Texte intégral
Allocution de clôture du congrès de la FSU le 26 janvier :
Nous voici donc au terme de notre troisième congrès.
Un congrès c'est une lourde machine, c'est 18 ordinateurs, un réseau, 11 imprimantes, 28 lignes téléphoniques, 12 photocopieurs et environ 160 000 feuilles de papier, sans compter les huîtres, les amendements et votes dissociés, qui eux sont au moins " mille et trois ".
Un congrès c'est un groupe de pilotage national qui travaille depuis des mois, c'est une cinquantaine de militants du département qui ont participé à l'organisation, dont une bonne dizaine de façon permanente, des copains qui ont bénévolement donné de leur temps, de leur patience pour nous. Un congrès c'est un secrétaire départemental qui sans doute stresse depuis des mois mais nous accueille par un billet plein de talent dans le premier numéro du journal. C'est un journal avec l'assistance technique d'Isabelle, avec une petite équipe de militants, que l'on rencontre le matin les yeux rougis au petit déjeuner parce qu'ils ont veillé tard. Ce sont aussi les salariés de la FSU et ses syndicats, chargés de la frappe, de la reprographie, du secrétariat de tribune qui n'ont pas épargné leur peine, Catherine, Chantal, Corinne, Delphine, Elyane, Yolande, Richard, Jean, Luis, Nabila. Sans oublier les militants " techniques " de la FSU et de ses syndicats.
Laissez-moi les remercier tous en votre nom parce qu'il n'y a pas de bon congrès, de congrès fructueux en débats et en idées s'il n'y a pas derrière cette logistique.
Me voici donc devant vous fraîchement élu Secrétaire général. Et avant toutes choses je voudrais dire combien je me sens redevable en votre nom à ceux qui m'ont précédé et qui ont contribué à ce que la FSU soit ce qu'elle est. Nous leur devons à tous notre gratitude. A Michel Deschamps je dis combien je le remercie d'avoir été le premier à incarner la FSU naissante, avec une autorité, avec une hauteur de vues qui frappaient l'observateur.
A Daniel Le Bret je veux dire ma gratitude d'abord d'avoir été le premier secrétaire général du SNUIPP mais aussi d'être une homme foisonnant d'idées, d'audace, d'ouverture.
Je tiens à dire à Pierre Duharcourt combien j'ai apprécié sa connaissance des dossiers, sa compétence, sa solidité notamment dans les 3 négociations Fonctions publiques pendant lesquelles j'ai été à ses côtés : et nous ne saurions oublier que rien n'obligeait cet universitaire reconnu à s'engager ainsi pour faire vivre la FSU. Ce choix l'honore.
Vous comprendrez aisément que je m'attarde un instant à parler de Monique. J'ai du mal à qualifier, en quelques mots qui ne soient pas convenus, une figure du militantisme comme elle : il y a quelques jours en surfant sur internet j'ai trouvé un site officiel où elle figurait sur la liste des " femmes qui font avancer la France " Un joli compliment, non ? Mais de fait il me semble que parmi toutes les choses à dire sur elle, il en est une rarement avancée mais qui me paraît pourtant profondément vraie : c'est sa capacité à défendre ses idées, aller au bout des débats sans les esquiver et en même temps intégrer le point de vue des autres. C'est pour moi une forme d'intelligence infiniment plus estimable et plus fructueuse que celle d'un éminent scientifique auquel tous nous pensons.
Sans pathos ni grandiloquence je souhaite dire à Monique notre admiration, notre reconnaissance, notre amitié.
Des dizaines d'autres, ont joué un rôle déterminant dans notre courte histoire. Au risque d'être injuste et d'en oublier je veux citer Raphaël Szanfeld, Danièle Czal, Jean-Paul Cagne, premier trésorier de la FSU, Pierre Toussenel.
Et je tiens à citer François Castaing, dont chacun sait la place qu'il a tenue et qui quitte ses responsabilités.
Mais surtout, je me réjouis de voir à ce congrès tous ceux avec qui je suis heureux de continuer à travailler. Car notre fédération est vivante.
Il y a peu de temps notre camarade René Mouriaux publiait un article sur la FSU où avec l'humour qu'on lui connaît, il disait à peu près (je cite de mémoire) " Mais l'observateur étonné doit s'exclamer comme Galilée : et pourtant elle tourne ! " Et bien oui : elle tourne, et elle tourne plutôt bien. Et ce n'est peut-être pas un paradoxe : les choix exigeants et originaux que nous avons fait sont sources de contradictions, de difficultés mais ils sont par là même attractifs, dynamiques, porteurs d'avenir. Je suis convaincu que c'est une des leçons à tirer de ce congrès. Au-delà des débats traditionnels, je veux souligner à titre d'exemple la première que constitue pour la FSU le débat et le vote d'une motion sur la Recherche.
Nous sortons de ce congrès avec des orientations pour améliorer cette FSU que nous avons bâtie ensemble. Elles portent par exemple sur la place des femmes ou des jeunes nous avons engagé là un processus fructueux. Nous avons mieux affirmé la place de ces personnels qu'on désigne trop souvent par une négation, les non enseignants, mais qui sont cet ensemble d'hommes et de femmes à l'intérieur de l'école comme à l'extérieur dont la contribution est indispensable à l'éducation des jeunes. Nous avons à faire encore mieux en sorte qu'ils aient toute leur place, qu'ils soient reconnus dans leur diversité. Le sens du thème 2, de la table ronde correspondante, était d'afficher cette volonté ; le dossier de la RTT où les syndicats de la FSU commencent à parler d'une même voix, est une occasion à saisir pour aller plus loin dans ce sens. Les élections professionnelles des mois à venir doivent constituer une préoccupation de l'ensemble de la Fédération.
Nous venons enfin de prendre des décisions qui sont de nature à faire franchir un pas nouveau et original à la démarche unitaire que nous conduisons depuis le début. Je veux parler bien sûr de la proposition d'un Comité de Liaison Unitaire Interprofessionnel. On nous interroge souvent : où allez-vous ? Quel est le chemin ? Le but c'est l'unité, ce n'est pas la division ; le chemin nous avons à le tracer ensemble avec ceux qui le voudront. Et ce qui est sûr c'est qu'il ne peut s'agir d'un simple mécano syndical construit par quelques appareils. A chaque étape nous aurons à débattre à l'intérieur de la FS U.
Il s'agit bien aujourd'hui d'essayer d'apporter, à notre niveau, un plus au mouvement syndical en général et à notre propre démarche syndicale en contribuant à créer une voie nouvelle pour rassembler et surmonter les clivages.
Mais en même temps nous avons à assurer dès aujourd'hui toutes nos responsabilités.
Notre congrès s'achève au lendemain d'une journée marquée par une mobilisation de grande ampleur - plus de 300 000 manifestants - qui a vu les salariés du privé descendre massivement dans la rue et qui a vu les personnels du public se rassembler à leurs côtés, marquant ainsi non seulement leur solidarité mais leur communauté d'intérêt sur un dossier essentiel pour l'avenir. Et la FSU a tenu toute sa place, à La Rochelle, comme à Paris, comme à Marseille. Les tentatives de tous ceux qui ont jusqu'au bout cherché à diviser et opposer, faisant outrancièrement pression sur les organisations de fonctionnaires, ces tentatives ont été mises en échec.
Et dans 4 jour, le 30 janvier, nous pouvons confirmer cette mobilisation dans le cadre de la première grève unitaire des trois fonctions publiques depuis plus de 3 ans. Ce calendrier qui encadre la fin de notre congrès marque le succès d'une démarche unitaire que nous conduisons depuis des mois. Nous avons la responsabilité, nous tous, de faire pour que le 30 soit une grande journée de mobilisation. Et de faire en sorte que le 25 et le 30 soient des étapes d'un mouvement d'ampleur dans la durée.
Nous avons à dire fort à nos collègues dans les services, les écoles, les salles de professeurs n'ayons aucune réticence, aucune honte à revendiquer ou agir. Monsieur Sapin affecte de penser que les fonctionnaires chipotent pour quelques malheureuses fractions de pourcentage sur une malheureuse année 2000. Les biens pensants cherchent à nous présenter comme des privilégiés qui veulent défendre leur caste contre les salariés du privé. Comme si aujourd'hui saisir l'occasion d'un contexte économique favorable pour mener une politique ambitieuse de rémunérations n'était pas le meilleur moyen pour faire face aux besoins de recrutements massif des personnels qualifiés dans les aux services publics. Comme si notre société ne pouvait pas faire l'effort qui est à sa portée, pour financer cet allongement de la durée de vie en retraite qui n'est pas une catastrophe mais bien un progrès et une chance ; comme si le maintien des droits des fonctionnaires en matière de retraite n'était pas un point d'appui, une prise solide pour mettre en échec les régressions dans le privé. Qui est porteur d'avenir ? Qui voit loin ? Qui défend l'intérêt général ? Ne nous laissons pas impressionner, ne nous laissons pas donner les leçons. Nous devons continuer la stratégie que nous avons impulsée, en conservant notre boussole, l'unité.
C'est la même préoccupation d'unité et le même souci d'avenir qui nous anime pour ce qui est au cur de nos métiers et a été le premier thème de notre congrès : les jeunes, leurs besoins, leurs attentes, leur avenir. Nous en avons longuement débattu et nous avons avancé des idées. A l'issue de ce congrès je souhaite reprendre les idées de cet appel qui vous a été diffusé hier et qui constitue nos propositions pour la jeunesse.
Nous souhaitons des changements pour la jeunesse. Pour les jeunes, nous voulons une école plus juste, dans une société plus égalitaire, plus solidaire.
Nous souhaitons que les hommes et les femmes tirent tous profit d'études réussies, qu'ils soient en harmonie avec eux-mêmes et avec le monde, qu'ils mettent l'intelligence de l'esprit et du cur au service de leur avenir.
Pour les jeunes, nous proposons des changements pour viser, par l'éducation, à l'émancipation progressive, à l'autonomie et à l'insertion critique dans la société. Qu'ils soient pleinement acteurs d'un avenir que toutes les générations doivent construire ensemble. Avec et pour eux, nous voulons des réponses pour que leur scolarité soit ambitieuse.
Le premier changement est pédagogique. Nous voulons faire réussir tous les jeunes, amener la totalité des jeunes à des formations qualifiantes dès aujourd'hui et aller, demain, à un bac pour tous, et s'attaquer aux décrochages et aux échecs. Il faut une stratégie d'ensemble de transformations : cohérence et qualité des formations, essor des TICE, contenus d'enseignement rénovés, interdisciplinarité maîtrisée, pratiques pédagogiques variées et actives, accompagnement scolaire développé, formation repensée et, pour les personnels, du temps libéré pour la concertation et le dialogue avec les jeunes
Le second changement est éthique. Il suppose de faire naître chez le jeune le désir d'apprendre et la volonté de grandir et de se transformer. Il met en jeu des valeurs fondamentales : respect de l'autre, tolérance et réciprocité.
S'y ajoutent les indispensables changements culturels : prendre appui sur la diversité culturelle des jeunes et sur un patrimoine culturel vivant pour construire une culture commune.
Le changement social ensuite : c'est le sens d'une allocation d'autonomie individualisée dont nous proposons que le principe soit mis en débat. Les politiques publiques doivent aussi changer avec le rôle des services publics rénovés ; tout comme doivent changer la prospective et les investissements et enfin la manière d'assurer la démocratie en formant des citoyens capables de comprendre, d'intervenir collectivement et personnellement, de s'insérer de manière critique dans le monde.
Ce que nous voulons c'est à partir de nos préoccupations d'éducateurs rassembler pour apporter des réponses aux attentes des jeunes, construire un vaste mouvement social en faveur de la jeunesse. A travers cet appel nous avons le sentiment de poser des questions fondamentales pour l'avenir. Et nous nous adressons aussi au gouvernement, à nos ministres, à commencer par Jack Lang et Jean-Luc Mélenchon pour leur dire que les personnels de l'Education, de la Recherche de la Culture sont attachés à faire vivre ce projet, à travailler à une démarche transformatrice, qu'ils attendent qu'on leur en donne les moyens, avec une stratégie d'ensemble, qu'on favorise leur initiative, qu'on leur fasse sentir qu'on les respecte, eux et leur métier, qu'on les entend, qu'ils ne sont pas des dépenses inutiles mais des éléments clés de la modernisation des services publics.
Depuis quelques nuits je dois vous avouer que je dors mal et ce n'est pas à cause des chambres spartiates de l'hôtel B and B. Mais notre congrès m'a donné confiance dans l'avenir de notre démarche, de notre projet syndical. Et surtout je sais par expérience que la force de notre syndicalisme ce sont ses militants, ces milliers de collègues dont vous êtes, qui consacrent une partie de leur temps et de leur énergie à une activité difficile mais passionnante, qui est à la fois de défendre leur métier et d'agir pour faire bouger la société. Le congrès nous a encore montré que ce militantisme était vivant. Dans 4 jours nous en ferons encore la démonstration dans la rue.
(Source http://www.fsu.fr, le 14 mars 2001).
Nous voici donc au terme de notre troisième congrès.
Un congrès c'est une lourde machine, c'est 18 ordinateurs, un réseau, 11 imprimantes, 28 lignes téléphoniques, 12 photocopieurs et environ 160 000 feuilles de papier, sans compter les huîtres, les amendements et votes dissociés, qui eux sont au moins " mille et trois ".
Un congrès c'est un groupe de pilotage national qui travaille depuis des mois, c'est une cinquantaine de militants du département qui ont participé à l'organisation, dont une bonne dizaine de façon permanente, des copains qui ont bénévolement donné de leur temps, de leur patience pour nous. Un congrès c'est un secrétaire départemental qui sans doute stresse depuis des mois mais nous accueille par un billet plein de talent dans le premier numéro du journal. C'est un journal avec l'assistance technique d'Isabelle, avec une petite équipe de militants, que l'on rencontre le matin les yeux rougis au petit déjeuner parce qu'ils ont veillé tard. Ce sont aussi les salariés de la FSU et ses syndicats, chargés de la frappe, de la reprographie, du secrétariat de tribune qui n'ont pas épargné leur peine, Catherine, Chantal, Corinne, Delphine, Elyane, Yolande, Richard, Jean, Luis, Nabila. Sans oublier les militants " techniques " de la FSU et de ses syndicats.
Laissez-moi les remercier tous en votre nom parce qu'il n'y a pas de bon congrès, de congrès fructueux en débats et en idées s'il n'y a pas derrière cette logistique.
Me voici donc devant vous fraîchement élu Secrétaire général. Et avant toutes choses je voudrais dire combien je me sens redevable en votre nom à ceux qui m'ont précédé et qui ont contribué à ce que la FSU soit ce qu'elle est. Nous leur devons à tous notre gratitude. A Michel Deschamps je dis combien je le remercie d'avoir été le premier à incarner la FSU naissante, avec une autorité, avec une hauteur de vues qui frappaient l'observateur.
A Daniel Le Bret je veux dire ma gratitude d'abord d'avoir été le premier secrétaire général du SNUIPP mais aussi d'être une homme foisonnant d'idées, d'audace, d'ouverture.
Je tiens à dire à Pierre Duharcourt combien j'ai apprécié sa connaissance des dossiers, sa compétence, sa solidité notamment dans les 3 négociations Fonctions publiques pendant lesquelles j'ai été à ses côtés : et nous ne saurions oublier que rien n'obligeait cet universitaire reconnu à s'engager ainsi pour faire vivre la FSU. Ce choix l'honore.
Vous comprendrez aisément que je m'attarde un instant à parler de Monique. J'ai du mal à qualifier, en quelques mots qui ne soient pas convenus, une figure du militantisme comme elle : il y a quelques jours en surfant sur internet j'ai trouvé un site officiel où elle figurait sur la liste des " femmes qui font avancer la France " Un joli compliment, non ? Mais de fait il me semble que parmi toutes les choses à dire sur elle, il en est une rarement avancée mais qui me paraît pourtant profondément vraie : c'est sa capacité à défendre ses idées, aller au bout des débats sans les esquiver et en même temps intégrer le point de vue des autres. C'est pour moi une forme d'intelligence infiniment plus estimable et plus fructueuse que celle d'un éminent scientifique auquel tous nous pensons.
Sans pathos ni grandiloquence je souhaite dire à Monique notre admiration, notre reconnaissance, notre amitié.
Des dizaines d'autres, ont joué un rôle déterminant dans notre courte histoire. Au risque d'être injuste et d'en oublier je veux citer Raphaël Szanfeld, Danièle Czal, Jean-Paul Cagne, premier trésorier de la FSU, Pierre Toussenel.
Et je tiens à citer François Castaing, dont chacun sait la place qu'il a tenue et qui quitte ses responsabilités.
Mais surtout, je me réjouis de voir à ce congrès tous ceux avec qui je suis heureux de continuer à travailler. Car notre fédération est vivante.
Il y a peu de temps notre camarade René Mouriaux publiait un article sur la FSU où avec l'humour qu'on lui connaît, il disait à peu près (je cite de mémoire) " Mais l'observateur étonné doit s'exclamer comme Galilée : et pourtant elle tourne ! " Et bien oui : elle tourne, et elle tourne plutôt bien. Et ce n'est peut-être pas un paradoxe : les choix exigeants et originaux que nous avons fait sont sources de contradictions, de difficultés mais ils sont par là même attractifs, dynamiques, porteurs d'avenir. Je suis convaincu que c'est une des leçons à tirer de ce congrès. Au-delà des débats traditionnels, je veux souligner à titre d'exemple la première que constitue pour la FSU le débat et le vote d'une motion sur la Recherche.
Nous sortons de ce congrès avec des orientations pour améliorer cette FSU que nous avons bâtie ensemble. Elles portent par exemple sur la place des femmes ou des jeunes nous avons engagé là un processus fructueux. Nous avons mieux affirmé la place de ces personnels qu'on désigne trop souvent par une négation, les non enseignants, mais qui sont cet ensemble d'hommes et de femmes à l'intérieur de l'école comme à l'extérieur dont la contribution est indispensable à l'éducation des jeunes. Nous avons à faire encore mieux en sorte qu'ils aient toute leur place, qu'ils soient reconnus dans leur diversité. Le sens du thème 2, de la table ronde correspondante, était d'afficher cette volonté ; le dossier de la RTT où les syndicats de la FSU commencent à parler d'une même voix, est une occasion à saisir pour aller plus loin dans ce sens. Les élections professionnelles des mois à venir doivent constituer une préoccupation de l'ensemble de la Fédération.
Nous venons enfin de prendre des décisions qui sont de nature à faire franchir un pas nouveau et original à la démarche unitaire que nous conduisons depuis le début. Je veux parler bien sûr de la proposition d'un Comité de Liaison Unitaire Interprofessionnel. On nous interroge souvent : où allez-vous ? Quel est le chemin ? Le but c'est l'unité, ce n'est pas la division ; le chemin nous avons à le tracer ensemble avec ceux qui le voudront. Et ce qui est sûr c'est qu'il ne peut s'agir d'un simple mécano syndical construit par quelques appareils. A chaque étape nous aurons à débattre à l'intérieur de la FS U.
Il s'agit bien aujourd'hui d'essayer d'apporter, à notre niveau, un plus au mouvement syndical en général et à notre propre démarche syndicale en contribuant à créer une voie nouvelle pour rassembler et surmonter les clivages.
Mais en même temps nous avons à assurer dès aujourd'hui toutes nos responsabilités.
Notre congrès s'achève au lendemain d'une journée marquée par une mobilisation de grande ampleur - plus de 300 000 manifestants - qui a vu les salariés du privé descendre massivement dans la rue et qui a vu les personnels du public se rassembler à leurs côtés, marquant ainsi non seulement leur solidarité mais leur communauté d'intérêt sur un dossier essentiel pour l'avenir. Et la FSU a tenu toute sa place, à La Rochelle, comme à Paris, comme à Marseille. Les tentatives de tous ceux qui ont jusqu'au bout cherché à diviser et opposer, faisant outrancièrement pression sur les organisations de fonctionnaires, ces tentatives ont été mises en échec.
Et dans 4 jour, le 30 janvier, nous pouvons confirmer cette mobilisation dans le cadre de la première grève unitaire des trois fonctions publiques depuis plus de 3 ans. Ce calendrier qui encadre la fin de notre congrès marque le succès d'une démarche unitaire que nous conduisons depuis des mois. Nous avons la responsabilité, nous tous, de faire pour que le 30 soit une grande journée de mobilisation. Et de faire en sorte que le 25 et le 30 soient des étapes d'un mouvement d'ampleur dans la durée.
Nous avons à dire fort à nos collègues dans les services, les écoles, les salles de professeurs n'ayons aucune réticence, aucune honte à revendiquer ou agir. Monsieur Sapin affecte de penser que les fonctionnaires chipotent pour quelques malheureuses fractions de pourcentage sur une malheureuse année 2000. Les biens pensants cherchent à nous présenter comme des privilégiés qui veulent défendre leur caste contre les salariés du privé. Comme si aujourd'hui saisir l'occasion d'un contexte économique favorable pour mener une politique ambitieuse de rémunérations n'était pas le meilleur moyen pour faire face aux besoins de recrutements massif des personnels qualifiés dans les aux services publics. Comme si notre société ne pouvait pas faire l'effort qui est à sa portée, pour financer cet allongement de la durée de vie en retraite qui n'est pas une catastrophe mais bien un progrès et une chance ; comme si le maintien des droits des fonctionnaires en matière de retraite n'était pas un point d'appui, une prise solide pour mettre en échec les régressions dans le privé. Qui est porteur d'avenir ? Qui voit loin ? Qui défend l'intérêt général ? Ne nous laissons pas impressionner, ne nous laissons pas donner les leçons. Nous devons continuer la stratégie que nous avons impulsée, en conservant notre boussole, l'unité.
C'est la même préoccupation d'unité et le même souci d'avenir qui nous anime pour ce qui est au cur de nos métiers et a été le premier thème de notre congrès : les jeunes, leurs besoins, leurs attentes, leur avenir. Nous en avons longuement débattu et nous avons avancé des idées. A l'issue de ce congrès je souhaite reprendre les idées de cet appel qui vous a été diffusé hier et qui constitue nos propositions pour la jeunesse.
Nous souhaitons des changements pour la jeunesse. Pour les jeunes, nous voulons une école plus juste, dans une société plus égalitaire, plus solidaire.
Nous souhaitons que les hommes et les femmes tirent tous profit d'études réussies, qu'ils soient en harmonie avec eux-mêmes et avec le monde, qu'ils mettent l'intelligence de l'esprit et du cur au service de leur avenir.
Pour les jeunes, nous proposons des changements pour viser, par l'éducation, à l'émancipation progressive, à l'autonomie et à l'insertion critique dans la société. Qu'ils soient pleinement acteurs d'un avenir que toutes les générations doivent construire ensemble. Avec et pour eux, nous voulons des réponses pour que leur scolarité soit ambitieuse.
Le premier changement est pédagogique. Nous voulons faire réussir tous les jeunes, amener la totalité des jeunes à des formations qualifiantes dès aujourd'hui et aller, demain, à un bac pour tous, et s'attaquer aux décrochages et aux échecs. Il faut une stratégie d'ensemble de transformations : cohérence et qualité des formations, essor des TICE, contenus d'enseignement rénovés, interdisciplinarité maîtrisée, pratiques pédagogiques variées et actives, accompagnement scolaire développé, formation repensée et, pour les personnels, du temps libéré pour la concertation et le dialogue avec les jeunes
Le second changement est éthique. Il suppose de faire naître chez le jeune le désir d'apprendre et la volonté de grandir et de se transformer. Il met en jeu des valeurs fondamentales : respect de l'autre, tolérance et réciprocité.
S'y ajoutent les indispensables changements culturels : prendre appui sur la diversité culturelle des jeunes et sur un patrimoine culturel vivant pour construire une culture commune.
Le changement social ensuite : c'est le sens d'une allocation d'autonomie individualisée dont nous proposons que le principe soit mis en débat. Les politiques publiques doivent aussi changer avec le rôle des services publics rénovés ; tout comme doivent changer la prospective et les investissements et enfin la manière d'assurer la démocratie en formant des citoyens capables de comprendre, d'intervenir collectivement et personnellement, de s'insérer de manière critique dans le monde.
Ce que nous voulons c'est à partir de nos préoccupations d'éducateurs rassembler pour apporter des réponses aux attentes des jeunes, construire un vaste mouvement social en faveur de la jeunesse. A travers cet appel nous avons le sentiment de poser des questions fondamentales pour l'avenir. Et nous nous adressons aussi au gouvernement, à nos ministres, à commencer par Jack Lang et Jean-Luc Mélenchon pour leur dire que les personnels de l'Education, de la Recherche de la Culture sont attachés à faire vivre ce projet, à travailler à une démarche transformatrice, qu'ils attendent qu'on leur en donne les moyens, avec une stratégie d'ensemble, qu'on favorise leur initiative, qu'on leur fasse sentir qu'on les respecte, eux et leur métier, qu'on les entend, qu'ils ne sont pas des dépenses inutiles mais des éléments clés de la modernisation des services publics.
Depuis quelques nuits je dois vous avouer que je dors mal et ce n'est pas à cause des chambres spartiates de l'hôtel B and B. Mais notre congrès m'a donné confiance dans l'avenir de notre démarche, de notre projet syndical. Et surtout je sais par expérience que la force de notre syndicalisme ce sont ses militants, ces milliers de collègues dont vous êtes, qui consacrent une partie de leur temps et de leur énergie à une activité difficile mais passionnante, qui est à la fois de défendre leur métier et d'agir pour faire bouger la société. Le congrès nous a encore montré que ce militantisme était vivant. Dans 4 jours nous en ferons encore la démonstration dans la rue.
(Source http://www.fsu.fr, le 14 mars 2001).