Déclaration de M. Jean-Marc Todeschini, secrétaire d'Etat aux anciens combattants et à la mémoire, sur la découverte de l'histoire de la Première Guerre Guerre mondiale via Internet, à Paris le 10 avril 2015.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Circonstance : Ouverture des « Rencontres du web 14-18, la Grande Guerre en numérique », à Paris le 10 avril 2015

Texte intégral

Monsieur le Président de la mission du Centenaire,
Monsieur le Directeur de la mission du Centenaire,
Mesdames et messieurs les historiens, archivistes et professeurs,
Mesdames et messieurs les journalistes, blogueurs et spécialistes du web,
Mesdames et messieurs,
Permettez-moi avant toute chose de remercier la mission du Centenaire et ses partenaires, la direction de la mémoire, du patrimoine et des archives du ministère de la Défense et la mairie de Paris, pour cette belle initiative qui inscrit définitivement la mémoire de la Grande Guerre, celle qui a ouvert un siècle dont le temps nous éloigne, dans le présent et dans l'avenir.
Je veux remercier aussi l'ensemble des participants à ces deux journées de tables rondes et d'ateliers qui nous offrent une approche renouvelée de la Première Guerre mondiale.
Il y a 100 ans, la France était plongée dans la Grande Guerre. Elle a mobilisé plus de 8 millions de Français. Mais en emportant 1,4 millions d'entre eux, en laissant derrière elle son cortège de blessés, de veuves et d'orphelins, elle a concerné tous les Français.
C'est pourquoi cette mémoire de la Grande Guerre est celle où des histoires personnelles et familiales se mêlent au destin de notre pays.
Et comme cette guerre n'a épargné aucune famille de France ni aucun territoire, le Centenaire se devait d'être celui de tous les Français.
Et c'est le cas.
Plébiscité par nos concitoyens en 2014, il fut l'occasion d'un grand élan populaire, né dans la diversité de nos territoires, porté et dynamisé par l'ensemble de la société civile : particuliers, associations, historiens, étudiants, journalistes, enseignants.
Tous se sont mis au service de la mémoire de la Grande Guerre et le web s'est imposé comme l'un des meilleurs outils de sa diffusion. Il a fait entrer la mémoire de 14-18 dans chaque foyer de France où cette Grande Guerre s'est introduite brutalement il y a 100 ans.
Il est devenu aussi un outil par lequel l'Etat s'est investi sur le terrain des commémorations. Si le site Internet « Mémoire des hommes » permet déjà à tout Français d'accéder aux fiches des morts pour la France, le Président de la République a souhaité prolonger ce travail par la mise en ligne de l'ensemble des registres matriculaires des 8 millions de soldats français de la Première guerre mondiale.
C'est ainsi qu'est né le Grand Mémorial et ses millions de fiches matricules qui sont autant de ponts construits entre des histoires individuelles et l'histoire nationale.
Je pense aussi à la Grande Collecte qui fut un grand succès en 2013 comme en 2014. Les bibliothèques et archives de France ont invité les Français à verser au patrimoine commun les témoignages dont ils disposaient afin d'inscrire « sur la toile » les traces des récits individuels à travers les lettres et les photographies.
Doté d'une identité culturelle, pédagogique et scientifique, le Centenaire a donc très vite vu naître son identité numérique.
C'est pourquoi la mission du Centenaire a mis en place une véritable politique numérique :
- A travers son site internet d'abord dont la fréquentation témoigne de l'appétence de nos concitoyens pour ces questions ;
- A travers la mobilisation des réseaux sociaux aussi.
Le souvenir de la Grande Guerre est partout. Il s'inscrit dans nos paysages. Il se transmet de générations en générations, dans l'intimité des familles. Aujourd'hui, grâce au web, il a l'assurance d'être préservé.
Cette identité numérique du Centenaire est permise par la mobilisation de nombreux acteurs.
Le web « 14-18 », c'est la rencontre de l'historien et du journaliste, du généalogiste et de l'étudiant, de l'enseignant et du blogueur.
Et parfois même l'histoire familiale rencontre le parcours professionnel.
Je pense, en particulier, à une journaliste, qui interviendra cet après-midi et que j'ai rencontrée lors de mon déplacement sur le Front d'Orient. Ses recherches sur le web lui ont permis d'aller sur les traces de son grand-oncle zouave mort au combat.
Le web « 14-18 », c'est aussi l'échange entre des acteurs venus de tous les horizons qui permet un renouvellement de la lecture de cette guerre et de la pratique mémorielle.
Ce sont des gens venus de France et de l'étranger, qui parlent un même langage : celui de la « web-mémoire ».
Mesdames et messieurs,
Il y a 100 ans s'écrivait l'histoire de la Grande Guerre.
Il y a 50 ans, elle se racontait par les témoignages écrits et oraux, les carnets de correspondance et lettres de poilus précieusement conservés et transmis de génération en génération.
Aujourd'hui, c'est aussi le web qui raconte la Grande Guerre.
Véritable lieu de mémoire, il est devenu un lieu d'échanges d'informations par les blogs, les réseaux sociaux et les forums : je pense par exemple à Pages 14-18.
Un lieu où s'expriment les mémoires familiales par la numérisation d'archives comme c'est le cas sur le site Europeana 14-18.
Un lieu de création aussi qui fédère les énergies des internautes comme en témoigne l'opération « 1 jour – 1 poilu ».
Un lieu d'interactions entre différents acteurs : historiens, professeurs, journalistes, citoyens mais aussi, désormais, élèves, comme ce fut le cas à Sézanne où les élèves de la cité scolaire de la Fontaine du Vé ont animé une webradio.
Car le web est enfin un lieu de transmission, proposant des outils pédagogiques qui permettent aux plus jeunes de s'approprier cette histoire et cette mémoire. Celles de leur famille. Celles de leur pays.
Et permettez-moi d'insister sur ce point.
Depuis que je suis entré en fonction, j'ai pris le temps, parce que c'est un plaisir autant qu'un devoir, d'échanger avec des jeunes : à Strasbourg, à Metz, à Skopje, à Belgrade, à Bucarest. Beaucoup d'entre eux utilisent Internet comme un accès à l'histoire et à la mémoire.
Des centaines de sites et de ressources sont à leur disposition. Ce foisonnement interroge aussi la mémoire de la Grande Guerre en même temps que la pertinence des informations diffusées. Et il est de notre devoir d'apprendre à nos enfants à être vigilants et à développer leur esprit critique.
C'est ainsi que la découverte de l'histoire via les outils numériques doit s'accompagner pour les élèves d'une démarche mémorielle plurielle : échanger avec les anciens, se rendre sur les sites de mémoire, questionner les professeurs.
Je veux remercier, une nouvelle fois, toutes celles et ceux qui se mettent au service de la mémoire de notre pays. Celle qui fonde notre Nation et constitue notre identité.
Parce que la mémoire est une source inépuisable de création, elle nécessite de renouveler ses outils et ses pratiques.
C'est ce que le numérique permet aujourd'hui : une réécriture de la mémoire de la Grande Guerre en même temps qu'un renforcement de l'attrait de nouveaux acteurs pour cette mémoire.
Je vous remercie.
Source http://www.defense.gouv.fr, le 23 avril 2015