Texte intégral
Les pays des Balkans occidentaux subissent un afflux de migrants sans précédent puisque, vous le savez, depuis simplement un mois, il y a eu plus de 40.000 migrants qui viennent de Syrie, d'Afghanistan et qui passent très souvent par la Grèce ou par la Turquie.
Ils empruntent ce qu'on appelle maintenant la «route des Balkans» par la Macédoine notamment, la Serbie, pour essayer de se rendre dans les pays de l'Union européenne, pour aller en Allemagne, parfois même pour aller ensuite en Suède ou en France afin d'essayer de trouver asile.
Il y a donc une situation d'urgence qui est sans précédent. Depuis la Seconde Guerre mondiale il n'y a jamais eu de tels mouvements de population en Europe. On l'a vu avec ces drames humanitaires et sécuritaires dans la Méditerranée centrale depuis plusieurs mois en Sicile. On voit maintenant que, par ce qu'on appelle la «Méditerranée orientale», par la voie de la Grèce et des Balkans, il y a ce même problème qui est en train de se poser.
Il y a donc d'abord une urgence humanitaire : il faut apporter une aide aux pays des Balkans qui sont confrontés à une arrivée très massive de population et il doit donc y avoir une solidarité européenne. Ce sont des pays voisins, ce sont également des pays qui ont vocation à rejoindre l'Union européenne.
C'est pourquoi cette réunion aujourd'hui était particulièrement importante avec la France, l'Italie, l'Allemagne aux côtés des pays des Balkans et évidemment avec l'Autriche.
Et puis il y a aussi à mettre en place de façon très urgente les centres d'enregistrement des migrants là où ils arrivent, notamment en Grèce et en Italie, pour qu'il puisse y avoir une distinction qui soit faite entre les demandeurs d'asile, ceux qui vraiment fuient les guerres civiles ou la répression et qui doivent pouvoir être accueillis, mais accueillis pas seulement dans deux ou trois pays de l'Union européenne, accueillis de façon solidaire et répartis dans l'ensemble de l'Union européenne ; et faire la distinction avec les migrants économiques, qui eux n'ont pas le statut de réfugié et qui ne peuvent pas venir s'ils n'ont pas l'autorisation, pour lesquels il faut organiser des réadmissions, en lien avec les pays d'origine. C'est notamment le cas aujourd'hui pour beaucoup de migrants qui arrivent en Sicile et qui peuvent venir d'un certain nombre de pays d'Afrique de l'Ouest.
Mais cela suppose aussi d'aider ces pays d'origine ou de transit comme le Niger, par où passent des gens qui viennent de l'Érythrée ou qui viennent parfois de l'autre côté, du Sénégal ou du Mali. Il faut aider ces pays en termes de développement, en termes de projets de coopération. Il faut qu'il y ait une action très coordonnée au niveau européen.
Q - Est-ce que vous soutenez justement ce plan dont on parle, un plan de 12 milliards d'euros de la Commission pour aider les infrastructures dans les Balkans et pour faire en sorte que les Kosovars restent dans leur pays par exemple ?
R - Je crois que la Commission va devoir effectivement mettre des moyens de soutien financier pour assurer que l'on puisse accueillir les migrants et mettre en place des structures qui soient dignes sur le plan humanitaire, mais aussi pour que puisse être organisé l'enregistrement de ces migrants pour savoir ceux qui relèvent de l'asile et ceux qui n'ont pas le droit ou la vocation à rentrer dans l'Union européenne.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 16 septembre 2015