Interview de M. Christian Poncelet, président du Sénat, dans "Le Figaro Economie" le 6 juillet 2001, sur le rôle de l'Etat et des opérateurs pour assurer le service universel du téléphone et du téléphone mobile sur tout le territoire.

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Texte intégral

1°) Les problèmes de couverture en téléphonie mobile sont-ils importants dans votre département ?
Au-delà des agglomérations d'Epinal, Remiremont et Saint-Dié correctement couvertes par "l'opérateur historique" France Télécom et par SFR et Bouygues qui ont fait de gros efforts, la couverture en téléphonie mobile pose des problèmes et affecte principalement quelques cantons ruraux. Dans un département au relief très accidenté comme le Département des Vosges, la toile tissée laisse, hélas, de nombreuses zones dans l'ombre.
2°) Est-ce un réel handicap pour vos administrés et la vie économique du département ?
Evidemment, les élus locaux, les acteurs économiques et sociaux, les particuliers s'en plaignent amèrement. Cette défaillance constitue un handicap supplémentaire, qui s'ajoute à tous les problèmes du monde rural (enclavement routier et ferroviaire, fermeture des services publics, etc...). Tout cela crée et alimente la " fracture territoriale " qui, peu à peu, s'est constituée et aggrave la fracture sociale connue de tous.
3°) En tant qu'élu, est-ce une revendication que vous défendez ?
Comment pourrais-je l'ignorer ? Elle est quotidienne, lancinante. Elle est de la responsabilité de l'Etat qui a, via l'opérateur historique France Télécom, le devoir de donner le libre accès au service public du téléphone et donc de la téléphonie mobile à chacun de nos concitoyens.
4°) Les opérateurs ne sont pas tenus d'améliorer le taux de couverture du territoire. Que proposez-vous pour les inciter à le faire ? Seriez-vous prêt à participer à l'effort financier que cela représente ?
Une bonne couverture par le téléphone mobile est un élément décisif d'un aménagement équilibré du territoire. L'Autorité de Régulation des Télécommunications a toujours considéré que cette responsabilité était d'abord celle de l'Etat et des opérateurs. Les collectivités locales ne peuvent pas en permanence pallier les carences de l'Etat.
5°) L'ART propose que la contribution des opérateurs mobiles au service universel (qui aide France Télécom à financer les services publics de téléphonie mobile) soit affectée à l'amélioration du taux de couverture GSM du territoire. Est-ce selon vous une bonne solution ?
La solution proposée par l'ART me paraît judicieuse d'autant que le coût du service universel, comme le souligne le dernier rapport de l'Autorité, est en diminution. Le mécanisme actuel de cette contribution risque d'ailleurs d'être prochainement remis en cause par Bruxelles. Une disposition législative devrait toutefois être prise pour mettre en oeuvre cette réforme ; je ne doute pas que les sénateurs, toujours soucieux d'aménagement équilibré du territoire, l'étudieront avec intérêt.
(source http://www.senat.fr, le 14 août 2001)