Texte intégral
PATRICK CHENE
Stéphane LE FOLL, bonjour, merci d'avoir accepté notre invitation.
STÉPHANE LE FOLL
Bonjour.
PATRICK CHENE
Installez-vous, nous avons beaucoup de sujets à traiter ensemble, puisque vous avez, pardon, une double casquette, ministre de l'Agriculture et porte-parole du gouvernement. Alors commençons par le mini-remaniement, vous l'aviez annoncé il y a quelques heures, ce sera annoncé ce matin, vous allez nous offrir un petit scoop là, non ?
STEPHANE LE FOLL
Non, pas du tout.
PATRICK CHENE
J'espérais, j'espérais, mais pas trop.
STEPHANE LE FOLL
Dommage, mais je ne peux pas.
PATRICK CHENE
On va rappeler que mesdames FIORASO et DELGA, donc commerce, enseignement et recherche, quittent le gouvernement.
STEPHANE LE FOLL
Ont quitté.
PATRICK CHENE
Oui, ont quitté le gouvernement, pardon.
STEPHANE LE FOLL
Madame FIORASO a quitté le gouvernement pour des raisons de santé, et Carole DELGA le quitte pour les régionales.
PATRICK CHENE
Alors, Thierry MANDON serait peut-être dans le coup sur la recherche ?
STEPHANE LE FOLL
Je ne peux pas vous le dire, ça c'est une prérogative qui reste celle du président de la République.
PATRICK CHENE
C'est normal. Vous l'auriez dit, j'aurais été surprise, mais c'est mon boulot de vous poser la question.
STEPHANE LE FOLL
Mais voilà, vous avez tenté.
PATRICK CHENE
On parle du 49.3. Alors, le 49.3, c'est classique dans la 5ème République, mais avant même les débats du jour, donc sans même que le rapporteur prenne la parole, le Premier ministre a voulu donner un signe fort, du style « c'est fini, on ne discute plus, on y va. » Les Républicains ont quitté l'hémicycle, le Front de gauche également. Est-ce que la forme aurait pu être un tout petit peu plus douce ?
STEPHANE LE FOLL
Je pense que, moi, là, c'est vis-à-vis des Français que tout ça m'importe, c'est qu'on a une loi qui a beaucoup de sujets qui sont traités, mais qui a comme objectif la croissance et l'activité, avec en particulier, sur l'ensemble des éléments liés aux entreprises, des mesures importantes, il faut qu'on aille vite. On a une croissance qui revient, des perspectives, c'était hier, l'UNEDIC, sur le chômage, qui s'améliore, mais il faut qu'on fasse tout pour poursuivre, pour continuer
PATRICK CHENE
Pour l'instant ce sont les perspectives qui s'améliorent, pas le chômage !
STEPHANE LE FOLL
Oui, mais d'accord, mais depuis que l'UNEDIC annonce plutôt l'augmentation du chômage, le jour où on annonce la baisse, je m'en doutais, c'est le jour tant que ça monte, c'est la faute du gouvernement, le jour où ça va baisser on va dire, ouais, mais non.
PATRICK CHENE
Ça ne baisse pas encore, c'est juste ce que je voulais dire.
STEPHANE LE FOLL
Ça ne baisse pas, c'est une prévision.
PATRICK CHENE
On annonce que ça pourrait baisser.
STEPHANE LE FOLL
Voilà, c'est une prévision, pour la première fois, elle est plutôt positive.
PATRICK CHENE
Tout à fait, très juste.
STEPHANE LE FOLL
Donc on va la prendre comme ça, mais, il faut qu'on ait des lois, et des dispositions, qui fassent que, cette croissance qui est là, soit la plus riche possible en emplois, c'est ça l'objectif de la loi MACRON. Alors, dire il n'y a pas eu de débat, je crois qu'il y a eu 437 heures de débat
PATRICK CHENE
C'est juste, c'est le chiffre.
STEPHANE LE FOLL
Il y a 8000 amendements de déposés, 2000 ont été repris dans la loi. Il y a eu une commission spéciale sur les sujets liés au nouveau plan sur les entreprises, les PME, les PMI, qui a voté aussi des amendements, donc c'est ça qui a été repris. Ecoutez, je trouve que le procès qui est fait, soi-disant on est en absence de démocratie, ne tient pas, ça ne tient pas, ce n'est pas vrai. Il y a eu un débat. Et le vrai problème, c'est ceux qui, et en particulier pour les minoritaires du Parti socialiste, là, qui de toute façon, ce n'est pas le débat qui les intéresse
PATRICK CHENE
C'était ma prochaine question, ça tombe bien.
STEPHANE LE FOLL
C'est on veut changer et on ne veut pas de cette loi, voilà. Donc, de toute façon, il n'y a pas à débattre, il n'y a pas de débat. ce n'est pas vrai, ils ne peuvent pas dire qu'il n'y a pas eu un débat, il y a eu un débat, mais depuis le début, à chaque fois, et en groupes, dans la commission spéciale, dans plein d'endroits, je l'ai dit, plus de 2000 amendements parlementaires ont été repris, il y avait possibilité et un espace pour pouvoir dialoguer, et faire en sorte qu'on avance, sauf qu'il y a des députés, en particulier chez les minoritaires du Parti socialiste, qui souhaitent faire de l'obstruction. Voilà. Alors, il y a un moment, l'obstruction ça va, ils sont prêts à voter des amendements avec la droite, donc ça a déjà eu lieu la dernière fois, et c'est ce qui avait conduit au premier 49.3, on va éviter de recommencer cette comédie, un 49.3 pour aller vite parce que derrière c'est de l'activité, de la croissance et de l'emploi.
PATRICK CHENE
Alors, sans rentrer trop dans le détail, la loi Evin était un peu écornée, selon certains, puisque, on va essayer d'être clair, il s'agissait de bien faire la distinction entre la publicité et les opérations de promotion, même d'oenotourisme, par rapport au vin notamment. Vous avez employé ce mot, « il n'y aura pas d'assouplissement de la loi, mais vous en profitez pour clarifier », expliquez-moi.
STEPHANE LE FOLL
Ce qui s'est passé, et ce qui était l'objet du débat, et qui n'était pas calé et cadré par l'ancien amendement, qui visait beaucoup trop large, et qui justement remettait en cause un des principes, dans les articles 1 de la loi Evin, sur la question de la publicité. Quand vous faites de la publicité pour un produit, vous prenez le produit, vous dites « il est très bien mon produit », et il faut, à la limite, en consommer, le problème du vin, et des alcools, des spiritueux. Ça on n'y touche pas, ce n'est pas la question. Ce qu'on a voulu distinguer c'est la question de la publicité sur un produit, donc sur les alcools, de ce qui est la promotion de paysages, d'oenotourisme, du rapport entre le vin et le terroir. Donc, tout ça a été mis dans un article spécifique, pour dire lorsqu'on a de l'information, sur ces sujets, on ne tombe pas sur le coup de la publicité et donc sur une possible condamnation. Il y en a eu quelques-unes, peu, parce qu'il y a quand même beaucoup
PATRICK CHENE
C'est pour éviter cela.
STEPHANE LE FOLL
C'est pour éviter cela. Alors, ce que disaient les viticulteurs aussi c'est que, aujourd'hui, dans certains médias, audiovisuels en particulier, il y a des journalistes qui s'autocensurent avant même d'avoir tenté quoi que ce soit. Donc, quand on valorise, parce que la France ça a été mis dans la loi d'Avenir agricole d'ailleurs, c'est la première fois, dans la loi d'Avenir, au patrimoine national il y a les paysages de la vigne et du vin, il y a aussi les cidres, les poirés et un certain nombre de spiritueux qui sont de notre patrimoine, tout le monde en convient, donc il faut simplement qu'on soit serein. Rien ne remet en cause, ce qui est la loi Evin, et son objectif de santé publique
PATRICK CHENE
Donc Marisol TOURAINE va arrêter d'être
STEPHANE LE FOLL
Et son objectif de santé publique, c'est très important de le dire, et là-dessus moi je suis d'autant plus légitime à le dire c'est que j'ai refusé, et j'ai été très clair, sur la présentation du premier amendement, j'ai dit « non », et on refait un amendement spécifique pour faire en sorte que l'information qui puisse être donnée sur ce qu'il y a autour du vin, puisse se faire sans tomber sous le coup de la publicité liée à la loi Evin.
PATRICK CHENE
On va continuer à faire un peu de pédagogie en parlant de la réforme fiscale qui arrive et notamment cette retenue à la source. Alors, évidemment, quand on donne l'information comme ça on pourrait dire, il n'y aura pas d'impôt sur le revenu en 2017, il faut peut-être se calmer un peu, on payera toujours des impôts toutes les années, c'est juste un artifice comptable j'allais dire. On paiera, si j'ai bien compris, en 2017 les impôts sur 2016, mais en 2018 on paiera les impôts sur 2018. Donc, l'année 2017 ne sera pas prise en compte, mais on n'aura pas d'année sans impôt. Précisez-moi tout ça, si vous le voulez bien.
STEPHANE LE FOLL
Ecoutez, vous avez déjà été assez explicite. Qu'est-ce qui change entre ce qui se passe aujourd'hui et ce qui se passerait, ou ce qui se passera lorsqu'on aura mis l'impôt à la source en place ? C'est qu'aujourd'hui on déclare sur des revenus de l'année précédente et on paye les impôts l'année suivante. Il se trouve que quelquefois les revenus peuvent baisser ou augmenter, donc, lorsqu'ils baissent, vous payez plus d'impôt que ce que vous avez de revenu, et c'est ce qui fait des problèmes, en particulier pour des gens qui arrivent à la retraite et qui voient leur revenu baisser, donc il y a des vrais sujets. Lorsque, par contre, vous avez des revenus qui augmentent une année, par rapport à l'année de déclaration, vous y gagnez. L'objectif, et je vais être très clair, et c'est important que je le dise ce matin, c'est de combiner deux choses, la baisse de l'impôt, qui va avoir lieu en septembre, avec la suppression de la première tranche, et la simplification de l'impôt, parce que, aujourd'hui, le fait de déclarer sur l'année précédente, fait qu'il y a des décalages et que en payant les impôts de l'année de perception du revenu, on rend les choses plus simples, plus lisibles, et plus compréhensibles pour les Français. C'est ça qui est important, et c'est très important. Donc, c'est un double processus, celui de la baisse qui commence en septembre, et celui de la simplification, c'est ça qu'il faut que les Français retiennent ce matin.
PATRICK CHENE
Alors, exemple, je gagne 100, je suis imposé à 25 %, on va, sur ma paye, enlever 25 %, donc c'est mon employeur, c'est l'entreprise, qui va récolter l'impôt et le redonner, si j'ai bien compris, à l'Etat.
STEPHANE LE FOLL
Ah oui, ça je crois.
PATRICK CHENE
Oui, ça il vaut mieux.
STEPHANE LE FOLL
Ça, oui, l'Etat doit avoir ces recettes.
PATRICK CHENE
Exactement. Mais, pour être plus sérieux, ça va donner à l'employeur des informations, puisque l'Etat va lui dire « à Monsieur untel vous reprenez 25 % parce que ses revenus font qu'il a 25 %, et puis à Monsieur 40 %, ou à Madame, parce qu'elle a un petit salaire. Oui, mais son mari, ou sa femme, a des biens. »
STEPHANE LE FOLL
Oui, alors il y a la question des informations personnelles, sur lesquelles il y a bien sûr à préserver ce qui doit être des informations qui doivent être gardées parce qu'elles sont liées à la vie privée de chacun, donc il y a la question de la perception du revenu, en particulier au travers des salaires et des revenus qui sont facilement identifiables, donc les salaires en particulier. Il y aura encore des déclarations à faire sur ce qui est des revenus du patrimoine, parce que ça personne ne les percevra si ce n'est pas déclaré. Donc il y a, bien sûr, un ajustement qui va se faire. Je rappelle simplement aujourd'hui qu'en Europe il n'y a plus que deux pays qui ont le système que nous avons, c'est donc la France et la Suisse.
PATRICK CHENE
Ce qu'il faut juste accepter c'est que votre employeur connaît votre tranche d'imposition, donc en quelque sorte
STEPHANE LE FOLL
Voilà, il connaît la tranche d'imposition, mais après
PATRICK CHENE
Il peut dire je ne vous augmente pas parce que vous payez 40 % d'impôt, ça veut dire que vous gagnez beaucoup d'argent.
STEPHANE LE FOLL
Voilà, et après c'est des informations qui restent dans le domaine de la relation entre l'Etat et les personnes privées.
PATRICK CHENE
On va passer un peu à votre domaine de prédilection. C'est le Bac aujourd'hui.
STEPHANE LE FOLL
Oui.
PATRICK CHENE
Je vais vous poser un petit sujet du Bac. Vendredi dernier le prix payé aux éleveurs de porcs était de 1,31 euro, le coût minimum de production est de 1,50 euros, combien de temps faut-il à un éleveur de porcs pour disparaître ?
STEPHANE LE FOLL
Non, la difficulté, au-delà du petit calcul mental que vous me demandez, la difficulté est très grande aujourd'hui, et la détresse important. Le porc est la première filière qui est durement touchée. On est sur des problèmes de prix et de marché, donc le ministre il a des possibilités
PATRICK CHENE
Quelles possibilités ? c'est la question que je me pose. Vous n'allez pas imposer aux grandes surfaces de leur payer plus
STEPHANE LE FOLL
Non.
PATRICK CHENE
Qu'est-ce que vous pouvez faire ?
STEPHANE LE FOLL
Je vais essayer de m'expliquer. D'abord il y a eu des choix que j'ai faits sur un arrêté historique, l'encadrement des promotions, jamais ça n'a été fait ça, jamais, parce que 70 % de la viande de porc était vendue en promotions. Cet après-midi j'aurai le sujet de la viande bovine, donc je vais essayer de faire des propositions, mais, ce que j'essaye de faire, dans mon rôle sur une question de marché et d'économie, sur lequel je n'ai pas de responsabilité, c'est de concilier l'ensemble des maillons de la filière pour qu'ils consentent à augmenter des prix qui, au niveau où ils sont aujourd'hui, ne permettent plus aux producteurs de se rémunérer. Donc, comment on fait ? Les producteurs demandent une augmentation des prix, donc ils se tournent des fois vers le ministre ou vers la grande distribution. Première étape, est-ce que la grande distribution est prête à payer un peu plus cher ?
PATRICK CHENE
Pour préserver la filière
STEPHANE LE FOLL
Voilà.
PATRICK CHENE
Pour avoir toujours des porcs qui vont arriver.
STEPHANE LE FOLL
Donc toute la discussion porte avec la grande distribution. Ensuite, ne jamais oublier qu'entre la grande distribution et les productions il y a toute la transformation, ah ! Est-ce que elle aussi elle est prête à faire en sorte et c'est elle qui achète, c'est elle qui achète à rémunérer plus les cotations de la viande et du porc, sachant que la grande distribution s'est engagée à répercuter ?
PATRICK CHENE
Et la viande qui arrive à prix bas de l'étranger, on peut faire quelque chose ?
STEPHANE LE FOLL
Mais alors là, après c'est un choix sur la viande de France, qu'on a mis en place depuis cette fameuse crise des lasagnes, c'est-à-dire que c'était au Salon de l'Agriculture de 2014, où on a mis un logo, qui vaut pour la viande bovine, qui vaut pour la viande porcine, qui vaut pour la viande ovine, pour toutes les viandes. Vous avez un petit hexagone, j'aurais dû l'amener ce matin
PATRICK CHENE
Donc les Français pourraient acheter volontiers de la viande française ?
STEPHANE LE FOLL
Oui, et ce n'est pas le surcoût, qui va être très faible, qui doit les dissuader, derrière il y a une capacité à garder un élevage qui est essentiel, je le dis, pour l'économie sur les territoires et le monde rural.
PATRICK CHENE
Pour rester dans le monde agricole. Des ouvriers agricoles, c'est chiffré, c'est montré, il y a des maladies qui ont été reconnues, d'ailleurs, professionnelles, ont été victimes de ces traitements chimiques. Qu'est-ce que vous comptez faire, ou pour favoriser le bio, pour qu'il y ait moins de traitements chimiques, ou pour protéger ces ouvriers agricoles qui sont toujours ?
STEPHANE LE FOLL
Alors, on a un débat qui est extrêmement tendu aussi sur ce sujet, avec des publications qui sont sorties, en particulier par les ONG, j'ai encore vue celle de GREENPEACE sur la question des pommes, il faut simplement que j'arrive à expliquer à tous ceux qui veulent voir l'utilisation des pesticides et des phytosanitaires baisser, et c'est une demande de la société, et globalement tous les agriculteurs sont d'accord.
PATRICK CHENE
Vous avez affiché des ambitions assez fortes là-dessus.
STEPHANE LE FOLL
Assez fortes là-dessus, mais pour y arriver, pour y arriver, si je laisse les agriculteurs sans aucune solution alternative quand ils passent d'un modèle à un autre, c'est leur production qui est perdue, et quand leur production est perdue, c'est plus de revenu du tout. Donc je demande simplement aux gens de bien comprendre que l'évolution qu'on doit faire, pour réussir la baisse du recours aux phytos, elle prendra un peu de temps, parce qu'il faut des alternatives à ces phytosanitaires. C'est ce qu'on est en train de mettre en place avec tout le projet sur l'agroécologie, et dans ce projet sur l'agroécologie il y a le fameux plan Ecophyto 2, qui fixe des objectifs de baisse de 25 %, parfaitement affichés, d'ici 2020, avec tout un plan structurant, et qui en particulier favorise les alternatives, on appelle ça le « biocontrôle », qui permettent d'utiliser des mécanismes naturels pour se protéger des parasites.
PATRICK CHENE
Alors, sans être trop techniques et pour parler de viticulture, il y a des gens qui ont anticipé ça depuis longtemps, qui sont passés en bio, en biodynamie notamment, et qui aujourd'hui sont attaqués, enfin pas eux, mais la vigne est attaquée par, on peut parler de la flavescence dorée par exemple, et les directives sont de dire « allez, il faut traiter chimiquement. » Il n'y a pas un paradoxe à dire on va faire de plus en plus de bio et puis de demander, dès qu'il y a une alarme, de ne pas essayer de se demander si finalement la biodynamie notamment, le bio, ne peut pas permettre d'aller à ?
STEPHANE LE FOLL
Alors, sur ce sujet il faut bien avoir conscience que lorsqu'on est avec un gros problème d'épidémie ou de maladie qui peut se répandre rapidement, le vrai sujet c'est que si on laisse un endroit où elle peut se développer, on va la
PATRICK CHENE
Ce qui n'a pas encore été le cas de manière tragique, il faut le dire
STEPHANE LE FOLL
Non, mais c'est le risque.
PATRICK CHENE
On va quand même rassurer.
STEPHANE LE FOLL
Mais pour éviter ce risque, il y a des demandes de traitement qui sont faites aux agriculteurs. Je rappelle qu'en biodynamie, comme en biologie, on peut, avec de l'eau chaude, traiter très vite et très tôt, sur la flavescence dorée. Et puis, il y a d'autres, aussi, tests qu'on est en train de faire, en particulier, j'avais été dans le Vaucluse, un agriculteur de biodynamie est en train de tester des méthodes, alternatives là encore, pour lutter contre la flavescence dorée.
PATRICK CHENE
Vous les écoutez, vous les entendez, vous leur donnez la parole ?
STEPHANE LE FOLL
Bien sûr, j'ai même demandé qu'on regarde ce qu'il faisait, et qu'on le laisse faire, qu'on ait un test, au moins, pour voir. Si on a des méthodes alternatives, tant mieux, au contraire, c'est ça qu'il faut.
PATRICK CHENE
Vous sentez la demande des gens sur le bio
STEPHANE LE FOLL
Sur le bio, oui
PATRICK CHENE
On a envie de manger sain.
STEPHANE LE FOLL
Le problème du bio c'est que dans les rendements on a quand même une baisse assez forte de rendement, dans la viticulture, comme dans la « céréaculture », il y a certaines productions où on est à peu près à l'équivalence, mais dans la plupart des productions on perd entre 40 et 60 % du rendement de la production. Donc, quand vous perdez
PATRICK CHENE
D'où les aides que vous pouvez donner ?
STEPHANE LE FOLL
D'où les aides, et quand vous perdez aussi cette production, d'où les prix qui sont supérieurs, mais prix supérieurs veut dire accès aussi à des produits qui sont réservés à des gens qui ont les moyens de le faire, et pas à tout le monde, c'est ça qu'il faut qu'on comprenne. Donc, ce qu'il faut qu'on arrive à faire c'est d'avoir une production suffisamment importante pour qu'elle soit accessible à tout le monde, mais qu'elle soit qualitativement, et en particulier sur l'utilisation des phytosanitaires, dans une phase où on organise une mutation. On organise une mutation agricole, ça, ça prend un tout petit peu de temps. Donc, tout ceux qui demandent tout le temps « interdisez Monsieur le ministre, interdisez Monsieur le ministre, interdisez Monsieur le ministre », je leur réponds « mutation, ça demande un peu de temps, donc laissez un peu de temps. »
PATRICK CHENE
Trente secondes pour terminer. Quand vous entendez Ségolène ROYAL qui dit plus de Roundup dans les jardineries, ça va dans votre sens ou vous dites de quoi elle se mêle ?
STEPHANE LE FOLL
Moi j'avais prévu, de toute façon, la fin du Roundup, il y avait tout un plan qui était, en particulier sur les jardineries amateurs moi je le dis, je suis du monde rural, quand j'en vois certains qui dans les jardins, pour ne pas avoir une herbe, passent du Roundup à longueur de journée, j'ai envie de leur dire mais qu'est-ce qui s'est mis dans votre tête qui fait que vous ne supportez plus une herbe et que vous utilisez pour ça un herbicide ? Vous ne croyez pas qu'il y a autre chose à faire ? Mais là personne ne remet en cause le fait que ça coûte cher le Roundup ! Donc, il faut qu'on arrête de temps en temps, aussi, de considérer que cette espèce de culture de, il n'y a pas d'herbe, il ne faut pas d'herbe, bon ! Donc, je suis là-dessus, extrêmement clair. On va mettre en place des règles, Ségolène veut avancer, ce qui avait été prévu, on va en discuter, on va regarder. Je le dis, à chaque fois la même chose, en particulier sur la question des herbicides, moi si je n'ai pas une alternative conséquente à proposer aux agriculteurs, je ne peux pas les laisser, j'allais dire, dans la nature.
PATRICK CHENE
Merci en tout cas de nous avoir rendu visite et d'avoir fait ce spectre assez large finalement, c'est votre boulot, à la fois porte-parole du gouvernement et ministre de l'Agriculture.
STÉPHANE LE FOLL
Merci.
PATRICK CHENE
Je vous souhaite une belle journée.
STEPHANE LE FOLL
A vous aussi.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 18 juin 2015
Stéphane LE FOLL, bonjour, merci d'avoir accepté notre invitation.
STÉPHANE LE FOLL
Bonjour.
PATRICK CHENE
Installez-vous, nous avons beaucoup de sujets à traiter ensemble, puisque vous avez, pardon, une double casquette, ministre de l'Agriculture et porte-parole du gouvernement. Alors commençons par le mini-remaniement, vous l'aviez annoncé il y a quelques heures, ce sera annoncé ce matin, vous allez nous offrir un petit scoop là, non ?
STEPHANE LE FOLL
Non, pas du tout.
PATRICK CHENE
J'espérais, j'espérais, mais pas trop.
STEPHANE LE FOLL
Dommage, mais je ne peux pas.
PATRICK CHENE
On va rappeler que mesdames FIORASO et DELGA, donc commerce, enseignement et recherche, quittent le gouvernement.
STEPHANE LE FOLL
Ont quitté.
PATRICK CHENE
Oui, ont quitté le gouvernement, pardon.
STEPHANE LE FOLL
Madame FIORASO a quitté le gouvernement pour des raisons de santé, et Carole DELGA le quitte pour les régionales.
PATRICK CHENE
Alors, Thierry MANDON serait peut-être dans le coup sur la recherche ?
STEPHANE LE FOLL
Je ne peux pas vous le dire, ça c'est une prérogative qui reste celle du président de la République.
PATRICK CHENE
C'est normal. Vous l'auriez dit, j'aurais été surprise, mais c'est mon boulot de vous poser la question.
STEPHANE LE FOLL
Mais voilà, vous avez tenté.
PATRICK CHENE
On parle du 49.3. Alors, le 49.3, c'est classique dans la 5ème République, mais avant même les débats du jour, donc sans même que le rapporteur prenne la parole, le Premier ministre a voulu donner un signe fort, du style « c'est fini, on ne discute plus, on y va. » Les Républicains ont quitté l'hémicycle, le Front de gauche également. Est-ce que la forme aurait pu être un tout petit peu plus douce ?
STEPHANE LE FOLL
Je pense que, moi, là, c'est vis-à-vis des Français que tout ça m'importe, c'est qu'on a une loi qui a beaucoup de sujets qui sont traités, mais qui a comme objectif la croissance et l'activité, avec en particulier, sur l'ensemble des éléments liés aux entreprises, des mesures importantes, il faut qu'on aille vite. On a une croissance qui revient, des perspectives, c'était hier, l'UNEDIC, sur le chômage, qui s'améliore, mais il faut qu'on fasse tout pour poursuivre, pour continuer
PATRICK CHENE
Pour l'instant ce sont les perspectives qui s'améliorent, pas le chômage !
STEPHANE LE FOLL
Oui, mais d'accord, mais depuis que l'UNEDIC annonce plutôt l'augmentation du chômage, le jour où on annonce la baisse, je m'en doutais, c'est le jour tant que ça monte, c'est la faute du gouvernement, le jour où ça va baisser on va dire, ouais, mais non.
PATRICK CHENE
Ça ne baisse pas encore, c'est juste ce que je voulais dire.
STEPHANE LE FOLL
Ça ne baisse pas, c'est une prévision.
PATRICK CHENE
On annonce que ça pourrait baisser.
STEPHANE LE FOLL
Voilà, c'est une prévision, pour la première fois, elle est plutôt positive.
PATRICK CHENE
Tout à fait, très juste.
STEPHANE LE FOLL
Donc on va la prendre comme ça, mais, il faut qu'on ait des lois, et des dispositions, qui fassent que, cette croissance qui est là, soit la plus riche possible en emplois, c'est ça l'objectif de la loi MACRON. Alors, dire il n'y a pas eu de débat, je crois qu'il y a eu 437 heures de débat
PATRICK CHENE
C'est juste, c'est le chiffre.
STEPHANE LE FOLL
Il y a 8000 amendements de déposés, 2000 ont été repris dans la loi. Il y a eu une commission spéciale sur les sujets liés au nouveau plan sur les entreprises, les PME, les PMI, qui a voté aussi des amendements, donc c'est ça qui a été repris. Ecoutez, je trouve que le procès qui est fait, soi-disant on est en absence de démocratie, ne tient pas, ça ne tient pas, ce n'est pas vrai. Il y a eu un débat. Et le vrai problème, c'est ceux qui, et en particulier pour les minoritaires du Parti socialiste, là, qui de toute façon, ce n'est pas le débat qui les intéresse
PATRICK CHENE
C'était ma prochaine question, ça tombe bien.
STEPHANE LE FOLL
C'est on veut changer et on ne veut pas de cette loi, voilà. Donc, de toute façon, il n'y a pas à débattre, il n'y a pas de débat. ce n'est pas vrai, ils ne peuvent pas dire qu'il n'y a pas eu un débat, il y a eu un débat, mais depuis le début, à chaque fois, et en groupes, dans la commission spéciale, dans plein d'endroits, je l'ai dit, plus de 2000 amendements parlementaires ont été repris, il y avait possibilité et un espace pour pouvoir dialoguer, et faire en sorte qu'on avance, sauf qu'il y a des députés, en particulier chez les minoritaires du Parti socialiste, qui souhaitent faire de l'obstruction. Voilà. Alors, il y a un moment, l'obstruction ça va, ils sont prêts à voter des amendements avec la droite, donc ça a déjà eu lieu la dernière fois, et c'est ce qui avait conduit au premier 49.3, on va éviter de recommencer cette comédie, un 49.3 pour aller vite parce que derrière c'est de l'activité, de la croissance et de l'emploi.
PATRICK CHENE
Alors, sans rentrer trop dans le détail, la loi Evin était un peu écornée, selon certains, puisque, on va essayer d'être clair, il s'agissait de bien faire la distinction entre la publicité et les opérations de promotion, même d'oenotourisme, par rapport au vin notamment. Vous avez employé ce mot, « il n'y aura pas d'assouplissement de la loi, mais vous en profitez pour clarifier », expliquez-moi.
STEPHANE LE FOLL
Ce qui s'est passé, et ce qui était l'objet du débat, et qui n'était pas calé et cadré par l'ancien amendement, qui visait beaucoup trop large, et qui justement remettait en cause un des principes, dans les articles 1 de la loi Evin, sur la question de la publicité. Quand vous faites de la publicité pour un produit, vous prenez le produit, vous dites « il est très bien mon produit », et il faut, à la limite, en consommer, le problème du vin, et des alcools, des spiritueux. Ça on n'y touche pas, ce n'est pas la question. Ce qu'on a voulu distinguer c'est la question de la publicité sur un produit, donc sur les alcools, de ce qui est la promotion de paysages, d'oenotourisme, du rapport entre le vin et le terroir. Donc, tout ça a été mis dans un article spécifique, pour dire lorsqu'on a de l'information, sur ces sujets, on ne tombe pas sur le coup de la publicité et donc sur une possible condamnation. Il y en a eu quelques-unes, peu, parce qu'il y a quand même beaucoup
PATRICK CHENE
C'est pour éviter cela.
STEPHANE LE FOLL
C'est pour éviter cela. Alors, ce que disaient les viticulteurs aussi c'est que, aujourd'hui, dans certains médias, audiovisuels en particulier, il y a des journalistes qui s'autocensurent avant même d'avoir tenté quoi que ce soit. Donc, quand on valorise, parce que la France ça a été mis dans la loi d'Avenir agricole d'ailleurs, c'est la première fois, dans la loi d'Avenir, au patrimoine national il y a les paysages de la vigne et du vin, il y a aussi les cidres, les poirés et un certain nombre de spiritueux qui sont de notre patrimoine, tout le monde en convient, donc il faut simplement qu'on soit serein. Rien ne remet en cause, ce qui est la loi Evin, et son objectif de santé publique
PATRICK CHENE
Donc Marisol TOURAINE va arrêter d'être
STEPHANE LE FOLL
Et son objectif de santé publique, c'est très important de le dire, et là-dessus moi je suis d'autant plus légitime à le dire c'est que j'ai refusé, et j'ai été très clair, sur la présentation du premier amendement, j'ai dit « non », et on refait un amendement spécifique pour faire en sorte que l'information qui puisse être donnée sur ce qu'il y a autour du vin, puisse se faire sans tomber sous le coup de la publicité liée à la loi Evin.
PATRICK CHENE
On va continuer à faire un peu de pédagogie en parlant de la réforme fiscale qui arrive et notamment cette retenue à la source. Alors, évidemment, quand on donne l'information comme ça on pourrait dire, il n'y aura pas d'impôt sur le revenu en 2017, il faut peut-être se calmer un peu, on payera toujours des impôts toutes les années, c'est juste un artifice comptable j'allais dire. On paiera, si j'ai bien compris, en 2017 les impôts sur 2016, mais en 2018 on paiera les impôts sur 2018. Donc, l'année 2017 ne sera pas prise en compte, mais on n'aura pas d'année sans impôt. Précisez-moi tout ça, si vous le voulez bien.
STEPHANE LE FOLL
Ecoutez, vous avez déjà été assez explicite. Qu'est-ce qui change entre ce qui se passe aujourd'hui et ce qui se passerait, ou ce qui se passera lorsqu'on aura mis l'impôt à la source en place ? C'est qu'aujourd'hui on déclare sur des revenus de l'année précédente et on paye les impôts l'année suivante. Il se trouve que quelquefois les revenus peuvent baisser ou augmenter, donc, lorsqu'ils baissent, vous payez plus d'impôt que ce que vous avez de revenu, et c'est ce qui fait des problèmes, en particulier pour des gens qui arrivent à la retraite et qui voient leur revenu baisser, donc il y a des vrais sujets. Lorsque, par contre, vous avez des revenus qui augmentent une année, par rapport à l'année de déclaration, vous y gagnez. L'objectif, et je vais être très clair, et c'est important que je le dise ce matin, c'est de combiner deux choses, la baisse de l'impôt, qui va avoir lieu en septembre, avec la suppression de la première tranche, et la simplification de l'impôt, parce que, aujourd'hui, le fait de déclarer sur l'année précédente, fait qu'il y a des décalages et que en payant les impôts de l'année de perception du revenu, on rend les choses plus simples, plus lisibles, et plus compréhensibles pour les Français. C'est ça qui est important, et c'est très important. Donc, c'est un double processus, celui de la baisse qui commence en septembre, et celui de la simplification, c'est ça qu'il faut que les Français retiennent ce matin.
PATRICK CHENE
Alors, exemple, je gagne 100, je suis imposé à 25 %, on va, sur ma paye, enlever 25 %, donc c'est mon employeur, c'est l'entreprise, qui va récolter l'impôt et le redonner, si j'ai bien compris, à l'Etat.
STEPHANE LE FOLL
Ah oui, ça je crois.
PATRICK CHENE
Oui, ça il vaut mieux.
STEPHANE LE FOLL
Ça, oui, l'Etat doit avoir ces recettes.
PATRICK CHENE
Exactement. Mais, pour être plus sérieux, ça va donner à l'employeur des informations, puisque l'Etat va lui dire « à Monsieur untel vous reprenez 25 % parce que ses revenus font qu'il a 25 %, et puis à Monsieur 40 %, ou à Madame, parce qu'elle a un petit salaire. Oui, mais son mari, ou sa femme, a des biens. »
STEPHANE LE FOLL
Oui, alors il y a la question des informations personnelles, sur lesquelles il y a bien sûr à préserver ce qui doit être des informations qui doivent être gardées parce qu'elles sont liées à la vie privée de chacun, donc il y a la question de la perception du revenu, en particulier au travers des salaires et des revenus qui sont facilement identifiables, donc les salaires en particulier. Il y aura encore des déclarations à faire sur ce qui est des revenus du patrimoine, parce que ça personne ne les percevra si ce n'est pas déclaré. Donc il y a, bien sûr, un ajustement qui va se faire. Je rappelle simplement aujourd'hui qu'en Europe il n'y a plus que deux pays qui ont le système que nous avons, c'est donc la France et la Suisse.
PATRICK CHENE
Ce qu'il faut juste accepter c'est que votre employeur connaît votre tranche d'imposition, donc en quelque sorte
STEPHANE LE FOLL
Voilà, il connaît la tranche d'imposition, mais après
PATRICK CHENE
Il peut dire je ne vous augmente pas parce que vous payez 40 % d'impôt, ça veut dire que vous gagnez beaucoup d'argent.
STEPHANE LE FOLL
Voilà, et après c'est des informations qui restent dans le domaine de la relation entre l'Etat et les personnes privées.
PATRICK CHENE
On va passer un peu à votre domaine de prédilection. C'est le Bac aujourd'hui.
STEPHANE LE FOLL
Oui.
PATRICK CHENE
Je vais vous poser un petit sujet du Bac. Vendredi dernier le prix payé aux éleveurs de porcs était de 1,31 euro, le coût minimum de production est de 1,50 euros, combien de temps faut-il à un éleveur de porcs pour disparaître ?
STEPHANE LE FOLL
Non, la difficulté, au-delà du petit calcul mental que vous me demandez, la difficulté est très grande aujourd'hui, et la détresse important. Le porc est la première filière qui est durement touchée. On est sur des problèmes de prix et de marché, donc le ministre il a des possibilités
PATRICK CHENE
Quelles possibilités ? c'est la question que je me pose. Vous n'allez pas imposer aux grandes surfaces de leur payer plus
STEPHANE LE FOLL
Non.
PATRICK CHENE
Qu'est-ce que vous pouvez faire ?
STEPHANE LE FOLL
Je vais essayer de m'expliquer. D'abord il y a eu des choix que j'ai faits sur un arrêté historique, l'encadrement des promotions, jamais ça n'a été fait ça, jamais, parce que 70 % de la viande de porc était vendue en promotions. Cet après-midi j'aurai le sujet de la viande bovine, donc je vais essayer de faire des propositions, mais, ce que j'essaye de faire, dans mon rôle sur une question de marché et d'économie, sur lequel je n'ai pas de responsabilité, c'est de concilier l'ensemble des maillons de la filière pour qu'ils consentent à augmenter des prix qui, au niveau où ils sont aujourd'hui, ne permettent plus aux producteurs de se rémunérer. Donc, comment on fait ? Les producteurs demandent une augmentation des prix, donc ils se tournent des fois vers le ministre ou vers la grande distribution. Première étape, est-ce que la grande distribution est prête à payer un peu plus cher ?
PATRICK CHENE
Pour préserver la filière
STEPHANE LE FOLL
Voilà.
PATRICK CHENE
Pour avoir toujours des porcs qui vont arriver.
STEPHANE LE FOLL
Donc toute la discussion porte avec la grande distribution. Ensuite, ne jamais oublier qu'entre la grande distribution et les productions il y a toute la transformation, ah ! Est-ce que elle aussi elle est prête à faire en sorte et c'est elle qui achète, c'est elle qui achète à rémunérer plus les cotations de la viande et du porc, sachant que la grande distribution s'est engagée à répercuter ?
PATRICK CHENE
Et la viande qui arrive à prix bas de l'étranger, on peut faire quelque chose ?
STEPHANE LE FOLL
Mais alors là, après c'est un choix sur la viande de France, qu'on a mis en place depuis cette fameuse crise des lasagnes, c'est-à-dire que c'était au Salon de l'Agriculture de 2014, où on a mis un logo, qui vaut pour la viande bovine, qui vaut pour la viande porcine, qui vaut pour la viande ovine, pour toutes les viandes. Vous avez un petit hexagone, j'aurais dû l'amener ce matin
PATRICK CHENE
Donc les Français pourraient acheter volontiers de la viande française ?
STEPHANE LE FOLL
Oui, et ce n'est pas le surcoût, qui va être très faible, qui doit les dissuader, derrière il y a une capacité à garder un élevage qui est essentiel, je le dis, pour l'économie sur les territoires et le monde rural.
PATRICK CHENE
Pour rester dans le monde agricole. Des ouvriers agricoles, c'est chiffré, c'est montré, il y a des maladies qui ont été reconnues, d'ailleurs, professionnelles, ont été victimes de ces traitements chimiques. Qu'est-ce que vous comptez faire, ou pour favoriser le bio, pour qu'il y ait moins de traitements chimiques, ou pour protéger ces ouvriers agricoles qui sont toujours ?
STEPHANE LE FOLL
Alors, on a un débat qui est extrêmement tendu aussi sur ce sujet, avec des publications qui sont sorties, en particulier par les ONG, j'ai encore vue celle de GREENPEACE sur la question des pommes, il faut simplement que j'arrive à expliquer à tous ceux qui veulent voir l'utilisation des pesticides et des phytosanitaires baisser, et c'est une demande de la société, et globalement tous les agriculteurs sont d'accord.
PATRICK CHENE
Vous avez affiché des ambitions assez fortes là-dessus.
STEPHANE LE FOLL
Assez fortes là-dessus, mais pour y arriver, pour y arriver, si je laisse les agriculteurs sans aucune solution alternative quand ils passent d'un modèle à un autre, c'est leur production qui est perdue, et quand leur production est perdue, c'est plus de revenu du tout. Donc je demande simplement aux gens de bien comprendre que l'évolution qu'on doit faire, pour réussir la baisse du recours aux phytos, elle prendra un peu de temps, parce qu'il faut des alternatives à ces phytosanitaires. C'est ce qu'on est en train de mettre en place avec tout le projet sur l'agroécologie, et dans ce projet sur l'agroécologie il y a le fameux plan Ecophyto 2, qui fixe des objectifs de baisse de 25 %, parfaitement affichés, d'ici 2020, avec tout un plan structurant, et qui en particulier favorise les alternatives, on appelle ça le « biocontrôle », qui permettent d'utiliser des mécanismes naturels pour se protéger des parasites.
PATRICK CHENE
Alors, sans être trop techniques et pour parler de viticulture, il y a des gens qui ont anticipé ça depuis longtemps, qui sont passés en bio, en biodynamie notamment, et qui aujourd'hui sont attaqués, enfin pas eux, mais la vigne est attaquée par, on peut parler de la flavescence dorée par exemple, et les directives sont de dire « allez, il faut traiter chimiquement. » Il n'y a pas un paradoxe à dire on va faire de plus en plus de bio et puis de demander, dès qu'il y a une alarme, de ne pas essayer de se demander si finalement la biodynamie notamment, le bio, ne peut pas permettre d'aller à ?
STEPHANE LE FOLL
Alors, sur ce sujet il faut bien avoir conscience que lorsqu'on est avec un gros problème d'épidémie ou de maladie qui peut se répandre rapidement, le vrai sujet c'est que si on laisse un endroit où elle peut se développer, on va la
PATRICK CHENE
Ce qui n'a pas encore été le cas de manière tragique, il faut le dire
STEPHANE LE FOLL
Non, mais c'est le risque.
PATRICK CHENE
On va quand même rassurer.
STEPHANE LE FOLL
Mais pour éviter ce risque, il y a des demandes de traitement qui sont faites aux agriculteurs. Je rappelle qu'en biodynamie, comme en biologie, on peut, avec de l'eau chaude, traiter très vite et très tôt, sur la flavescence dorée. Et puis, il y a d'autres, aussi, tests qu'on est en train de faire, en particulier, j'avais été dans le Vaucluse, un agriculteur de biodynamie est en train de tester des méthodes, alternatives là encore, pour lutter contre la flavescence dorée.
PATRICK CHENE
Vous les écoutez, vous les entendez, vous leur donnez la parole ?
STEPHANE LE FOLL
Bien sûr, j'ai même demandé qu'on regarde ce qu'il faisait, et qu'on le laisse faire, qu'on ait un test, au moins, pour voir. Si on a des méthodes alternatives, tant mieux, au contraire, c'est ça qu'il faut.
PATRICK CHENE
Vous sentez la demande des gens sur le bio
STEPHANE LE FOLL
Sur le bio, oui
PATRICK CHENE
On a envie de manger sain.
STEPHANE LE FOLL
Le problème du bio c'est que dans les rendements on a quand même une baisse assez forte de rendement, dans la viticulture, comme dans la « céréaculture », il y a certaines productions où on est à peu près à l'équivalence, mais dans la plupart des productions on perd entre 40 et 60 % du rendement de la production. Donc, quand vous perdez
PATRICK CHENE
D'où les aides que vous pouvez donner ?
STEPHANE LE FOLL
D'où les aides, et quand vous perdez aussi cette production, d'où les prix qui sont supérieurs, mais prix supérieurs veut dire accès aussi à des produits qui sont réservés à des gens qui ont les moyens de le faire, et pas à tout le monde, c'est ça qu'il faut qu'on comprenne. Donc, ce qu'il faut qu'on arrive à faire c'est d'avoir une production suffisamment importante pour qu'elle soit accessible à tout le monde, mais qu'elle soit qualitativement, et en particulier sur l'utilisation des phytosanitaires, dans une phase où on organise une mutation. On organise une mutation agricole, ça, ça prend un tout petit peu de temps. Donc, tout ceux qui demandent tout le temps « interdisez Monsieur le ministre, interdisez Monsieur le ministre, interdisez Monsieur le ministre », je leur réponds « mutation, ça demande un peu de temps, donc laissez un peu de temps. »
PATRICK CHENE
Trente secondes pour terminer. Quand vous entendez Ségolène ROYAL qui dit plus de Roundup dans les jardineries, ça va dans votre sens ou vous dites de quoi elle se mêle ?
STEPHANE LE FOLL
Moi j'avais prévu, de toute façon, la fin du Roundup, il y avait tout un plan qui était, en particulier sur les jardineries amateurs moi je le dis, je suis du monde rural, quand j'en vois certains qui dans les jardins, pour ne pas avoir une herbe, passent du Roundup à longueur de journée, j'ai envie de leur dire mais qu'est-ce qui s'est mis dans votre tête qui fait que vous ne supportez plus une herbe et que vous utilisez pour ça un herbicide ? Vous ne croyez pas qu'il y a autre chose à faire ? Mais là personne ne remet en cause le fait que ça coûte cher le Roundup ! Donc, il faut qu'on arrête de temps en temps, aussi, de considérer que cette espèce de culture de, il n'y a pas d'herbe, il ne faut pas d'herbe, bon ! Donc, je suis là-dessus, extrêmement clair. On va mettre en place des règles, Ségolène veut avancer, ce qui avait été prévu, on va en discuter, on va regarder. Je le dis, à chaque fois la même chose, en particulier sur la question des herbicides, moi si je n'ai pas une alternative conséquente à proposer aux agriculteurs, je ne peux pas les laisser, j'allais dire, dans la nature.
PATRICK CHENE
Merci en tout cas de nous avoir rendu visite et d'avoir fait ce spectre assez large finalement, c'est votre boulot, à la fois porte-parole du gouvernement et ministre de l'Agriculture.
STÉPHANE LE FOLL
Merci.
PATRICK CHENE
Je vous souhaite une belle journée.
STEPHANE LE FOLL
A vous aussi.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 18 juin 2015