Déclaration de M. Manuel Valls, Premier ministre, en réponse à une question sur la poursuite du débat européen à la lumière de la nouvelle doctrine monétaire de la Banque centrale européenne et de la victoire du parti Syriza en Grèce, à l'Assemblée nationale le 27 janvier 2015.

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Circonstance : Question au gouvernement posée par Christophe Borgel, député (SRC) de Haute-Garonne, à l'Assemblée nationale le 27 janvier 2015

Texte intégral

Monsieur le Député Christophe Borgel, ainsi que vous venez de la rappeler, le peuple grec s'est clairement exprimé lors des élections législatives anticipées de dimanche dernier et le gouvernement français, à l'instar de tous les gouvernements européens, a félicité Alexis Tsipras de la victoire de sa formation, Syriza. Le président de la République l'a d'ailleurs fait dès dimanche soir.
Dès aujourd'hui, et je veux le dire ici devant vous, le président de la République et le gouvernement sont évidemment prêts à travailler avec nos partenaires européens et avec le gouvernement grec qui sera formé dans les prochaines heures.
Le nouveau Premier ministre grec l'a dit : il y aura du travail dans les prochaines semaines. Nous devons l'accomplir dans le dialogue, dans un esprit de solidarité et de responsabilité. Notre objectif commun, vous l'avez rappelé, monsieur le député, c'est la croissance et la stabilité de la zone euro.
Je le répète ici clairement : la question de la sortie de la Grèce de la zone euro ne se pose pas, et le nouveau Premier ministre ne l'a en aucun cas envisagée. La Grèce, il faut le rappeler, a toute sa place dans la zone euro.
Bien entendu, il y a aura des discussions entre les partenaires européens de la Grèce et le nouveau gouvernement dans le cadre commun aux membres de la zone euro et qu'il faut respecter. Le rôle de l'Europe, qui est aussi le rôle de la France, est d'accompagner la Grèce sur le chemin de la croissance et des réformes utiles aux citoyens. Le rôle de l'Europe, c'est aussi de soutenir la croissance, la compétitivité et l'emploi, et c'est ce que la France, vous le rappeliez, fait depuis 2012 sous l'impulsion du président de la République.
Cette volonté doit se traduire par des actes très concrets. J'avais dit ici même lors de mon discours de politique générale en avril dernier que l'euro était trop fort, trop cher. Les choix qui ont été faits, notamment par la Banque centrale européenne, ont permis que la devise retrouve un niveau qui correspond à ce qu'il faut pour l'Union européenne. La politique qui vient d'être annoncée par Mario Draghi et les 300 milliards d'euros d'investissements du plan Juncker correspondent aussi aux propositions françaises.
Vous avez également raison de souligner que s'il n'y a pas de changement, de réorientation de l'Europe vers les citoyens, vers la croissance, la compétitivité et l'emploi, c'est le projet européen lui-même qui risque d'être touché en son cœur.
Certes, il y a eu une élection en Grèce, mais il est aussi nécessaire aujourd'hui que l'ensemble des pays, l'ensemble des gouvernements réorientent la politique européenne, comme le souhaite la France, pour que le projet européen réponde à l'attente des citoyens.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 29 janvier 2015