Texte intégral
VOIX OFF (HOMME)
RTL MATIN au Salon international de l'agriculture.
VOIX OFF (FEMME)
Avec Yves CALVI jusqu'à 9 h 30.
YVES CALVI
Jean-Michel APHATIE, vous êtes en direct de la Porte de Versailles donc et vous recevez justement ce matin le ministre de l'Agriculture.
JEAN-MICHEL APHATIE
Oui ! Bonjour Stéphane LE FOLL.
STEPHANE LE FOLL
Bonjour.
JEAN-MICHEL APHATIE
Voilà ! On est au milieu du Salon de l'agriculture. Comment vont les agriculteurs en France
STEPHANE LE FOLL
Il y a des situations difficiles à cause des marchés et des prix ! Il y a la situation dans les filières animales, qu'elles soient bovines et surtout porcines aujourd'hui, où on est à faire face à une baisse des prix qu'on a essayé d'éviter, de redresser en particulier sur le porc avec des actions, avec la grande distribution, les transformateurs et il y eu une légère remontée ; il y a eu aussi les annonces qui ont été faites hier par le commissaire européen sur du stockage privé, c'est important. Donc, on a une situation
JEAN-MICHEL APHATIE
C'est un secteur en difficulté ?
STEPHANE LE FOLL
Hein ?
JEAN-MICHEL APHATIE
C'est un secteur en difficulté ? L'agriculture
STEPHANE LE FOLL
C'est un secteur en difficulté sur globalement les prix...
JEAN-MICHEL APHATIE
En France, oui
STEPHANE LE FOLL
Alors, attendez, soyons aussi il y a des prix qui ont tendance - et ça c'est un vrai problème à la volatilité c'est-à-dire à baisser et à augmenter. Il y a eu une période pour les céréales où les prix étaient élevés, ce qui faisait que l'alimentation animale était élevée, les céréales l'an dernier ont connu une baisse de près de 30 % des prix, donc le vrai problème qu'on a avec la politique agricole c'est d'essayer d'avoir des amortisseurs et avec une politique fiscale j'ai entendu ce qui était dit tout à l'heure oui on essaie aussi de trouver des solutions pour avoir des capacités à faire des provisions lorsque les prix sont élevés pour pouvoir mieux supporter une baisse des prix - à condition bien sûr qu'elle ne soit pas longue, ni dans la durée - mais c'est ça le problème du marché aujourd'hui, c'est cette volatilité à l'échelle européenne, mais ce qui est plus difficile à gérer c'est qu'en fait aujourd'hui les prix sont mondiaux
JEAN-MICHEL APHATIE
Vous avez pris, vous avez annoncé du moins, des mesures la semaine dernière pour par exemple faciliter l'extension des élevages. Les écologistes, d'autres syndicats agricoles, enfin d'autres syndicats agricoles que la FNSEA, vous reprochent vous avoir cédé à ce gigantisme, qu'est-ce que vous leur répondez ?
STEPHANE LE FOLL
Oui ! Ils me reprochent ça, mais les mêmes et j'ai bien vu les sondages les Français voudraient à 87 % des petites exploitations, mais enfin il faudrait que tout le monde soit d'accord. Moi je suis
JEAN-MICHEL APHATIE
Ça arrive rarement ça !
STEPHANE LE FOLL
Voilà ! C'est que si 87 % des Français veulent des petites exploitations, ça veut dire que, sur une petite exploitation, vous avez deux solutions : ou vous avez des produits qui ont une grosse valeur ajoutée et qui ont des prix élevés et, donc, vous n'êtes pas obligé de produire beaucoup pour avoir un revenu ; ou, si vous êtes sur une petite exploitation, que vous avez des prix qui ne sont pas élevés, vous êtes obligé de produire beaucoup et d'être intensif.
JEAN-MICHEL APHATIE
Mais
STEPHANE LE FOLL
Mais ce n'est pas ce que veulent non plus les Français ! Donc, on est obligés d'avoir un spectre large qui fasse qu'on ait des petites exploitations. Je rappelle aujourd'hui, je vais le dire quand même, qu'on avait mis en place un plan pour doubler les surfaces en agriculture biologique, on a dépassé l'Allemagne l'an dernier ça y est et on continue à progresser, mais en même temps il faut que l'agriculture biologique continue à être rémunératrice, parce que, si je banalise l'agriculture biologique, je vais banaliser les prix en même temps. Donc je dis aux Français, la question posée par la taille des ateliers, quand par exemple sur lengraissement des jeunes bovins dans le Limousin, 52 exploitations, 52, ce n'est pas un industriel, c'est 52 agriculteurs qui se regroupent pour faire un atelier pour essayer de structurer leur métier, je ne peux pas dire non. Je reprends la question du poulet, il y a le poulet label rouge, il y a les poulets de qualité, il y a le poulet de Bresse, il y a le poulet de Loué, il y a le poulet du Gers, fantastique, on est le seul pays européen à faire ça, tant mieux - ça se développe et on le développe mais, en même temps, il y a du poulet aussi standard.
JEAN-MICHEL APHATIE
Les reproches qu'on vous fait c'est, voilà, on cède aux marchés, on cède au gigantesque, on n'a plus aucun frein. Parce que, voilà
STEPHANE LE FOLL
Mais alors c'est complètement fou
JEAN-MICHEL APHATIE
Ce sont vos amis souvent qui disent ça.
STEPHANE LE FOLL
Oui ! Oui, mais ce n'est pas des amis. C'est faux en plus
JEAN-MICHEL APHATIE
Ah bon ! Ce n'est pas vos amis, les écologistes ce n'est pas vos amis, politiques notamment ?
STEPHANE LE FOLL
Moi je rappelle je vais vous dire aussi, Jean-Michel APHATIE, quelque chose que vous ne dites pas. La loi d'avenir agricole elle a été votée par les communistes, les écologistes, les socialistes, les radicaux de gauche, les centristes, votée avec un projet qui s'appelle « l'agro-écologie », la combinaison entre l'économie, l'environnement et le social, je répète cette loi a été votée par toute la gauche + les centristes et, en plus
JEAN-MICHEL APHATIE
Ils sont un peu inconséquents alors de vos critiques aujourd'hui, c'est ce que vous voulez dire ?
STEPHANE LE FOLL
Donc il y a un problème, oui - et je vois comment c'est relayé dans la presse aujourd'hui - il y a un problème de conséquences, l'agro-écologie c'est un axe stratégique, c'est-à-dire que nous sommes le premier pays à avoir un projet global. Alors, après, on fait des détails, on discute sur des petits points, on ne regarde pas le projet global ; et je vais aller jusqu'à la question économique sur la taille des ateliers, vous avez à juste titre cité le fait qu'en France on avait des tailles - en particulier sur les ateliers laitiers - cinq à six fois inférieures à l'Allemagne, oui, et ça peut tout à fait marcher, moi j'attends de voir économiquement et sanitairement à terme les ateliers de 5, 6, 7, 8, 10, 15, 20.000 vaches, parce que ce n'est pas 1.000 vaches, moi je suis allé en Afrique du Sud, 25.000 vaches, 30.000 vaches vous voyez sauf que ce sont quelques ateliers de production, le jour où il y a un problème sanitaire c'est une catastrophe et, comme c'est tellement lourd en termes d'investissement, en termes de capital à investir, le prix est plus élevé que celui qu'on a aujourd'hui en Europe.
JEAN-MICHEL APHATIE
Oui ! Stéphane LE FOLL, nous parlerons sur RTL toute la semaine des problèmes des agriculteurs, vous-même vous serez sans doute au salon tous les jours pour les côtoyer
STEPHANE LE FOLL
Pas sans doute !
JEAN-MICHEL APHATIE
Donc vous serez toute la semaine au salon pour les côtoyer et vous accueillez dans quelques minutes, à 8 h, Manuel VALLS le Premier ministre qui va visiter le salon. Manuel VALLS, tiens justement si on parle un peu Stéphane LE FOLL, j'ai lu qu'il voulait changer l'ordre social, alors ça dites donc ça veut dire quoi ?
STEPHANE LE FOLL
Il y a mercredi une rencontre avec les partenaires sociaux suite à la négociation qui avait été engagée sur l'évolution du dialogue social
JEAN-MICHEL APHATIE
La représentativité des salariés dans les entreprises !
STEPHANE LE FOLL
Voilà ! Il n'y a pas eu d'accord au bout du compte de cette négociation
JEAN-MICHEL APHATIE
Non !
STEPHANE LE FOLL
Donc
JEAN-MICHEL APHATIE
Vous allez faire une loi ?
STEPHANE LE FOLL
On va discuter d'abord avec l'ensemble des partenaires, c'est-à-dire qu'on va reprendre cette discussion et on va essayer de trouver le bon équilibre entre l'objectif de la représentation des salariés et aussi comment dirais-je le fais que pour les entreprises ça soit à la fois facile à mettre en oeuvre et être efficace, c'est ça le sujet, jamais l'un sans l'autre, jamais avancer dans un sens sans penser à ce qui est nécessaire pour conforter le dialogue social.
JEAN-MICHEL APHATIE
Et, donc, vous allez faire une loi ?
STEPHANE LE FOLL
La question des seuils par exemple
JEAN-MICHEL APHATIE
Vous allez faire une loi ?
STEPHANE LE FOLL
Mais oui !
JEAN-MICHEL APHATIE
La question, c'est ç a, vous allez faire une loi ?
STEPHANE LE FOLL
Mais bien sûr ! On va le faire.
JEAN-MICHEL APHATIE
Le problème vous savez lequel c'est, Stéphane LE FOLL ?
STEPHANE LE FOLL
Oui ! C'est quoi le problème ?
JEAN-MICHEL APHATIE
Vous n'avez pas de majorité pour la voter.
STEPHANE LE FOLL
Oui ! Mais ça c'est ce que vous dites aujourd'hui
JEAN-MICHEL APHATIE
C'est ce qui s'est vérifié la semaine !
STEPHANE LE FOLL
C'est plus ou moins vérifié avec ce qui s'est passé sur la loi activité avec le 49.3
JEAN-MICHEL APHATIE
Oui !
STEPHANE LE FOLL
Mais il faut qu'on soit en capacité à la fois de proposer et de trouver l'équilibre et on trouvera l'équilibre.
JEAN-MICHEL APHATIE
Mais vous n'avez pas de majorité, je reprends ma question, parce que
STEPHANE LE FOLL
Je reprends l'objectif du dialogue social, le seuil
JEAN-MICHEL APHATIE
Déjà ceux qui ont dit non à votre loi Macron la semaine dernière
STEPHANE LE FOLL
Oui ! Mais j'anticipe déjà ceux qui à gauche pourraient avoir un sujet de débat.
JEAN-MICHEL APHATIE
Disent : « ça, on ne votera pas ».
STEPHANE LE FOLL
Les seuils, ils ont été conçus à une époque pour faire en sorte qu'on ait des représentants syndicaux partout dans les entreprises
JEAN-MICHEL APHATIE
10 salariés, 50 salariés, c'est ça ?
STEPHANE LE FOLL
10 salariés, 50 salariés.
JEAN-MICHEL APHATIE
Ou 200 salariés.
STEPHANE LE FOLL
Alors, constat, y a-t-il des représentants syndicaux dans les entreprises de moins de 50 salariés ? Non ! Donc, si on était simplement sur la question des seuils pour dire : « c'est la condition pour avoir des représentants syndicaux » ça se saurait, ce n'est pas vrai, donc on est quand même capables aussi de réfléchir à la fois à l'objectif qui est celui de la représentation des syndicats dans les entreprises et les petites entreprises et, en même temps, à tenir compte de ce que disent aussi les chefs d'entreprise, on a besoin aussi d'avoir des simplifications parce que les seuils font ce qu'on appelle des effets de seuil, c'est-à-dire que dès qu'on passe au-dessus on évite de passer au-dessus, donc on évite de créer de l'emploi ou de créer des emplois dans des entreprises pur éviter de passer un seuil, c'est complètement ridicule.
JEAN-MICHEL APHATIE
Vous en voulez aux députés socialistes qui menacent de ne pas voter les textes ?
STEPHANE LE FOLL
Moi je n'en veux pas ! Je vais m'expliquer, je considère qu'ils ont tous été élus à la suite d'une Présidentielle avec une étiquette, qu'on ait des débats, on en a toujours eus et on en aura toujours ; qu'il y ait des gens qui doivent et qui veulent exprimer des différences, voire des conceptions différentes, c'est normal ; qu'il y ait des gens qui à un moment considèrent qu'ils ne vont pas voter et qui s'abstiennent, on l'a connu, c'est acceptable ; mais que certains aillent jusqu'au bout d'une logique qui consiste à voter contre là c'est quelque chose de différent et c'est quelque chose qui dans le contexte, dans la situation dans laquelle on est, n'est pas acceptable.
JEAN-MICHEL APHATIE
François HOLLANDE et Manuel VALLS repartent à la baisse dans les sondages, Nicolas SARKOZY ce n'est pas terrible non plus, un boulevard pour Marine LE PEN ?
STEPHANE LE FOLL
Ecoutez ! La situation de la France est difficile et, quand c'est difficile, les Français je comprends vont chercher des solutions faciles, vont se dire : « Allez ! On a un problème
JEAN-MICHEL APHATIE
Oui ! Mais ils vont la chercher
STEPHANE LE FOLL
Attendez ! Attendez, attendez.
JEAN-MICHEL APHATIE
Alors vous constatez ça facilement, vous avez les moyens de lutter contre ce phénomène ?
STEPHANE LE FOLL
Mais je ne constate pas ça ! Est-ce que j'ai l'impression d'être passif ? Je lutte ! Je lutte, mais à force de répéter : « alors, vous regardez le Front national monter », non, ce n'est pas vrai. Qu'est ce qu'on fait tous les jours quand on se bat pour l'exportation, ici de la viande bovine, quand on essaie de trouver des solutions au niveau de la réforme de la Politique Agricole Commune, quand on essaie aussi de se battre avec la grande distribution pour éviter qu'on soit dans une période de déflation, éviter la désespérance, éviter que les prix tombent trop bas ? Tous les jours, tous les jours, toutes les heures on lutte.
JEAN-MICHEL APHATIE
Sans grand succès forcément ! On dit que dans un mois le Front national pourrait être le premier parti aux Elections Départementales.
STEPHANE LE FOLL
Eh bien, écoutez, si je regarde les sondages aujourd'hui
JEAN-MICHEL APHATIE
C'est ça !
STEPHANE LE FOLL
J'ai vu ! Oui, oui, je ne vais pas dire autre chose que ce que je constate et ce que j'entends
JEAN-MICHEL APHATIE
Oui ! Donc, votre travail n'a pas l'air d'avoir de ce point de vue le
STEPHANE LE FOLL
Moi dans mon département, pour la première fois dans l'histoire, il y a des candidats du Front national dans tous les cantons, c'est la première fois que ça existe Bon ! Et, en même temps, j'ai le Front de gauche et les écologistes qui ont fait des accords contre le Parti socialiste, voilà, voilà où on en est, eh bien on continuera à se battre, défendre la République, se battre et essayer de trouver des solutions pour les Français.
JEAN-MICHEL APHATIE
Olivier BRANDICOURT, ça vous dit quelque chose ?
STÉPHANE LE FOLL
Olivier BRANDICOURT !
JEAN-MICHEL APHATIE
Oui ! C'est le nouveau patron de SANOFI
STEPHANE LE FOLL
Oui !
JEAN-MICHEL APHATIE
Il prend la direction de l'entreprise et, avant d'avoir fait quoi que ce soit, il va toucher quatre millions d'euros.
STEPHANE LE FOLL
Oui ! C'est incompréhensible, et pour moi non seulement c'est incompréhensible
JEAN-MICHEL APHATIE
C'est des pratiques courantes dans les grandes entreprises !
STEPHANE LE FOLL
Oui ! Mais c'est comment tous ces gens qui expliquent que c'est le mérite, c'est l'économie libérale qui doit faire les résultats, c'est le risque, la prise de risque, ces gens-là, à peine ils prennent la tête d'une entreprise c'est-à-dire qu'ils n'ont pris encore aucun risque ils sont déjà assurés d'avoir une rémunération qui est sans commune mesure
JEAN-MICHEL APHATIE
Ca, c'est du commentaire ?
STEPHANE LE FOLL
Ce nest pas du commentaire ! On l'a fait au niveau des entreprises publiques en plafonnant les salaires, il faut qu'il y ait là des règles qui soient réaffirmées, un peu de morale, c'est insensé
JEAN-MICHEL APHATIE
Ca pourrait être dans la loi, dans la loi que vous allez voter ?
STEPHANE LE FOLL
Ca pourrait être dans la loi qu'on pourrait Oui ! Mais dans la loi qu'on pourrait voter, le vrai problème c'est que ces grandes entreprises sont internationales.
JEAN-MICHEL APHATIE
Voilà ! C'était Stéphane LE FOLL, ministre de l'Agriculture. Vous êtes avec nous, Yves ?
YVES CALVI
Je suis avec vous et cet entretien est bien entendu comme chaque jour à retrouver sur le site rtl.fr.
JEAN-MICHEL APHATIE
Bonne journée !
YVES CALVI
Bonne journée Jean-Michel.Source : Service d'information du Gouvernement, le 25 février 2015