Texte intégral
FABIENNE SINTES
Votre invité ce matin, Jean-François ACHILLI, est donc ministre des Finances.
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Bonjour Michel SAPIN.
MICHEL SAPIN
Bonjour.
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Alors les profs font leur rentrée ce matin avec en toile de fond toujours la question des salaires, de la rémunération, l'offre la plus alléchante vient du camp d'en face, Alain JUPPE qui propose une hausse générale de 10 % du salaire des profs, est-ce que c'est envisageable ?
MICHEL SAPIN
Ce n'est parfois l'inconvénient d'être dans l'opposition c'est qu'on rase gratis et, là, il rase gratis, tout ce qu'ils n'ont pas fait ils voudraient maintenant le promettre, le tout d'ailleurs en diminuant le déficit public et en diminuant les dépenses publiques, donc ça n'a pas beaucoup de crédibilité. Il y a eu des revalorisations dans des secteurs où c'est nécessaire, où c'est plus difficile, qu'ils soient augmentés c'est bien, que l'école c'est ce que nous faisons dispose des moyens et en particulier des moyens humains, c'est nous qui embauchons chaque année des professeurs supplémentaires, c'est bien, mais il ne faut pas faire de ce sujet-là
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Parce qu'il faudrait augmenter le budget de l'Etat peut-être ?
MICHEL SAPIN
Il ne faudrait pas faire sur ce sujet-là une démagogie qui me parait mal placée.
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Pendant ce temps Michel COMBES, Fabienne SINTES le rappelait à l'instant, s'apprête à empocher 14 millions d'euros en primes diverses - essentiellement des actions - pour avoir sauvé ALCATEL Lucent qu'il dirigeait, revendu à NOKIA, est-ce que tout ça est moral ?
MICHEL SAPIN
Je ne sais pas comment on peut faire ! Même si tout ça doit être légal, tout ça doit être conforme aux règles, aux contrats, mais dans le monde d'aujourd'hui ce n'est pas tellement par rapport à une entreprise, ce n'est pas par rapport à la situation de cette entreprise je le dirais pour toute entreprise - dans le monde d'aujourd'hui, avec les difficultés que les uns et les autres rencontrent, à un moment donné il faut un peu de bon sens, un peu de mesure, un peu de retenue et là, en l'occurrence, monsieur COMBES n'en a pas eus.
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Vous pensez que le MEDEF devrait y mettre de l'ordre, il y a un code MEDEF à faire ?
MICHEL SAPIN
Il y a un code MEDEF ! Mais là, en plus je n'ai pas été regardé, je pense qu'il est respecté le code MEDEF, donc on est dans un domaine où c'est la mesure, c'est essayer de comprendre ce que ça veut dire aux yeux des autres, aux yeux de l'ensemble des Français et, à partir de là, de prendre les bonnes décisions. Il est encore temps qu'il le fasse !
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Parce que le politique ne peut que s'indigner, il ne peut légalement rien y faire ?
MICHEL SAPIN
Mais bien sûr puisque ce sont les règles, c'est la loi, on ne va pas modifier à chaque fois que quelqu'un part à la retraite dans les conditions qui sont conformes à la loi, ça ne changera rien pour monsieur COMBES et ça ne changera rien pour un autre. Non, si chacun se regardait lui-même et prenait des décisions à la mesure de ce qui est acceptable dans le temps d'aujourd'hui, il agirait autrement.
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Michel SAPIN, c'est sans doute parce que vous êtes invité ce matin sur France Info, Les Echos nous offrent un scoop à la une, le montant de la baisse d'impôts promise par le chef de lEtat, deux milliards disent Les Echos, est-ce que vous confirmez ce chiffre ce matin ?
MICHEL SAPIN
Non, la seule chose que je confirme c'est que le président de la République a annoncé clairement qu'il y aurait une mesure de baisse d'impôts dans la loi de finances pour 2016. Pourquoi ? Parce que nous avons déjà commencé à baisser les impôts et en particulier les impôts sur le revenu, parce que nous avons demandé des efforts et pas simplement aux plus riches des Français, parfois à des Français très modestes, au cours de ces dernières années et qui parait légitime au moment où la France commence à aller mieux de rendre en quelque sorte à ces Français modestes les efforts
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
C'est de la redistribution immédiate, quoi ?
MICHEL SAPIN
Je ne sais pas si c'est de la redistribution, c'est en tous les cas des efforts de plus. Vous savez que le nombre des foyers imposés à a considérablement augmenté entre 2010 et aujourd'hui, il ne me parait pas anormal de revenir à peu près au même niveau que de 2010, ce n'est pas concentrer l'impôt sur le revenu que de revenir à la situation précédente, c'est-à-dire rendre aux Français les plus modestes une part des efforts qu'ils ont souhaitée et acceptée plus ou moins bien et de plus ou moins bon coeur de faire.
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Ca c'est pour le principe, c'est très audible d'ailleurs pour les contribuables. Mais vous êtes ministre des Finances, vous êtes à Bercy, c'est un peu casse-tête tout ça, ce n'est pas compliqué : soit vous faites payer encore plus les plus fortunés, soit vous renoncez à une partie du pacte, il faut trouver l'argent - il n'y est pas ou, alors, vous pariez sur la croissance ?
MICHEL SAPIN
Vous n'en savez rien s'il n'y est ou s'il n'est pas !
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Ah !
MICHEL SAPIN
Non ! 1) nous baissons les impôts, ce n'est pas pour les augmenter par ailleurs, parce qu'alors ça c'est gribouille, je baisse pour les uns, j'&augmente pour les autres, résultat, le commentaire, c'est : « les impôts augmentent ». Parfois on baisse les impôts de trois milliards d'un côté, on les augmente d'un euro de l'autre, et le commentaire c'est : « les impôts augmentent ». Donc, soyons cohérents : on baisse les impôts, on ne va pas commencer à les augmenter pour quelque catégorie de Français que ce soit et pour la deuxième année consécutive, en 2016, après 2015, l'impôt sur le revenu n'augmentera pas pour personne, sauf modification de la situation personnelle des gens sur leurs revenus ou leur situation familiale ; 2ème chose, on ne va pas modifier nos objectifs de baisse de déficit, nous allons attendre c'est la première fois depuis quatre ans nos objectifs de déficit cette année, il faut diminuer les déficits, il ne suffit pas de le dire
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Donc, pas touche à ça ?
MICHEL SAPIN
Il ne suffit pas de l'annoncer, il faut le faire et le constater. Donc, on ne va pas changer ça. Pour le reste, écoutez, faites-nous confiance, il y a des moyens avec les sommes considérables que l'Etat, les collectivités locales, la Sécurité Sociale dépensent de trouver deux milliards pour rendre une partie des efforts aux Français les plus modestes.
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Ah ! C'est comme une confirmation implicite du chiffre, vous dites deux milliards, ça me semble être le bon ?
MICHEL SAPIN
Non ! Mais c'est parce que vous parlez de deux milliards
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Oui ! Un, deux, trois
MICHEL SAPIN
Un, deux, trois, quatre, vous pouvez prendre le chiffre que vous voulez.
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
D'accord ! D'accord. Il y a une réforme du Code du travail qui est sur la table - on le sait - et il y a un job à pourvoir, ministre du Travail, ça vous intéresse Michel SAPIN ou vous
MICHEL SAPIN
Ah Je l'ai déjà fait, je ne sais pas si vous vous en souvenez, mais
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Oui ! Oui, je sais oui.
MICHEL SAPIN
J'ai déjà fait ce travail, je l'avais d'ailleurs
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Ca vous intéresserait de le reprendre ?
MICHEL SAPIN
C'est passionnant !
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
De l'additionner à celui de
MICHEL SAPIN
Je pense qu'il faut plutôt éviter de revenir sur les territoires qu'on a déjà travaillés et balisés et il y a beaucoup d'hommes ou de femmes de talent pour faire ce travail ! Et puis je suis là au Ministère des Finances, vous m'interrogez sur le budget de 20126, j'y travaille avec le président de la République, avec le Premier ministre, je n'ai pas le sentiment d'être arrivé au bout de ma tâche.
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Alors un mot sur le déplacement à Calais aujourd'hui, nous avions le maire de Calais en direct, de Manuel VALLS et de Bernard CAZENEUVE, l'Europe doit-elle financer plus en avant - et le fait-elle dailleurs l'accueil de ce qu'on appelle les migrants, ce mot qui résume la situation et les drames personnels ?
MICHEL SAPIN
Est-ce que je peux dire un mot sur le mot lui-même, migrant ?
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Oui ! Allez-y.
MICHEL SAPIN
Parce qu'au fond qu'est-ce qui est terrible aujourd'hui ? Ce n'est pas qu'il y ait du mouvement de populations, il y en a toujours eu, c'est qu'il y ait des réfugiés, des réfugiés ce sont des gens qui sont chassés de chez eux, qui sont chassés et qui partent pour des raisons qui tiennent à leur vie, qui tiennent à lintégrité de leur corps, parce que quand ils sont en Syrie ou parce qu'ils sont en Irak, ou parce qu'ils appartiennent à telle ou telle minorité ethnique ou religieuse, c'est leur vie qui est en cause, donc c'est ces réfugiés - et c'est la première fois effectivement depuis 1945 qu'il y a de tels mouvements de réfugiés donc on ne peut pas rester comme ça sans regarder, sans regarder et sans agir.. Parce qu'il y a de l'humanité, nous avons une tradition, l'Europe pas la France l'Europe a une tradition d'accueil des réfugiés. Alors ne confonds pas, parce que c'est parfois ce que font certains, ces réfugiés avec ceux qui par ailleurs peuvent être des immigrés qui cherchent du travail, qui cherchent un monde meilleur, là - quand ils cherchent un monde meilleur on doit appliquer la loi et la loi c'est que, s'ils sont irréguliers, ils repartent chez eux, s'agissant de ceux qui sont des réfugiés ceux-là doivent accueillis dignement. Mais ce n'est pas un pays qui doit les accueillir, en l'occurrence c'est l'Europe qui les accueille, donc oui il faut une politique européenne de l'accueil des réfugiés, qui se résume très simplement : on doit avoir à peu près les mêmes règles partout et il faut financer de manière solidaire, ça ne doit pas être porté uniquement par trois ou quatre pays.
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
L'Allemagne a bougé sur ces questions on l'a vu, y compris même l'opinion allemande, certains grands patrons Outre-Rhin pardon pour l'expression mais lorgnent sur une partie de ces populations parce qu'il y a des personnalités qui arrivent qui sont des ingénieurs, parfois des ouvriers qualifiés, est-ce qu'il y a une forme de cynisme ou est-ce que c'est du réalisme au fond dont il faut prendre compte et est-ce qu'on devrait s'en inspirer chez nous ?
MICHEL SAPIN
Indépendamment de la question des réfugiés en tant que tels et l'Allemagne fait un effort comme tous les autres pays et à peu près à la mesure de celui que nous faisons aussi en France, ne créons pas de différences entre deux pays qui font à peu près les mêmes efforts mais l'Allemagne a une attitude un peu différente qui se résume simplement, l'Allemagne perdrait tous les ans de la population si elle n'accueillait pas un certain nombre d'étrangers, elle perdrait de sa substance économique, de sa capacité de travail si elle n'acceptait pas un certain nombre d'immigrés sur son sol. La situation est très différente en France, comme vous le savez nous avons fait des enfants, nous continuons à faire des enfants, il y a tous les ans des jeunes qui arrivent sur le marché du travail et un des objectifs de notre politique c'est de faire en sorte que ces jeunes-là trouvent de l'emploi. Alors accueillons avec la générosité que nous devons à ceux qui sont des réfugiés mais faisons-le aussi dans un cadre qui respecte l'intérêt dans l'ensemble de l'économie française.
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Michel SAPIN, un mot sur le discours également de Manuel VALLS hier, présidentiable .
MICHEL SAPIN
Je ne sais pas si c'était un discours présidentiable !
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Vous étiez assis aux premiers rangs
MICHEL SAPIN
On peut toujours dire ça à 10, 15 ans ou 20 ans de là, mais c'était un très beau discours. C'était un discours engagé, engagé dans tous les sens du terme, parce que
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Digne d'un candidat à l'élection présidentielle, c'est ça la question ?
MICHEL SAPIN
Qui est digne d'un chef qui est aujourd'hui le chef d'un gouvernement, digne d'un homme d'action qui est dans l'action gouvernementale, digne de quelqu'un qui est dans ses responsabilités. Nous, nous assumons nos responsabilités, ce n'est pas simple quand on est au pouvoir - parce qu'on vous fait tous les reproches du monde - mais, nous, nous assumons les responsabilités là où d'autres se divisent et s'éparpillent, et c'est dommage. C'est maintenant à nous, à nous à gauche, à nous par l'action gouvernementale, par son efficacité - qu'il faut évidemment renforcer de porter les espoirs de la gauche.
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Ceux qui s'éparpillent, vous faites allusion notamment aux Verts ?
MICHEL SAPIN
Oui ! Ils s'éparpillent, c'est quand même terrible, pour moi c'est terrible, c'est un des mouvements qui porte au fond les plus belles idées les plus adaptées aux débats d'aujourd'hui et à la manière de réagir pour que notre monde évolue autrement. Et à quoi se résument leurs débats ? A des querelles internes ! Il y a là quelque chose d'assez désespérant. Dans ces cas-là, écoutez, puisqu'ils ne les portent pas ces débats, à nous de les porter, à nous socialistes, à nous de gauche, à nous de porter le débat sur la Cop21 pour le dire autrement, la lutte contre le réchauffement climatique - et nous le faisons : président de la République, Premier ministre, moi-même, Laurent FABIUS, Ségolène ROYAL nous portons ces débats et on veut un succès.
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Vous avez entendu ce qu'a dit Jean-Luc MELENCHON hier : « tout organisme de gauche ou qui se veut tel atteint de macronite est promis à la mélenchonisation, en clair plus monsieur MACRON parle et plus les électeurs iraient vers la gauche de la gauche ?
MICHEL SAPIN
Vous voyez vous avez besoin de dire en clair ! Parce que moi je ne comprends rien à ce que dit MELENCHON, d'ailleurs les Français ne comprennent rien ce que dit MELENCHON et ce que dit MELENCHON n'a strictement aucune importance.
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Et Emmanuel MACRON rapatrie au fond de l'électorat à gauche, la gauche de la gauche, le Front de gauche ?
MICHEL SAPIN
Eh bien ça si c'était vrai ça se verrait, on verrait les résultats. Non ! Ca aussi c'est de l'éparpillement, ça aussi c'est simplement de la division, ça aussi c'est contraire à ce que veulent les Français qui se reconnaissent dans les valeurs de gauche, qui ont envie de voir plus d'efficacité et qui n'ont surtout pas envie de voir revenir au pouvoir une droite qu'il exècre.
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Emmanuel MACRON, vous validez ses propos sur les 35 heures et tout le reste ?
MICHEL SAPIN
Mais c'est toujours la même chose, on prend un petit bout de phrase et on en fait tout un roman. Ce que le Premier ministre a dit hier résume l'action gouvernementale, pas question de toucher aux 35 heures, mais, s'il faut faire évoluer je l'ai fait lorsque jétais ministre du Travail sur tel ou tel point le Code du travail, faisons-le dans l'intérêt des entreprises, dans l'intérêt des salariés.
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Merci à vous Michel SAPIN.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 15 septembre 2015
Votre invité ce matin, Jean-François ACHILLI, est donc ministre des Finances.
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Bonjour Michel SAPIN.
MICHEL SAPIN
Bonjour.
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Alors les profs font leur rentrée ce matin avec en toile de fond toujours la question des salaires, de la rémunération, l'offre la plus alléchante vient du camp d'en face, Alain JUPPE qui propose une hausse générale de 10 % du salaire des profs, est-ce que c'est envisageable ?
MICHEL SAPIN
Ce n'est parfois l'inconvénient d'être dans l'opposition c'est qu'on rase gratis et, là, il rase gratis, tout ce qu'ils n'ont pas fait ils voudraient maintenant le promettre, le tout d'ailleurs en diminuant le déficit public et en diminuant les dépenses publiques, donc ça n'a pas beaucoup de crédibilité. Il y a eu des revalorisations dans des secteurs où c'est nécessaire, où c'est plus difficile, qu'ils soient augmentés c'est bien, que l'école c'est ce que nous faisons dispose des moyens et en particulier des moyens humains, c'est nous qui embauchons chaque année des professeurs supplémentaires, c'est bien, mais il ne faut pas faire de ce sujet-là
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Parce qu'il faudrait augmenter le budget de l'Etat peut-être ?
MICHEL SAPIN
Il ne faudrait pas faire sur ce sujet-là une démagogie qui me parait mal placée.
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Pendant ce temps Michel COMBES, Fabienne SINTES le rappelait à l'instant, s'apprête à empocher 14 millions d'euros en primes diverses - essentiellement des actions - pour avoir sauvé ALCATEL Lucent qu'il dirigeait, revendu à NOKIA, est-ce que tout ça est moral ?
MICHEL SAPIN
Je ne sais pas comment on peut faire ! Même si tout ça doit être légal, tout ça doit être conforme aux règles, aux contrats, mais dans le monde d'aujourd'hui ce n'est pas tellement par rapport à une entreprise, ce n'est pas par rapport à la situation de cette entreprise je le dirais pour toute entreprise - dans le monde d'aujourd'hui, avec les difficultés que les uns et les autres rencontrent, à un moment donné il faut un peu de bon sens, un peu de mesure, un peu de retenue et là, en l'occurrence, monsieur COMBES n'en a pas eus.
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Vous pensez que le MEDEF devrait y mettre de l'ordre, il y a un code MEDEF à faire ?
MICHEL SAPIN
Il y a un code MEDEF ! Mais là, en plus je n'ai pas été regardé, je pense qu'il est respecté le code MEDEF, donc on est dans un domaine où c'est la mesure, c'est essayer de comprendre ce que ça veut dire aux yeux des autres, aux yeux de l'ensemble des Français et, à partir de là, de prendre les bonnes décisions. Il est encore temps qu'il le fasse !
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Parce que le politique ne peut que s'indigner, il ne peut légalement rien y faire ?
MICHEL SAPIN
Mais bien sûr puisque ce sont les règles, c'est la loi, on ne va pas modifier à chaque fois que quelqu'un part à la retraite dans les conditions qui sont conformes à la loi, ça ne changera rien pour monsieur COMBES et ça ne changera rien pour un autre. Non, si chacun se regardait lui-même et prenait des décisions à la mesure de ce qui est acceptable dans le temps d'aujourd'hui, il agirait autrement.
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Michel SAPIN, c'est sans doute parce que vous êtes invité ce matin sur France Info, Les Echos nous offrent un scoop à la une, le montant de la baisse d'impôts promise par le chef de lEtat, deux milliards disent Les Echos, est-ce que vous confirmez ce chiffre ce matin ?
MICHEL SAPIN
Non, la seule chose que je confirme c'est que le président de la République a annoncé clairement qu'il y aurait une mesure de baisse d'impôts dans la loi de finances pour 2016. Pourquoi ? Parce que nous avons déjà commencé à baisser les impôts et en particulier les impôts sur le revenu, parce que nous avons demandé des efforts et pas simplement aux plus riches des Français, parfois à des Français très modestes, au cours de ces dernières années et qui parait légitime au moment où la France commence à aller mieux de rendre en quelque sorte à ces Français modestes les efforts
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
C'est de la redistribution immédiate, quoi ?
MICHEL SAPIN
Je ne sais pas si c'est de la redistribution, c'est en tous les cas des efforts de plus. Vous savez que le nombre des foyers imposés à a considérablement augmenté entre 2010 et aujourd'hui, il ne me parait pas anormal de revenir à peu près au même niveau que de 2010, ce n'est pas concentrer l'impôt sur le revenu que de revenir à la situation précédente, c'est-à-dire rendre aux Français les plus modestes une part des efforts qu'ils ont souhaitée et acceptée plus ou moins bien et de plus ou moins bon coeur de faire.
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Ca c'est pour le principe, c'est très audible d'ailleurs pour les contribuables. Mais vous êtes ministre des Finances, vous êtes à Bercy, c'est un peu casse-tête tout ça, ce n'est pas compliqué : soit vous faites payer encore plus les plus fortunés, soit vous renoncez à une partie du pacte, il faut trouver l'argent - il n'y est pas ou, alors, vous pariez sur la croissance ?
MICHEL SAPIN
Vous n'en savez rien s'il n'y est ou s'il n'est pas !
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Ah !
MICHEL SAPIN
Non ! 1) nous baissons les impôts, ce n'est pas pour les augmenter par ailleurs, parce qu'alors ça c'est gribouille, je baisse pour les uns, j'&augmente pour les autres, résultat, le commentaire, c'est : « les impôts augmentent ». Parfois on baisse les impôts de trois milliards d'un côté, on les augmente d'un euro de l'autre, et le commentaire c'est : « les impôts augmentent ». Donc, soyons cohérents : on baisse les impôts, on ne va pas commencer à les augmenter pour quelque catégorie de Français que ce soit et pour la deuxième année consécutive, en 2016, après 2015, l'impôt sur le revenu n'augmentera pas pour personne, sauf modification de la situation personnelle des gens sur leurs revenus ou leur situation familiale ; 2ème chose, on ne va pas modifier nos objectifs de baisse de déficit, nous allons attendre c'est la première fois depuis quatre ans nos objectifs de déficit cette année, il faut diminuer les déficits, il ne suffit pas de le dire
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Donc, pas touche à ça ?
MICHEL SAPIN
Il ne suffit pas de l'annoncer, il faut le faire et le constater. Donc, on ne va pas changer ça. Pour le reste, écoutez, faites-nous confiance, il y a des moyens avec les sommes considérables que l'Etat, les collectivités locales, la Sécurité Sociale dépensent de trouver deux milliards pour rendre une partie des efforts aux Français les plus modestes.
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Ah ! C'est comme une confirmation implicite du chiffre, vous dites deux milliards, ça me semble être le bon ?
MICHEL SAPIN
Non ! Mais c'est parce que vous parlez de deux milliards
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Oui ! Un, deux, trois
MICHEL SAPIN
Un, deux, trois, quatre, vous pouvez prendre le chiffre que vous voulez.
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
D'accord ! D'accord. Il y a une réforme du Code du travail qui est sur la table - on le sait - et il y a un job à pourvoir, ministre du Travail, ça vous intéresse Michel SAPIN ou vous
MICHEL SAPIN
Ah Je l'ai déjà fait, je ne sais pas si vous vous en souvenez, mais
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Oui ! Oui, je sais oui.
MICHEL SAPIN
J'ai déjà fait ce travail, je l'avais d'ailleurs
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Ca vous intéresserait de le reprendre ?
MICHEL SAPIN
C'est passionnant !
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
De l'additionner à celui de
MICHEL SAPIN
Je pense qu'il faut plutôt éviter de revenir sur les territoires qu'on a déjà travaillés et balisés et il y a beaucoup d'hommes ou de femmes de talent pour faire ce travail ! Et puis je suis là au Ministère des Finances, vous m'interrogez sur le budget de 20126, j'y travaille avec le président de la République, avec le Premier ministre, je n'ai pas le sentiment d'être arrivé au bout de ma tâche.
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Alors un mot sur le déplacement à Calais aujourd'hui, nous avions le maire de Calais en direct, de Manuel VALLS et de Bernard CAZENEUVE, l'Europe doit-elle financer plus en avant - et le fait-elle dailleurs l'accueil de ce qu'on appelle les migrants, ce mot qui résume la situation et les drames personnels ?
MICHEL SAPIN
Est-ce que je peux dire un mot sur le mot lui-même, migrant ?
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Oui ! Allez-y.
MICHEL SAPIN
Parce qu'au fond qu'est-ce qui est terrible aujourd'hui ? Ce n'est pas qu'il y ait du mouvement de populations, il y en a toujours eu, c'est qu'il y ait des réfugiés, des réfugiés ce sont des gens qui sont chassés de chez eux, qui sont chassés et qui partent pour des raisons qui tiennent à leur vie, qui tiennent à lintégrité de leur corps, parce que quand ils sont en Syrie ou parce qu'ils sont en Irak, ou parce qu'ils appartiennent à telle ou telle minorité ethnique ou religieuse, c'est leur vie qui est en cause, donc c'est ces réfugiés - et c'est la première fois effectivement depuis 1945 qu'il y a de tels mouvements de réfugiés donc on ne peut pas rester comme ça sans regarder, sans regarder et sans agir.. Parce qu'il y a de l'humanité, nous avons une tradition, l'Europe pas la France l'Europe a une tradition d'accueil des réfugiés. Alors ne confonds pas, parce que c'est parfois ce que font certains, ces réfugiés avec ceux qui par ailleurs peuvent être des immigrés qui cherchent du travail, qui cherchent un monde meilleur, là - quand ils cherchent un monde meilleur on doit appliquer la loi et la loi c'est que, s'ils sont irréguliers, ils repartent chez eux, s'agissant de ceux qui sont des réfugiés ceux-là doivent accueillis dignement. Mais ce n'est pas un pays qui doit les accueillir, en l'occurrence c'est l'Europe qui les accueille, donc oui il faut une politique européenne de l'accueil des réfugiés, qui se résume très simplement : on doit avoir à peu près les mêmes règles partout et il faut financer de manière solidaire, ça ne doit pas être porté uniquement par trois ou quatre pays.
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
L'Allemagne a bougé sur ces questions on l'a vu, y compris même l'opinion allemande, certains grands patrons Outre-Rhin pardon pour l'expression mais lorgnent sur une partie de ces populations parce qu'il y a des personnalités qui arrivent qui sont des ingénieurs, parfois des ouvriers qualifiés, est-ce qu'il y a une forme de cynisme ou est-ce que c'est du réalisme au fond dont il faut prendre compte et est-ce qu'on devrait s'en inspirer chez nous ?
MICHEL SAPIN
Indépendamment de la question des réfugiés en tant que tels et l'Allemagne fait un effort comme tous les autres pays et à peu près à la mesure de celui que nous faisons aussi en France, ne créons pas de différences entre deux pays qui font à peu près les mêmes efforts mais l'Allemagne a une attitude un peu différente qui se résume simplement, l'Allemagne perdrait tous les ans de la population si elle n'accueillait pas un certain nombre d'étrangers, elle perdrait de sa substance économique, de sa capacité de travail si elle n'acceptait pas un certain nombre d'immigrés sur son sol. La situation est très différente en France, comme vous le savez nous avons fait des enfants, nous continuons à faire des enfants, il y a tous les ans des jeunes qui arrivent sur le marché du travail et un des objectifs de notre politique c'est de faire en sorte que ces jeunes-là trouvent de l'emploi. Alors accueillons avec la générosité que nous devons à ceux qui sont des réfugiés mais faisons-le aussi dans un cadre qui respecte l'intérêt dans l'ensemble de l'économie française.
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Michel SAPIN, un mot sur le discours également de Manuel VALLS hier, présidentiable .
MICHEL SAPIN
Je ne sais pas si c'était un discours présidentiable !
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Vous étiez assis aux premiers rangs
MICHEL SAPIN
On peut toujours dire ça à 10, 15 ans ou 20 ans de là, mais c'était un très beau discours. C'était un discours engagé, engagé dans tous les sens du terme, parce que
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Digne d'un candidat à l'élection présidentielle, c'est ça la question ?
MICHEL SAPIN
Qui est digne d'un chef qui est aujourd'hui le chef d'un gouvernement, digne d'un homme d'action qui est dans l'action gouvernementale, digne de quelqu'un qui est dans ses responsabilités. Nous, nous assumons nos responsabilités, ce n'est pas simple quand on est au pouvoir - parce qu'on vous fait tous les reproches du monde - mais, nous, nous assumons les responsabilités là où d'autres se divisent et s'éparpillent, et c'est dommage. C'est maintenant à nous, à nous à gauche, à nous par l'action gouvernementale, par son efficacité - qu'il faut évidemment renforcer de porter les espoirs de la gauche.
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Ceux qui s'éparpillent, vous faites allusion notamment aux Verts ?
MICHEL SAPIN
Oui ! Ils s'éparpillent, c'est quand même terrible, pour moi c'est terrible, c'est un des mouvements qui porte au fond les plus belles idées les plus adaptées aux débats d'aujourd'hui et à la manière de réagir pour que notre monde évolue autrement. Et à quoi se résument leurs débats ? A des querelles internes ! Il y a là quelque chose d'assez désespérant. Dans ces cas-là, écoutez, puisqu'ils ne les portent pas ces débats, à nous de les porter, à nous socialistes, à nous de gauche, à nous de porter le débat sur la Cop21 pour le dire autrement, la lutte contre le réchauffement climatique - et nous le faisons : président de la République, Premier ministre, moi-même, Laurent FABIUS, Ségolène ROYAL nous portons ces débats et on veut un succès.
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Vous avez entendu ce qu'a dit Jean-Luc MELENCHON hier : « tout organisme de gauche ou qui se veut tel atteint de macronite est promis à la mélenchonisation, en clair plus monsieur MACRON parle et plus les électeurs iraient vers la gauche de la gauche ?
MICHEL SAPIN
Vous voyez vous avez besoin de dire en clair ! Parce que moi je ne comprends rien à ce que dit MELENCHON, d'ailleurs les Français ne comprennent rien ce que dit MELENCHON et ce que dit MELENCHON n'a strictement aucune importance.
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Et Emmanuel MACRON rapatrie au fond de l'électorat à gauche, la gauche de la gauche, le Front de gauche ?
MICHEL SAPIN
Eh bien ça si c'était vrai ça se verrait, on verrait les résultats. Non ! Ca aussi c'est de l'éparpillement, ça aussi c'est simplement de la division, ça aussi c'est contraire à ce que veulent les Français qui se reconnaissent dans les valeurs de gauche, qui ont envie de voir plus d'efficacité et qui n'ont surtout pas envie de voir revenir au pouvoir une droite qu'il exècre.
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Emmanuel MACRON, vous validez ses propos sur les 35 heures et tout le reste ?
MICHEL SAPIN
Mais c'est toujours la même chose, on prend un petit bout de phrase et on en fait tout un roman. Ce que le Premier ministre a dit hier résume l'action gouvernementale, pas question de toucher aux 35 heures, mais, s'il faut faire évoluer je l'ai fait lorsque jétais ministre du Travail sur tel ou tel point le Code du travail, faisons-le dans l'intérêt des entreprises, dans l'intérêt des salariés.
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Merci à vous Michel SAPIN.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 15 septembre 2015