Texte intégral
- Migrations
Q - Monsieur le Ministre, à quel point la vague de réfugiés est-elle dangereuse pour les valeurs européennes, alors qu'on voit les frontières être fermées et de nouveaux murs être construits ?
R - Nous connaissons les causes de cette crise migratoire. Elles sont liées à des guerres, à des dictatures ainsi qu'à des États qui se sont effondrés comme par exemple la Libye. Cette crise met évidemment l'Europe à l'épreuve, parce qu'il est toujours difficile de devoir accueillir des dizaines, des milliers, des centaines de milliers de réfugiés, mais aussi parce que cela nous renvoie à nos valeurs.
L'Europe est construite sur des valeurs, des valeurs humaines. Notre devoir est de répondre conformément à nos valeurs. Il faut que nous ayons à la fois la capacité d'accueillir dignement les réfugiés qui fuient les guerres, qui fuient les dictatures, et en même temps, évidemment, que nous fassions la distinction avec les migrants économiques - parce que il y en a aussi beaucoup, on les a vus par exemple arriver en Méditerranée par les côtes libyennes, on les a vu arriver en Italie -, qui eux n'ont pas le droit de venir dans l'Union européenne. Il y a des migrants économiques qui en ont le droit, mais l'Europe ne pourra évidemment pas être en mesure d'accueillir tous ceux qui fuient la misère, même s'il faut aussi apporter une réponse à cette question du sous-développement et de la pauvreté par exemple en Afrique. Donc ça, c'est une autre réponse, une réponse par la coopération et il y aura un sommet des pays européens et des pays d'Afrique, à La Valette à Malte au mois de novembre, pour traiter aussi de cette question.
Mais construire des murs, mettre des barbelés, refuser la solidarité, dire que seulement quelques pays vont pouvoir accueillir les réfugiés, cela ne correspond pas aux valeurs européennes. Nous, nous souhaitons que tous les pays, y compris la Hongrie, tous les pays de l'Union européenne acceptent d'accueillir une partie des réfugiés ; pas seulement la Grèce, l'Italie, l'Allemagne, la France ou la Suède, mais tous les pays. Les 28 pays de l'Union européenne doivent être solidaires. Vraiment le mot le plus important dans cette crise, c'est la solidarité entre les pays de l'Union européenne.
Q - Est-ce vrai que l'Europe n'a rien fait pour les réfugiés pendant qu'ils étaient en Grèce et que la solidarité, elle commence là maintenant ?
R - Je crois que l'Union européenne a pris des décisions mais il faut maintenant qu'elles soient mises en oeuvre. Il y a eu par exemple la décision de mettre en place, en Grèce comme en Italie, des centres d'accueil et d'enregistrement des réfugiés. Il s'agit d'aider la Grèce qui ne peut pas, toute seule, faire face à des centaines de milliers des réfugiés qui arrivent sur les iles, à Kos, à Lesbos. Donc, il y a eu une aide économique, il y a un appui avec des experts, il y a la construction de lieux d'accueil. Il y a le fait d'aider aussi la Grèce, comme l'Italie, à justement enregistrer ces migrants, à examiner leurs dossiers, pour savoir ceux qui sont - par exemple - des Syriens qui fuient la guerre civile et qui doivent être accueillis, et ceux qui ne sont pas des réfugiés politiques, et à aider la Grèce à s'occuper d'eux dignement. Il faut aussi passer des accords de réadmission avec les pays d'origine et des accords de coopération avec ces pays d'origine, pour qu'ils puissent accueillir leurs ressortissants. Et vous avez raison, cela a été trop long.
Ce que demandent le président de la République, François Hollande, la chancelière Angela Merkel, comme le président de Slovénie Borut Pahor, que j'ai rencontré cet après-midi, c'est la mise en oeuvre de ces décisions, concrètement. C'est pourquoi plusieurs réunions vont se tenir.
Mais on ne peut pas répondre en faisant du populisme national et en disant que chacun des pays de l'Union européenne va répondre tout seul ou se barricader pour ne pas avoir à assurer sa part de responsabilité. C'est pour cela aussi que cette réunion est importante, parce qu'il y la situation dans les Balkans, il y a la situation en Macédoine, et on voit bien que la réponse, ce n'est pas de dire : «demain on fait des barbelés et des murs entre les pays des Balkans et d'autres pays européens». On ne va pas construire un mur autour de la Serbie ou autour de la Macédoine. La réponse, c'est de coopérer, c'est d'aider les pays des Balkans. C'est aussi de cela que nous allons discuter aujourd'hui.
Q - Comment tout cela est-il lié au problème de l'État islamique et du terrorisme ? La France a été victime de ces terroristes. Quelle est la bonne réponse dans cette situation ?
R - D'abord, face au terrorisme aussi nous avons besoin de l'unité, de solidarité européenne, parce que c'est un terrorisme international. Il s'appuie sur la situation en Syrie, en Irak, où des gens sont recrutés, sont formés à cette idéologie de l'horreur, à la barbarie, et sont entrainés pour revenir ensuite en Europe pour commettre des attentats. Il y a aussi des terroristes qui sont recrutés parmi les jeunes qui vivent dans les pays de l'Union européenne. Une coopération en matière policière, en matière de renseignement est donc nécessaire mais il ne faut pas faire l'amalgame avec les réfugiés, même si cela montre la nécessité d'avoir une politique très stricte de contrôle des frontières. C'est aussi pour cela que je disais qu'il faut des centres qui permettent qu'en Grèce ou en Italie, quand des migrants arrivent, on puisse examiner leur situation, savoir pourquoi ils viennent, s'ils ont réellement besoin d'une protection internationale, et qu'ils soient enregistrés, pour qu'il y ait une surveillance de nos frontières.
Il faut être capable de lutter avec la plus grande fermeté contre le terrorisme, qui nous a frappés en France, au Danemark, qui peut frapper partout en Europe, sans aucune concession. Il faut aussi le combattre en Irak, comme nous le faisons en participant à la coalition. Il ne faut pas pour autant renoncer à nos valeurs et à nos principes, y compris le droit d'asile qui fait partie de nos valeurs fondamentales.
(...).
- Balkans occidentaux - Slovénie - Croatie
(...)
Q - Soutenez-vous le travail de la Cour permanente d'Arbitrage et pensez-vous qu'elle devrait continuer son travail ?
R - Concernant le conflit entre la Slovénie et la Croatie, ce qui est important, c'est que les deux pays continuent un processus qui permette de le régler, d'une façon qui soit l'objet d'un accord. Je crois qu'il faut faire confiance aux autorités, à la fois de la Slovénie et de la Croatie, qui sont deux pays qui jouent un rôle très important dans la région des Balkans.
C'est sous l'égide de la Slovénie et de la Croatie qu'a été lancé le processus de Brdo-Brioni qui permet d'avoir des rencontres régulières entre les présidents, entre les Premiers ministres, entre les gouvernements des pays de cette région des Balkans. C'est un processus dans lequel la France est très impliquée, puisque le président de la République avait été invité ici-même pour la relance du processus de Brdo.
Donc François Hollande et Borut Pahor, nos deux présidents de la République, travaillent très étroitement à cette politique en direction des Balkans. Nous souhaitons que la Slovénie et la Croatie continuent à jouer un rôle dans la réconciliation, dans la promotion d'une nouvelle intégration économique de la région et dans la perspective européenne des pays des Balkans occidentaux. Tout ce qui peut permettre d'éviter que ce différend, qui trouvera une solution, ne prenne trop de place pour nous est positif, et je sais que c'est la volonté des autorités des deux côtés.
Q - Donc la Cour devrait continuer son travail ?
R - C'est une instance qui a sa propre logique. Moi, je n'ai pas à me prononcer sur son travail. La Slovénie est un pays qui a un rôle extrêmement important dans la région à travers le processus de Brdo. Elle est un partenaire majeur de la France dans cette région des Balkans occidentaux. Ce qui compte pour moi, c'est donc qu'elle puisse - avec la Croatie - continuer à jouer son rôle de leader dans la région.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 21 septembre 2015
Q - Monsieur le Ministre, à quel point la vague de réfugiés est-elle dangereuse pour les valeurs européennes, alors qu'on voit les frontières être fermées et de nouveaux murs être construits ?
R - Nous connaissons les causes de cette crise migratoire. Elles sont liées à des guerres, à des dictatures ainsi qu'à des États qui se sont effondrés comme par exemple la Libye. Cette crise met évidemment l'Europe à l'épreuve, parce qu'il est toujours difficile de devoir accueillir des dizaines, des milliers, des centaines de milliers de réfugiés, mais aussi parce que cela nous renvoie à nos valeurs.
L'Europe est construite sur des valeurs, des valeurs humaines. Notre devoir est de répondre conformément à nos valeurs. Il faut que nous ayons à la fois la capacité d'accueillir dignement les réfugiés qui fuient les guerres, qui fuient les dictatures, et en même temps, évidemment, que nous fassions la distinction avec les migrants économiques - parce que il y en a aussi beaucoup, on les a vus par exemple arriver en Méditerranée par les côtes libyennes, on les a vu arriver en Italie -, qui eux n'ont pas le droit de venir dans l'Union européenne. Il y a des migrants économiques qui en ont le droit, mais l'Europe ne pourra évidemment pas être en mesure d'accueillir tous ceux qui fuient la misère, même s'il faut aussi apporter une réponse à cette question du sous-développement et de la pauvreté par exemple en Afrique. Donc ça, c'est une autre réponse, une réponse par la coopération et il y aura un sommet des pays européens et des pays d'Afrique, à La Valette à Malte au mois de novembre, pour traiter aussi de cette question.
Mais construire des murs, mettre des barbelés, refuser la solidarité, dire que seulement quelques pays vont pouvoir accueillir les réfugiés, cela ne correspond pas aux valeurs européennes. Nous, nous souhaitons que tous les pays, y compris la Hongrie, tous les pays de l'Union européenne acceptent d'accueillir une partie des réfugiés ; pas seulement la Grèce, l'Italie, l'Allemagne, la France ou la Suède, mais tous les pays. Les 28 pays de l'Union européenne doivent être solidaires. Vraiment le mot le plus important dans cette crise, c'est la solidarité entre les pays de l'Union européenne.
Q - Est-ce vrai que l'Europe n'a rien fait pour les réfugiés pendant qu'ils étaient en Grèce et que la solidarité, elle commence là maintenant ?
R - Je crois que l'Union européenne a pris des décisions mais il faut maintenant qu'elles soient mises en oeuvre. Il y a eu par exemple la décision de mettre en place, en Grèce comme en Italie, des centres d'accueil et d'enregistrement des réfugiés. Il s'agit d'aider la Grèce qui ne peut pas, toute seule, faire face à des centaines de milliers des réfugiés qui arrivent sur les iles, à Kos, à Lesbos. Donc, il y a eu une aide économique, il y a un appui avec des experts, il y a la construction de lieux d'accueil. Il y a le fait d'aider aussi la Grèce, comme l'Italie, à justement enregistrer ces migrants, à examiner leurs dossiers, pour savoir ceux qui sont - par exemple - des Syriens qui fuient la guerre civile et qui doivent être accueillis, et ceux qui ne sont pas des réfugiés politiques, et à aider la Grèce à s'occuper d'eux dignement. Il faut aussi passer des accords de réadmission avec les pays d'origine et des accords de coopération avec ces pays d'origine, pour qu'ils puissent accueillir leurs ressortissants. Et vous avez raison, cela a été trop long.
Ce que demandent le président de la République, François Hollande, la chancelière Angela Merkel, comme le président de Slovénie Borut Pahor, que j'ai rencontré cet après-midi, c'est la mise en oeuvre de ces décisions, concrètement. C'est pourquoi plusieurs réunions vont se tenir.
Mais on ne peut pas répondre en faisant du populisme national et en disant que chacun des pays de l'Union européenne va répondre tout seul ou se barricader pour ne pas avoir à assurer sa part de responsabilité. C'est pour cela aussi que cette réunion est importante, parce qu'il y la situation dans les Balkans, il y a la situation en Macédoine, et on voit bien que la réponse, ce n'est pas de dire : «demain on fait des barbelés et des murs entre les pays des Balkans et d'autres pays européens». On ne va pas construire un mur autour de la Serbie ou autour de la Macédoine. La réponse, c'est de coopérer, c'est d'aider les pays des Balkans. C'est aussi de cela que nous allons discuter aujourd'hui.
Q - Comment tout cela est-il lié au problème de l'État islamique et du terrorisme ? La France a été victime de ces terroristes. Quelle est la bonne réponse dans cette situation ?
R - D'abord, face au terrorisme aussi nous avons besoin de l'unité, de solidarité européenne, parce que c'est un terrorisme international. Il s'appuie sur la situation en Syrie, en Irak, où des gens sont recrutés, sont formés à cette idéologie de l'horreur, à la barbarie, et sont entrainés pour revenir ensuite en Europe pour commettre des attentats. Il y a aussi des terroristes qui sont recrutés parmi les jeunes qui vivent dans les pays de l'Union européenne. Une coopération en matière policière, en matière de renseignement est donc nécessaire mais il ne faut pas faire l'amalgame avec les réfugiés, même si cela montre la nécessité d'avoir une politique très stricte de contrôle des frontières. C'est aussi pour cela que je disais qu'il faut des centres qui permettent qu'en Grèce ou en Italie, quand des migrants arrivent, on puisse examiner leur situation, savoir pourquoi ils viennent, s'ils ont réellement besoin d'une protection internationale, et qu'ils soient enregistrés, pour qu'il y ait une surveillance de nos frontières.
Il faut être capable de lutter avec la plus grande fermeté contre le terrorisme, qui nous a frappés en France, au Danemark, qui peut frapper partout en Europe, sans aucune concession. Il faut aussi le combattre en Irak, comme nous le faisons en participant à la coalition. Il ne faut pas pour autant renoncer à nos valeurs et à nos principes, y compris le droit d'asile qui fait partie de nos valeurs fondamentales.
(...).
- Balkans occidentaux - Slovénie - Croatie
(...)
Q - Soutenez-vous le travail de la Cour permanente d'Arbitrage et pensez-vous qu'elle devrait continuer son travail ?
R - Concernant le conflit entre la Slovénie et la Croatie, ce qui est important, c'est que les deux pays continuent un processus qui permette de le régler, d'une façon qui soit l'objet d'un accord. Je crois qu'il faut faire confiance aux autorités, à la fois de la Slovénie et de la Croatie, qui sont deux pays qui jouent un rôle très important dans la région des Balkans.
C'est sous l'égide de la Slovénie et de la Croatie qu'a été lancé le processus de Brdo-Brioni qui permet d'avoir des rencontres régulières entre les présidents, entre les Premiers ministres, entre les gouvernements des pays de cette région des Balkans. C'est un processus dans lequel la France est très impliquée, puisque le président de la République avait été invité ici-même pour la relance du processus de Brdo.
Donc François Hollande et Borut Pahor, nos deux présidents de la République, travaillent très étroitement à cette politique en direction des Balkans. Nous souhaitons que la Slovénie et la Croatie continuent à jouer un rôle dans la réconciliation, dans la promotion d'une nouvelle intégration économique de la région et dans la perspective européenne des pays des Balkans occidentaux. Tout ce qui peut permettre d'éviter que ce différend, qui trouvera une solution, ne prenne trop de place pour nous est positif, et je sais que c'est la volonté des autorités des deux côtés.
Q - Donc la Cour devrait continuer son travail ?
R - C'est une instance qui a sa propre logique. Moi, je n'ai pas à me prononcer sur son travail. La Slovénie est un pays qui a un rôle extrêmement important dans la région à travers le processus de Brdo. Elle est un partenaire majeur de la France dans cette région des Balkans occidentaux. Ce qui compte pour moi, c'est donc qu'elle puisse - avec la Croatie - continuer à jouer son rôle de leader dans la région.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 21 septembre 2015