa gestion du phénomène.
Enfin, parce que je tiens particulièrement aux projets des territoires et à leur aspect concret, je tiens à ce que le comité poursuive l'accompagnement des 5 projets portés par les collectivités dans le cadre de l'appel à projet sur la relocalisation des activités et des biens.
Il s'agit de démarches ambitieuses, innovantes.
Ces projets permettent de réfléchir de manière concrète à la façon de mieux occuper et de mieux aménager le littoral, de mieux l'adapter aux phénomènes naturels tout sachant le préserver.
Ces expérimentations engagent de véritables projets de territoire et il conviendra de réfléchir à la façon de les accompagner dans la durée.
Je souhaite qu'un bilan puisse être fait en 2015 à l'occasion du séminaire de restitution de l'appel à projet.
Conclusion
La feuille de route de ce comité doit permettre d'apporter des avancées concrètes, je sais pouvoir compter sur vous pour cela.
Je fais confiance à Mesdames les co-présidentes pour tenir ces objectifs que nous partageons tous puisqu'il s'agit de mieux protéger le littoral, auquel nos concitoyens sont tous très attachés.Source http://www.developpement-durable.gouv.fr, le 26 janvier 2015