Déclaration de M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche, sur la valorisation de la filière oléicole, à Aix-en-Provence le 11 juin 2001.

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Circonstance : Session inaugurale du Conseil oléicole international à Aix-en-Provence le 11 juin 2001

Texte intégral

Monsieur le Président du Conseil oléicole international,
Monsieur le directeur exécutif du Conseil oléicole international,
Madame la Maire,
Mesdames et messieurs les élus,
Mesdames et messieurs les délégués,
Mesdames et messieurs,
En premier lieu, je voudrais souhaiter la bienvenue en France, en mon nom et au nom de tout le gouvernement français, aux délégués de tous les pays membres et observateurs du Conseil oléicole international comme au personnel de cette organisation. La France est fière et heureuse de pouvoir enfin vous accueillir pour la première fois sur son sol, marquant ainsi combien nous sommes attachés à cette production et combien nous apprécions le travail que votre organisation réalise.
Je peux vous assurer que l'ensemble des professionnels de l'huile d'olive de Provence comme de toute la France n'ont pas ménagé leur peine pour que votre visite soit un moment agréable et intéressant et je leur en suis reconnaissant. Je voudrais saluer les efforts de tous ceux qui ont uvré dans ce cadre et notamment le sénateur Picheral qui a été l'un des initiateurs de ce projet.
J'ai été très sensible, Monsieur Luchetti, à vos paroles sur la place de la France dans votre organisation. Je voudrais vous redire ici combien nous apprécions le travail qu'elle conduit pour favoriser les échanges entre les pays producteurs sur des aspects économiques, scientifiques et techniques mais aussi sur les aspects culturels et gastronomiques qui fondent la civilisation de l'olivier. A cet égard, je voudrais vous féliciter pour la qualité de la revue Olivae qui est toujours riche en informations scientifiques pour les professionnels mais également agréable à consulter pour le profane que je suis.
J'ai pris bonne note de votre invitation à venir reconnaître l'olivier de la France au siège de votre organisation à Madrid. Croyez bien que je le ferai bien volontiers à l'occasion d'un prochain déplacement dans cette ville. J'espère que cet arbre poussera mieux que l'olivier qui est dans le parc du ministère, rue de Varenne, qui fait plus de feuilles que d'olives.
La production d'huile d'olive en France est une petite production mais elle est très importante pour nous. Elle est très ancienne, remontant probablement à l'arrivée des Grecs sur les côtes provençales il y a environ 2.600 ans.
Mais surtout, elle constitue le signe tangible de notre lien avec les peuples de la Méditerranée avec qui nous avons cette culture en partage.
L'oléiculture a connu des coups très durs au cours de sa longue histoire avec notamment le gel de 1956 qui reste dans la mémoire collective comme l'une des plus graves catastrophes climatiques du siècle, anéantissant les trois quarts du verger oléicole français et modifiant ainsi durablement les paysages provençaux et languedociens. La production française aurait pu disparaître.
C'était sans compter sur le courage et la détermination de quelques hommes de passion, comme cela se trouve sous les climats méditerranéens, qui ont su passer cette étincelle à des jeunes et convaincre que le produit n'était pas mort et que planter des oliviers n'était pas un projet fou. Ces hommes, je les ai rencontrés sur leurs terres que ce soit près de Manosque, en Corse ou ailleurs et j'ai toujours été impressionné par leur courage et leur vaillance.
La tendance a ainsi été inversée et l'Europe a accepté de nous laisser conduire un plan de restructuration de notre verger oléicole. Notre production atteint aujourd'hui 4.000 tonnes et elle devrait continuer à se développer au cours des années qui viennent. A cet égard, je salue les efforts des municipalités qui, bien souvent, sont intervenues aux côtés de l'Etat et de l'Europe pour accompagner les efforts des producteurs que ce soit à Aix en Provence ou dans les Alpilles. Cet élan montre bien l'intérêt que les collectivités locales peuvent trouver en accompagnant le retour de l'arbre qui est un peu le symbole de leur région.
Mais je vous rassure, la France n'a pas, sur ce dossier, de vocation exportatrice. Nous resterons durablement et massivement importateurs. En effet, notre consommation progresse très vite puisqu'elle devrait atteindre 80.000 tonnes grâce notamment aux efforts d'une filière qui a le talent de mettre en avant les qualités et les vertus de ce produit pour encourager le consommateur à se tourner vers ce produit sain et savoureux.
Pour cette production, notre objectif vise à développer une production de qualité, à contribuer à retrouver les paysages traditionnels de ces régions, à prévenir les incendies dans certains massifs en les utilisant comme coupures vertes. Cela permettra également de renforcer les exploitations agricoles de ces régions et d'être à l'origine de produits de qualité.
L'huile d'olive est par nature un produit de qualité et l'Europe se doit de faire le choix de la rigueur et de l'exigence dans ce domaine afin de ne pas décevoir les consommateurs et d'assurer la poursuite de l'essor de la consommation.
En effet, cet intérêt pour l'huile d'olive est lié pour une large part à la communication positive sur les bienfaits de l'huile d'olive pour la santé. Les travaux du COI ont largement permis de mieux faire connaître les vertus de ce produit et plus largement, celles du régime méditerranéen qui associe les fruits et légumes, le vin, les légumes secs et naturellement l'huile d'olive. Il convient de continuer ce travail de sensibilisation. Par ailleurs, il serait sans doute utile de simplifier les dénominations et règles d'étiquetage des huiles d'olive afin que le consommateur puisse s'y retrouver plus aisément, tout en restant correctement informé.
La voie choisie par la France pour son oléiculture est celle de la typicité de ses produits. C'est pourquoi je me réjouis que la reconnaissance de nouvelles appellations d'origine pour cette production fasse son chemin. C'est ainsi que nous comptons aujourd'hui quatre appellations d'origine : après Nyons qui a ouvert le voie et la vallée des Baux, les huiles d'olive de Haute Provence, du pays d'Aix et de Nice ont été accueillies dans le club. J'espère qu'elles seront rejointes demain par des huiles du Gard, de l'Hérault, de la Corse et bien d'autres
A cet égard, je souhaite rappeler que la notion même d'appellation d'origine est fondée sur la combinaison harmonieuse d'un terroir, de variétés et de pratiques qui rendent un produit reconnaissable entre tous ; cette combinaison unique lui confère une typicité et une spécificité qui révèlent son origine. Cela n'a pas un lien direct avec une notion de qualité, ce n'est pas meilleur en soi, c'est différent, c'est particulier, c'est inimitable.
A ce titre, l'appellation d'origine est la meilleure des protections contre les délocalisations. Nous devons donc expliquer largement ce concept qui, même s'il est ancien, reste parfois mystérieux pour les consommateurs.
Des efforts devront être entrepris pour initier à la dégustation de ces huiles et donner des indications d'usage pour que, comme pour les vins, le consommateur puisse mieux connaître les affinités de telle huile avec tel ou tel mets. Je rends hommage au travail important effectué par le COI en cette matière.
Enfin, la France est très fière d'avoir su mettre en place ce nouveau train à grande vitesse qui met la Méditerranée à 3 heures de Paris. Cela va permettre un grand essor pour les régions du Sud de la France. Toutefois, pour cela, la Méditerranée doit s'affirmer comme un lac de paix et de coopération harmonieuse entre ses deux rives.
Alors qu'elle exerçait la présidence de l'Union européenne, la France a réuni à Marseille en octobre 2000 une conférence sur le partenariat euro-méditerranéen qui s'inscrit dans le processus lancé à Barcelone. Il s'agit pour nous d'un axe fondamental de la construction européenne qui doit permettre une amélioration des échanges économiques et culturels de façon à favoriser un développement équilibré des pays riverains de la Méditerranée. Je suis certain qu'en matière agricole des progrès significatifs doivent pouvoir être enregistrés et vous pouvez compter sur l'appui du gouvernement français en la matière.
Je suis très heureux de vous avoir accueilli aujourd'hui à Aix en Provence, je vous souhaite un excellent séjour et des travaux fructueux et je peux vous dire que les amis de l'olivier seront toujours les bienvenus chez nous.
(Source http://www.agriculture.gouv.fr, le 14 août 2001)