Texte intégral
JEROME CHAPUIS
Bonjour Stéphane LE FOLL.
STEPHANE LE FOLL
Bonjour.
JEROME CHAPUIS
Le 17 juin dernier, les acteurs de la filière viande ont signé un accord dans votre bureau au ministère pour relever le prix du boeuf, du porc, trois semaines après cet accord est très loin d'être appliqué dans sa globalité, les éleveurs nous le disent, ils sont étranglés, pourquoi ça coince ?
STEPHANE LE FOLL
D'abord, je voudrais préciser une chose, c'est que s'il y a eu une réunion avec une table ronde, c'est à la demande du ministre.
JEROME CHAPUIS
Mais manifestement ça n'a pas servi à grand-chose pour le moment.
STEPHANE LE FOLL
Mais je rappelle ce qu'est la réalité, c'est-à-dire que dans ces filières aujourd'hui le travail qui est à faire, c'est de rassembler tous les acteurs pour leur donner des objectifs communs.
JEROME CHAPUIS
Mais c'est bien beau de se mettre d'accord, encore faut-il que ce soit appliqué, pourquoi ce n'est pas appliqué pour le moment ?
STEPHANE LE FOLL
Pourquoi ce n'est pas appliqué, parce que dans le commerce, dans l'économie, il y a des intérêts divergents, chacun peut voir son propre intérêt et oublier l'intérêt du premier maillon de la filière, en particulier celui des producteurs. C'est ça le constat qui est à faire. Et quand je dis les différents maillons de la filière, c'est la transformation de manière générale et la grande distribution. Donc si tout le monde autour d'une table, et il a fallu des heures de débats pour que les gens se mettent d'accord pour penser simplement à une seule chose, c'est que si on est dans la situation dans laquelle on est, avec des prix aussi bas, c'est l'élevage qui va disparaitre. Donc comment on fait ? Eh bien on demande à la grande distribution d'accepter d'avoir des hausses de prix. Qu'ensuite on les répercute sur les transformateurs qui eux, les répercutent sur les producteurs
JEROME CHAPUIS
Pour le moment on n'y est pas
STEPHANE LE FOLL
Juste un point, combien d'acteurs, combien de grands distributeurs, combien de producteurs sur toute la France ? Alors pour le moment je le dis quand même ce matin, hier le point qu'on a fait au comité de suivi, c'est que sur la viande bovine, les chiffres que nous avons aujourd'hui montrent quand même qu'on a redressé une pente d'un prix qui baissait, aujourd'hui ça remonte.
JEROME CHAPUIS
Mais on est très loin des 80 centimes qui sont réclamés par
STEPHANE LE FOLL
Laissez-moi terminer, oui, on en est loin, donc on travaille pour rattraper et arriver là où l'engagement avait été pris.
JEROME CHAPUIS
Mais Stéphane LE FOLL, vous êtes le garant de cet accord.
STEPHANE LE FOLL
Laissez-moi finir, je suis garant, je suis l'initiateur de cet accord, je suis là pour le faire respecter, ce que je constate, c'est que partout en France, il y a des entreprises qui ont fait avec la grande distribution des choix qui sont conformes à l'engagement et il y en a d'autres qui n'ont pas suivi les engagements.
JEROME CHAPUIS
Lesquels ?
STEPHANE LE FOLL
Mais je ne vais pas vous dire ce matin
JEROME CHAPUIS
Mais si c'est important.
STEPHANE LE FOLL
Mais bien sûr, je vais me mettre à désigner comme ça ce matin à RTL
JEROME CHAPUIS
Les consommateurs ont le droit de savoir.
STEPHANE LE FOLL
Non, les consommateurs, ils ont le droit de savoir une chose les consommateurs, c'est qu'aujourd'hui il y a un logo qui s'appelle viande de France, qui garantit l'origine, la naissance d'un animal, le fait qu'il a été élevé en France, qu'il a été abattu en France et transformé en France, il y a un logo qui existe. Donc je le dis aux consommateurs français, aujourd'hui ils peuvent acheter avec la garantie de l'origine et en achetant viande de France, ils penseront aux éleveurs français.
JEROME CHAPUIS
Si vous demande des noms, ce n'est pas pour dénoncer tel ou tel, les consommateurs ont aussi un rôle, le pouvoir d'achat, on en a parlé, c'est important, mais est-ce qu'à force de demander tous des prix bas, est-ce qu'on n'est pas collectivement responsable de la situation ?
STEPHANE LE FOLL
Ah, ça c'est autre chose. Depuis des années et en particulier depuis que je suis aux responsabilités, la grande distribution a toujours dit que baisser les prix, ça faisait augmenter la consommation. Et une partie de la concurrence qu'il y a eu au sein de la grande distribution, ça a été, on voit toutes les publicités, ce n'est pas la baisse de prix que je montre que je suis un grand distributeur tout à fait efficace, compétent.
JEROME CHAPUIS
Ce modèle-là est dépassé.
STEPHANE LE FOLL
Ce modèle dans une phase et je parle devant un économiste, dans une phase de déflation.
JEROME CHAPUIS
François LENGLET.
STEPHANE LE FOLL
Voilà, dans une phase de déflation, considérer que la baisse des prix va être un incitateur à la consommation est une erreur colossale, on n'est pas dans cette phase-là, on n'est pas dans des phases d'inflations qu'on a pu connaitre. On est dans une phase de déflation. Donc je leur ai répété et de ce côté-là d'ailleurs la grande distribution, d'après ce que nous en savons là et hier on a fait le point, a joué le jeu, est prête à jouer le jeu, donc il faut que les prix s'augmentent, la grande distribution est prête à augmenter les prix, ça doit être répercuté au niveau de la transformation, qui doit le répercuter au niveau de la production.
JEROME CHAPUIS
Alors je vous repose la question, vous disiez tout à l'heure que vous êtes l'initiateur de l'accord, Xavier BEULIN, le président de la FNSEA qui était dans ce studio avant-hier considère que vous en êtes le garant, est-ce que comme ministre vous pourriez prendre des mesures coercitives à l'égard de ceux qui ne jouent pas le jeu ?
STEPHANE LE FOLL
Alors on va aller jusqu'au bout donc les préfets ont été mobilisés pour aller sensibiliser et mettre la pression sur ceux qui ne jouent pas le jeu.
JEROME CHAPUIS
Mais sensibiliser, j'allais dire c'est bien gentil, est-ce qu'il ne faut pas sanctionner ?
STEPHANE LE FOLL
Alors je vais vous dire légalement aujourd'hui je n'ai aucun moyen d'aller sanctionner une entreprise parce qu'elle n'appliquerait pas un accord qui dans le cadre commercial, il y a du droit, il y a de la concurrence, je n'ai pas de moyen de définir et d'imposer un prix, je n'ai pas cette capacité juridique. Par contre j'ai une capacité, c'est celle de mettre la pression, de m'organiser, de faire en sorte que ce qui se passe d'ailleurs aujourd'hui, parce que la preuve a été faite qu'on peut le faire, on peut augmenter les prix, ça commence. Pas à la hauteur de ce qui avait pris comme engagement, non mais attendez, ça commence, on va sortir les chiffres
JEROME CHAPUIS
Là encore les éleveurs, ils disent c'est important, c'est une question de jour si dans les jours qui viennent ça n'augmentent pas, il y a des éleveurs qui vont faire faillite.
STEPHANE LE FOLL
Ecoutez monsieur CHAPUIS, moi ce matin je m'adresse à tous les Français, moi je voudrais bien que le ministre un jour, il fasse une réunion et dès le lendemain les prix augmentent de 15 centimes partout. Si c'était possible j'en serai le premier ravi, mais quand je suis face à des filières agricoles organisées depuis des années comme elles sont organisées, qu'il faut rapprocher les points de vue, remettre tout le monde avec des objectifs communs et collectifs, faire ce travail de manière continue, pas depuis trois semaines, pas depuis deux mois, depuis sept, huit mois pour arriver à faire en sorte qu'on ait une cohérence dans la filière, si ça pouvait aller plus vite franchement, moi je vous le dis, je le ferai, je le ferai. Donc je suis là pour pousser, je fais tout ce que je peux pour que ça aille le plus vite possible.
JEROME CHAPUIS
Vous n'étiez pas favorable à la fin des quotas laitiers qui sont entrés en vigueur au mois d'avril, les prix du lait sont à la baisse, est-ce que c'est de la faute de l'entrée en vigueur de ces quotas, des nouvelles règles européennes ?
STEPHANE LE FOLL
Disons que le prix du lait aujourd'hui dépend beaucoup des grands marchés internationaux et en particulier les marchés asiatiques, ça c'est une réalité.
JEROME CHAPUIS
Et du coup qu'est-ce que vous allez faire ?
STEPHANE LE FOLL
Ce qui s'est passé avec la fin des quotas, c'est que beaucoup de pays dans beaucoup d'endroits, quand moi je me suis opposé à ça, c'était pour ces raisons là, sont partis à la conquête du marché international et en particulier asiatique sur la poudre de lait, plus les pays dans toutes les parties du monde se mettent à produire de la poudre de lait pour le même marché, il y a un moment où on peut se trouver dans une situation de difficultés, parce qu'il n'y a pas suffisamment pour, en plus avec les difficultés qu'on évoquait ce matin, François LENGLET sur la bourse en Chine, où le marché s'est un peu contracté. Donc toute cette production arrive, donc il y a une baisse de prix. Donc ce que j'ai dit depuis le départ et ça fait cinq notes que je fais à tous les ministres européens, est-ce qu'on peut discuter entre nous d'une meilleure coordination et coopération sur cette question du lait, pour éviter que tout le monde parte à l'aventure et quand les marchés anticipés ne sont pas au rendez-vous qu'est-ce qui se passe ? Tout revient sur le marché européen et à ce moment-là les prix baissent. Ça fait trois ans que je le demande.
JEROME CHAPUIS
Question au porte-parole du gouvernement. La Grèce, Nicolas SARKOZY accuse le président François HOLLANDE de ne pas proposer de plan B, c'est-à-dire de ne pas prévoir la sortie de l'euro. Est-ce qu'il a raison ?
STEPHANE LE FOLL
Ecoutez, moi, ce qui m'a frappé hier soir avec Nicolas SARKOZY, c'est que lui il a changé de 180°, entre ce qu'il a dit, je ne sais plus, il y a une semaine, et puis avec force, comment dirais-je, d'intention dans des discours, dont il a l'habitude, et puis hier soir, un Nicolas SARKOZY, d'ailleurs, et sur le fond et sur le ton, qui a changé, qui a changé de position, donc la preuve est faite
JEROME CHAPUIS
Mais quand il dit que le président HOLLANDE devrait proposer un plan B, est-ce qu'il faut réfléchir à l'idée que la Grèce pourrait sortir de la zone euro ?
STEPHANE LE FOLL
Mais est-ce qu'on peut être cohérent ? Vous présentez ou vous proposez un plan B, ça veut dire que vous avez pas de plan, il n'y a pas de plan A.
JEROME CHAPUIS
En tout cas, Jean-Claude JUNCKER, le président de la Commission européenne, dit : « Nous, on y réfléchit ».
STEPHANE LE FOLL
Mais Jean-Claude JUNCKER, vous vous mettez à la place des négociateurs, aujourd'hui, il faut bien se mettre ça dans la tête. Vous avez d'un côté la Grèce, vous avez de l'autre côté l'Europe. Quel est l'objectif ? C'est de faire en sorte que la Grèce s'engage à faire des réformes, pour qu'elle puisse rester dans la zone euro. Personne, sauf certains, étaient prêts à la mettre dehors, d'où d'ailleurs Nicolas SARKOZY il y a une semaine. Soyons sérieux. Si vous commencez par dire « il n'y a aucun problème, personne ne sortira », eh bien vous avez le risque d'avoir une négociation qui se déporte dans un sens ou dans un autre. En particulier si on dit qu'il n'y a pas de problème, tout le monde reste sans doute dans la zone euro, pour les Grecs, ça va pouvoir dire, « bon ben écoute, on ne va peut-être pas faire tous les efforts nécessaires ».
JEROME CHAPUIS
Donc il vaut mieux ne rien prévoir. Donc il vaut mieux ne rien dire, ne rien prévoir.
STEPHANE LE FOLL
Mais attendez, ce n'est pas ne rien savoir, c'est assumer une responsabilité en ayant un objectif et en voulant réussir cet objectif. Donc quand Nicolas SARKOZY dit qu'il n'y a pas de plan B, d'abord, lui, il avait un plan, c'était la sortie de la Grèce. Je m'aperçois que, hier soir, il a changé d'avis. Et à droite, chez l'UMP, Républicains, là, depuis une semaine, c'est tout et n'importe quoi, tout et son contraire, entre Alain JUPPE, Nicolas SARKOZY, Luc CHATEL et puis je sais plus qui, on ne sait plus quelle est la position. Le président de la République il a une ligne, il a un objectif, et dans sa responsabilité pour atteindre l'objectif : rassembler, avoir un couple franco-allemand qui fait une proposition et qui est moteur dans la négociation, et puis un objectif, ne pas laisser la Grèce sortir de la zone euro.
JEROME CHAPUIS
Juste, d'un mot, Stéphane LE FOLL, Jean-Marie LE PEN qui est, par la grâce de la justice, toujours président d'honneur du Front national ce matin, ça vous inspire quoi ?
STEPHANE LE FOLL
J'avoue, je ne sais pas, j'ai regardé, j'ai entendu ce matin qu'il y avait eu un deuxième jugement, qui faisait que le congrès qui avait
JEROME CHAPUIS
Le congrès qui devait avoir lieu par courrier
STEPHANE LE FOLL
Non, ce qui était, dans ce
JEROME CHAPUIS
On va l'entendre encore.
STEPHANE LE FOLL
Oui, et monsieur PHILIPPOT et Marine LE PEN qui faisaient semblant de découvrir les propos de Jean-Marie LE PEN, qu'il tient depuis 20, 30 ans, ça n'a pas gêné Marine LE PEN ni monsieur PHILIPPOT quand il a adhéré au FN, donc aujourd'hui, de faire les effarouchés et de vouloir dégager Jean-Marie LE PEN, eh bien la justice leur rappelle que ce n'est pas si simple.
JEROME CHAPUIS
Merci Stéphane LE FOLL d'avoir été l'invité de RTL. Dans le journal de 08h00 on entendra un agriculteur qui vous a écouté avec attention et je suis sûr qu'il réagira tout à l'heure à vos propos, ça sera à suivre. Dans quelques instants, la météo. Merci Stéphane LE FOLL.
STEPHANE LE FOLL
Merci.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 22 juillet 2015
Bonjour Stéphane LE FOLL.
STEPHANE LE FOLL
Bonjour.
JEROME CHAPUIS
Le 17 juin dernier, les acteurs de la filière viande ont signé un accord dans votre bureau au ministère pour relever le prix du boeuf, du porc, trois semaines après cet accord est très loin d'être appliqué dans sa globalité, les éleveurs nous le disent, ils sont étranglés, pourquoi ça coince ?
STEPHANE LE FOLL
D'abord, je voudrais préciser une chose, c'est que s'il y a eu une réunion avec une table ronde, c'est à la demande du ministre.
JEROME CHAPUIS
Mais manifestement ça n'a pas servi à grand-chose pour le moment.
STEPHANE LE FOLL
Mais je rappelle ce qu'est la réalité, c'est-à-dire que dans ces filières aujourd'hui le travail qui est à faire, c'est de rassembler tous les acteurs pour leur donner des objectifs communs.
JEROME CHAPUIS
Mais c'est bien beau de se mettre d'accord, encore faut-il que ce soit appliqué, pourquoi ce n'est pas appliqué pour le moment ?
STEPHANE LE FOLL
Pourquoi ce n'est pas appliqué, parce que dans le commerce, dans l'économie, il y a des intérêts divergents, chacun peut voir son propre intérêt et oublier l'intérêt du premier maillon de la filière, en particulier celui des producteurs. C'est ça le constat qui est à faire. Et quand je dis les différents maillons de la filière, c'est la transformation de manière générale et la grande distribution. Donc si tout le monde autour d'une table, et il a fallu des heures de débats pour que les gens se mettent d'accord pour penser simplement à une seule chose, c'est que si on est dans la situation dans laquelle on est, avec des prix aussi bas, c'est l'élevage qui va disparaitre. Donc comment on fait ? Eh bien on demande à la grande distribution d'accepter d'avoir des hausses de prix. Qu'ensuite on les répercute sur les transformateurs qui eux, les répercutent sur les producteurs
JEROME CHAPUIS
Pour le moment on n'y est pas
STEPHANE LE FOLL
Juste un point, combien d'acteurs, combien de grands distributeurs, combien de producteurs sur toute la France ? Alors pour le moment je le dis quand même ce matin, hier le point qu'on a fait au comité de suivi, c'est que sur la viande bovine, les chiffres que nous avons aujourd'hui montrent quand même qu'on a redressé une pente d'un prix qui baissait, aujourd'hui ça remonte.
JEROME CHAPUIS
Mais on est très loin des 80 centimes qui sont réclamés par
STEPHANE LE FOLL
Laissez-moi terminer, oui, on en est loin, donc on travaille pour rattraper et arriver là où l'engagement avait été pris.
JEROME CHAPUIS
Mais Stéphane LE FOLL, vous êtes le garant de cet accord.
STEPHANE LE FOLL
Laissez-moi finir, je suis garant, je suis l'initiateur de cet accord, je suis là pour le faire respecter, ce que je constate, c'est que partout en France, il y a des entreprises qui ont fait avec la grande distribution des choix qui sont conformes à l'engagement et il y en a d'autres qui n'ont pas suivi les engagements.
JEROME CHAPUIS
Lesquels ?
STEPHANE LE FOLL
Mais je ne vais pas vous dire ce matin
JEROME CHAPUIS
Mais si c'est important.
STEPHANE LE FOLL
Mais bien sûr, je vais me mettre à désigner comme ça ce matin à RTL
JEROME CHAPUIS
Les consommateurs ont le droit de savoir.
STEPHANE LE FOLL
Non, les consommateurs, ils ont le droit de savoir une chose les consommateurs, c'est qu'aujourd'hui il y a un logo qui s'appelle viande de France, qui garantit l'origine, la naissance d'un animal, le fait qu'il a été élevé en France, qu'il a été abattu en France et transformé en France, il y a un logo qui existe. Donc je le dis aux consommateurs français, aujourd'hui ils peuvent acheter avec la garantie de l'origine et en achetant viande de France, ils penseront aux éleveurs français.
JEROME CHAPUIS
Si vous demande des noms, ce n'est pas pour dénoncer tel ou tel, les consommateurs ont aussi un rôle, le pouvoir d'achat, on en a parlé, c'est important, mais est-ce qu'à force de demander tous des prix bas, est-ce qu'on n'est pas collectivement responsable de la situation ?
STEPHANE LE FOLL
Ah, ça c'est autre chose. Depuis des années et en particulier depuis que je suis aux responsabilités, la grande distribution a toujours dit que baisser les prix, ça faisait augmenter la consommation. Et une partie de la concurrence qu'il y a eu au sein de la grande distribution, ça a été, on voit toutes les publicités, ce n'est pas la baisse de prix que je montre que je suis un grand distributeur tout à fait efficace, compétent.
JEROME CHAPUIS
Ce modèle-là est dépassé.
STEPHANE LE FOLL
Ce modèle dans une phase et je parle devant un économiste, dans une phase de déflation.
JEROME CHAPUIS
François LENGLET.
STEPHANE LE FOLL
Voilà, dans une phase de déflation, considérer que la baisse des prix va être un incitateur à la consommation est une erreur colossale, on n'est pas dans cette phase-là, on n'est pas dans des phases d'inflations qu'on a pu connaitre. On est dans une phase de déflation. Donc je leur ai répété et de ce côté-là d'ailleurs la grande distribution, d'après ce que nous en savons là et hier on a fait le point, a joué le jeu, est prête à jouer le jeu, donc il faut que les prix s'augmentent, la grande distribution est prête à augmenter les prix, ça doit être répercuté au niveau de la transformation, qui doit le répercuter au niveau de la production.
JEROME CHAPUIS
Alors je vous repose la question, vous disiez tout à l'heure que vous êtes l'initiateur de l'accord, Xavier BEULIN, le président de la FNSEA qui était dans ce studio avant-hier considère que vous en êtes le garant, est-ce que comme ministre vous pourriez prendre des mesures coercitives à l'égard de ceux qui ne jouent pas le jeu ?
STEPHANE LE FOLL
Alors on va aller jusqu'au bout donc les préfets ont été mobilisés pour aller sensibiliser et mettre la pression sur ceux qui ne jouent pas le jeu.
JEROME CHAPUIS
Mais sensibiliser, j'allais dire c'est bien gentil, est-ce qu'il ne faut pas sanctionner ?
STEPHANE LE FOLL
Alors je vais vous dire légalement aujourd'hui je n'ai aucun moyen d'aller sanctionner une entreprise parce qu'elle n'appliquerait pas un accord qui dans le cadre commercial, il y a du droit, il y a de la concurrence, je n'ai pas de moyen de définir et d'imposer un prix, je n'ai pas cette capacité juridique. Par contre j'ai une capacité, c'est celle de mettre la pression, de m'organiser, de faire en sorte que ce qui se passe d'ailleurs aujourd'hui, parce que la preuve a été faite qu'on peut le faire, on peut augmenter les prix, ça commence. Pas à la hauteur de ce qui avait pris comme engagement, non mais attendez, ça commence, on va sortir les chiffres
JEROME CHAPUIS
Là encore les éleveurs, ils disent c'est important, c'est une question de jour si dans les jours qui viennent ça n'augmentent pas, il y a des éleveurs qui vont faire faillite.
STEPHANE LE FOLL
Ecoutez monsieur CHAPUIS, moi ce matin je m'adresse à tous les Français, moi je voudrais bien que le ministre un jour, il fasse une réunion et dès le lendemain les prix augmentent de 15 centimes partout. Si c'était possible j'en serai le premier ravi, mais quand je suis face à des filières agricoles organisées depuis des années comme elles sont organisées, qu'il faut rapprocher les points de vue, remettre tout le monde avec des objectifs communs et collectifs, faire ce travail de manière continue, pas depuis trois semaines, pas depuis deux mois, depuis sept, huit mois pour arriver à faire en sorte qu'on ait une cohérence dans la filière, si ça pouvait aller plus vite franchement, moi je vous le dis, je le ferai, je le ferai. Donc je suis là pour pousser, je fais tout ce que je peux pour que ça aille le plus vite possible.
JEROME CHAPUIS
Vous n'étiez pas favorable à la fin des quotas laitiers qui sont entrés en vigueur au mois d'avril, les prix du lait sont à la baisse, est-ce que c'est de la faute de l'entrée en vigueur de ces quotas, des nouvelles règles européennes ?
STEPHANE LE FOLL
Disons que le prix du lait aujourd'hui dépend beaucoup des grands marchés internationaux et en particulier les marchés asiatiques, ça c'est une réalité.
JEROME CHAPUIS
Et du coup qu'est-ce que vous allez faire ?
STEPHANE LE FOLL
Ce qui s'est passé avec la fin des quotas, c'est que beaucoup de pays dans beaucoup d'endroits, quand moi je me suis opposé à ça, c'était pour ces raisons là, sont partis à la conquête du marché international et en particulier asiatique sur la poudre de lait, plus les pays dans toutes les parties du monde se mettent à produire de la poudre de lait pour le même marché, il y a un moment où on peut se trouver dans une situation de difficultés, parce qu'il n'y a pas suffisamment pour, en plus avec les difficultés qu'on évoquait ce matin, François LENGLET sur la bourse en Chine, où le marché s'est un peu contracté. Donc toute cette production arrive, donc il y a une baisse de prix. Donc ce que j'ai dit depuis le départ et ça fait cinq notes que je fais à tous les ministres européens, est-ce qu'on peut discuter entre nous d'une meilleure coordination et coopération sur cette question du lait, pour éviter que tout le monde parte à l'aventure et quand les marchés anticipés ne sont pas au rendez-vous qu'est-ce qui se passe ? Tout revient sur le marché européen et à ce moment-là les prix baissent. Ça fait trois ans que je le demande.
JEROME CHAPUIS
Question au porte-parole du gouvernement. La Grèce, Nicolas SARKOZY accuse le président François HOLLANDE de ne pas proposer de plan B, c'est-à-dire de ne pas prévoir la sortie de l'euro. Est-ce qu'il a raison ?
STEPHANE LE FOLL
Ecoutez, moi, ce qui m'a frappé hier soir avec Nicolas SARKOZY, c'est que lui il a changé de 180°, entre ce qu'il a dit, je ne sais plus, il y a une semaine, et puis avec force, comment dirais-je, d'intention dans des discours, dont il a l'habitude, et puis hier soir, un Nicolas SARKOZY, d'ailleurs, et sur le fond et sur le ton, qui a changé, qui a changé de position, donc la preuve est faite
JEROME CHAPUIS
Mais quand il dit que le président HOLLANDE devrait proposer un plan B, est-ce qu'il faut réfléchir à l'idée que la Grèce pourrait sortir de la zone euro ?
STEPHANE LE FOLL
Mais est-ce qu'on peut être cohérent ? Vous présentez ou vous proposez un plan B, ça veut dire que vous avez pas de plan, il n'y a pas de plan A.
JEROME CHAPUIS
En tout cas, Jean-Claude JUNCKER, le président de la Commission européenne, dit : « Nous, on y réfléchit ».
STEPHANE LE FOLL
Mais Jean-Claude JUNCKER, vous vous mettez à la place des négociateurs, aujourd'hui, il faut bien se mettre ça dans la tête. Vous avez d'un côté la Grèce, vous avez de l'autre côté l'Europe. Quel est l'objectif ? C'est de faire en sorte que la Grèce s'engage à faire des réformes, pour qu'elle puisse rester dans la zone euro. Personne, sauf certains, étaient prêts à la mettre dehors, d'où d'ailleurs Nicolas SARKOZY il y a une semaine. Soyons sérieux. Si vous commencez par dire « il n'y a aucun problème, personne ne sortira », eh bien vous avez le risque d'avoir une négociation qui se déporte dans un sens ou dans un autre. En particulier si on dit qu'il n'y a pas de problème, tout le monde reste sans doute dans la zone euro, pour les Grecs, ça va pouvoir dire, « bon ben écoute, on ne va peut-être pas faire tous les efforts nécessaires ».
JEROME CHAPUIS
Donc il vaut mieux ne rien prévoir. Donc il vaut mieux ne rien dire, ne rien prévoir.
STEPHANE LE FOLL
Mais attendez, ce n'est pas ne rien savoir, c'est assumer une responsabilité en ayant un objectif et en voulant réussir cet objectif. Donc quand Nicolas SARKOZY dit qu'il n'y a pas de plan B, d'abord, lui, il avait un plan, c'était la sortie de la Grèce. Je m'aperçois que, hier soir, il a changé d'avis. Et à droite, chez l'UMP, Républicains, là, depuis une semaine, c'est tout et n'importe quoi, tout et son contraire, entre Alain JUPPE, Nicolas SARKOZY, Luc CHATEL et puis je sais plus qui, on ne sait plus quelle est la position. Le président de la République il a une ligne, il a un objectif, et dans sa responsabilité pour atteindre l'objectif : rassembler, avoir un couple franco-allemand qui fait une proposition et qui est moteur dans la négociation, et puis un objectif, ne pas laisser la Grèce sortir de la zone euro.
JEROME CHAPUIS
Juste, d'un mot, Stéphane LE FOLL, Jean-Marie LE PEN qui est, par la grâce de la justice, toujours président d'honneur du Front national ce matin, ça vous inspire quoi ?
STEPHANE LE FOLL
J'avoue, je ne sais pas, j'ai regardé, j'ai entendu ce matin qu'il y avait eu un deuxième jugement, qui faisait que le congrès qui avait
JEROME CHAPUIS
Le congrès qui devait avoir lieu par courrier
STEPHANE LE FOLL
Non, ce qui était, dans ce
JEROME CHAPUIS
On va l'entendre encore.
STEPHANE LE FOLL
Oui, et monsieur PHILIPPOT et Marine LE PEN qui faisaient semblant de découvrir les propos de Jean-Marie LE PEN, qu'il tient depuis 20, 30 ans, ça n'a pas gêné Marine LE PEN ni monsieur PHILIPPOT quand il a adhéré au FN, donc aujourd'hui, de faire les effarouchés et de vouloir dégager Jean-Marie LE PEN, eh bien la justice leur rappelle que ce n'est pas si simple.
JEROME CHAPUIS
Merci Stéphane LE FOLL d'avoir été l'invité de RTL. Dans le journal de 08h00 on entendra un agriculteur qui vous a écouté avec attention et je suis sûr qu'il réagira tout à l'heure à vos propos, ça sera à suivre. Dans quelques instants, la météo. Merci Stéphane LE FOLL.
STEPHANE LE FOLL
Merci.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 22 juillet 2015