Texte intégral
BERNARD POIRETTE
Ségolène ROYAL, bonjour.
SEGOLENE ROYAL
Bonjour.
BERNARD POIRETTE
La loi sur la transition énergétique est promulguée désormais ; Alors il y a 54 mesures très concrètes pour les particuliers, pour les entreprises, pour les collectivités territoriales. S'il n'y en avait qu'une à retenir très fondamentale et très parlante pour les particuliers, quelle serait-elle ? Si vous en choisissez une. Vous avez bossé là-dessus.
SEGOLENE ROYAL
Si j'en choisit une c'est une mesure d'accompagnement de la loi, c'est le crédit d'impôt pour la transition énergétique, c'est-à-dire qu'aujourd'hui tous ceux qui nous écoutent, qui font des travaux dans leur logement d'isolation, double vitrage, isolation des combles, changement d'une chaudière moins consommatrice d'énergie, installation d'une borne électrique pour une voiture électrique, installation d'un compteur intelligent etc, bénéficient d'un allègement de 8000 euros d'impôt pour une personne seule et de 16 000 euros pour un couple. Et en plus ils donnent du travail aux artisans du bâtiment. Donc il faut foncer avant l'été prochain.
BERNARD POIRETTE
La philosophie générale de ce texte n'est pas contraignante, c'est-à-dire qu'il n'y a pas d'obligation pour ceux qui le liront, parce qu'on peut le lire sur Internet, c'est extrêmement volumineux, mais vous inciter simplement, mais ce n'est pas le bâton, c'est que la carotte. Il y a aussi le bâton ?
SEGOLENE ROYAL
Non pas le bâton, parce que je ne suis pas pour l'écologie punitive, vous le savez, je suis pour que les gens aient envie de faire des choses parce que c'est bien pour eux d'abord, ça baisse leur facture, c'est bien pour eux pour leur santé de diminuer toutes les formes de pollution et c'est bien pour la planète parce que l'objectif c'est de diminuer aussi le réchauffement planétaire dont nous subissons les conséquences. Regardez avec les problèmes de sécheresse par exemple. Donc il y a certaines contraintes parce qu'il faut accélérer cette transition, c'est-à-dire il faut que tout le monde comprenne, les entreprises, les citoyens, les territoires que c'est irréversible et qu'en plus c'est une bonne chose. Alors par exemple il y a l'interdiction des sacs plastique au 1er janvier 2016, on disait que c'était impossible, c'est une catastrophe les sacs plastique dans la nature
BERNARD POIRETTE
Plus un seul au 1er janvier 2016 ?
SEGOLENE ROYAL
Plus de sacs plastique à usage unique aux caisses. Donc vous voyez des mesures Il y a des mesures contraignantes sur le bâtiment, c'est-à-dire lorsqu'il y aura des travaux lourds sur un immeuble, il faudra obligatoirement faire des travaux d'isolation et d'économie d'énergie. Mais c'est un service que l'on rend dans ces contraintes. Sur les copropriétés, c'est parfois très difficile pour des copropriétaires de demander à leur copropriété de faire des travaux d'économie d'énergie, par exemple il y a un ravalement ou une réparation de toiture, le bon sens veut qu'en même temps on isole correctement les façades ou la toiture pour faire des économies d'énergie. Eh bien désormais ces décisions seront prises à la majorité simple des votes des copropriétés. Donc ça va grandement faciliter les choses. Pour les administrations, pour l'Etat et les administrations publiques, là aussi ça devrait être le cas pour toutes les constructions, désormais les constructeurs devront être des bâtiments à énergie positive. Qu'est-ce que ça veut dire à énergie positive ? C'est-à-dire d'utiliser les meilleures techniques de construction pour que les bâtiments produisent plus d'énergie qu'ils n'en consomment. Donc c'est extraordinaire, c'est une véritable révolution écologique de construire un bâtiment qui produit plus d'énergie, au moins autant d'énergie qu'il n'en consomme !! Récemment j'ai visité des logements dans des bâtiments énergie positive, la facture d'électricité était de 1, 50 euro pour les deux mois. 1,50 euro.
BERNARD POIRETTE
C'est rien.
SEGOLENE ROYAL
C'est rien. Donc tout le monde doit pouvoir avoir le droit d'habiter des logements alors ça ne va pas se faire du jour au lendemain, mais ça peut s'accélérer.
BERNARD POIRETTE
Madame ROYAL, vous parliez à l'instant dans votre propos de la qualité de l'air, le maire de Valence tout à l'heure dans le journal de 7h30 disait « moi je veux absolument que les voitures passent dans ma ville sur l'A7 à 90 au lieu de 110 parce que les habitations sont tout près », vous avez donné votre accord de principe à cette réduction de vitesse. Il disait « mais ça va se faire quand et comment, est-ce qu'elle peut accélérer le processus ? ». Il suffit de changer les panneaux le long de la route ou quoi ?
SEGOLENE ROYAL
Oui. Enfin, il faut quand même prendre des décisions administratives réglementées. Mais la loi qui vient d'être promulguée donne déjà aux maires un pouvoir supplémentaire qui est de définir dans sa commune des zones à circulation réduite. Donc c'est un pouvoir très important.
BERNARD POIRETTE
Donc lui il peut faire quelque chose déjà ?
SEGOLENE ROYAL
Lui, il peut déjà faire quelque chose indépendamment des autoroutes. Il peut déjà faire quelque chose dans sa commune en décidant dans les endroits les plus pollués des zones à circulation réduite.
BERNARD POIRETTE
Et sur l'autoroute, quand est-ce que ça va baisser ?
SEGOLENE ROYAL
Sur l'autoroute il faut, parce qu'après il y a un pouvoir de police, parce qu'il faut pouvoir le contrôler, donc là je suis en discussion avec le ministère de l'Intérieur et les choses devraient se faire très rapidement, parce que c'est vrai que de passer de 120-130 à 90 c'est une diminution considérable de la pollution.
BERNARD POIRETTE
Madame ROYAL, une autre question également qui intéresse beaucoup les auditeurs, ils ont dit « puisqu'elle est là, posez-lui la question », l'affaire de la décharge de produits automobile près du haras de Nonant-le-Pin dans l'Orne, il y a un bagarre juridique depuis un an et demi infernale. Quel est votre crédo à vous, vous pensez que c'est judicieux de mettre une décharge à côté d'un endroit aussi emblématique et magnifique ? Ou c est pas votre dossier ?
SEGOLENE ROYAL
C'est une affaire très compliquée qui dure depuis très très longtemps puisque lorsque j'ai été nommée à la tête de ce ministère c'est en effet une affaire dont j'ai entendu parler, parce que ça crée beaucoup d'émotion, c'est un endroit magnifique. Ecoutez, je vous annonce que je vais aller sur place la semaine prochaine. Voilà. J'en aurais le coeur net parce que c'est vrai qu'il y a des enjeux juridiques très importants, c'est-à-dire qu'il faut que l'Etat fasse attention à ce que, en remettant en cause les autorisations données, il ne soit pas condamné à un certain nombre d'indemnisations, mais en même temps ça suffit. Les riverains n'en peuvent plus, les élus n'en peuvent plus. Tout cela est très compliqué. Les gens se disputent sur ce sujet depuis très longtemps. Je vais aller sur place, et comme ça j'écouterai tout un chacun, je prendrai les décisions qui devraient aller dans le bon sens, je l'espère.
BERNARD POIRETTE
Vous avez pris un autre dossier à bras le corps celui de la récupération des invendus alimentaires. Alors ça avance vite, il y a un problème c'est que les associations - par exemple les Restos du Coeur qu'on interrogeait hier ils disaient « nous on veut bien prendre tout ça mais on n'a pas les structures pour stocker, pour conserver au frais, pour redistribuer ». Donc il y a un hiatus là, comment vous pouvez les aider ? Si les industriels sont d'accord pour ne plus jeter, pour ne plus détruire, comment est-ce qu'on fait parvenir aux gens qui ont besoin après ?
SEGOLENE ROYAL
Vous avez raison, il y a une gestion du circuit de ces invendus alimentaires. Mais déjà faisons en sorte que les distributeurs n'aient plus le droit de détruire des invendus qui sont encore consommables. Pourquoi le font-ils ? Pas par perversité. Ils le font parce que souvent il y a des contrats entre certaines marques et les grands distributeurs, et dans ces contrats il y a l'obligation de détruire des invendus pour maintenir le prix du marché. Disons pour aller vite. Ca ça ne doit plus être possible. Donc je vais réunir, vous le savez, le 27 août prochain, l'ensemble des grands distributeurs pour qu'on puisse, de façon contractuelle, faire en sorte que ce qui était dans la loi soit appliquée et que ces pratiques cessent parce qu'il est très choquant de voir d'un côté des personnes qui n'arrivent pas à se nourrir, qui n'arrivent pas à nourrir leurs enfants et de l'autre des invendus alimentaires détruits. Après vous avez raison il faut organiser la chaine de distribution, mais là beaucoup d'élus locaux, de maires justement se sont manifestés pour dire qu'ils étaient prêts à accompagner cette distribution, l'organisation de ces filières caritatives et c'est ce que nous allons voir également avec les associations d'élus pour que les choses s'organisent correctement et que enfin on mette fin à un système qui n'est plus acceptable.
BERNARD POIRETTE
Hier matin Valérie TRIERWEILER était l'invitée de la matinale et elle a dit « j'applaudis des deux mains cette initiative de madame ROYAL, je trouve ça génial qu'on puisse ne plus jeter tous ces produits ». Si elle veut vous donner un coup de main vous direz « oui venez m'aider ».
SEGOLENE ROYAL
Je n'ai pas de commentaire à faire.
BERNARD POIRETTE
Pas là-dessus ? D'accord.
Alors encore une question tout de même, il y a la COP 21 à la fin de l'année, donc c'est le grand sommet de Paris, est-ce que vous êtes optimiste pour sa réussite, c'est-à-dire qu'il s'agit de limiter à 2 degrés la hausse des températures sur la planète, parce que sinon on va dans le mur, est-ce que vous pensez - après votre tournée africaine notamment - que les 195 pays veulent aboutir tous ?
SEGOLENE ROYAL
Je le pense. Je le pense pour une raison simple c'est que le réchauffement climatique crée des dégâts considérables maintenant dans tous les pays. Aucun pays n'est épargné par ces difficultés. Regardez ce qui se passe aux Etats-Unis avec les incendies, les sécheresses, la montée du niveau de la mer, les ouragans ; et puis dans les pays les plus pauvres c'est encore plus dramatique. Je le vois effectivement en Afrique, qui ne sont pas les pays qui sont à l'origine du réchauffement climatique et qui en même temps le subissent très durement et notamment en provoquant un phénomène qui menace la sécurité publique, la sécurité et l'équilibre planétaire. Ce sont ce qu'on appelle les migrations de la misère, c'est-à-dire des populations qui ne peuvent plus rester dans leur village
BERNARD POIRETTE
Parce que le climat est intenable.
SEGOLENE ROYAL
Qui ne peuvent plus faire d'agriculture parce que la sécheresse progressant, la diminution de l'eau, la déforestation font que ces populations ne peuvent plus vivre dans leur village. Et ça c'est absolument dramatique. Ce que je veux dire par là c'est que tout le monde a intérêt à agir, et c'est ça qui est en train de changer. On n'entend plus aujourd'hui ce qu'on appelait des climato-sceptiques, mais au contraire
BERNARD POIRETTE
Moins, on les entend moins.
SEGOLENE ROYAL
On ne les entend même plus du tout parce que n'a plus de sens. Et on voit aujourd'hui que tous les pays font leur contribution nationale puisque avant décembre il faut que chaque pays puisse dire ce qu'il a l'intention de faire pour réduire le réchauffement climatique. La France est le seul pays à avoir voté avec la loi de transition énergétique pour la croissance verte - dont nous parlions à l'instant et à être passée des discours aux actes, puisque grâce à cette loi la France s'engage, c'est maintenant inscrit dans la loi, à diminuer de 40 % d'ici 2030 les gaz à effet de serre, à monter en puissance jusqu'à 32 % exactement les énergies renouvelables, à diminuer la consommation énergétique, et nous sommes le seul pays à avoir fait une loi aussi globale qui intègre le bâtiment, la montée en puissance des énergies renouvelables, l'économie circulaire avec le retraitement des déchets ou la transformation des déchets en énergie, je pense par exemple à l'agriculture avec les méthaniseurs, la mise en mouvement des territoires à énergie positive ; et nous le faisons parce que nous sommes le pays hôte et que nous avons voulu absolument être exemplaire et entrainer les pays pour montrer que c'était possible.
BERNARD POIRETTE
Eh bien espérons que ça se passera comme vous le souhaitez en tout cas. Merci beaucoup. Ségolène ROYAL, la ministre de l'Ecologie invitée de RTL ce matin et bon conseil des Ministres tout à l'heure madame ROYAL. Merci beaucoup.
SEGOLENE ROYAL
Oui merci.Source : Service d'information du Gouvernement, le 19 août 2015
Ségolène ROYAL, bonjour.
SEGOLENE ROYAL
Bonjour.
BERNARD POIRETTE
La loi sur la transition énergétique est promulguée désormais ; Alors il y a 54 mesures très concrètes pour les particuliers, pour les entreprises, pour les collectivités territoriales. S'il n'y en avait qu'une à retenir très fondamentale et très parlante pour les particuliers, quelle serait-elle ? Si vous en choisissez une. Vous avez bossé là-dessus.
SEGOLENE ROYAL
Si j'en choisit une c'est une mesure d'accompagnement de la loi, c'est le crédit d'impôt pour la transition énergétique, c'est-à-dire qu'aujourd'hui tous ceux qui nous écoutent, qui font des travaux dans leur logement d'isolation, double vitrage, isolation des combles, changement d'une chaudière moins consommatrice d'énergie, installation d'une borne électrique pour une voiture électrique, installation d'un compteur intelligent etc, bénéficient d'un allègement de 8000 euros d'impôt pour une personne seule et de 16 000 euros pour un couple. Et en plus ils donnent du travail aux artisans du bâtiment. Donc il faut foncer avant l'été prochain.
BERNARD POIRETTE
La philosophie générale de ce texte n'est pas contraignante, c'est-à-dire qu'il n'y a pas d'obligation pour ceux qui le liront, parce qu'on peut le lire sur Internet, c'est extrêmement volumineux, mais vous inciter simplement, mais ce n'est pas le bâton, c'est que la carotte. Il y a aussi le bâton ?
SEGOLENE ROYAL
Non pas le bâton, parce que je ne suis pas pour l'écologie punitive, vous le savez, je suis pour que les gens aient envie de faire des choses parce que c'est bien pour eux d'abord, ça baisse leur facture, c'est bien pour eux pour leur santé de diminuer toutes les formes de pollution et c'est bien pour la planète parce que l'objectif c'est de diminuer aussi le réchauffement planétaire dont nous subissons les conséquences. Regardez avec les problèmes de sécheresse par exemple. Donc il y a certaines contraintes parce qu'il faut accélérer cette transition, c'est-à-dire il faut que tout le monde comprenne, les entreprises, les citoyens, les territoires que c'est irréversible et qu'en plus c'est une bonne chose. Alors par exemple il y a l'interdiction des sacs plastique au 1er janvier 2016, on disait que c'était impossible, c'est une catastrophe les sacs plastique dans la nature
BERNARD POIRETTE
Plus un seul au 1er janvier 2016 ?
SEGOLENE ROYAL
Plus de sacs plastique à usage unique aux caisses. Donc vous voyez des mesures Il y a des mesures contraignantes sur le bâtiment, c'est-à-dire lorsqu'il y aura des travaux lourds sur un immeuble, il faudra obligatoirement faire des travaux d'isolation et d'économie d'énergie. Mais c'est un service que l'on rend dans ces contraintes. Sur les copropriétés, c'est parfois très difficile pour des copropriétaires de demander à leur copropriété de faire des travaux d'économie d'énergie, par exemple il y a un ravalement ou une réparation de toiture, le bon sens veut qu'en même temps on isole correctement les façades ou la toiture pour faire des économies d'énergie. Eh bien désormais ces décisions seront prises à la majorité simple des votes des copropriétés. Donc ça va grandement faciliter les choses. Pour les administrations, pour l'Etat et les administrations publiques, là aussi ça devrait être le cas pour toutes les constructions, désormais les constructeurs devront être des bâtiments à énergie positive. Qu'est-ce que ça veut dire à énergie positive ? C'est-à-dire d'utiliser les meilleures techniques de construction pour que les bâtiments produisent plus d'énergie qu'ils n'en consomment. Donc c'est extraordinaire, c'est une véritable révolution écologique de construire un bâtiment qui produit plus d'énergie, au moins autant d'énergie qu'il n'en consomme !! Récemment j'ai visité des logements dans des bâtiments énergie positive, la facture d'électricité était de 1, 50 euro pour les deux mois. 1,50 euro.
BERNARD POIRETTE
C'est rien.
SEGOLENE ROYAL
C'est rien. Donc tout le monde doit pouvoir avoir le droit d'habiter des logements alors ça ne va pas se faire du jour au lendemain, mais ça peut s'accélérer.
BERNARD POIRETTE
Madame ROYAL, vous parliez à l'instant dans votre propos de la qualité de l'air, le maire de Valence tout à l'heure dans le journal de 7h30 disait « moi je veux absolument que les voitures passent dans ma ville sur l'A7 à 90 au lieu de 110 parce que les habitations sont tout près », vous avez donné votre accord de principe à cette réduction de vitesse. Il disait « mais ça va se faire quand et comment, est-ce qu'elle peut accélérer le processus ? ». Il suffit de changer les panneaux le long de la route ou quoi ?
SEGOLENE ROYAL
Oui. Enfin, il faut quand même prendre des décisions administratives réglementées. Mais la loi qui vient d'être promulguée donne déjà aux maires un pouvoir supplémentaire qui est de définir dans sa commune des zones à circulation réduite. Donc c'est un pouvoir très important.
BERNARD POIRETTE
Donc lui il peut faire quelque chose déjà ?
SEGOLENE ROYAL
Lui, il peut déjà faire quelque chose indépendamment des autoroutes. Il peut déjà faire quelque chose dans sa commune en décidant dans les endroits les plus pollués des zones à circulation réduite.
BERNARD POIRETTE
Et sur l'autoroute, quand est-ce que ça va baisser ?
SEGOLENE ROYAL
Sur l'autoroute il faut, parce qu'après il y a un pouvoir de police, parce qu'il faut pouvoir le contrôler, donc là je suis en discussion avec le ministère de l'Intérieur et les choses devraient se faire très rapidement, parce que c'est vrai que de passer de 120-130 à 90 c'est une diminution considérable de la pollution.
BERNARD POIRETTE
Madame ROYAL, une autre question également qui intéresse beaucoup les auditeurs, ils ont dit « puisqu'elle est là, posez-lui la question », l'affaire de la décharge de produits automobile près du haras de Nonant-le-Pin dans l'Orne, il y a un bagarre juridique depuis un an et demi infernale. Quel est votre crédo à vous, vous pensez que c'est judicieux de mettre une décharge à côté d'un endroit aussi emblématique et magnifique ? Ou c est pas votre dossier ?
SEGOLENE ROYAL
C'est une affaire très compliquée qui dure depuis très très longtemps puisque lorsque j'ai été nommée à la tête de ce ministère c'est en effet une affaire dont j'ai entendu parler, parce que ça crée beaucoup d'émotion, c'est un endroit magnifique. Ecoutez, je vous annonce que je vais aller sur place la semaine prochaine. Voilà. J'en aurais le coeur net parce que c'est vrai qu'il y a des enjeux juridiques très importants, c'est-à-dire qu'il faut que l'Etat fasse attention à ce que, en remettant en cause les autorisations données, il ne soit pas condamné à un certain nombre d'indemnisations, mais en même temps ça suffit. Les riverains n'en peuvent plus, les élus n'en peuvent plus. Tout cela est très compliqué. Les gens se disputent sur ce sujet depuis très longtemps. Je vais aller sur place, et comme ça j'écouterai tout un chacun, je prendrai les décisions qui devraient aller dans le bon sens, je l'espère.
BERNARD POIRETTE
Vous avez pris un autre dossier à bras le corps celui de la récupération des invendus alimentaires. Alors ça avance vite, il y a un problème c'est que les associations - par exemple les Restos du Coeur qu'on interrogeait hier ils disaient « nous on veut bien prendre tout ça mais on n'a pas les structures pour stocker, pour conserver au frais, pour redistribuer ». Donc il y a un hiatus là, comment vous pouvez les aider ? Si les industriels sont d'accord pour ne plus jeter, pour ne plus détruire, comment est-ce qu'on fait parvenir aux gens qui ont besoin après ?
SEGOLENE ROYAL
Vous avez raison, il y a une gestion du circuit de ces invendus alimentaires. Mais déjà faisons en sorte que les distributeurs n'aient plus le droit de détruire des invendus qui sont encore consommables. Pourquoi le font-ils ? Pas par perversité. Ils le font parce que souvent il y a des contrats entre certaines marques et les grands distributeurs, et dans ces contrats il y a l'obligation de détruire des invendus pour maintenir le prix du marché. Disons pour aller vite. Ca ça ne doit plus être possible. Donc je vais réunir, vous le savez, le 27 août prochain, l'ensemble des grands distributeurs pour qu'on puisse, de façon contractuelle, faire en sorte que ce qui était dans la loi soit appliquée et que ces pratiques cessent parce qu'il est très choquant de voir d'un côté des personnes qui n'arrivent pas à se nourrir, qui n'arrivent pas à nourrir leurs enfants et de l'autre des invendus alimentaires détruits. Après vous avez raison il faut organiser la chaine de distribution, mais là beaucoup d'élus locaux, de maires justement se sont manifestés pour dire qu'ils étaient prêts à accompagner cette distribution, l'organisation de ces filières caritatives et c'est ce que nous allons voir également avec les associations d'élus pour que les choses s'organisent correctement et que enfin on mette fin à un système qui n'est plus acceptable.
BERNARD POIRETTE
Hier matin Valérie TRIERWEILER était l'invitée de la matinale et elle a dit « j'applaudis des deux mains cette initiative de madame ROYAL, je trouve ça génial qu'on puisse ne plus jeter tous ces produits ». Si elle veut vous donner un coup de main vous direz « oui venez m'aider ».
SEGOLENE ROYAL
Je n'ai pas de commentaire à faire.
BERNARD POIRETTE
Pas là-dessus ? D'accord.
Alors encore une question tout de même, il y a la COP 21 à la fin de l'année, donc c'est le grand sommet de Paris, est-ce que vous êtes optimiste pour sa réussite, c'est-à-dire qu'il s'agit de limiter à 2 degrés la hausse des températures sur la planète, parce que sinon on va dans le mur, est-ce que vous pensez - après votre tournée africaine notamment - que les 195 pays veulent aboutir tous ?
SEGOLENE ROYAL
Je le pense. Je le pense pour une raison simple c'est que le réchauffement climatique crée des dégâts considérables maintenant dans tous les pays. Aucun pays n'est épargné par ces difficultés. Regardez ce qui se passe aux Etats-Unis avec les incendies, les sécheresses, la montée du niveau de la mer, les ouragans ; et puis dans les pays les plus pauvres c'est encore plus dramatique. Je le vois effectivement en Afrique, qui ne sont pas les pays qui sont à l'origine du réchauffement climatique et qui en même temps le subissent très durement et notamment en provoquant un phénomène qui menace la sécurité publique, la sécurité et l'équilibre planétaire. Ce sont ce qu'on appelle les migrations de la misère, c'est-à-dire des populations qui ne peuvent plus rester dans leur village
BERNARD POIRETTE
Parce que le climat est intenable.
SEGOLENE ROYAL
Qui ne peuvent plus faire d'agriculture parce que la sécheresse progressant, la diminution de l'eau, la déforestation font que ces populations ne peuvent plus vivre dans leur village. Et ça c'est absolument dramatique. Ce que je veux dire par là c'est que tout le monde a intérêt à agir, et c'est ça qui est en train de changer. On n'entend plus aujourd'hui ce qu'on appelait des climato-sceptiques, mais au contraire
BERNARD POIRETTE
Moins, on les entend moins.
SEGOLENE ROYAL
On ne les entend même plus du tout parce que n'a plus de sens. Et on voit aujourd'hui que tous les pays font leur contribution nationale puisque avant décembre il faut que chaque pays puisse dire ce qu'il a l'intention de faire pour réduire le réchauffement climatique. La France est le seul pays à avoir voté avec la loi de transition énergétique pour la croissance verte - dont nous parlions à l'instant et à être passée des discours aux actes, puisque grâce à cette loi la France s'engage, c'est maintenant inscrit dans la loi, à diminuer de 40 % d'ici 2030 les gaz à effet de serre, à monter en puissance jusqu'à 32 % exactement les énergies renouvelables, à diminuer la consommation énergétique, et nous sommes le seul pays à avoir fait une loi aussi globale qui intègre le bâtiment, la montée en puissance des énergies renouvelables, l'économie circulaire avec le retraitement des déchets ou la transformation des déchets en énergie, je pense par exemple à l'agriculture avec les méthaniseurs, la mise en mouvement des territoires à énergie positive ; et nous le faisons parce que nous sommes le pays hôte et que nous avons voulu absolument être exemplaire et entrainer les pays pour montrer que c'était possible.
BERNARD POIRETTE
Eh bien espérons que ça se passera comme vous le souhaitez en tout cas. Merci beaucoup. Ségolène ROYAL, la ministre de l'Ecologie invitée de RTL ce matin et bon conseil des Ministres tout à l'heure madame ROYAL. Merci beaucoup.
SEGOLENE ROYAL
Oui merci.Source : Service d'information du Gouvernement, le 19 août 2015