Texte intégral
GUILLAUME DURAND
Vincent PEILLON, commençons non pas par les questions qui fâchent mais par les interrogations, est-ce que le fait de si je puis dire de vendre lan 2 signifie que lan 1, ce nétait pas terrible ?
VINCENT PEILLON
Non, je ne crois pas du tout, il y avait une demande et on voit la pression maintenant dans un temps politique qui devrait toujours être court. Mais lan 1 a été une année très pleine, avec un nombre dactions incroyable, peut-être même trop parce que je constate très souvent que nos concitoyens et même les commentateurs ne connaissent pas le détail de ce qui a été fait, tant sur le plan économique que sur dautres plans, je pense par exemple à lécole. Donc des fondations ont été posées dans un moment chacun le dit, ça a été rappelé hier qui est quand même très difficile, avec un passif
GUILLAUME DURAND
Oui, cest la récession, cest pour ça que la droite demande la baisse des charges immédiate et considère que tout ça, c'est une perte de temps, quon attend le retournement de la situation du chômage, mais que dans ce cadre de récession, il faudrait dabord et avant tout baisser les charges et vite.
VINCENT PEILLON
En fait si vous voulez, cest toute la difficulté française : est-ce que nous voulons maintenant que la politique et donc laction publique redevienne quelque chose de sérieux ? Vous me dites « il faut baisser les charges » .
GUILLAUME DURAND
Non, je dis « la droite dit que »
VINCENT PEILLON
Oui, jai bien compris, jai bien compris, la droite dit que, je ne dis pas Guillaume DURAND, mais nous venons de le faire, cest le crédit impôt compétitivité, ça ne sest jamais fait. Nimporte quel commentateur sérieux et la droite devrait le reconnaître puisquelle le demandait elle-même, mais elle na pas eu le courage de le faire cest 20 milliards. Vous imaginez dailleurs, puisque je voyais Guillaume TABARD évoquer la question de la social-démocratie, la gauche arrive aux responsabilités et ce nétait quand même pas sa politique traditionnelle, elle fait ce crédit impôt compétitivité suite au rapport Gallois. Donc on parlait des grandes réformes de lannée, ça, ce sont des très grandes réformes de structure, comme la Banque publique dinvestissement, comme les réformes que je peux conduire sur le plan scolaire, comme la réforme du marché du travail. Ce sont des réformes de structure et il faut accepter lidée dabord jaccepte tout à fait lidée que nous ne soyons pas nécessairement parfaits, mais accepter lidée que des réformes et les effets des réformes, ça prend un certain temps. Parce quà force davoir voulu toujours agir dans linstant, on a perdu 10 ans avec la droite.
GUILLAUME DURAND
Mais Perrine va enchaîner mais il y a deux grandes interrogations qui se posent, quand on voit comme ça tranquillement hier les journalistes, évidemment tous ceux qui ont regardé la télévision. Première question, est-ce que cest une sorte de SCHRODER planqué, c'est-à-dire quil ne dirait pas à son aile gauche quil veut renverser la table à un moment ou à un autre, peut-être dans lan 2 ; et deuxième question, est-ce quil nest pas un peu suicidaire de tout miser sur le retournement du chômage alors que tous les économistes disent quil y a quand même peu de chance que ça intervienne.
VINCENT PEILLON
Je crois dabord que pour comprendre, que ce soit un ouvrage
GUILLAUME DURAND
Cest un mystère pour les gens, François HOLLANDE.
VINCENT PEILLON
Un ouvrage, un homme ou une politique, ça ne se comprend pas toujours dans la comparaison avec les autres, il faut saisir la singularité. La France, jentendais social-démocrate, mais non ! La social-démocratie cest nordique, cest allemand, ça vient dune histoire très particulière. Nous, nous sommes des socialistes républicain, cest une belle histoire, on peut aussi la porter, ce nest pas le marxisme, cest une donc je vois toujours pour se comprendre, il faudrait en réalité sincliner devant les autres et être comme les autres. Deuxièmement sur la question que vous posez, je crois que le président de la République et ceux qui lentourent, le Premier ministre au premier chef, sont dune génération qui considère que la France a besoin de vraies réformes de structure, elles sont en cours. Quand même, quest-ce qui était annoncé hier ? La réforme de la formation professionnelle, les Allocations familiales, la réforme des retraites après avoir fait pour la première fois la réforme du marché du travail, la réforme du financement des entreprises, la réforme de notre système scolaire en profondeur, on voit les résistances. Donc ce qui est intéressant, parce quil faut sortir la France de la difficulté dans laquelle elle est, elle lest depuis longtemps, cest de sattaquer à ces réformes de structure et de fond, den avoir à la fois le courage et la sérénité, parce quil est évident quon ne peut le faire que si on met un peu de raison dans la vie publique et un peu de temps long.
GUILLAUME DURAND
Perrine TARNEAUD, on revient sur tous ces aspects.
PERRINE TARNEAUD
Oui, François HOLLANDE aussi très offensif hier sur lEurope, pour la première fois la France répond favorablement à une intégration politique plus poussée, comme lAllemagne le souhaite. Est-ce que cest un pas selon vous vers le fédéralisme européen, vers plus de fédéralisme ?
VINCENT PEILLON
La question du fédéralisme, elle est tout à fait posée depuis longtemps puisque nous avons des politiques communes. Lorsque nous disons et ça a été un des enjeux de lannée dernière que vous avez posés il faut sauver la Grèce, il faut sauver leuro, nous voyons bien que nous avons besoin de politique commune, et que cest souvent quand ces politiques communes sont insuffisantes que nous ny arrivons pas. Donc il faut
PERRINE TARNEAUD
Donc il faut une union politique renforcée ?
VINCENT PEILLON
Et économique car vous voyez bien que nous avons cette Banque centrale et nous manquons de cohésion, par exemple politique fiscale ou politique budgétaire ou politique du crédit. Jétais hier en Europe et je suis revenu plus vite à cause de ce fait divers dramatique qui sest passé dans une école
GUILLAUME DURAND
On va en parler tout à lheure.
VINCENT PEILLON
Du 7ème arrondissement, donc jétais dans un Conseil européen. Sur les questions par exemple de jeunesse, et le président a demandé quil y ait une accélération sur les 6 milliards deuros prévus pour la formation professionnelle des jeunes, car, je vous le rappelle quand même : nous sommes une France et une Europe qui maltraite sa jeunesse, 25 % de chômage. Eh bien ! Nous voyons que nous manquons et je lai vu encore cruellement hier à Bruxelles dun défaut dintégration des politiques éducatives européennes, il ny a pas dEurope de léducation. On a un manuel franco-allemand, mais dans les pays dEurope, la jeunesse napprend même pas de la même façon lidée européenne
PERRINE TARNEAUD
Cest pour ça que vouloir
VINCENT PEILLON
Comment faire ensemble une nation européenne ou une Europe intégrée. Donc il faut aller plus loin
PERRINE TARNEAUD
Est-ce que ce nest pas un voeu pieu à ce moment-là de vouloir par exemple lharmonisation fiscale, quand on voit quon narrive même pas à se mettre daccord sur des politiques déducation commune ?
VINCENT PEILLON
Non, non, léducation est sans doute un des domaines pour des questions de souveraineté dans lesquels ce sera le plus long et le plus difficile. Nous avons plus avancé sur les questions économiques que sur les questions bien entendu de culture ou déducation. Mais il faut absolument lharmonisation fiscale, et nous avons des moyens de le faire. Et la proposition faite par François HOLLANDE de cette initiative sur 2 ans, avec quand même ça na pas été noté quatre points, un point sur la jeunesse, un point sur lénergie et puis ces points directement sur la gouvernance économique. Nous en avons besoin, on vient de traverser une période où on vient de voir quon en avait besoin.
GUILLAUME DURAND
Revenons sur le pari quon évoquait avec Perrine, pourquoi maintient-il ce pari sur le chômage qui est extraordinairement risqué ? Parce que si à la fin de 2013 il ny a pas de retournement, il naura plus aucun argument pour venir dans une conférence de presse expliquer la validité de sa politique.
VINCENT PEILLON
Parce que ça nest pas un pari, si cétait un pari vous auriez raison et vous imaginez que nous allions jouer lavenir de la France
GUILLAUME DURAND
Mais sur quoi ça repose, tous les économistes disent que ça ne va pas marcher.
VINCENT PEILLON
Ça repose sur la responsabilité politique qui est précisément dabord de prendre des décisions
GUILLAUME DURAND
Donc ça daccord.
VINCENT PEILLON
Non mais dentraîner les uns et les autres. Vous voyez bien et dailleurs cest la question des anticipations que nous avons besoin sur les contrats de génération, sur le marché du travail, sur les emplois davenir, sur les contrats aidés de mobiliser les uns et les autres, car parfois même nous avons des éléments qui sont présents, c'est-à-dire que nous avons budgété 100.000 emplois davenir, nous avons budgété
GUILLAUME DURAND
Donc cest une question de confiance, dambiance ?
VINCENT PEILLON
Cest une question de quand on est, et cest ce quil a fait, à loffensive, quon est le chef, on entraîne les uns et les autres, il faut que la France se redresse et mette donc de lénergie.
GUILLAUME DURAND
Avant que Perrine ne parle de
VINCENT PEILLON
Et nous devons réussir cela.
GUILLAUME DURAND
De lécole de La Rochefoucauld, parce que cest très important, il reste une dernière question fondamentale, cest le remaniement. Est-ce que vous vous dites ce matin, vous et dautres, ouf, vous, MONTEBOURG et un certain nombre de ministres qui peut-être étaient un peu ciblés pour quelques couacs ?
VINCENT PEILLON
Non, mais vous savez pas du tout, dabord si vous maviez interrogé il y a une semaine, 15 jours ou 3 semaines, je vous aurai dit ce quil vous a dit hier, ça nest pas dactualité. Je ne conseille pas de le faire, je conseille la persévérance. Il y a des moments politiques, vous allez les avoir les moments politiques, il va y avoir des municipales, il va y avoir des régionales
GUILLAUME DURAND
Donc cest pour quand, cest pour après les municipales ou cest pour juste avant les municipales ?
VINCENT PEILLON
Cest une prérogative du chef de lEtat. Moi
GUILLAUME DURAND
Mais votre souhait ?
VINCENT PEILLON
Moi je peux vous parler comme responsable du gouvernement, je considère quil faut donner du temps à laction publique, et que de se soumettre toujours les seconds souffles, les remaniements, les petites phrases, cest ce qui a fait du mal à la France toutes ces dernières années. Et si je suis dune certaine façon reconnaissant et intéressé à travailler avec François HOLLANDE et Jean-Marc AYRAULT, cest précisément parce quils mettent de la rationalité, de la sérénité, de la simplicité aussi dans laction publique. Nous en avons besoin.
GUILLAUME DURAND
Perrine TARNEAUD donc sur laffaire dramatique de cette école.
PERRINE TARNEAUD
Exactement. Après le suicide de cet homme dans la cour de cette école du 7ème arrondissement à Paris, est-ce que vous allez renforcer la sécurité autour de laccès aux établissements scolaires ?
VINCENT PEILLON
Mais cette question, je suis désolé et dailleurs vous avez vu, jai attiré lattention hier des médias, je vais vous en dire un mot ne se pose pas, aucun spécialiste ne la posée. Vous avez eu ou vous avez des enfants qui vont à lécole maternelle, cest une demande des parents de pouvoir les accompagner dans lécole, cela est contrôlé, il faut donner son nom, si cest quelquun de la famille ou tout a été respecté hier, et dailleurs aucun enfant na été atteint parce que les personnels ont au-delà de lécole maternelle arrêté ce personnage qui était pourtant armé, cest deux femmes courageuses. Jai écouté un représentant policier qui nous disait aujourdhui : mais alors demain, ça va être dans une mercerie, demain vous voulez quil y ait des policiers partout ? Si vous regardez sérieusement ce qui se fait parfois à létranger, je pense aux portiques américains, dabord des portiques là nauraient rien empêché puisquil a forcé le passage, donc il serait de toute manière passé. Mais les Américains eux-mêmes reviennent sur les portiques, car toutes les analyses montrent dabord que cest impossible, cest des heures pour rentrer en classe, mais deuxièmement, que ça suscite encore plus de violence. Donc nous avons pris des mesures contre la violence à lécole très fortes, nous avons créé un nouveau métier il y a un an, ce sont les auxiliaires de prévention et de sécurité, nous créons des licences professionnelles. Jai, pour la première fois dans lEducation nationale, crée une délégation avec une vingtaine de personnes chargées de ces questions, qui sera dans la formation de tous les enseignants. Donc ces questions sont très importantes
GUILLAUME DURAND
Quest-ce quils font les profs ce matin avec les élèves qui ont été traumatisés, en voyant justement cet homme se suicider, concrètement quest-ce que vous leur demandez de faire ?
VINCENT PEILLON
Cest là que je trouve quil y a un manque de respect
GUILLAUME DURAND
Et on termine.
VINCENT PEILLON
Considérable sur ces questions. Hier jai vu ce qui est à lhonneur de notre pays, ce sont les gens qui sont sur le terrain et qui travaillent. Le docteur PELLOUX avec toute léquipe du Samu, le Recteur avec nos cellules de crise, c'est-à-dire des psychologues, des infirmières qui sont formés à ce que nous appelons « la gestion de crise », et je vais former tous les enseignants et tous les directeurs décole à partir de septembre à cela. Et donc tout le monde était réuni, la cellule est en place, les enfants sont accompagnés, les parents peuvent trouver secours. Aujourdhui ne sont accueillis que les enfants qui ne peuvent pas rester chez eux, car les autres le souhaitaient, et nous allons dans la durée les accompagner, car souvent vous savez les traumatismes il y a une dizaine denfants qui ont assisté à la scène
GUILLAUME DURAND
Et on en termine.
VINCENT PEILLON
Et le personnel, imaginez cette dame qui a arrêté ce monsieur et puis après ces gens-là doivent être accompagnés dans la durée. Il y a la gestion immédiate mais nous savons quil y a des retours sur les traumatismes, tout ça est bien fait. Et je remercie, je dois vous le dire aussi, les élus parce quhier il y avait une très grande décence, François FILLON est passé, Rachida DATI, Bertrand DELANOE, Anne HIDALGO. Et tout le monde a compris quon nétait pas là pour se mettre en avant mais pour aider ces personnels et ces familles et ces enfants. Par contre je dis un mot
GUILLAUME DURAND
On termine
VINCENT PEILLON
Alors on termine là-dessus, mais cest la première fois je crois que les médias ont utilisé les enfants, je vais le vérifier, dans tous les journaux télévisés avec des visages non-floutés. Et ça, je pense que cest un problème majeur, dailleurs quand on connaît les questions de sécurité, cest mon cas, on sait que la mise en scène comme ça nest pas bonne pour la suite. Et donc je demande quil y ait de la décence, de la pudeur et je vais voir si avec le CONSEIL SUPERIEUR DE LAUDIOVISUEL, nous pouvons édicter des règles sur ces questions-là.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 21 mai 2013