Déclaration de Mme Valérie Fourneyron, ministre des sports, de la jeunesse, de l'éducation populaire et de la vie associative, sur l'engagement des jeunes et les mouvements associatifs, Saint-Malo le 30 août 2013.

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Circonstance : Université d'été du Mouvement rural de jeunesse chrétienne (MRJC) à Saint-Malo le 30 août 2013

Texte intégral


Je suis très heureuse d’être parmi vous aujourd’hui et de participer à l’Université d’Eté du MRJC, qui est un temps fort de votre organisation. Je tiens donc à remercier chaleureusement le Président du MRJC, Jérémie Godet, pour son invitation.
J’en profite d’ailleurs pour saluer son action depuis 2011 : vous avez soutenu le développement de votre organisation, en ménageant notamment des temps de réflexion nationaux comme celui-ci, et favorisé l’autonomie et l’engagement des jeunes au travers de projets innovants, que j’évoquerai plus loin. Son successeur, Simon Besnard, pourra s’appuyer sur cet héritage et je lui souhaite donc une pleine réussite.
Le MRJC a initié aujourd’hui une réflexion fondamentale sur la gouvernance des associations, en particulier des associations de jeunes, qui rencontrent des difficultés spécifiques, j’en suis bien consciente. Mais ces associations, et vous le savez mieux que moi, ont des atouts et une dynamique propre qui en font toute leur richesse. C’est en vertu de cette dynamique que vous redéfinissez vos orientations pour 2014-2020. L’enjeu est pour vous aujourd’hui de faire évoluer votre organisation et son modèle économique.
Selon une enquête de 2012 , 46% des plus de 18 ans adhèrent à une association, un chiffre resté stable depuis les années 90. Les enquêtes montrent par ailleurs que, en ces temps difficiles, les jeunes comptent plus que jamais sur les associations pour changer la société et améliorer leur avenir. Mais les associations sont confrontées à de nouvelles interrogations : elles peinent à adapter leur fonctionnement aux évolutions de la société : les formes d’engagement des jeunes changent et il est de plus en plus difficile de mobiliser un vivier de bénévoles, il faut se conformer à de nouvelles contraintes administratives et financières, développer de nouvelles ressources financières et humaines… Dans un tel contexte, il est logique que vous vous interrogiez sur le modèle de gouvernance à adopter pour développer une organisation de jeunes, sans perdre une identité forgée il y a de cela 80 ans.
Vous nous avez montré aujourd’hui que le MRJC était par essence une organisation moderne : elle est gérée par et pour des jeunes, et a ainsi la capacité de se réinterroger sur son fonctionnement et son avenir.
Mais je sais aussi que vous comptez sur l’aide et l’investissement de l’Etat pour accompagner cette mutation. Je suis donc venue aujourd’hui avec un message clair : nous voulons favoriser et soutenir l’engagement des jeunes, en leur accordant la place qu’ils méritent dans l’espace public. Nous voulons briser ces préjugés qui font des jeunes des personnes désabusées, démobilisées, dépolitisées ! Ces préjugés qui les stigmatisent et les écartent commodément de l’exercice du pouvoir ! Nous voulons vous redonner confiance dans les institutions politiques, car je sais ce que vous pouvez faire pour ce pays. Vous êtes la génération qui, par son engagement, marquera un tournant.
Pour continuer à travailler sereinement avec vous, nous devons refonder un dialogue efficace, car vous êtes des partenaires à part entière de l’action publique. Nous devons identifier les besoins et les difficultés des jeunes, puis élaborer ensemble des solutions et des politiques publiques concrètes. Nous avons besoin de vous pour porter la priorité de la politique Jeunesse ! Nous avons besoin de votre mobilisation, car les jeunes sont au cœur du projet que le Président de la République et le Premier Ministre m’ont confié.
Avant d’évoquer cette politique jeunesse nouvelle génération, permettez-moi de dire quelques mots sur l’action menée en faveur de la vie associative. Elle s’articule autour de deux priorités : soutenir les associations en général, en leur donnant des outils pour optimiser leur fonctionnement, et soutenir en particulier les associations de jeunes en leur permettant de résoudre les problèmes qui leur sont propres.
Nous l’avons vu tout à l’heure, il est tout d’abord important d’accompagner l’ensemble des associations dans leur gouvernance.
Pour ce faire, il faut encourager l’engagement bénévole. Nous travaillons à mettre en place un congé d’engagement bénévole pour les actifs, en élargissant le champ d’application du congé de représentation. L’accès à la Validation des Acquis de l’Expérience bénévole doit par ailleurs être facilité et simplifié, en particulier pour les étudiants – je sais que c’est l’une de vos préoccupations. Sachez également que les crédits destinés à soutenir la formation des bénévoles, issus du Fonds pour le Développement de la Vie Associative piloté par mon ministère, sont maintenus, de même que ceux destinés aux têtes de réseau associatives. Certes, notre budget est contraint, mais je m’attacherai à ce que les crédits nationaux que nous apportons au secteur associatif et d’éducation populaire soient préservés.
Le soutien aux associations passe également par la sécurisation des relations contractuelles avec les collectivités publiques et des modalités de financement public. La logique de mise en concurrence et l’impact de la réglementation européenne ont fragilisé considérablement les conditions du partenariat entre les associations et les collectivités publiques. Trop d’associations ont le sentiment d’être devenus des prestataires, et non des partenaires ! Le travail accompli avec le ministère délégué à l’ESS aboutira en novembre à un projet de loi présenté au Sénat, visant à donner une définition légale de la subvention.
Par ailleurs, nous avons souhaité réinstaurer un dialogue continu avec le mouvement associatif. A la fin de l’année, le Premier Ministre signera une nouvelle charte d’engagement entre l’Etat, les associations et les collectivités territoriales. Cette nouvelle charte fait suite à celle élaborée en 2001, dans le cadre du centenaire de la loi 1901, qui avait été abandonnée. La charte, rénovée, associe les collectivités territoriales et reconnaît le rôle essentiel que les associations jouent dans la société civile.
Et pour vous, les organisations de jeunesse, quels sont nos engagements ? Il faut d’abord changer de méthode et rétablir un dialogue régulier avec tous les jeunes. Le Forum Français de la Jeunesse, créé à l’initiative de 19 organisations de jeunes, dont le MRJC, est pour nous un interlocuteur durable et pour vous un porte-parole bien utile. Je remercie d’ailleurs à cette occasion Bertrand Coly, membre du Comité d’Animation du Forum Français de la Jeunesse, pour son investissement.
Ensuite, une cellule d’accompagnement a été mise en place au sein du ministère pour appuyer la création et le développement d’organisations de jeunes, dirigées par des jeunes, avec des moyens financiers adéquats. Nous souhaitons vous associer à ces actions, car le MRJC est une organisation en phase avec le monde moderne, de par les questions qu’il se pose, son organisation en pleine refonte et ses projets inventifs.
Pour favoriser l’engagement des jeunes, je souhaite également m’appuyer sur des démarches d’éducation populaire et favoriser l’innovation dans ce domaine. Nous lançons donc en janvier 2014 un appel à projets : 3 millions d’euros seront consacrés au financement d’actions innovantes dans 3 domaines : le numérique, les lieux innovants, les médias jeunes. J’ai d’ailleurs été très intéressée par votre propre appel à initiatives sur les fabriques du monde rural. Ces lieux de vie et d’expérimentation laissent libre cours à la créativité de la jeunesse, et je suis sûre que nous trouverons les moyens de vous accompagner.
Enfin, nous voulons vous donner des responsabilités dès aujourd’hui. Pour amplifier notre mouvement et donner encore plus de souffle à notre action, nous avons besoin de vous dans le débat public. Nous devons améliorer la représentation des jeunes. Il y a des mesures concrètes : le gouvernement a décidé de vous donner une plus grande place dans les institutions, dans les Conseils Economiques, Sociaux et Environnementaux Régionaux par exemple. Cette mesure est importante car elle va enfin permettre à des jeunes d’être présents en permanence dans ces lieux de concertation et de réflexion, en lien direct avec les décideurs régionaux. Au-delà, il y a aussi un travail de fond : nous voulons que tout engagement soit reconnu par les établissements d’enseignement en formation initiale comme continue. Nous voudrions que les jeunes soient représentés dans toutes les instances de dialogue et de concertation, et dans tous les espaces de décision ! Nous voulons que l’engagement des jeunes devienne la norme !
L’année prochaine est une année d’élections importante : élections municipales et européennes. Vous savez que nous défendons, comme vous, une meilleure représentation de la jeunesse dans les fonctions politiques locales, nationales et européennes. Nous avons besoin d’un renouvellement de la classe politique : nous l’obtiendrons grâce à la loi de non-cumul des mandats. Il faut également que le principe électeur/éligible soit appliqué : un maximum de jeunes doit participer à ces élections, en votant bien sûr, mais aussi en étant candidats. Votre mouvement, qui a fourni de nombreux cadres au mouvement syndical, politique et associatif, a un rôle à jouer : il doit porter les mesures en faveur des jeunes, mais peut aussi inciter les jeunes à être présent dans les équipes de candidats et à aller voter.
Car nous sommes ici aujourd’hui pour préparer ensemble la France de 2025. C’est en votant et en faisant évoluer les politiques publiques que nous pouvons changer la vie de nos concitoyens.
C’est grâce au suffrage universel et à l’élection d’une nouvelle majorité que la jeunesse est devenue une priorité forte du gouvernement, et que, depuis un an, nous avançons avec mes collègues dans cette direction !
J’en viens maintenant à notre politique en faveur de la jeunesse. En février dernier, le Comité Interministériel de la Jeunesse a permis de mettre au point une politique claire et cohérente. C’était une étape fondamentale et une première pour l’Etat. Imaginez, 24 ministères impliqués dans des groupes de travail pendant 5 mois !
Nos objectifs étaient et restent clairs : privilégier le droit commun pour tout ce qui concerne l’accès des jeunes aux droits sociaux, favoriser et accompagner l’autonomie des jeunes, lutter contre les inégalités et les discriminations, et encourager la participation des jeunes au débat public.
Quelles mesures ont été prises ? Sur quoi pouvez-vous déjà compter ? Et surtout que ferons-nous ensuite ? Nous avons déjà posé de solides fondations, sécurisé les points les plus fragiles du parcours des jeunes. Je vous en donnerai quatre exemples.
*Quand on débute dans la vie, on a d’abord besoin d’accompagnement et d’une formation solide. La première étape, incontournable, était bien sûr la refondation de l’Ecole. Je ne reviendrai pas ici sur la réforme des rythmes éducatifs. Mais je ne peux que me réjouir que cette nouvelle articulation des temps scolaires et péri-scolaires laisse plus de place à toute une série d’activités, dont les activités physiques et sportives. Elle redonne aussi un rôle central aux associations de jeunesse et d’éducation populaire, que nous souhaitons revaloriser. Outre cela, nous avons engagé une réforme de l’orientation et la création d’un Service Public d’Orientation. Quel que soit leur statut, tous les jeunes seront informés, accompagnés et aidés dans la construction de leur parcours.
*Quand on débute dans la vie, on a ensuite besoin d’un toit. Nous avons décidé d’encadrer les loyers afin de plafonner leur hausse à la relocation dans certaines zones urbaines. Par ailleurs, la construction de 40 000 nouveaux logements étudiants a été engagée et 4000 places d’hébergement ont été construites, ou rénovées, à destination des jeunes en alternance. Mais cela ne suffit pas : nous devons encore mettre fin aux pratiques abusives des « marchands de listes » et de certaines agences immobilières, améliorer l’accès des jeunes au parc social. C’est le sens du travail mené par Cécile Duflot. La question du cautionnement est elle-aussi centrale. Nous mettons enfin en place la garantie universelle des risques locatifs, pour faciliter l’accès des jeunes au parc locatif privé.
*Quand on débute dans la vie, on a aussi besoin d’un travail et de ressources. Nous avons mis en place les Emplois d’Avenir. L’objectif est de dépasser les 100 000 contrats signés d’ici fin 2013 et d’atteindre les 150 000 en 2014. Ce dispositif est fondamental car il donne aux jeunes une formation, une qualification, des revenus et, surtout, s’inscrivent dans la durée. A cela s’ajoute les contrats de génération, qui permettront à 500 000 jeunes, accompagnés par un senior, de bénéficier, en CDI, d’une expérience professionnelle en entreprise. Nous retisserons à cette occasion un réseau de liens autour de la jeunesse, entre les générations. Enfin, nous lançons la « garantie jeune », qui s’adresse à ceux qui ne sont suivis par personne, et qui les accompagnera vers une formation ou un emploi, en se réinsérant grâce à une garantie de ressources.
*Enfin, quand on débute dans la vie, on a envie de découvrir le monde. Pour satisfaire ce besoin de mobilité, nous avons décidé d’accompagner davantage de jeunes, dans leur projet de séjour en Europe et dans le monde, et surtout de diversifier leurs profils. Nous avons déjà augmenté les moyens financiers de l’Office Franco-Allemand de la Jeunesse et le budget du futur programme Erasmus Pour Tous le sera également. Nous souhaitons enfin voir croître d’ici 2020 le nombre de jeunes en VIE, en les rendant accessibles aux licences professionnelles. 5 universités s’y engagent dès la rentrée.
Pour résumer, mon but est de vous redonner confiance dans l’action politique et dans l’avenir.
Il est vrai que le monde associatif est un acteur qui n’a pas toujours été reconnu à sa juste valeur… Dès sa prise de responsabilité, le Président de la République a voulu changer cela. Il a marqué un changement d’époque en intervenant dès sa prise de fonction devant le Conseil Economique Social et Environnemental, reconnaissant ainsi l’importance des corps intermédiaires.
Nous ne pouvons mener à bien le projet du gouvernement sans vous. Vous avez un rôle important à jouer à nos côtés !
S’adresser aux jeunes n’est pour nous ni vain, ni démagogique, comme certains veulent le croire : c’est indispensable. Nous travaillons ensemble, nous agissons ensemble, et c’est d’autant plus indispensable que nous préparons ensemble la France de 2025. En 2025, dans un peu plus de 10 ans, vous serez plus que jamais des acteurs importants de la vie publique et vous préparerez, à votre tour, l’arrivée d’une nouvelle génération.
Votre avenir sera donc façonné par votre capacité à vous mobiliser et à mobiliser les jeunes de votre génération.
Soyez optimistes ! Soyez audacieux ! L’avenir appartient à ceux qui luttent, et plus encore à ceux qui engagent les autres dans la lutte ! Je vous encourage donc à garder en mémoire la maxime de Mark Twain que de nombreux militants du MRJC ont repris à leur compte : « ils ne savaient pas que c’était impossible, alors ils l’ont fait ».
Merci à tous
source http://www.jeunes.gouv.fr, le 2 septembre 2013