Interview de M. Stéphane Le Foll, ministre de l'agriculture, à "RMC" le 22 février 2013, sur les prévisions de croissance économique et de déficit pour la France en 2013, et sur les fraudes à l'étiquetage sur les plats cuisinés.

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Média : Emission Forum RMC FR3 - RMC

Texte intégral

JEAN-JACQUES BOURDIN
Nous étions à Bruxelles tout à l’heure, nous avons les chiffres des prévisions de l’Union européenne pour 2013.
STEPHANE LE FOLL
Ah bon ?
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui…
STEPHANE LE FOLL
Ils ont été donnés là ?
JEAN-JACQUES BOURDIN
Je vous les donne, ils vont être donnés à 10H00, mais je vous les donne en avant-première.
STEPHANE LE FOLL
Bon.
JEAN-JACQUES BOURDIN
0,1% de croissance, pour la France, là vous n’allez pas être très surpris, déficit 3,7 pour 2013, prévisions de l’Union européenne.
STEPHANE LE FOLL
Bon. Eh bien écoutez, donc j’ai l’information ce matin par Jean-Jacques BOURDIN.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, je vous la donne.
STEPHANE LE FOLL
Je ne peux pas être surpris, vous le savez, ça fait déjà quelques jours qu’on sait, pour une raison très simple, c’est que 2012 a été… le constat de croissance est à 0, qu’en conséquence la capacité à avoir un acquis de croissance pour 2013 était extrêmement faible, ces chiffres, vous venez de les donner, ils étaient anticipés. Il faut qu’on soit…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais Laurent FABIUS parlait de 0,2, 0,3, mardi.
STEPHANE LE FOLL
Voilà, mais il parlait de 0,2, 0,3, donc la Commission dit 0,1.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, 0,1.
STEPHANE LE FOLL
Alors, après, on ajustera aussi, puisque la Commission c’est une prévision à l’échelle européenne.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui.
STEPHANE LE FOLL
C’est une prévision.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, c’est une prévision.
STEPHANE LE FOLL
Tout le débat porte sur les capacités qu’on a à faire bouger, pas forcément la question du déficit, mais en tout cas la question de la croissance.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, mais enfin, le candidat François HOLLANDE, lui, sa prévision c’était 1,7 pour 2013.
STEPHANE LE FOLL
C’était 0,8.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Pardon ?
STEPHANE LE FOLL
Eh bien oui…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Le candidat HOLLANDE ?
STEPHANE LE FOLL
Ah, le candidat HOLLANDE, on est d’accord…
JEAN-JACQUES BOURDIN
1,7.
STEPHANE LE FOLL
Jean-Jacques BOURDIN, quand on fait la loi de Finances…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Entre mai et l’automne on est passé…
STEPHANE LE FOLL
0,8.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non, mais oui, entre le mois de mai et le mois de septembre, octobre, l’automne, on est passé de 1,7 à 0,8, et entre le mois d’octobre et janvier, février, on est passé à 0,2, 0,3, et maintenant 0,1.
STEPHANE LE FOLL
Pour une raison simple, c’est quand on était en campagne en 2012, on fait des prévisions sur 2013, 2014, 2015, on anticipe une croissance de 0,5 en 2012, et de 1,7 en 2013, et de 2 ensuite. 2012 on arrive au gouvernement et aux responsabilités, au mois de mai, la moitié de l’année, et sur cette année 2012, au lieu de faire 0,5, qui est déjà une forme d’engagement et d’élan qui est donné pour 2013, on fait 0. Et 0 on ne peut pas dire que ce soit de notre responsabilité puisqu’on est arrivé qu’au mois de mai.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, mais qu’au mois de mai on ne dit pas un peu facilement aux Français, « vous allez, avec nous, ça va aller beaucoup mieux, la croissance va repartir et nous allons… »
STEPHANE LE FOLL
Non, mais on dit simplement qu’avec nous on va essayer d’être volontaires, d’avoir des engagements, et d’essayer de changer les choses, bien sûr.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Est-ce qu’on peut, avec ces chiffres-là…
STEPHANE LE FOLL
On n’allait quand même leur dire « vous allez voir. »
JEAN-JACQUES BOURDIN
Est-ce qu’on peut, avec ces chiffres-là, inverser la courbe du chômage, franchement, en 2013 ? Franchement.
STEPHANE LE FOLL
Mais la courbe du chômage, il faut être clair, il va falloir tout mettre en oeuvre, sur deux plans, qui sont très importants pour moi, le premier c’est la question de l’investissement, parce que sur 2012, ce qu’on constate, c’est que si la consommation est restée légèrement positive, 0,2, l’investissement a chuté de 7%, premier point, et là il faut mettre le paquet, d’où la Banque Publique d’Investissement, d’où le crédit d’impôt compétitivité emploi. Deux mesures sur lesquelles il faut qu’on s’appuie pour relayer, auprès des entreprises, et soutenir tous les investissements. Moi, dans le domaine qui me concerne, je vais faire un inventaire de l’ensemble des projets d’investissement avec les régions, et on va essayer de mettre en place un plan commun d’investissement. Ça c’est le premier point. Et le deuxième c’est sur l’emploi, mettre en oeuvre tous les mécanismes, qui sont liés aux Contrats d’Avenir, aux Contrats de génération, pour créer de l’emploi.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais il va falloir trouver 10 à 15 milliards d’euros supplémentaires, dans le budget de l’Etat.
STEPHANE LE FOLL
Il ne faut pas trouver 10 à 15 milliards, le moins de croissance c’est autour de 8 milliards, donc il faut…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mettons 10 milliards.
STEPHANE LE FOLL
C’est ce qui… vous avez entendu.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mettons 10 milliards, donc de nouvelles économies dans la dépense. Vous n’allez pas augmenter les impôts ?
STEPHANE LE FOLL
L’engagement a été pris de ne pas augmenter les impôts. On a déjà une ligne…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Même si quand vous supprimez le droit de carence vous augmentez les impôts.
STEPHANE LE FOLL
On a déjà une ligne sur 3 ans qui a été définie…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Les dépenses, oui.
STEPHANE LE FOLL
Oui, sur les dépenses, moi je le vois pour le ministère de l’Agriculture, c’est déjà -3% dès 2013. Mais bien sûr qu’on a anticipé…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous allez devoir vous serrer la ceinture encore plus.
STEPHANE LE FOLL
On se serre la ceinture, on fait l’effort, qui a permis d’ailleurs à la France, je ne sais pas ce que seront les commentaires de la Commission, mais ce qui a permis, on le sait aujourd’hui, à la France, d’avoir un déficit structurel, c'est-à-dire en dehors des éléments de conjoncture, qui a été réduit de près de 2% pour la première fois.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Tout le monde va être mis à contribution, les retraités, les familles, oui, Stéphane LE FOLL, il faut le dire. Pourquoi ne pas le dire d’ailleurs ?
STEPHANE LE FOLL
L’effort qui sera demandé c’est sur les deux années, c’est ce qu’avait dit le président de la République, il n’y a pas si longtemps, dans son intervention.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc, effort demandé à tout le monde.
STEPHANE LE FOLL
Il y a un effort qui est demandé à tout le monde, mais dans la justice. Ceux qui ont le plus…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Je pense aux retraités, par exemple.
STEPHANE LE FOLL
Ceux qui ont le plus, contribuent le plus. Ceux qui ont le moins contribuent le moins. C’est ça le redressement dans la justice.
JEAN-JACQUES BOURDIN
D’accord. Nous verrons où vous allez chercher l’argent, Stéphane LE FOLL.
STEPHANE LE FOLL
Mais vous avez le débat sur les collectivités locales, et moi je suis… alors, je l’indique, collectivités locales, qui ont un effort à faire sur le fonctionnement, mais il faut soutenir l’investissement des collectivités locales, et là je salue la décision qui a été prise avec un prêt potentiel de 20 milliards sur les 10 ans qui viennent, pour les collectivités locales, parce que c’est très important. Investir, investir, que ce soit les collectivités locales, que ce soit les entreprises.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Stéphane LE FOLL, je regardais ce chiffre, 40 plans de rigueur dans la zone euro, depuis 2010. Vous vous rendez compte, il n’y a pas que la France !
STEPHANE LE FOLL
Non.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Quarante plans de rigueur. Pas de nouveau plan de rigueur chez nous, non ?
STEPHANE LE FOLL
Non. Un cap a été fixé…
JEAN-JACQUES BOURDIN
La rigueur elle est là de toute façon, elle est là la rigueur.
STEPHANE LE FOLL
Le sérieux est là. La réduction des déficits est une priorité…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, rigueur, austérité, sérieux, c’est… dans le dictionnaire, rigueur, austérité, sérieux, c’est les mêmes définitions, donc !
STEPHANE LE FOLL
Le sérieux et la réduction des déficits budgétaires, parce que sinon c’est l’endettement de la France, et ça veut dire qu’on s’endette aujourd’hui – je le dis quand même, pour que ce soit clair – on emprunte pour fonctionner, pour payer des fonctionnaires, pour payer des retraites, c’est ça le problème. Alors, si on laisse filer ça, eh bien on empruntera de plus en plus, et à un moment, on ne pourra plus avoir un accès aux crédits.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous dites, nous n’avons plus d’argent, mais, allez, on revient sur le jour de carence des fonctionnaires, ça va coûter 70 millions d’euros à l’Etat, mais ce n’est pas très grave.
STEPHANE LE FOLL
Non.
JEAN-JACQUES BOURDIN
On va offrir une prime de 400 euros aux enseignants, ça va coûter un peu d’argent à l’Etat, mais ce n’est pas très grave.
STEPHANE LE FOLL
Mais ce qui est très important à comprendre, Jean-Jacques BOURDIN…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, Stéphane LE FOLL.
STEPHANE LE FOLL
C’est que dans cette ligne de crête très difficile, entre la réduction des déficits budgétaires, et le soutien à la consommation pour pouvoir avoir un minimum de croissance, c’est ce qui a permis à la France de faire 0 quand d’autres font négatif, l’Allemagne en particulier, il faut en même temps, pour soutenir cette consommation, donner un certain nombre de signaux, et de mesures, qui permettent de la tenir. Et, on réduit à côté, on soutient la consommation, et on focalise sur l’investissement. C’est cette politique qui est un peu compliquée, mais qui est, au fond, la seule qui permet d’éviter l’austérité, de tomber dans la récession, et en même temps préparer l’avenir.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous savez que vous êtes un bon porte-parole du gouvernement, Stéphane LE FOLL.
STEPHANE LE FOLL
Merci, je suis un porte-parole…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Je le dis à chaque fois…
STEPHANE LE FOLL
J’essaye de faire ce que je peux pour expliquer ce qui me paraît être juste.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Je vous dis ça parce que vous éviteriez quelques couacs récents. Un ministre des Affaires étrangères qui annonce, au lendemain d’une intervention du ministre de l'Economie, qui annonce des chiffres sur la croissance, un ministre délégué à la Défense chargé des Anciens combattants qui nous dit que les otages sont libérés, enfin bon ! Avec un bon porte-parole on éviterait tout ça, non ?
STEPHANE LE FOLL
Je ne ferai pas de commentaire sur les capacités, ou les miennes en tout cas. Moi ce que j’essaye de faire, c’est de vous expliquer les choses, sur ce qui s’est passé, en particulier hier, par rapport à cette libération, j’ai bien regardé les images…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Cela dit les journalistes sont coupables aussi, nous sommes coupables, nous, nous sommes coupables aussi.
STEPHANE LE FOLL
J’ai vu que Kader ARIF avait, il l’a dit d’ailleurs, fait une erreur, en voulant annoncer quelque chose qu’il avait vu sur une dépêche AFP. Bon, soit, dont acte, il y a, sur ces sujets, à être extrêmement prudent, parce que l’objectif c’est d’abord de libérer des otages. Et même si on voudrait tous que ça aille vite, et que, en particulier, cette famille avec des enfants, soit libérée, il faut, comme l’a dit le président de la République, rester extrêmement prudent, moins on dit, mieux on peut avoir de résultats.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Salon de l’agriculture, ouverture au public demain, Stéphane LE FOLL, soirée pot-au-feu le 28.
STEPHANE LE FOLL
Oui.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous confirmez ?
STEPHANE LE FOLL
Je confirme.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous allez organiser une soirée pot-au-feu ?
STEPHANE LE FOLL
Oui, j’ai envie de dire aux Français que le Salon de l’agriculture c’est l’agriculture française, c’est l’élevage français, et en particulier l’élevage bovin, et qu’il y a eu des efforts, et de la traçabilité, qui sont faits pour rassurer le consommateur. Il y a de la qualité, et il faut la valoriser. Donc j’ai proposé ce pot-au-feu, mais il y a déjà longtemps parce que j’avais une autre idée, c’était celle du repas à la française, l’idée de la structure et du temps du repas, l’idée de la convivialité autour du repas, avec, derrière, l’idée de RABELAIS, je pense que c’était aussi le repas et la culture française, donc je voulais faire ça, mais ça prend tout son sens aujourd’hui, au travers du pot-au-feu, une viande avec des avants de viande bovine, qui seront bien sûr…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Pas de plats cuisinés, non ?
STEPHANE LE FOLL
… viande bovine française. Non, ça sera cuisiné sur place…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Pas de plats cuisinés…
STEPHANE LE FOLL
Mais c’est de la viande bovine française.
JEAN-JACQUES BOURDIN
D’accord, pas de plats cuisinés, donc vous nous rassurez, d’ailleurs, tiens, à propos de ces plats cuisinés avec de la viande de cheval, où est-ce qu’on en est ? Nous ne connaissons pas toujours – je crois qu’il y a une enquête administrative, dont les conclusions seront connues tout à l’heure, c’est ça ?
STEPHANE LE FOLL
Oui. Sur la partie sanitaire.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Sur la partie sanitaire. Qu’est-ce qu’elle dit cette enquête ?
STEPHANE LE FOLL
C'est-à-dire il y a deux enquêtes. Il y a celle sur la tromperie, DGCCRF…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Je vais y revenir.
STEPHANE LE FOLL
Voilà, et puis après il y a…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Qu’est-ce qu’elle dit cette enquête administrative ?
STEPHANE LE FOLL
Je vais la recevoir tout à l’heure.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous ne la connaissez pas encore ?
STEPHANE LE FOLL
Je connais à peu près les grandes lignes…
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est-à-dire, qu’est-ce qu’elle dit ?
STEPHANE LE FOLL
Eh bien qu’on avait suspendu l’agrément sur les parties qui consistaient… sur l’ensemble de l’activité de l’entreprise, dans cette entreprise il y avait une activité d’entreposage…
JEAN-JACQUES BOURDIN
SPANGHERO.
STEPHANE LE FOLL
Oui ; il y avait une activité de viande fraîche, du steak haché, il y a une activité cassoulet, puisque c’est quand même l’histoire, et saurisserie. D’accord ?
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui.
STEPHANE LE FOLL
Sur ces trois activités, nous avons redonné l’agrément parce que ce qui a été constaté, avec l’enquête sanitaire, ne posait pas de problème. Restait la question de l’entrepôt, où l’agrément n’a pas été redonné.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous le redonnez ?
STEPHANE LE FOLL
On a retrouvé… il y avait un problème sur 10 tonnes de viande, là, qui ont été… sur lesquelles on va faire encore des études bactériologiques, j’aurai toutes les réponses ce matin, et je vous dirai, pour l’instant je ne peux pas dire que je redonnerai l’agrément sur l’entrepôt. Moi ce que je veux c’est que l’entrepôt, de cette société, serve aux produits qui sont transformés après, et qu’il ne serve plus à faire du commerce de viande, voilà.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Du commerce de viande. Le patron de SPANGHERO traite le gouvernement de léger et imprudent, c’est ce qu’il a dit la semaine dernière, et il menace de porter l’affaire devant la justice. Vous avez vu ça ?
STEPHANE LE FOLL
Oui. Je lui conseille de le faire, il aura à s’expliquer, lui, sur ce qui s’est passé dans son entreprise.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Parce que justement, le grand public ne sait toujours pas ce qui s’est passé. Les roumains ont exporté de la viande de cheval, vous confirmez ?
STEPHANE LE FOLL
Absolument.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bon ! Il y a eu un changement d’étiquette à un moment donné ou à un autre, mais quand, où ?
STEPHANE LE FOLL
Il y a eu un changement d’étiquette constaté dans l’entreprise dont on parle.
JEAN-JACQUES BOURDIN
SPANGHERO, c’est là que l’étiquette a été changée.
STEPHANE LE FOLL
Puisqu’il y a un code TVA cheval, et on a envoyé chez COMIGEL une viande étiquetée, avant, « viande bovine Union européenne », donc il y a un problème. Deuxième point, mais là je le dis ce matin, on a aussi un trader néerlandais, dont on sait qu’il a déjà été condamné, dont on sait aussi que le réseau a été directement fournisseur de l’entreprise dont on parle, et moi j’attends, et c’était une demande qui avait été faite, les résultats d’une enquête qui est menée aujourd’hui chez nos voisins néerlandais. J’écrirai d’ailleurs aujourd’hui à la ministre néerlandaise, pour lui demander de communiquer les résultats de l’enquête le plus rapidement possible.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous ne connaissez toujours pas ces résultats ?
STEPHANE LE FOLL
On n’a toujours pas les résultats.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ce que vous déplorez, j’imagine.
STEPHANE LE FOLL
La France, elle, a mis sur les réseaux tous les résultats des enquêtes qui ont été faites, et nous avons été les plus rapides, parce que c’était absolument nécessaire, avec les britanniques, mais les britanniques ont eu des problèmes différents, eux c’est dans des abattoirs britanniques qu’il y a eu des problèmes sur les abattages de chevaux. Nous, nous avons fait l’enquête, nous sommes remontés, nous avons trouvé des problèmes, nous les avons transmis à la justice qui fait son travail. Il y avait la question sanitaire, elle a été traitée, elle sera définitivement traitée aujourd’hui au ministère de l’Agriculture.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bien. Est-ce qu’il y a d’autres produits, d’autres plats cuisinés d’autres marques qui sont concernés ?
STEPHANE LE FOLL
Aujourd’hui on fait une enquête qui s’est élargie à la fois à l’échelle européenne avec les tests qu’on a demandés, nous-mêmes nous avions anticipé aussi, la DGCCRF continue à faire des enquêtes au-delà du réseau, et on ne peut pas, pour l’instant, dire qu’il n’y aura pas d’autres problèmes de substitution viande bovine/ chevaline…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc c’est possible ?
STEPHANE LE FOLL
C’est possible.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Dans d’autres plats cuisinés…
STEPHANE LE FOLL
C’est possible.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Sous d’autres marques…
STEPHANE LE FOLL
Sous d’autres marques.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vendus dans d’autres conditions.
STEPHANE LE FOLL
C’est possible.
JEAN-JACQUES BOURDIN
C’est possible. Dites-moi…
STEPHANE LE FOLL
Mais pour l’instant ce n’est pas vérifié.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Tous ces plats cuisinés, qui ne sont pas mauvais à la consommation…
STEPHANE LE FOLL
Non.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Qui contiennent de la viande de cheval, est-ce que vous allez les distribuer aux associations humanitaires ? C’est une demande.
STEPHANE LE FOLL
C’est une demande. Sur ce sujet, d’abord ce sont des plats qui appartiennent à des entreprises, pour la plupart, et qui les ont retirés, à notre demande d’ailleurs…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais qui ne valent plus rien.
STEPHANE LE FOLL
Qui ne valent plus rien, vous avez vu d’ailleurs que FINDUS a annoncé les pertes qui sont les siennes.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bien sûr.
STEPHANE LE FOLL
Donc, après…
JEAN-JACQUES BOURDIN
FINDUS qui, entre parenthèse, a eu le mérite de révéler cette affaire.
STEPHANE LE FOLL
Oui, oui, absolument, qui a été…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Le plus clair dans cette affaire, peut-être.
STEPHANE LE FOLL
Le plus clair, victime, il avait un cahier des charges qu’il n’a pas bien vérifié, et quand il l’a vérifié c’était trop tard. D’ailleurs, on a eu une réunion hier, où va être mis en place, sur ces questions, un nouveau cahier des charges, par les industriels, pour renforcer les contrôles et autocontrôles, sur l’ensemble de la filière, parce que ce qui s’est passé il faut qu’on en tire, quand même, des conclusions.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bien. Stéphane LE FOLL, est-ce que, dernière question sur le sujet, est-ce que bientôt, lorsque j’irai acheter un plat cuisiné dans une grande surface, ou ailleurs, je saurai l’origine de la viande que contient ce plat, l’origine européenne de la viande ?
STEPHANE LE FOLL
La discussion d’hier a porté sur deux points. L’Europe doit changer sa réglementation, ça c’est une négociation…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Est-ce qu’elle va le faire ?
STEPHANE LE FOLL
C’est une négociation en cours. L’Allemagne, que j’ai eue avant-hier, la Grande-Bretagne, et d’autres pays, sont favorables à accélérer l’étiquetage et l’origine des viandes dans les produits transformés, donc on va se battre pour faire bouger les choses. Deuxièmement, la France peut-elle anticiper, faire elle-même volontairement des progrès ? C’est la décision qui a été prise par tous les acteurs que nous avons réunis hier matin, avec Benoît HAMON…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais des progrès, vous voulez dire… c'est-à-dire qu’on saura ?
STEPHANE LE FOLL
Oui, « viande bovine française », des étiquetages simples, on peut le faire.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Française, mais si la viande vient de, Roumanie, ou d’Allemagne, ou….
STEPHANE LE FOLL
Les autres pays, là ça dépend d’une réglementation qui est à l’échelle européenne. Mais nous on peut…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors faut-il importer de la viande qui vient d’autres pays ?
STEPHANE LE FOLL
Nous on peut déjà faire cette information pour le consommateur, dans une démarche volontaire, c’est l’engagement qui a été pris hier.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Même chose pour les farines animales ?
STEPHANE LE FOLL
Alors, les farines animales, qui ne sont pas des farines animales, mais des protéines animales…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, des protéines animales.
STEPHANE LE FOLL
Ça c’est une question qui est posée au travers d’un règlement qui a été adopté par l’Europe, au mois de juillet, la France avait voté contre, je le dis quand même, de manière très claire, après, 98% des poissons produits en aquaculture viennent d’autres pays européens, nous en produisons 2 à 3%. Sur ces 2 à 3% produits en France, il y a une charte Aquaculture des régions, qui indique clairement qu’il n’y a pas de recours à des protéines autres que des protéines de poissons, parce que les poissons, saumons, truites, et tout ça, ce sont des carnivores, donc voilà où nous en sommes aujourd’hui. Les conditions de tout ce débat sont posées de cette manière-là.
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est-à-dire que la Commission européenne a levé l’obligation de tests de dépistage sur les animaux ne présentant pas de signe clinique de la maladie, comme ça légèrement…
STEPHANE LE FOLL
Non, ça c’est autre chose.
JEAN-JACQUES BOURDIN
C’est autre chose, c’est sur les viandes… oui, oui…
STEPHANE LE FOLL
Ne mélangez pas tout. Les farines animales, vous avez raison, les farines animales, l’ESB, au départ, c’est quoi, c’est de la viande, qui était destinée à l’équarrissage, c'est-à-dire une viande qui était morte, qui était broyée, chauffée, au travers de farines, et qui après été recyclée, ce n’est pas du tout le cas là. Là, ce dont on parle, c’est des protéines qui sont autour des os, qui sont récupérées mécaniquement, et qui sont remis, et qui auraient pu être tout à fait consommées…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il n’y aura plus de test de dépistage.
STEPHANE LE FOLL
Ça c’est autre chose. Sur l’ESB, ça fait 10 ans…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, sur l’ESB.
STEPHANE LE FOLL
Plus de 10 ans même, cette question de l’encéphalite spongiforme bovine, depuis 10 ans des mesures ont été prises, l’Europe a considéré que depuis, plus de 10 ans maintenant, que tout ça est derrière nous, que les tests qui étaient faits n’étaient plus nécessaires, ça n’empêche qu’on va rester extrêmement vigilant sur le sujet et que nous ferons aussi des contrôles, de manière aléatoire, pour bien vérifier…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais là encore l’Europe nous impose sa loi.
STEPHANE LE FOLL
Mais c’est l’Europe qui nous impose sa loi, mais c’est l’Europe qui l’a décidé, dans un conseil européen, où l’ensemble des gouvernements sont présents et où le Parlement, quelquefois, vote contre, c’était le cas sur les protéines animales, mais le Conseil et la Commission, ayant trouvé une majorité, ça s’applique, mais à chaque fois on peut faire aussi changer les choses… il faut à ce moment-là convaincre nos partenaires et avoir l’appui du Parlement. Ça arrive, et ça permet de changer les choses, ça va être le cas – je prends cet exemple, mais qui n’est pas dans le domaine que vous évoquez – sur la question des droits de plantation dans la viticulture, où on va faire changer une position qui avait été prise par les gouvernements et la Commission il y a 4 ans de cela.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Que dites-vous aux producteurs de lait en colère, qui ont manifesté en Bretagne ? J’ai un auditeur ce matin qui nous disait, « oui, à Quimper ça a coûté 220 000 euros, parce qu’il y a eu beaucoup de dégâts. »
STEPHANE LE FOLL
Oui, il y a eu une manifestation assez violente.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, assez violente.
STEPHANE LE FOLL
D’abord, la pointe bretonne aujourd’hui, vit des difficultés importantes, à la fois sur la production de volaille, sur la production porcine, et sur les difficultés globales sur le lait, donc tout ça c’est un processus sur lequel il faut qu’on travaille de manière globale. C’est la production agricole bretonne qui a un gros problème de doute sur son avenir, et moi je le comprends parfaitement. On a pris des mesures, volaille, viande porcine, et lait, pour essayer de remettre de la confiance, de la contractualisation entre les différents maillons de la filière, et surtout de la répercussion de prix lorsque le coût de production augmente. Voilà ce qu’on est en train de faire. Mais j’ai parfaitement compris et entendu ce qui s’était passé. Il y a un doute aujourd’hui, il est assez global, ce n’est pas simplement que le lait aujourd’hui, ce sont peut-être les manifestations sur le lait, il y a aussi derrière les organisations professionnelles qui se mettent en place, on a agréé un certain nombre d’organisations professionnelles. Donc, sur la question laitière, les choses bougent un peu, mais je pense que du côté de la Bretagne, de l’Ouest, il y a un problème qui est global, et qu’il faut le traiter de cette manière.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Dernière chose, les abeilles. 50 à 90% des abeilles ont disparu en France depuis 15 ans, je sais que vous allez lancer un grand plan pour…
STEPHANE LE FOLL
Oui, c’est fait.
JEAN-JACQUES BOURDIN
C’est fait, mais pour pousser des jeunes à devenir apiculteur, par exemple, BTS, bac pro, spécialisés dans l’apiculture, c’est absolument indispensable Stéphane LE FOLL ?
STEPHANE LE FOLL
Moi je pense que l’apiculture… les abeilles, d’abord moi j’ai une petite histoire du monde rural, j’ai été chercher des essaims, moi, il y a quelques années de ça, mais enfin bon, donc j’ai une passion, mais comme beaucoup de gens, les abeilles c’est absolument nécessaire. Je ne reviens pas sur la phrase d’EINSTEIN. Donc moi…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais elles sont victimes de quoi ces abeilles ?
STEPHANE LE FOLL
Elles sont victimes de plusieurs facteurs, donc un est le recours à un certain nombre de pesticides, qui sont perturbants, je mets ça…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Perturbants.
STEPHANE LE FOLL
Totalement perturbants.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais pas interdits.
STEPHANE LE FOLL
Pas interdits aujourd’hui, sauf que la Commission européenne vient de proposer, sur une partie de ces familles de molécules qui sont clairement identifiées comme perturbantes pour les abeilles, un moratoire de 2 ans. Je vais soutenir la Commission européenne.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Moratoire de 2 ans ?
STEPHANE LE FOLL
Oui, sur le recours à ces pesticides, pour voir si, quand on ne les utilise plus, les abeilles retrouvent de la vitalité, et c’est très important. Et moi j’essaye de me battre à l’échelle européenne, même si j’ai pris des décisions en France, aujourd’hui, pour faire progresser cette idée de la protection des abeilles. Mais la France, là encore, a pris une initiative, et 40 millions d’euros seront mis pour un plan abeilles. On me l’a dit, ce n’est pas moi qui le dit, dans l’histoire du ministère c’est la première fois qu’il y a un plan pour les abeilles.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 27 février 2013