Texte intégral
Madame Zhang Xin,
Monsieur Pan Shi Yi
Mesdames, Messieurs les dirigeants d'entreprises,
Mesdames, messieurs,
Etre réunis dans ce bâtiment, même pour le Premier Ministre de la France, a quelque chose d'impressionnant. Devant cette alliance délicate et imposante du verre, c'est toute la puissance de l'imagination qui s'exprime.
L'architecture est un langage qui dépasse les cultures, mais qui les réunit dans la beauté des formes.
Derrière cette beauté, c'est également le savoir-faire et l'innovation de nos deux pays qui s'expriment.
DASSAULT, SCHNEIDER ELECTRIC et le groupe SAINT-GOBAIN ont contribué à faire de cet espace une prouesse architecturale et un modèle d'énergie renouvelable. L'exemplarité de cette réalisation conduite ensemble doit nous inspirer pour l'avenir de nos relations bilatérales. Et c'est de cet avenir que je veux vous parler aujourd'hui.
Oui, WANGJING SOHO illustre ce que la France et la Chine peuvent faire de meilleur ensemble. Et ensemble, nous pouvons beaucoup. Notre amitié se nourrit de la valeur des années. Plus de 50 ans, c'est une chance ! Et les vieux amis que nous sommes se doivent de préparer l'avenir avec la même exigence.
Oui, la France et la Chine sont deux grandes nations. Deux partenaires décidés à travailler cote à cote. Deux alliés fidèles l'un à l'autre.
Une fidélité exprimée par la vitalité de nos échanges économiques.
Ma venue en Chine, accompagné de plusieurs membres du gouvernement, Monsieur Laurent FABIUS, Monsieur Jean Marie LE GUEN, d'un ancien premier ministre, Monsieur Jean-Pierre RAFARIN et d'une délégation de chefs d'entreprises, montre l'importance que la France accorde au marché chinois. Quoi de plus normal devant une économie qui est aujourd'hui la première puissance commerciale du monde ! Mais, contrairement à d'autres, et c'est important de le souligner , la France n'a pas attendu cette brillante ascension pour vous faire confiance.
La présence des entreprises françaises en Chine est ancienne. Nos 1500 entreprises emploient plus de 550 000 personnes sur l'ensemble du territoire chinois. La France est d'ailleurs le 1er employeur européen en Chine.
Et, nous ne nous reposons pas sur ces acquis historiques. Nos entreprises accompagnent l'évolution des besoins de la société chinoise. C'est le cas pour les projets d'éco-quartiers de la ville Chengdu et Wuhan, pour lesquels les entreprises françaises apportent leur expertise et leur savoir-faire.
Mais c'est également vrai pour de nombreux autres domaines.
Pour le domaine de l'énergie, où la France est largement présente, à l'image de la construction du barrage des Trois Gorges, qui a réuni des entreprises chinoises et françaises. Je pense également à EDF, AREVA, GDF SUEZ, TOTAL, AXENS, AIR LIQUIDE et de nombreuses PME au service des immenses besoins qu'exprime la Chine en matière énergétique.
Notre coopération dans le domaine du nucléaire se renforce également. Elle est ancienne : 30 ans ! Mais nous voulons aller plus loin et j'ai proposé, lors de mes entretiens avec le Premier ministre LI KEQIANG un nouveau partenariat nucléaire de grande ambition et qui doit dans les années qui viennent couvrir l'ensemble du cycle de l'amont à l'aval.
Dans le domaine des transports, les entreprises françaises telles que FAIVELEY, RAILTECH, SNCF, ALSTOM accompagnent les évolutions de modes de vie et d'organisation de l'espace que connaît actuellement la Chine. J'ai pu d'ailleurs constater hier à Tianjin la réussite de notre coopération dans le secteur de l'aéronautique, qui se poursuit grâce à la signature en avril dernier à Paris d'un mémorandum d'accord portant sur le développement de l'Airbus A330 et son assemblage en Chine, sur le modèle de ce que nous avons mis en place pour l'A320.
L'innovation et le dynamisme ne sont, bien sûr, pas les seules clés de nos réussites. Le respect et la confiance, dans nos économies et dans nos atouts, sont essentiels. Ce sont eux qui permettent d'aborder de nouveaux horizons. De développer une amitié fidèle mais sincère. Et deux amis sincères se doivent la vérité.
Et la vérité, c'est que nous pouvons davantage. La France et la Chine ont mutuellement à gagner en favorisant leurs échanges. Nos relations peuvent encore s'intensifier.
J'ai confiance en l'avenir de notre coopération. J'ai une ambition pour notre partenariat.
Et pour être à la hauteur de cette ambition, notre partenariat doit se rééquilibrer et renforcer.
Nous partageons d'ailleurs, je le sais, ce diagnostic. Nos relations sont profitables mais un déséquilibre subsiste. Il se traduit par un déficit commercial bilatéral de la France qui dépasse un point de PIB. Les exportations françaises en Chine restent trois fois inférieures aux exportations chinoises en France, et les investissements chinois en France sont encore faibles. Ils ne représentent que 3,5 milliards d'euros et 13 000 emplois
Il faut noter toutefois et c'est une première avancée que les investissements chinois connaissent un regain récent, incarnés par de grands projets tels que la prise de participation en 2011 de CHINA INVESTMENT CORPORATION dans GDF-SUEZ ou celle de DONG FENG dans PSA PEUGEOT-CITROEN, aux côtés de l'Etat français.
Et je veux redire devant vous. Oui, la France est ouverte aux entreprises chinoises ! Oui, vos investissements sont les bienvenus !
Nous venons d'ailleurs de le montrer une nouvelle fois, il y a quelques semaines, en retenant une offre chinoise pour l'ouverture du capital de l'aéroport de Toulouse, Tout comme le démontre l'entrée de FOSUN dans le capital du groupe Français CLUB MEDITERRANEE.
La France facilite la venue des investisseurs chinois. Un premier pas a été fait lors du Dialogue économique et financier de haut niveau, dont la 2ème édition s'est tenue à Paris le 15 septembre dernier. J'avais d'ailleurs accueilli avec plaisir, le vice Premier ministre chargé de ce dialogue, M. MA KAI. Ensemble, des chantiers ont été définis pour accompagner l'internationalisation de votre monnaie et faire de Paris une place de référence pour le Renminbi en Europe. Le succès hier à Paris, de la première émission d'un emprunt lancé par un investisseur public français est libellé en Renminbi constitue à cet égard une étape très symbolique.
En Europe, des efforts ont été faits pour améliorer le climat de vos investissements. La France soutient les négociations lancées début 2014 en vue d'un accord bilatéral entre l'UE et la Chine couvrant à la fois la protection et l'accueil des investissements.
J'ai évoqué le devoir de vérité et de franchise qui doit exister entre vieux amis : oui, trop d'obstacles continuent de freiner nos échanges ; trop de prévention aussi. Avec le Premier ministre Chinois KI KEQIANG, nous avons décidé hier qu'il fallait travailler à la levée de ces entraves, en veillant bien sûr à l'équilibre dans ces ouvertures réciproques.
N'est-ce pas autant de preuves de notre détermination à renforcer nos partenariats ?
Mesdames, messieurs,
Vous êtes des hommes et des femmes d'affaires. Vous le savez mieux que quiconque. Je ne vous apprends donc rien si je vous dis que les investissements sont la marque d'une confiance.
Et la France fait confiance à la Chine en investissant dans son économie pour accompagner les changements qu'elle connaît actuellement.
Votre modèle de croissance évolue et trois défis apparaissent : une montée en gamme de votre production, une augmentation de votre consommation et un modèle de croissance plus vert. Pour chacun de ces trois défis, les entreprises françaises peuvent apporter leur savoir-faire et développer des coopérations profitables. Et chacun peut en tirer des bénéfices.
Sur les questions sociales, les entreprises françaises sont leaders en matière de biens de consommation et de services à la personne. Sur les enjeux environnementaux, la France est une terre d'innovation à la pointe de la croissance verte et de nouvelles technologies. Et c'est sur ce dernier point que j'aimerais m'attarder.
L'économie verte est un secteur de croissance pour nos deux pays. Et pour donner toute la mesure à cette économie verte, il faut penser les domaines sociaux et économiques en cohérence. Et en premier lieu, repenser notre relation à la ville.
C'est ce que nous faisons ensemble. Je pense notamment au label français Vivapolis qui traite de ses thématiques et qui est actuellement décliné dans le cadre de coopérations franco-chinoises à Wuhan, un projet porté par la Représentante spéciale du Ministre des Affaires étrangères pour le partenariat avec la Chine, madame Martine AUBRY.
Nous devons aller encore plus loin. Nos réflexions sur la ville durable doivent être accompagnées de concertations en matière de santé. Là encore, les entreprises françaises sont reconnues pour leur expertise, menée par les grands groupes BIOMERIEUX, SANOFI, IPSEN et les PME COLISEE, ORPEA.
La croissance verte concerne aussi le secteur agricole. Nous ne pouvons parler de durabilité sans évoquer ces aspects, essentiels au bien-être de nos sociétés. Et les deux grandes puissances agricoles que nous sommes doivent s'emparer de ce sujet.
J'ai d'ailleurs proposé d'ouvrir un nouveau partenariat, dans le domaine de l'agro-alimentaire, compte tenu des besoins de la Chine et des exigences de sécurité alimentaire, de qualité, de fiabilité qui sont légitimement celles de la population chinoise. Qu'il s'agisse de la filière du lait, du secteur de la viande et de la charcuterie, de celui du vin, nous avons à bâtir ensemble ces nouvelles alliances.
C'est la raison pour laquelle j'ai souhaité que ma délégation d'affaires inclue des entreprises de premier plan dans le domaine agroalimentaire.
Enfin, les entreprises françaises souhaitent accompagner la Chine dans le développement des télécommunications et du numérique, notamment dans le domaine du commerce électronique et des applications mobiles.
Les grands groupes tels que ALCATEL-LUCENT, DASSAULT SYSTEMES, SAFRAN, ST MICRO, THALES, UBISOFT, mais aussi les PME ARCHOS, NETBOOSTER, PROOFTAG, SPRING TECHNOLOGY contribuent à l'innovation et à la R&D en Chine.
Définir les partenariats de demain, c'est aussi voir ensemble comment nous pouvons profiter des nouvelles zones de croissance. Porter ensemble des projets franco-chinois en Afrique, en Asie, voilà de nouveaux horizons qui doivent mobiliser entreprises françaises et entreprises chinoises.
Pour que toutes ces opportunités puissent déboucher sur des coopérations fructueuses, nos deux gouvernements ont une responsabilité importante. Et ce qui est vrai pour les échanges économiques reste vrai pour les échanges humains.
Il est évident que l'intensification de notre relation ne se fera pas sans la facilitation des échanges humains. Le premier Dialogue de haut niveau sur ce sujet, en septembre 2014, a permis de définir des objectifs communs.
A l'occasion du cinquantenaire de nos relations diplomatiques, la venue de ressortissants chinois a été facilitée par la délivrance de visa en 48 heures une première ! , par la simplification des procédures administratives pour les particuliers et les entreprises, et par une amélioration de l'accueil et de la sécurité des touristes chinois. Notre objectif est de recevoir 5 millions de vos compatriotes d'ici 2020.
Nos efforts doivent également porter sur l'accueil des étudiants. Aujourd'hui, 35 000 ressortissants chinois étudient en France. Nous souhaitons que ce chiffre atteigne 50 000 étudiants dans les années à venir. Et il faut aussi beaucoup plus d'étudiants français en Chine. Les entrepreneurs français présents en Chine, que j'ai rencontrés hier, ont fortement exprimé cette demande.
Mesdames, messieurs,
La France est une amie fidèle de la Chine. Elle porte à cette relation une confiance et une attention particulières. Nous partageons ensemble la même volonté de compétitivité et d'attractivité de nos territoires.
Mais, je veux également vous parler de la réalité de ce qu'est la France. Et cette réalité, contrairement à ce que je peux parfois lire ou entendre, c'est que la France est un pays qui avance et se réforme. Avec volonté et détermination.
La France est une grande puissance parce qu'elle prend ses responsabilités. Parce qu'elle regarde avec lucidité les défis qu'elle a à relever pour créer une croissance économique durable. A l'heure d'une crise économique sans précédent, quel pays ne doit pas le faire ?
Certains enjeux ne sont d'ailleurs pas très différents des vôtres, comme favoriser l'innovation et la montée en gamme de nos entreprises en étant plus compétitifs sur le coût ; ou encore affronter les enjeux environnementaux.
Certains défis sont en revanche propres à la France et nous menons une politique déterminée, qui repose sur quatre piliers.
D'abord, la réduction du poids des dépenses publiques avec la mise en place d'un plan d'économies de 50 milliards d'euros, soit 2,5 points de PIB, de 2015 à 2017. Il sera appliqué à l'ensemble des administrations, notamment à notre carte territoriale.
Ensuite, nous améliorons le fonctionnement de notre économie, en réformant le marché du travail, en supprimant les réglementations qui ralentissent le développement de certains secteurs. Un projet de loi portant sur ces sujets est en cours de discussion au parlement.
Nous améliorons également la compétitivité des entreprises, en restaurant leurs marges, via une baisse de leurs prélèvements de 40 milliards, soit 2 points de PIB, et un choc de simplification des formalités administratives.
Enfin, nous préparons l'avenir, en favorisant la transition numérique et énergétique. La tenue prochaine de la COP21 à Paris montre l'engagement de la France pour la croissance verte. J'ai eu l'occasion de revenir sur ce point hier devant le Comité France-Chine, mais je veux le redire devant vous.
Pour parvenir un accord ambitieux et nécessaire, car l'urgence écologique est réelle, chacun des acteurs économiques de nos deux pays a une responsabilité.
Les diagnostics doivent être partagés pour garantir une existence durable aux générations futures. Mais je ne doute pas qu'ils le sont car la Chine a fait un premier pas en novembre dernier en s'engageant à réduire les émissions de gaz à effet de serre.
Réussir ensemble la COP21, voilà un objectif qui retiendra toute notre attention pour l'année à venir.
Mesdames, messieurs,
La France se réforme, elle avance. C'est le message que je souhaite également vous faire passer aujourdhui.
La France continue à jouer son rôle de grande puissance en termes de stabilité et de sécurité dans le monde. La France est également une puissance économique de premier plan.
La France est la 5e puissance ex-aequo avec le Royaume-Uni, le 5e exportateur mondial, le 4e stock d'investissements étrangers dans le monde, 4e par le nombre d'entreprises parmi les 500 premières mondiales, devant l'Allemagne et le Royaume-Uni.
Nous avons donc de multiples atouts pour répondre aux attentes des investisseurs économiques chinois. Notre position au cur de l'Europe et aux portes de l'Afrique, continent qui je sais retient toute votre attention ; la qualité de nos infrastructures et de nos équipements ; le haut niveau de qualification de notre main d'uvre, très productive, et notre environnement notamment fiscal très favorable à l'innovation.
Soyez conscients que la France, en se réformant, prépare son avenir. Mais elle veut aussi le faire avec tous ses partenaires, et bien sûr, avec la Chine. Alors ensemble, construisons cet avenir commun.
Je vous remercie.
Source http://www.ambafrance-cn.org, le 9 février 2015
Monsieur Pan Shi Yi
Mesdames, Messieurs les dirigeants d'entreprises,
Mesdames, messieurs,
Etre réunis dans ce bâtiment, même pour le Premier Ministre de la France, a quelque chose d'impressionnant. Devant cette alliance délicate et imposante du verre, c'est toute la puissance de l'imagination qui s'exprime.
L'architecture est un langage qui dépasse les cultures, mais qui les réunit dans la beauté des formes.
Derrière cette beauté, c'est également le savoir-faire et l'innovation de nos deux pays qui s'expriment.
DASSAULT, SCHNEIDER ELECTRIC et le groupe SAINT-GOBAIN ont contribué à faire de cet espace une prouesse architecturale et un modèle d'énergie renouvelable. L'exemplarité de cette réalisation conduite ensemble doit nous inspirer pour l'avenir de nos relations bilatérales. Et c'est de cet avenir que je veux vous parler aujourd'hui.
Oui, WANGJING SOHO illustre ce que la France et la Chine peuvent faire de meilleur ensemble. Et ensemble, nous pouvons beaucoup. Notre amitié se nourrit de la valeur des années. Plus de 50 ans, c'est une chance ! Et les vieux amis que nous sommes se doivent de préparer l'avenir avec la même exigence.
Oui, la France et la Chine sont deux grandes nations. Deux partenaires décidés à travailler cote à cote. Deux alliés fidèles l'un à l'autre.
Une fidélité exprimée par la vitalité de nos échanges économiques.
Ma venue en Chine, accompagné de plusieurs membres du gouvernement, Monsieur Laurent FABIUS, Monsieur Jean Marie LE GUEN, d'un ancien premier ministre, Monsieur Jean-Pierre RAFARIN et d'une délégation de chefs d'entreprises, montre l'importance que la France accorde au marché chinois. Quoi de plus normal devant une économie qui est aujourd'hui la première puissance commerciale du monde ! Mais, contrairement à d'autres, et c'est important de le souligner , la France n'a pas attendu cette brillante ascension pour vous faire confiance.
La présence des entreprises françaises en Chine est ancienne. Nos 1500 entreprises emploient plus de 550 000 personnes sur l'ensemble du territoire chinois. La France est d'ailleurs le 1er employeur européen en Chine.
Et, nous ne nous reposons pas sur ces acquis historiques. Nos entreprises accompagnent l'évolution des besoins de la société chinoise. C'est le cas pour les projets d'éco-quartiers de la ville Chengdu et Wuhan, pour lesquels les entreprises françaises apportent leur expertise et leur savoir-faire.
Mais c'est également vrai pour de nombreux autres domaines.
Pour le domaine de l'énergie, où la France est largement présente, à l'image de la construction du barrage des Trois Gorges, qui a réuni des entreprises chinoises et françaises. Je pense également à EDF, AREVA, GDF SUEZ, TOTAL, AXENS, AIR LIQUIDE et de nombreuses PME au service des immenses besoins qu'exprime la Chine en matière énergétique.
Notre coopération dans le domaine du nucléaire se renforce également. Elle est ancienne : 30 ans ! Mais nous voulons aller plus loin et j'ai proposé, lors de mes entretiens avec le Premier ministre LI KEQIANG un nouveau partenariat nucléaire de grande ambition et qui doit dans les années qui viennent couvrir l'ensemble du cycle de l'amont à l'aval.
Dans le domaine des transports, les entreprises françaises telles que FAIVELEY, RAILTECH, SNCF, ALSTOM accompagnent les évolutions de modes de vie et d'organisation de l'espace que connaît actuellement la Chine. J'ai pu d'ailleurs constater hier à Tianjin la réussite de notre coopération dans le secteur de l'aéronautique, qui se poursuit grâce à la signature en avril dernier à Paris d'un mémorandum d'accord portant sur le développement de l'Airbus A330 et son assemblage en Chine, sur le modèle de ce que nous avons mis en place pour l'A320.
L'innovation et le dynamisme ne sont, bien sûr, pas les seules clés de nos réussites. Le respect et la confiance, dans nos économies et dans nos atouts, sont essentiels. Ce sont eux qui permettent d'aborder de nouveaux horizons. De développer une amitié fidèle mais sincère. Et deux amis sincères se doivent la vérité.
Et la vérité, c'est que nous pouvons davantage. La France et la Chine ont mutuellement à gagner en favorisant leurs échanges. Nos relations peuvent encore s'intensifier.
J'ai confiance en l'avenir de notre coopération. J'ai une ambition pour notre partenariat.
Et pour être à la hauteur de cette ambition, notre partenariat doit se rééquilibrer et renforcer.
Nous partageons d'ailleurs, je le sais, ce diagnostic. Nos relations sont profitables mais un déséquilibre subsiste. Il se traduit par un déficit commercial bilatéral de la France qui dépasse un point de PIB. Les exportations françaises en Chine restent trois fois inférieures aux exportations chinoises en France, et les investissements chinois en France sont encore faibles. Ils ne représentent que 3,5 milliards d'euros et 13 000 emplois
Il faut noter toutefois et c'est une première avancée que les investissements chinois connaissent un regain récent, incarnés par de grands projets tels que la prise de participation en 2011 de CHINA INVESTMENT CORPORATION dans GDF-SUEZ ou celle de DONG FENG dans PSA PEUGEOT-CITROEN, aux côtés de l'Etat français.
Et je veux redire devant vous. Oui, la France est ouverte aux entreprises chinoises ! Oui, vos investissements sont les bienvenus !
Nous venons d'ailleurs de le montrer une nouvelle fois, il y a quelques semaines, en retenant une offre chinoise pour l'ouverture du capital de l'aéroport de Toulouse, Tout comme le démontre l'entrée de FOSUN dans le capital du groupe Français CLUB MEDITERRANEE.
La France facilite la venue des investisseurs chinois. Un premier pas a été fait lors du Dialogue économique et financier de haut niveau, dont la 2ème édition s'est tenue à Paris le 15 septembre dernier. J'avais d'ailleurs accueilli avec plaisir, le vice Premier ministre chargé de ce dialogue, M. MA KAI. Ensemble, des chantiers ont été définis pour accompagner l'internationalisation de votre monnaie et faire de Paris une place de référence pour le Renminbi en Europe. Le succès hier à Paris, de la première émission d'un emprunt lancé par un investisseur public français est libellé en Renminbi constitue à cet égard une étape très symbolique.
En Europe, des efforts ont été faits pour améliorer le climat de vos investissements. La France soutient les négociations lancées début 2014 en vue d'un accord bilatéral entre l'UE et la Chine couvrant à la fois la protection et l'accueil des investissements.
J'ai évoqué le devoir de vérité et de franchise qui doit exister entre vieux amis : oui, trop d'obstacles continuent de freiner nos échanges ; trop de prévention aussi. Avec le Premier ministre Chinois KI KEQIANG, nous avons décidé hier qu'il fallait travailler à la levée de ces entraves, en veillant bien sûr à l'équilibre dans ces ouvertures réciproques.
N'est-ce pas autant de preuves de notre détermination à renforcer nos partenariats ?
Mesdames, messieurs,
Vous êtes des hommes et des femmes d'affaires. Vous le savez mieux que quiconque. Je ne vous apprends donc rien si je vous dis que les investissements sont la marque d'une confiance.
Et la France fait confiance à la Chine en investissant dans son économie pour accompagner les changements qu'elle connaît actuellement.
Votre modèle de croissance évolue et trois défis apparaissent : une montée en gamme de votre production, une augmentation de votre consommation et un modèle de croissance plus vert. Pour chacun de ces trois défis, les entreprises françaises peuvent apporter leur savoir-faire et développer des coopérations profitables. Et chacun peut en tirer des bénéfices.
Sur les questions sociales, les entreprises françaises sont leaders en matière de biens de consommation et de services à la personne. Sur les enjeux environnementaux, la France est une terre d'innovation à la pointe de la croissance verte et de nouvelles technologies. Et c'est sur ce dernier point que j'aimerais m'attarder.
L'économie verte est un secteur de croissance pour nos deux pays. Et pour donner toute la mesure à cette économie verte, il faut penser les domaines sociaux et économiques en cohérence. Et en premier lieu, repenser notre relation à la ville.
C'est ce que nous faisons ensemble. Je pense notamment au label français Vivapolis qui traite de ses thématiques et qui est actuellement décliné dans le cadre de coopérations franco-chinoises à Wuhan, un projet porté par la Représentante spéciale du Ministre des Affaires étrangères pour le partenariat avec la Chine, madame Martine AUBRY.
Nous devons aller encore plus loin. Nos réflexions sur la ville durable doivent être accompagnées de concertations en matière de santé. Là encore, les entreprises françaises sont reconnues pour leur expertise, menée par les grands groupes BIOMERIEUX, SANOFI, IPSEN et les PME COLISEE, ORPEA.
La croissance verte concerne aussi le secteur agricole. Nous ne pouvons parler de durabilité sans évoquer ces aspects, essentiels au bien-être de nos sociétés. Et les deux grandes puissances agricoles que nous sommes doivent s'emparer de ce sujet.
J'ai d'ailleurs proposé d'ouvrir un nouveau partenariat, dans le domaine de l'agro-alimentaire, compte tenu des besoins de la Chine et des exigences de sécurité alimentaire, de qualité, de fiabilité qui sont légitimement celles de la population chinoise. Qu'il s'agisse de la filière du lait, du secteur de la viande et de la charcuterie, de celui du vin, nous avons à bâtir ensemble ces nouvelles alliances.
C'est la raison pour laquelle j'ai souhaité que ma délégation d'affaires inclue des entreprises de premier plan dans le domaine agroalimentaire.
Enfin, les entreprises françaises souhaitent accompagner la Chine dans le développement des télécommunications et du numérique, notamment dans le domaine du commerce électronique et des applications mobiles.
Les grands groupes tels que ALCATEL-LUCENT, DASSAULT SYSTEMES, SAFRAN, ST MICRO, THALES, UBISOFT, mais aussi les PME ARCHOS, NETBOOSTER, PROOFTAG, SPRING TECHNOLOGY contribuent à l'innovation et à la R&D en Chine.
Définir les partenariats de demain, c'est aussi voir ensemble comment nous pouvons profiter des nouvelles zones de croissance. Porter ensemble des projets franco-chinois en Afrique, en Asie, voilà de nouveaux horizons qui doivent mobiliser entreprises françaises et entreprises chinoises.
Pour que toutes ces opportunités puissent déboucher sur des coopérations fructueuses, nos deux gouvernements ont une responsabilité importante. Et ce qui est vrai pour les échanges économiques reste vrai pour les échanges humains.
Il est évident que l'intensification de notre relation ne se fera pas sans la facilitation des échanges humains. Le premier Dialogue de haut niveau sur ce sujet, en septembre 2014, a permis de définir des objectifs communs.
A l'occasion du cinquantenaire de nos relations diplomatiques, la venue de ressortissants chinois a été facilitée par la délivrance de visa en 48 heures une première ! , par la simplification des procédures administratives pour les particuliers et les entreprises, et par une amélioration de l'accueil et de la sécurité des touristes chinois. Notre objectif est de recevoir 5 millions de vos compatriotes d'ici 2020.
Nos efforts doivent également porter sur l'accueil des étudiants. Aujourd'hui, 35 000 ressortissants chinois étudient en France. Nous souhaitons que ce chiffre atteigne 50 000 étudiants dans les années à venir. Et il faut aussi beaucoup plus d'étudiants français en Chine. Les entrepreneurs français présents en Chine, que j'ai rencontrés hier, ont fortement exprimé cette demande.
Mesdames, messieurs,
La France est une amie fidèle de la Chine. Elle porte à cette relation une confiance et une attention particulières. Nous partageons ensemble la même volonté de compétitivité et d'attractivité de nos territoires.
Mais, je veux également vous parler de la réalité de ce qu'est la France. Et cette réalité, contrairement à ce que je peux parfois lire ou entendre, c'est que la France est un pays qui avance et se réforme. Avec volonté et détermination.
La France est une grande puissance parce qu'elle prend ses responsabilités. Parce qu'elle regarde avec lucidité les défis qu'elle a à relever pour créer une croissance économique durable. A l'heure d'une crise économique sans précédent, quel pays ne doit pas le faire ?
Certains enjeux ne sont d'ailleurs pas très différents des vôtres, comme favoriser l'innovation et la montée en gamme de nos entreprises en étant plus compétitifs sur le coût ; ou encore affronter les enjeux environnementaux.
Certains défis sont en revanche propres à la France et nous menons une politique déterminée, qui repose sur quatre piliers.
D'abord, la réduction du poids des dépenses publiques avec la mise en place d'un plan d'économies de 50 milliards d'euros, soit 2,5 points de PIB, de 2015 à 2017. Il sera appliqué à l'ensemble des administrations, notamment à notre carte territoriale.
Ensuite, nous améliorons le fonctionnement de notre économie, en réformant le marché du travail, en supprimant les réglementations qui ralentissent le développement de certains secteurs. Un projet de loi portant sur ces sujets est en cours de discussion au parlement.
Nous améliorons également la compétitivité des entreprises, en restaurant leurs marges, via une baisse de leurs prélèvements de 40 milliards, soit 2 points de PIB, et un choc de simplification des formalités administratives.
Enfin, nous préparons l'avenir, en favorisant la transition numérique et énergétique. La tenue prochaine de la COP21 à Paris montre l'engagement de la France pour la croissance verte. J'ai eu l'occasion de revenir sur ce point hier devant le Comité France-Chine, mais je veux le redire devant vous.
Pour parvenir un accord ambitieux et nécessaire, car l'urgence écologique est réelle, chacun des acteurs économiques de nos deux pays a une responsabilité.
Les diagnostics doivent être partagés pour garantir une existence durable aux générations futures. Mais je ne doute pas qu'ils le sont car la Chine a fait un premier pas en novembre dernier en s'engageant à réduire les émissions de gaz à effet de serre.
Réussir ensemble la COP21, voilà un objectif qui retiendra toute notre attention pour l'année à venir.
Mesdames, messieurs,
La France se réforme, elle avance. C'est le message que je souhaite également vous faire passer aujourdhui.
La France continue à jouer son rôle de grande puissance en termes de stabilité et de sécurité dans le monde. La France est également une puissance économique de premier plan.
La France est la 5e puissance ex-aequo avec le Royaume-Uni, le 5e exportateur mondial, le 4e stock d'investissements étrangers dans le monde, 4e par le nombre d'entreprises parmi les 500 premières mondiales, devant l'Allemagne et le Royaume-Uni.
Nous avons donc de multiples atouts pour répondre aux attentes des investisseurs économiques chinois. Notre position au cur de l'Europe et aux portes de l'Afrique, continent qui je sais retient toute votre attention ; la qualité de nos infrastructures et de nos équipements ; le haut niveau de qualification de notre main d'uvre, très productive, et notre environnement notamment fiscal très favorable à l'innovation.
Soyez conscients que la France, en se réformant, prépare son avenir. Mais elle veut aussi le faire avec tous ses partenaires, et bien sûr, avec la Chine. Alors ensemble, construisons cet avenir commun.
Je vous remercie.
Source http://www.ambafrance-cn.org, le 9 février 2015