Texte intégral
La situation sur le terrain dans l'Est de l'Ukraine et à Marioupol s'est très fortement et gravement dégradée au cours des derniers jours. Il y a eu plus de 5000 morts en Ukraine depuis le début de la crise, et plus de 300 morts depuis le 13 janvier. Le but de notre réunion aujourd'hui, c'est de dire avec fermeté aux deux parties qu'il n'y a pas de solution militaire à cette crise. Il faut à tout prix revenir à la recherche d'une solution diplomatique, une solution politique, une solution négociée dans le cadre des accords de Minsk de septembre qui constituent la seule feuille de route agréée par toutes les parties.
Dans cette réunion, nous allons manifester l'unité très forte de l'Union européenne et exercer toutes les pressions qui sont nécessaires, notamment par une prolongation et une extension des sanctions individuelles à l'égard des séparatistes, de ceux qui mettent en cause l'intégrité territoriale de l'Ukraine, de ceux qui soutiennent les actions militaires des séparatistes, y compris en Russie, pour obtenir un retour à une solution négociée.
La diplomatie française est très fortement mobilisée pour y parvenir. Le président de la République a, encore cette semaine, eu des contacts avec le président Poutine, avec le président Porochenko, en lien avec la chancelière Angela Merkel.
Nous sommes à la recherche d'une solution qui permette un cessez-le-feu immédiat, un retrait des lignes de démarcation qui ont été convenues dans le cadre de l'accord de Minsk, un retrait des armes lourdes et de toutes les forces militaires ainsi qu'un libre accès humanitaire dans l'Est de l'Ukraine. La France elle-même a envoyé cette semaine plusieurs tonnes d'aide humanitaire avec le centre de crise du Quai d'Orsay. Le ministre des affaires étrangères et du développement international, Laurent Fabius, est en contact permanent avec les ministres des affaires étrangères russe et ukrainien, en lien avec son collègue Frank-Walter Steinmeier, le ministres allemand des affaires étrangères, pour faire en sorte que chacun revienne à une solution raisonnable, celle de la négociation politique.
Aujourd'hui, nous allons prolonger dans le temps et élargir les sanctions individuelles vis-à-vis de ceux qui continuent à utiliser la force armée, à mettre en péril la paix et à provoquer des victimes, y compris des victimes civiles. Vous le savez, des bombardements ont atteint des maisons, des bus dans lesquels se trouvaient des enfants. Cela doit cesser. Cette situation est dangereuse pour la sécurité en Europe. Il faut faire respecter l'intégrité, la souveraineté de l'Ukraine et revenir à une solution politique. Cette solution passe aussi par des réformes institutionnelles en Ukraine, par l'élection de représentants - sous une forme constitutionnelle agréée par l'Ukraine - des régions de l'Est de l'Ukraine et par le dialogue national. Tout cela, c'est la voie politique, la seule voie qui puisse permettre de trouver une issue à cette crise.
Q - La Grèce essaie-t-elle d'atténuer les sanctions ? Avez-vous un problème grec ? Aurons-nous des sanctions qui ne seront peut-être pas tout à fait à la hauteur des morts sur le terrain ?
R - Aujourd'hui il y aura une réunion où tous les gouvernements seront représentés, y compris le nouveau gouvernement grec, et il y aura une discussion qui associera l'ensemble des 28 États membres de l'Union européenne pour avoir une position commune. L'unité de l'Union européenne pour exercer la pression la plus forte pour le retour d'une solution négociée est absolument indispensable. Et c'est l'état d'esprit dans lequel la France va aider à dégager une position commune, une position forte, une position ferme, une position qui soit celle de la solution diplomatique.
Q - Vous avez dit «toute pression nécessaire». Cela veut dire qu'il pourrait y avoir des sanctions économiques sur la Russie - pas aujourd'hui mais dans les semaines qui viennent ?
R - Elles sont déjà en place et elles ont leur effet. Elles sont extrêmement coûteuses, notamment pour la Russie. Ce qui va être décidé aujourd'hui, c'est de renforcer et d'étendre des sanctions qui visent spécifiquement les séparatistes et ceux qui les soutiennent, y compris en Russie, parce qu'il faut la fermeté la plus grande pour amener au retour à la solution négociée.
Q - Comment arrêter M. Poutine ?
R - Il faut que, de part et d'autre, chacun soit convaincu qu'il ne peut y avoir de solution que dans la négociation. Il n'y a pas d'issue militaire à cette confrontation. C'est un danger pour la sécurité en Europe, et c'est une situation qui a des conséquences très graves, à la fois sur la Russie et sur l'Ukraine.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 10 février 2015